Dépression
Trouble de l'humeur fréquent (chez 5 % de la population générale), il affecte lourdement et de façon cyclique (50 % des malades récidivent dans les deux ans) l'existence des malades. Chez deux fois plus de femmes que d'hommes.
I ♦ Caractère
Le syndrome dépressif franc est toujours caractérisé par la présence de trois symptômes, installés au-delà de deux semaines.
• Humeur dépressive, avec :
- tristesse et atonie ;
- idées d'impuissance ;
- douleur morale, dévalorisation systématique ;
- vision pessimiste de soi et du monde ;
- perte de l'estime de soi, perte de confiance ;
- sentiment de corruption, d'indignité, de culpabilité et d'incurabilité : ni moi, ni le monde, ni la vie ne valent rien ;
- anesthésie affective, indifférence ;
- rumination d'idées suicidaires.
♦ Ralentissement psychomoteur
• Motricité passive, avec :
- visage peu expressif, triste, regard abattu ;
- économie de geste, déplacement lent ;
- parfois bouffée d'agitation (10 %).
• Ralentissement intellectuel, avec :
- « bradypsychie » (idéation et compréhension lentes) ;
- ton monocorde et bas ;
- aboulie (difficulté à prendre des initiatives) ;
- faiblesse de la concentration, attention labile ;
- oublis (trouble de mémoire immédiate).
• Asthénie générale (mais encore davantage marquée au matin) :
- polyalgies : musculaire, digestive, rachidienne ; céphalées ;
- troubles du sommeil (surtout la 2 partie de la nuit avec rumination, e auto-reproches, culpabilité) ;
- troubles de l'alimentation : anorexie, perte de poids, constipation ;
- troubles de la sexualité : baisse de la libido, frigidité, impuissance, aménorrhée.
II ♦ Étiologie
♦ Théorie biologique
Baisse des neuromédiateurs, notamment la sérotonine.
♦ Théorie psychanalytique
• L'inconscient de dépressifs abrite un désir d'être absolument et continuellement protégé par la mère et ses substitus.
• Le retrait de l'intérêt au monde correspond à l'auto-agression de qui désire intensément changer sa situation, mais n'y parvient pas. Devant la situation pénible, la personne retourne son désir contre elle, se fait passive et indifférente.
• La noirceur de l'humeur (en grec = mélancolie) traduit cet obscurcissement du regard sur soi et sur le monde, qui exprime le désabusement.
♦ Théorie cognitive
• Un trouble de la pensée empêche l'embrayage sur souhaits, représentations de projets, programmes.
• Raisonnement tronqué par rumination pessimiste, rabâchage d'échecs, conviction d'impossibilité.
• Absence de pensée opérationnelle, maintien dans l'imaginaire stérile (rêverie).
III ♦ Traitement, évolution
• Administration d'antidépresseurs.
• Les actes suicidaires :
- peuvent être impulsifs, au cours d'un raptus anxieux ;
- ou, chez le malade mélancolique, méthodiquement préparés, préméditation selon une idée de destinée inéluctable.
• 15 % des déprimés décèdent par suicide.
• 30 à 35 % des suicides sont dus à des épisodes dépressifs.