Archétypes et langue symbolique

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Archétypes et langue symbolique

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Astropsychologie · 22 Février 2023
Tags: Archétypesetlanguesymbolique
Archétypes et langue symbolique

Ce qui fait marcher l'astrologie, c'est bien l'Humain. « Il n'est de richesses que d'hommes » est une phrase connue de Jean Bodin. Ou comme le disait Saint Martin : « Expliquer les choses par l'Homme, et non l'Homme par les choses ». Nos observations sur le monde renseignent sur nos propres constitutions.

Nos interprétations, pour trouver quelque validité, doivent s'articuler autour de fondamentaux. Il nous faut détecter les archétypes qui permettent de garantir la permanence et la cohérence du monde.

D'ailleurs, rien ne saurait connaissable autrement. Poser la question des archétypes revient à asseoir la « raison d'être » des phénomènes. Toute chose vivante trouve sa fonction contenue en son archétype ; et pour nous cela revient à interroger les choses d'après leurs racines.

Reprenant la pensée médiévale, T. Burckhardt écrit « qu'une chose ou une pensée est symbole dans la mesure où elle reflète, sur le physique ou psychique, son archétype ou son essence immuable ».

Mais comment cela est-il possible ? C'est parce que tout ce qui est humain se vit à plusieurs niveaux, et que ces « étages-là » ne se comprennent que par l'archétype du Symbole, même si ce dernier est constamment retraduit par des images différentes…

« Dieu travaille dans la nature et parle par elle », a écrit Jollivet-Castelot. On remarquera qu'à l'image du code génétique, nous sommes tous composés des mêmes éléments… alors qu'ils traduisent différemment nos histoires naturelles. De même, l'astrologie et l'Univers n'existeraient-ils que par rapport au jeu des Éléments premiers ?

Les traditions anciennes, et en particulier l'astrologie indienne, ont toujours signalé que là où sont les Éléments, à la façon dont ils circulent, l'univers est, ou devient. Ce serait alors ces Éléments premiers - ou Archétypes - qu'il nous faut découvrir, si l'on veut signifier les choses.

Ces Éléments génétiques - par-delà la variété des milieux et des effets qui composent le monde - traduisent notre patrimoine commun.

À l'échelle humaine, ce qui m'appartient, c'est ce que je possède en commun avec les autres hommes sous des synthèses variées. Contenant les traits structurels des êtres particuliers au sein d'une même espèce, les archétypes fondent notre bien commun.

Citons Poincaré quand il définit l'objectivité comme ce qu'il y a de commun à un grand nombre d'êtres pensants et pourrait l'être à tous. Prise dans ce sens l'astrologie serait objective, car elle véhicule sous des formes symboliques les archétypes de la nature humaine.

À grande échelle, les archétypes sont à la racine de l'homme et de l'Univers : le logos des hermétistes est un langage structurel en lequel les rapports du monde sont fondés dans l'être même.

Un peu comme les lettres ou les phonèmes dans une langue, celui qui connaît les Noms connaît également les choses qu'ils expriment, dira Cratyle. Pour Papus, « la loi qui a présidé à la langue des Hébreux est la même que celle qui a présidé à la création de l'Univers ; connaître l'une, c'est connaître implicitement l'autre ».

Les Égyptiens ont montré, à travers leurs hiéroglyphes et figures, quelles étaient les intentions de la nature : sous des corps d'animaux, il fallait donner une forme très précise aux fonctions naturelles animatrices de vie.

Ainsi les Neter des Égyptiens - comme plus tard les dieux grecs et la philosophie de Boehme - traduisent un ensemble de fonctions symboliques opérant dans la Nature macrocosmique, et dans l'homme, au travers des corps et des genèses.

Les mythologies nous montrent comment les phases de la nature sont sous la prise des dieux ou d'archétypes : on les appréhendera au travers de fonctions spécifiques qui se répètent dans l'histoire, et sous des espèces différentes.

Derrière la diversité des manifestations, la fonction archétypale sous-tend les faits. Le propre de l'archétype, c'est de réunir ce qui est à la fois « élément » et « conscience ». Dans l'archétype se trouve une source de connaissance spécifiée. Ce qui est vital dans la nature et dans l'homme s'exprimera toujours par une fonction symbolique. Tout ce qui est vivant l'est de par sa fonction, celle-ci se faisant l'expression de sa nécessité.

Voilà pourquoi on a pu dire que, dans le Symbole, les choses matérielles sont signifiées. Que le monde serait même une copie matérielle d'un monde spirituel qui existerait en lui et sous lui. Article lié : Vision

Par exemple, la chaîne de l'Himalaya existerait autant physiquement que spirituellement ; le symbole « Himalaya » venant réunir en un, deux plans de vie différents.

Aussi pour Kant, l'archétype se résume à une synthèse : celle-ci rassemble une multiplicité de représentations sous la forme d'une connaissance unique.

Cette connaissance unique, c'est la fonction symbolique de l'archétype. Celui-ci peut être compris comme une essence en mouvement que les milieux traduiront sous différents effets, ou « signatures ». L'archétype - en étant force intérieure au monde - contient en puissance, en gestation, le passé et l'avenir.

C'est en tombant dans une multiplicité des milieux que les formes attribuées diffèrent. Pour Oswald Wirth, « les symboles interviennent pour nous rendre manifestes les vérités qui sont en nous, et que nous pressentons ».

Ce sont eux qui amorcent et nourrissent la vie religieuse, en éveillant les résonances profondes de chacun. Finalement, les objets trouvent leur validité et leur pouvoir dans la résonance symbolique que l'on leur accorde. Si l'on ne voit du symbole que sa forme extérieure, à ce moment-là, il devient une image vaine et superstitieuse qui a perdu son sens, jusqu'à devenir un objet.

Pour Plotin, ce qui a l'existence et l'être est de ce fait même sous l'emprise du nombre. On trouvera dans le nombre cette fonction archétypale, essentielle, et qui se manifeste sous différentes formes de vie. En effet, le nombre archétypal caractérise une fonction essentielle qui opère dans l'homme et dans la nature.

C'est une loi d'être agissante au sein d'une multiplicité créative. Il est à la fois spécificité d'être et, par engendrement, multiplicité de l'avoir. Le mathématicien Kronecker a pu dire ainsi que « Dieu a créé les nombres naturels, tout le reste est création de l'homme ». Prendre les nombres comme des idées premières qui déploient le monde sous des modes variés, au travers de cycles planétaires qui s'enchaînent et se coordonnent… ce qui est à la base de tout calendrier.

Malebranche pensait avec les Grecs que les symboles numériques sont « les règles immuables et communes de toutes les choses que nous connaissons et pouvons connaître ».

En s'appuyant sur un arrangement de nombres, la formule mathématique traduit à sa manière une fonction opérante : elle exprime en effet quelque chose d'invariable qui opère dans la nature. Néanmoins, cet invariable s'appliquera différemment selon les modes et les niveaux de vie. En haut comme en bas, l'intention ( de l'esprit est toujours à l'œuvre dans la formation des archétypes.

Chaque archétype contient en lui une idée porteuse de vie, et ce, jusqu'en ses dernières implications. Le destin s'y trouve contenu. Toute forme archétypale est cause d'existence, et l'astrologie est une application de cela. En effet, la prévision astrologique découle de la formulation des essences, c'est-à-dire comment on spécifie l'être dans le mode opératoire de la nature.

On touche là à la nature même du langage, quand il organise ses lettres dans les mots et qui sont comme des archétypes. Comme de petites molécules, on retrouve les monèmes et les phonèmes des sons. En les combinant, on découvre les rapports qui animent le monde.

On pourrait même dire que la science se nourrit du langage dont elle tire ses connaissances ! Le langage n'est pas seulement descriptif, il est créateur, produisant des actes et des effets. Sa structure interne de formes va générer des conditions d'accomplissement.

À l'image du Verbe qui se profère dans les mondes de l'espace, les paroles astrologiques rappellent ou retracent les énergies formatrices de nos vies… quand celles-ci se complexifient en divers milieux et conditions, jusqu'à la régénération de la conscience.

L'Être est partout retraduit dans ses déterminations. En se proférant dans les ténèbres, les Archétypes créent la vie sous différentes formes. Ensemble ils composent ce qu'on peut appeler les « lois de la nature ». Depuis le Verbe émané de Dieu, les Noms sont les véritables Symboles dont nous sommes les images postérieures.

Corbin à propos de Ibn'Arabi écrit : « les Noms divins n'ont de sens et de réalité plénière que par ou pour des êtres qui en sont les formes épiphaniques (mazâhir), c'est-à-dire les formes en qui ils sont manifestés ».

« Dans la forme de l'homme, c'est la totalité de son œuvre que Dieu a consignée », écrit qu'Hildegarde von Bingen. Bô Yin Râ signale que « Tout ce qui jamais fut manifesté - tous les soleils et tous les mondes de l'univers spirituel comme du cosmos accessible aux sens physiques - tout, absolument tout ce qui est manifestation est création de cet Homme purement spirituel engendré du sein de l'Esprit, et cette création par conséquent, est en même temps un témoignage de l'Androgyne, homme et femme dans l'Esprit éternel ».

En se rapprochant des paroles ou images primordiales, on trouvera dans l'âme certaines résonances auxquelles on puisse être, ou ressembler. Mais si l'écho ultérieur est grotesque, alors l'ange se met à boiter, et la révélation aussi : elle devient des croûtes matérielles, ou alors il n'y en a plus !

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Source : Olivier Peyrebrune






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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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