La Lune Noire en Signes

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La Lune Noire en Signes

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Astropsychologie · 3 Mai 2023
Tags: LaLuneNoireenSignes
La Lune Noire en Signes

À lire préalablement : Qu’est-ce que la Lune Noire ?

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La Lune Noire en Poissons

Pourquoi commencer par le signe des Poissons en étu­diant la position de la Lune noire ?

Parce que les Poissons représentent l’univers fusionnel.

Le début, c’est la fusion, l’individu humain ne commence à exister que dans ce pas­sage tragique des Poissons au Bélier. La Lune noire étant la blessure, le stigmate originaire, elle ne devrait commen­cer à être intelligible et concevable qu’à partir du Bélier. La Lune noire naît du passage entre les Poissons et le Bélier, néanmoins il y a des sujets qui ont leur Lune noire en Poissons.

C’est important, pourquoi ? Parce que la Lune noire en Poissons fait intervenir le manque avant l’avènement, avant l’heure. Autrement dit, déjà dans la vie fœtale, le sujet va avoir à souffrir du manque, avant que ce soit nécessaire et prévu ; c’est bien assez tôt de l’éprouver, lorsque nous sommes rejetés hors du paradis matriciel, en Bélier. Or, il y a des sujets qui souffrent de ce manque, alors même qu’ils devraient se trouver dans l’état de fusion.

Si la Lune noire en Poissons représente toujours une souffrance pendant l’état fœtal du sujet, dans son thème, on ne voit pas la grossesse de sa mère. On ne voit que le sujet et rien que le sujet, même au niveau des images parentales. Le parent intériorisé par le sujet n’est pas for­cément le parent tel qu’il est. Cette position renvoie donc à une souffrance du sujet quand il était dans l’utérus, ce qui, d’ailleurs, nous interdit d’affirmer que la mère a eu une grossesse difficile, ce n’est pas évident du tout. En revan­che, ce qui est sûr, c’est que le sujet a eu pendant son état fœtal une souffrance qui était : l’anticipation du manque.

Il est possible certes que la mère ait eu effectivement une grossesse particulièrement difficile et que l’enfant, au moment de sa naissance, soit déjà marqué par le manque. Il est possible également que l’enfant, s’il n’a pas été désiré, mais l’ayant appris plus tard, puisse confirmer à l’astrologue : « Ma mère ne me désirait pas. »

Enfin, si cela reste inconnu, inconscient, le psychisme va traduire ce qu’il en a perçu par des symptômes tels que le senti­ment diffus de n’être ni désiré ni désirable, et la peur d’être sans cesse rejeté ou de ne pas être accepté.
Ainsi, la Lune noire en Poissons témoigne-t-elle tou­jours d’une souffrance vécue in utero. Pour tenter de répa­rer, son désir sera de retrouver l’univers fusionnel des Poissons.

Enfin le signe des Poissons, qui est un univers schizoïde, prépare une naissance au Bélier qui n’a que faire des structures anciennes. De la nébuleuse naît la matière. La Lune noire peut, là, au négatif, s’avérer dangereuse.
Le sujet qui cherche sa satisfaction dans l’indifférencié se réfugie dans la psychose ou la perversion, au sens psycha­nalytique du terme. Au positif, ce sont des expériences mystiques réussies, mais avec le risque de basculer dans la perversion, rien n’est plus proche. La perversion est une expérience mystique dévoyée.


La Lune Noire en Bélier

Position singulière, très vérifiable, qui représente tou­jours un problème particulier, une difficulté, voire même un danger au moment de la naissance. Ce peut être l’avè­nement d’un sujet sans passé ou, au contraire, chargé d’une mémoire collective, d’un bagage ethnique de l’in­conscient collectif. Le manque peut être l’énigme sur l’ori­gine du sujet, tel est le cas des enfants abandonnés à la naissance ou frappés par la négation. C’est donc très archaïque.

Pourquoi archaïque ? Parce qu’il n’y a pas plus archaï­que que la naissance ! Archaïque au sens psychogénétique du terme. Le Bélier n’a pas de psyché. À son avènement, l’enfant est dans un état psychique très immature.

En revanche, toutes les fonctions sont en place et le système sensoriel, lui, perçoit beaucoup de choses. Rappelons que les processus psychiques s’instaurent grâce à la percep­tion. La perception est toujours première et c’est la percep­tion qui génère la pensée, non le contraire.

Ce problème à la naissance est intéressant car cette position va frapper le manque, tout ce qui est de l’ordre de l’initiative ; car là où se trouve le Bélier dans notre thème est le lieu où nous avons tendance à initier les choses, à générer dans les choses premières. Cette sclérose peut donner un sentiment de non-validité, d’impuissance, de vide, de paralysie de l’action.

À l’inverse, la Lune noire en Bélier peut développer une sorte de boulimie d’action dans le secteur où réside le Bélier dans le thème ; ce sera alors un désir puissant, moteur, qui dynamise le sujet en une projection sociale réparatrice.

Donc, la Lune noire en Bélier ou en maison I indique toujours que le sujet est frappé définitivement par le manque.


La Lune Noire en Taureau

Ici, le manque va frapper le narcissisme primaire du sujet sur un plan existentiel. C’est une position forte. Le manque va s’inscrire au niveau de la croissance et de l’avoir : « Je ne possède rien, j’en ai le sentiment, je veux tout posséder. »

Se souvenir que l’essentiel de la fonction de Vénus en Taureau est la plénitude, l’homéostasie.

La Lune noire en Taureau nie radicalement cette plénitude. Il se peut que cela corresponde à des difficultés nutritionnelles quand le sujet était encore nourrisson, à des atti­tudes boulimiques de l’adulte ou au besoin de posséder de l’argent ou toutes sortes de biens.

Sur un plan psychanalytique, il est possible que le sujet n’ait pas été confirmé dans sa propre valeur par le regard de l’entourage et en premier lieu par celui de sa mère. Car nous prenons le sentiment de notre propre validité dans le regard de notre mère ou de son substitut.

C’est elle qui, dès le départ, offre un miroir dans lequel l’enfant perçoit le reflet de sa propre validité. C’est dans la qualité de son regard, les contractures de ses muscles maxillaires, de ses joues, qu’elle peut lui dire : « Tu es beau » ou le contraire. La mère peut demeurer impassible…

La Lune noire en Taureau renvoie toujours à une blessure narcissique, très souvent ignorée du sujet, mais qui va se manifester par des symptômes exprimant une invalidité inté­rieure. C’est le lieu où le sujet va avoir le sentiment de n’être pas validé. Il ne peut pas s’investir, ni s’auto-investir, ni devenir créatif.

C’est l’abandon, la dépression.

Il se peut aussi que cette Lune noire en Taureau suscite des développements positifs, qu’elle induise la recherche d’une signification : Qu’est-ce que l’avoir ? Qu’est-ce que l’absence de besoin ?

Celui qui se pose ces questions rejoint l’être.

C’est pourquoi le Taureau est le premier signe initiatique.


La Lune Noire en Gémeaux

Ici, le manque va frapper les premières expériences du sujet, ses premières explorations, à partir desquelles se développeront ses processus intellectuels. Mercure et les Gémeaux ne représentent pas l’intelligence, mais la nais­sance de l’intelligence, ce qui est différent. Autrement dit, l'intelligence et les processus intellectuels vont trouver à se développer à partir des premières expériences d’explo­ration et d’expérimentation.

Dans ce signe, la Lune noire est la problématique du manque et du désir dans l’expérience, l’exploration, et par conséquent dans le savoir. Quels sont les prolongements attendus de cette Lune noire en Gémeaux ? Soit ce manque va développer, instaurer un désir tel qu’en réalité on assiste à une surdétermination, soit au contraire le manque étant trop fort, on assiste à une sorte de sclérose.

Dans le concret, à cet endroit du thème, le sujet aura le sentiment de ne pas pouvoir, savoir, comprendre, expéri­menter, explorer ou, au contraire, ce manque va générer le désir : on aura une surdétermination du désir de savoir, comprendre, expérimenter et d’explorer dans le secteur spécifique où se trouvent situés les Gémeaux dans le thème.

Exemple : la Lune noire en Gémeaux en maison VII : le sujet exprimera une incapacité à comprendre ou à expéri­menter quelque chose de la relation à l’autre ou, inverse­ment, le sujet surinvestira l’expérimentation et l’explora­tion de la relation à autrui dans le but d’y comprendre quelque chose.

C’est quelqu’un qui dans ses relations à autrui sera poussé, motivé par une question essentielle : « Qu’en est-il de la relation à l’autre ? »

Il y a une analogie très forte entre la Lune noire en Gémeaux et la Lune noire en maison III : on aura l’ab­sence de savoir ou la volonté de ne pas savoir (« Je n’y comprends rien, je ne veux pas aller au-delà ») ou le contraire (« Je veux absolument savoir ce qu’il en est de telle chose »). Et là où se situe le signe des Gémeaux dans le thème, il y aura une sorte de fuite en avant comme tou­jours avec la Lune noire, puisque le sujet est sans cesse renvoyé de questionnement en questionnement.

La Lune noire en Gémeaux, c’est le dilemme perma­nent. Comment être un en étant deux ? C’est la quête du double, parfois la recherche et la découverte d’un jumeau, d’un frère ou d’une sœur mort-né, ignoré. C’est la recher­che effrénée du contact avec l’autre, pour comprendre ce qu’il en est de sa différence et de sa ressemblance.


La Lune Noire en Cancer

Le Cancer est un signe génératif mais absolument pas dans le sens où certains ouvrages l'affirment.
La généra­tion du Cancer, c’est celle des images, de l’imaginaire. C’est très important, c’est l’un des facteurs essentiels de la structure de notre psyché. Nous ne pouvons pas vivre sans images, sinon nous serions des minéraux ou des végétaux.

Ce qui différencie le monde minéral, végétal du monde animal, c’est entre autres l’image, la capacité à générer des images. Cela revient à dire que c’est la capacité d’accéder à la « fonction sémiotique » (Piaget).

C’est être capable de reconnaître et d’utiliser des symboles comme moyens de communication. Le thème astrologique est un objet « transitionnel » (Winnicot). Entre l’autre et moi, c’est un sym­bole, un lien qui nous permet de communiquer ; or, nous ne pouvons communiquer que parce que lui et moi sommes pourvus de la fonction sémiotique.

Avec cette fonction « symbolisée » par le Cancer et la Lune, nous avons la possibilité de réévoquer symbolique­ment l’objet dans notre psyché. Cette fonction importante suppose en même temps l’accès de l’individu à la notion d’espace-temps, ce que n’ont pas les animaux : c’est par cette création que nous sortons du magma corporel.

La Lune noire en Cancer sera le manque au niveau du symbole, de l’image ou de la génération de l’image, donc au niveau d’une création essentielle spécifique à la psyché humaine.

Là aussi, il y a deux possibilités.

• Le sujet peut avoir le sentiment d’être privé d’imagi­naire et d’être déficitaire au niveau de la fonction sémio­tique. Dans le concret, cela peut se manifester par une intolérance à la séparation ; si nous pouvons nous séparer momentanément des êtres que nous aimons, c’est précisé­ment parce qu’ils continuent à exister dans notre psyché sous forme d’images.

Si cette fonction-là est déficitaire, toute séparation équivaut à une mort, c’est-à-dire à une coupure d’avec l’autre. C’est toujours vécu comme un danger, un deuil, une difficulté, difficulté à accepter l’éloi­gnement puisqu’il correspond à une disparition.

• L’autre possibilité, c’est que le manque va générer un désir irrépressible et va donner des producteurs d’images, des sujets chez qui l’image va s’avérer le médiateur essen­tiel de la créativité : poètes, cinéastes.

Les mères ayant la Lune noire en Cancer peuvent avoir, en raison de cette difficulté à vivre la séparation, tendance à conserver leur progéniture près d’elle. De même chez l’homme, cela peut être vécu comme une difficulté à se séparer de la mère, non pas parce qu’il s’agit du Cancer, mais parce que la mère est le premier objet d’amour de tout individu.

La différence ici, entre l’homme et la femme, c’est que la femme peut à son tour être mère, donc prendre un relais qui la « prolonge », alors que l’homme ne le peut pas. Cette difficulté à se séparer de la mère qui correspond à la Lune noire en Cancer est la réactualisation d’une pro­blématique tout à fait archaïque, qui n’a rien à voir avec la difficulté à se séparer de la mère en raison de l’Œdipe, qui nous fait souvent dire : « Il n’a pas coupé le cordon ombi­lical. »

Il y a deux façons de ne pouvoir s’arracher à la mère :

• soit parce qu’il y a un problème archaïque du vécu du bébé, qui fait qu’il a du mal à s’en séparer ;

• soit parce que, dans le vécu œdipien, il y a eu des dif­ficultés et que l’enfant n’a pas réussi à liquider la séduc­tion normale qui s’établit entre un petit garçon et sa mère.

Cette souffrance peut, là aussi, être réparée, dans les métiers de l’enfance, par exemple.


La Lune Noire en Lion

Ici, ce qui est touché par le manque, c’est le narcissisme secondaire du sujet.

Il est secondaire dans la mesure où il y a quelqu’un d’autre : le narcissisme du Lion est un nar­cissisme qui a besoin d’être confirmé par l’expérience.

Cette position de la Lune noire entraîne un sentiment d’invalidité, de stérilité, de non-créativité ; c’est pénible, car si ce désir qui doit s’inscrire sur ce manque n’est pas suffisamment fort, la personnalité est dépressive, du type : « Je ne vaux rien, je n’y arriverai jamais, je suis nul. »

En revanche, cette blessure narcissique permanente très impor­tante peut mobiliser l’énergie de l’individu et le pousser à rechercher d’une façon compulsive la réparation de son narcissisme blessé.

Tout moyen créatif sera susceptible dès lors de confirmer chez lui la validité de son être.

Création au sens large du terme et non pas seulement création artistique : toute projection de l’être qui soit sus­ceptible de lui donner un « plus de ».

La Lune noire en Lion peut susciter le désir compulsif d’investir au niveau du développement et de la réalisation du sujet lui-même. Comme dans les autres signes fixes, la Lune noire en Lion permet la recherche ésotérique ou alchimique.

Lorsque la Lune noire devient positive, c’est toujours sur un autre plan, par déplacement ou sublimation.
Si elle s’intègre dans le signe ou la maison, elle ne peut être que négative, mais si elle est considérée dans son essence même, au niveau du manque, elle devient créative.


La Lune Noire en Vierge

Position extrêmement délicate dans la mesure où le signe de la Vierge occupe une place stratégique dans le zodiaque : c’est l’un des signes les plus riches sur le plan symbolique, car il a réalisé l’introduction définitive de la limite, avec les notions de temps, d’espace, de conserva­tion, de différenciation, et la Vierge porte « le fanion de l’arrivée de l’autre », elle est le « héraut » de l’autre, elle annonce son arrivée ; or, cet autre ne peut apparaître en tant que réalité objective que dans la mesure où la limite est imposée de façon irréversible entre lui et moi.
Le signe de la Vierge est le signe de la différenciation grâce à laquelle il devient possible de percevoir l’autre en Balance et d’entrer avec cet autre en communication inter­individuelle. Le signe de la Vierge est le contraire du signe des Poissons, c’est l'antifusion.

La Lune noire en Vierge va toucher cette limite récem­ment acquise, donc fragile. Il y a deux possibilités :

- soit le sujet va refuser les limites, la sienne, celle de l’autre, c’est le refus de l’analyse, de la psychanalyse même ;

- soit le sujet va avoir le sentiment de manquer de limites, de points de repère et sera angoissé.

La Lune noire en Vierge risque de précipiter les proces­sus défensifs. L’individu va réussir à tromper son monde, par un retournement en son contraire, montrer, dire, agir, autrement que ce qu’il est.

Il va construire dans son existence toute une intrication complexe et abondante de limites pour se sécuriser. Il va alors se soumettre lui-même à une sorte de « masochisme limitatif » indispensable à sa sécurité intérieure. Cette sou­mission à la limite peut développer dans le concret des manifestations positives, mais vécues d’une façon dure, difficile, douloureuse, obsessionnelle. La défense Vierge, c’est la défense du mental qui, avec la Lune noire, va surin­vestir la conceptualisation et même l’analyse de l’analyse.

La Vierge n’est faite que pour être « au service de », mais avec la Lune noire, cela se réalise d’une façon dou­loureuse. On peut se révéler très efficace, créateur, salva­teur sans plaisir. La Lune noire n’est pas un point de plai­sir.

S’il est vrai que, grâce à la Lune noire, on peut faire des choses splendides, extrêmement riches et se créer soi-même, ce n’est pas dans le plaisir. En revanche, et c’est différent, on peut être dans la jouissance. Rappelons que la jouissance est toujours en rapport avec la douleur. Jouis­sance et souffrance sont de connivence.


La Lune Noire en Balance

Cette position va concerner la « relation objectale ». Autrement dit, la relation à l’objet d’amour ou, par exten­sion, la relation interindividuelle, moi différencié face à un autre différencié. Cette relation spéculaire d’identité concerne également le narcissisme du sujet.

Ce narcis­sisme spécifique que nous induisons dans la relation inter­individuelle pour être confirmé par l’autre sur notre propre validité : « Je veux que tu sois mon reflet. »

Deux manifestations opposées de cette Lune noire en Balance :

- soit le sujet éprouvera des difficultés à introduire la relation parce qu’il se sentira invalidé, non aimable. Il aura le sentiment de ne jamais retenir l’attention et l’estime de l’autre, d’où une tendance au repli, à la fermeture, à l’inhi­bition et, bien sûr, au manque de confiance en soi !

- soit le sujet va alors surinvestir le caractère relation­nel dans son existence et dégager une boulimie de la rela­tion, mais toujours assortie d’une sorte de dépendance.

C’est de ce fait une personne qui a du mal à se singulari­ser, dépendante du regard de l’autre, de la relation avec l’autre et qui ne parvient pas à être autonome.

La Lune noire en Balance appartient à des sujets qui, souvent, tuent la relation, la font mourir mais pas de façon délibérée : au contraire, ils en souffrent.

Divorces, deuils et procès sont fréquents.


La Lune Noire en Vierge

Position extrêmement délicate dans la mesure où le signe de la Vierge occupe une place stratégique dans le zodiaque : c’est l’un des signes les plus riches sur le plan symbolique, car il a réalisé l’introduction définitive de la limite, avec les notions de temps, d’espace, de conserva­tion, de différenciation, et la Vierge porte « le fanion de l’arrivée de l’autre », elle est le « héraut » de l’autre, elle annonce son arrivée ; or, cet autre ne peut apparaître en tant que réalité objective que dans la mesure où la limite est imposée de façon irréversible entre lui et moi.

Le signe de la Vierge est le signe de la différenciation grâce à laquelle il devient possible de percevoir l’autre en Balance et d’entrer avec cet autre en communication inter­individuelle. Le signe de la Vierge est le contraire du signe des Poissons, c’est l'antifusion.

La Lune noire en Vierge va toucher cette limite récem­ment acquise, donc fragile. Il y a deux possibilités :
- soit le sujet va refuser les limites, la sienne, celle de l’autre, c’est le refus de l’analyse, de la psychanalyse même ;
- soit le sujet va avoir le sentiment de manquer de limites, de points de repère et sera angoissé.

La Lune noire en Vierge risque de précipiter les proces­sus défensifs. L’individu va réussir à tromper son monde, par un retournement en son contraire, montrer, dire, agir, autrement que ce qu’il est.

Il va construire dans son existence toute une intrication complexe et abondante de limites pour se sécuriser. Il va alors se soumettre lui-même à une sorte de « masochisme limitatif » indispensable à sa sécurité intérieure. Cette sou­mission à la limite peut développer dans le concret des manifestations positives, mais vécues d’une façon dure, difficile, douloureuse, obsessionnelle. La défense Vierge, c’est la défense du mental qui, avec la Lune noire, va surin­vestir la conceptualisation et même l’analyse de l’analyse.

La Vierge n’est faite que pour être « au service de », mais avec la Lune noire, cela se réalise d’une façon dou­loureuse. On peut se révéler très efficace, créateur, salva­teur sans plaisir. La Lune noire n’est pas un point de plai­sir. S’il est vrai que, grâce à la Lune noire, on peut faire des choses splendides, extrêmement riches et se créer soi-même, ce n’est pas dans le plaisir. En revanche, et c’est différent, on peut être dans la jouissance. Rappelons que la jouissance est toujours en rapport avec la douleur. Jouis­sance et souffrance sont de connivence.


La Lune Noire en Balance

Cette position va concerner la « relation objectale ». Autrement dit, la relation à l’objet d’amour ou, par exten­sion, la relation interindividuelle, moi différencié face à un autre différencié. Cette relation spéculaire d’identité concerne également le narcissisme du sujet.

Ce narcis­sisme spécifique que nous induisons dans la relation inter­individuelle pour être confirmé par l’autre sur notre propre validité : « Je veux que tu sois mon reflet. »

Deux manifestations opposées de cette Lune noire en Balance :

- soit le sujet éprouvera des difficultés à introduire la relation parce qu’il se sentira invalidé, non aimable. Il aura le sentiment de ne jamais retenir l’attention et l’estime de l’autre, d’où une tendance au repli, à la fermeture, à l’inhi­bition et, bien sûr, au manque de confiance en soi !

- soit le sujet va alors surinvestir le caractère relation­nel dans son existence et dégager une boulimie de la rela­tion, mais toujours assortie d’une sorte de dépendance.

C’est de ce fait une personne qui a du mal à se singulari­ser, dépendante du regard de l’autre, de la relation avec l’autre et qui ne parvient pas à être autonome.

La Lune noire en Balance appartient à des sujets qui, souvent, tuent la relation, la font mourir mais pas de façon délibérée : au contraire, ils en souffrent.

Divorces, deuils et procès sont fréquents.


La Lune Noire en Scorpion

La Lune noire en Scorpion évoque la problématique œdipienne. Ce qui est touché dans ce signe, c’est la recon­naissance de la différence des sexes. Le fait de savoir que les sexes sont différents ne veut pas dire qu’on le vit inté­rieurement comme tel, au niveau inconscient.

Il n’est pas question ici de l’énergie libidinale du sujet mais de la symbolisation de la sexualité chez ce dernier, la sexualité n’étant pas uniquement une question d’énergie sexuelle à libérer. La sexualité humaine a deux registres : l’énergie libidinale et sexuelle, mais elle est également fonction de la représentation psychique que l’on en a.

Précisons que, aucun Œdipe n’étant pleinement réussi, la Lune noire en Scorpion ne représente pas forcément une pathologie au niveau de la sexualité mais, en revanche, il est vrai qu’elle indique une problématique dans le registre œdipien.

La Lune noire en Scorpion peut donner deux sortes de manifestations :

- soit le déni de la différence des sexes peut être important, et, s’il est confirmé par le reste du thème, on peut trouver une organisation perverse et homosexuelle. Seuls les hommes possèdent des structures perverses et non les femmes, elles peuvent à l’inverse avoir des compor­tements pervers, mais les structures sont exclusivement masculines ;

- soit le sujet connaît un problème œdipien difficile, une économie relationnelle sexuelle inadaptée, par défaut ou par excès. Cela peut être assorti de souffrances très par­ticulières selon l’ensemble du thème chez des individus qui ne sont pas psychiquement au clair avec leur identité sexuelle. Exemple : un homme qui se sait homme mais qui n’est pas à l’aise et qui se sent très féminin ou, au contraire, une femme qui sait bien qu’elle est femme mais qui ne sait que faire de son animus, comme disait Jung, Une autre souffrance liée à la Lune noire en Scorpion est le sentiment donjuanique de ne jamais pouvoir se satisfaire sur le plan libidinal, de ne jamais trouver l’apaisement.

Peu de signes ont autant d’analogie avec la Lune noire que le Scorpion. Si elle est bien intégrée, le sujet va se vouer à la dialectique, à la connaissance du désir de l’autre. C’est l’alchimiste des âmes, astrologue ou psycha­nalyste, jouant sur la petite liberté qui est la nôtre dans notre déterminisme. Transmuter l’autre et nous aussi. C’est Dante aux Enfers. C’est le mythe d’Orphée.

Si elle est mal intégrée, il y a négation du désir de l’autre, emprise sur l’autre, désir de désirer son âme, d’où l’aspect magique, maléfique de la Lune noire en Scorpion. Ce peut être également négation de son propre désir, désir de mort, mélancolie.


La Lune Noire en Sagittaire

Ce qui est touché ici c’est le savoir qu’il faut différen­cier du connaître des Gémeaux et de la connaissance des Poissons, autrement dit, les processus fonctionnels de la pensée qui nous permettent de généraliser, d’associer, d’intégrer, d’assimiler.

Il y a des Lunes noires en Sagittaire inhibitrices : le sujet a le sentiment de n’être pas capable de savoir. Cer­tains disent « Je suis bête » alors que, souvent, ce n’est pas le cas. Ce qui est douloureux dans cette position, c’est que le sujet éprouve un tel sentiment d’invalidité, de pauvreté au niveau du savoir qu’il n’en développe pas ses capacités intellectuelles. Il ne suffit pas de lui dire qu’il est intelli­gent pour qu’il le croie. Il y a un doute fondamental, infranchissable.

On rencontre aussi le contraire : certains sujets vont surinvestir le domaine du savoir d’une façon boulimique et irrépressible, ils ne vont jamais cesser d’étudier. Le désir de combler le manque par le savoir peut donner le goût de l’exégèse.

Dans les deux cas, le point commun est leur « sens de l’ailleurs ». L’ailleurs est spécifique du Sagittaire, de Jupiter et de la maison IX. La pensée sagittairienne consiste à porter à un autre niveau l’expérience mercurienne, porter ailleurs ce que l’on a simplement constaté.

Avec la Lune noire en Sagittaire, selon que l’on inves­tira la tête ou les pattes, on aura des philosophes ou des globe-trotters, cherchant le remède à leur manque dans les bibliothèques ou dans les civilisations lointaines.

À défaut de recherche intellectuelle ou de tour du monde, le sujet risque de demeurer dans une instabilité comportementale, cyclothymique, nostalgique, car le désir de la Lune noire n’est plus totalement humain, l’esprit a déjà pénétré la chair.


La Lune Noire en Capricorne

Ce qui est touché dans ce signe par le manque c’est la structure intériorisée. On aura ainsi dans ce cas le senti­ment d’être déficitaire sur le plan de cette structure qui est la quintessence de l’ensemble des limites. C’est le Capri­corne qui cristallise l’ensemble des limites proposées par la Vierge, d’où angoisse particulière, un sentiment d’in­tense fragilité intérieure sur le plan structural psychique.

Ce sentiment d’incertitude, d’incomplétude peut déve­lopper deux comportements :

- soit le retrait, la distance, l’inertie même, en tout cas la dépression ;

- soit, et c’est très fréquent, le surinvestissement struc­tural : le sujet va investir le peu de structure dont il se sent pourvu, jusqu’à en faire une sorte de rigidité. Ce sont les organisations « as if » : placage d’une structure externe pour compenser une faiblesse ressentie au niveau de la structure interne. C’est le faux-self ou la persona.

Tout cela donne des sujets un peu stéréotypés, rigides, qui manquent de spontanéité et d’authenticité, donc fra­giles. Avec une Lune noire en Capricorne, il y a besoin de ce paravent pour se raccrocher à quelque chose.
Ne pas y toucher sous peine de décompensation.

Certes, le but de la vie est évolution, la vie est mouvement - si l’on supprime le mouvement, c’est la mort - mais l’évolution est person­nelle et chacun évolue selon ses moyens.
Il y a des gens qui peuvent évoluer en marchant avec des béquilles, si on leur enlève leurs béquilles, ils n’évoluent plus et vont mourir.

Il y a des béquilles que l’on peut supprimer et il y en a d’autres qu’il faut conserver, notamment dans les organi­sations « états limites », états oscillant entre la névrose et la psychose, les béquilles à l’immaturité sont indispen­sables.


La Lune Noire en Verseau

La Lune noire en Verseau va toucher le narcissisme social de l’individu ou ses projections narcissiques.

C’est en maison V que l’on crée, c’est en maison XI que l’on projette les fruits de la créativité.

En V on peint, en XI on expose le résultat de cette créativité, à commencer par soi-même.

C’est là que nous nous exposons au regard du groupe, avec le besoin de se sentir reconnu, parfois même, comme un homme ayant déjà un discours de Dieu, supra-humain.

En résonance avec cette symbolique, la Lune noire en Verseau va toucher les projections narcissiques du sujet. Il y a donc au départ une carence à ce niveau-là.

Comme toujours, on aura deux possibilités symptomatiques :

- soit une difficulté considérable pour le sujet à vivre ce qu’il en est du groupe, le groupe pouvant être ressenti comme hostile, dangereux ou rejetant ;

- soit un surinvestissement de la vie associative. Là où réside le Verseau dans le thème, est l’ouverture possible de notre personnalité au groupe et à la communauté, s’il est en maison IV, ce sera à partir de nos origines, de notre généalogie, de nos racines.

Au négatif, c’est un facteur d’inadaptation, on ne tient plus compte de la réalité, les expériences psychiques peu­vent aller au-delà de la transgression, à la profanation.

Au positif, ce supra-humain peut être mystique, huma­niste, spiritualiste ou psychanalyste. La question qui se pose est de savoir en quoi le manque est de l’ordre du désir divin que l’on trouvera aux Poissons.

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Source : Philippe Granger











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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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