La méthode clinique

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La méthode clinique

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychothérapie · 23 Août 2022
Tags: Laméthodeclinique
La méthode clinique

Après avoir terminé mon cursus en Astropsychologie avec Alain de Chivré, l’ancien Président de la fédération des astrologues francophones (FDAF), j’ai entamé mes premières consultations.

J’avais préalablement lu énormément de livres - ma bibliothèque, démarrée en 1980, s’étend sur 27 mètres linéaires à ce jour ! -, et j’avais lu plus particulièrement et avec une grande attention le livre de Stephen Arroyo « Pratique de l’astrologie » et celui de Dane Rudhyar « La pratique de l’astrologie ».

Ces deux livres à eux seuls contiennent déjà les bases les plus solides que je connaisse en matière de conseil psychologique pour s'engager dans la consultation astrologique.

Il s’est avéré néanmoins qu’au cours de mes premiers entretiens - en 2007 -, je me sentais souvent dans une « absence de moyens » pour accompagner de manière optimale les personnes qui venaient me consulter.

Je n’attribuais pas cela à un manque de compétence de ma part - bien que ces dernières se soient affûtées au cours du temps -, mais bel et bien à un manque de connaissance concernant la méthode.

J’avais préalablement évolué, au cours de ma vie, dans un milieu médical. En effet, j’ai travaillé en tant qu’infirmier dans un service d’ophtalmologie et d’ORL et j’avais donc pour ce travail bien précis un cahier des charges et une méthode.

Cette dernière permettait d’apporter le soin nécessaire à la personne, de sorte à aboutir progressivement à un résultat de guérison optimale. Je sais donc ce qu’est une méthode et dans ma pratique astrologique, il me manquait cette méthode, j’en étais intimement convaincu.

C’est alors que j’ai suivi les cours de praticien en psychothérapie au centre d’études et de formation en psychologie appliquée à Saint-Laurent-du-Var (Le CERFPA).

Au cours de ce cursus, je me suis procuré divers ouvrages tels que, entre autres :

« La psychothérapie aujourd’hui » ;
« Pourquoi la psychothérapie ? » ;
« Les fondements des psychothérapies » ;
« Manuel des psychothérapies complémentaires » ;
« Pratiquer la psychothérapie » ;
« Le premier entretien en psychothérapie » ;
« Le groupe thérapeutique » ;
« Construire la relation thérapeutique » ;
« L’alliance thérapeutique », etc.

Ma bibliothèque continuait ainsi de s’agrandir et de tapisser les murs de mon appartement [1]. M’étend définitivement séparer de la télévision en 1998, j’occupais mes soirées et mon temps libre à l’étude et à la lecture.

De fil en aiguille, en complément des modules concernant le développement psychologique de l’enfant, la psychanalyse, la psychologie sociale, la psychanalyse, la psychopathologie de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte, j’ai approfondi la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung, la psychiatrie et la psychologie clinique.

C’est de cette dernière - la psychologie clinique - que je vais exposer quelques lignes, car elle participe grandement à la méthode du soin psychique.

Qui dit psychologie clinique pense approche clinique et pour comprendre le concept de psychologie clinique il s’agit préalablement de définir le mot « clinique ».

Dans le Grand Robert de la langue française on trouve une étymologie qui remonte aux années 1 586 / 1 626. Du latin « clinicus » qui est un adjectif et du nom provenant du grec « klinikos », de « klinein » qui signifie « être couché ».

Le terme « clinique » renvoie en français à des mots comme incliner, décliner, inclinaison, déclinaison, etc.

Ces termes contiennent un ensemble de quatre lettres « clin » qui ramène à la racine grecque du mot « lit » et du mot « soins ». L’ensemble renvoie donc à la signification du soin qui se pratique au chevet de…

Voilà ce qu’exprime le terme « clinique » : soin qui se pratique au chevet du malade.

Dans la pratique médicale du soin, le terme « clinique » renvoie d’abord « au lit », ou « au chevet », ou plus lointainement « à être couché » et « se pencher ».

Le mot ouvre ainsi un sens premier à la clinique médicale qui inaugure un certain type de rapport humain : quelqu'un est couché (le malade) et un autre se penche sur lui pour le soigner (le médecin).

La souffrance de l’un est le motif de la rencontre. Elle appelle la présence de l’autre dans une rencontre dissymétrique. C’est dire que la rencontre ne vise pas un échange égalitaire, comme la rencontre amoureuse par exemple, ou la rencontre amicale (De dissymétrie + -ique ; du latin symmetria, ‘justesse des proportions’).

Dans la rencontre clinique, l’un apporte à l’autre sa souffrance (celui qui est dit malade) et l’autre apporte d’abord sa présence et sa compétence pour soulager la souffrance (celui dit médecin).

Cependant, au-delà de cette dissymétrie être couché-être penché, la rencontre se fait à partir de la souffrance du patient, souffrance à laquelle le médecin n’est pas indifférent. D’ailleurs le premier sens que les médecins donneront à clinique c’est qu’il est en contact direct avec la maladie par son observation, par ses organes des sens, et non plus seulement par l’intermédiaire de la théorie, comme c’était souvent le cas au début de la médecine (cf. les médecins dans les pièces de Molière).

La souffrance du malade/patient touche les sens du médecin, appelle son souci. Le médecin est sensible à la souffrance du malade. Mais c’est son état de malade qui intéresse le médecin, et rien d’autre.

Cela veut dire que le médecin oublie toute autre caractéristique sociale ou morale de la personne ; ce qui l’appelle à son chevet, c’est sa plainte, sa demande.

La rencontre s’opère à partir de la maladie. Qu’il soit riche ou pauvre, qu’il soit criminel ou pervers, ne l’intéresse pas en ce moment de la rencontre clinique.

Ce rapport concret institue un service, un métier.

Il va se développer dans deux perspectives complémentaires :

• Une perspective concrète : se pencher sur le malade, la personne, pour soulager sa souffrance en la comprenant. Il en découlera une attitude « de se mettre au service de » par un traitement, une thérapeutique ;

Une perspective abstraite : se pencher sur les maladies pour en expliquer les causes. (Observation, explication sur la base d’une théorie ou un ensemble de savoir). La clinique est aussi un des moyens par lesquels le médecin constitue un savoir sur les maladies.

Comprendre et expliquer.

L’objectif de la science est d’expliquer, l’objectif de la rencontre humaine est de comprendre.

L’explication inclut une objectivation à partir de la démarche scientifique de la construction du savoir. La rencontre humaine inclut l’intersubjectivité de la rencontre et l’identification.

En ce qui concerne la pratique clinique sur un plan médical, elle consiste à rencontrer de manière concrète son semblable et d’apporter une tentative de compréhension de la maladie, afin de trouver et de mettre en œuvre un ou des moyens thérapeutiques.

La pratique clinique n’est pas un rapport particulier qui serait exclusivement réservé aux médecins. En effet, toute mère de famille rencontre son enfant malade de cette façon.

Cependant, dans l'évolution des connaissances et des techniques de notre civilisation, la mère de famille occidentale laissera progressivement le soin et l'explication aux médecins de métier.

Lorsque cela s’avère nécessaire les médecins de métier renverront leurs patients vers une autre rencontre : rencontre avec un psychologue, un soignant, un écoutant ou un aidant.

Ce qui m’amène à évoquer la psychologie clinique en psychologie

La pratique de la psychologie clinique en psychologie, contrairement à « son emploi » en pratique médicale, va transformer le sens.

Le sens va se transformer.

Qu'est-ce à dire ?

Le psychologue clinicien va privilégier l'originalité de la rencontre du sens médical, mais pour lui, il ne s’agit plus seulement de rencontrer un sujet malade, mais de rencontrer un sujet humain pour ce qu'il a d'unique, d'original, c'est-à-dire indépendamment des caractéristiques qu'il a en commun avec d'autres sujets sociaux (un "belge", une "femme", un "riche", un "maigre", etc.).

En psychologie clinique, ce qui intéresse le clinicien c'est le contraire de ce qui intéresse le statisticien ou le théoricien.

On s’éloigne des abstractions et de l’idéologie, de tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à un ensemble d’idées organisées et de concepts ayant pour but de décrire et d’expliquer une quelconque situation ou un quelconque phénomène.

La méthode clinique, loin de tous préjugés et de toute idée préconçue, devient donc par excellence une méthode d'approche des phénomènes humains : la méthode du cas par cas, ou mieux, la méthode du un par un, dans la mesure où cas, en latin renvoie encore au malade, « casus », celui qui est tombé.

ÉTYM. V. 1220, « quas » ; latin « casus » « chute », puis « circonstance, hasard », p. p. de « cadere » « tomber » - Source : le Grand Robert de la langue française.

Pour le psychologue clinicien, l’histoire de celui qu'il rencontre ne peut jamais être totalement assimilée à aucune autre.

Le psychologue clinicien pense qu'il y a un intérêt à ressaisir l'épaisseur, l'intensité dramatique de l’histoire d’une personne dans sa singularité, pour comprendre ses comportements.

Ici aussi, clinique renvoi en même temps à un espace de rencontre entre deux humains et à un moyen de construire des connaissances psychologiques, un savoir scientifique : on peut par exemple trouver ces connaissances et ce savoir scientifique dans des ouvrages tels que le DSM IV ou V.

Cependant de tels ouvrages ne constitueront jamais la base de la rencontre clinique, même si la rencontre clinique a permis leur élaboration.

Cette méthode d'approche et de connaissance des humains en psychologie clinique implique certaines caractéristiques essentielles qui s'opposent à celles des autres méthodes en psychologie (autres méthodes dans lesquelles les individus sont rangés dans des boîtes, des cases, des statistiques) :

• Si on veut rencontrer quelqu’un dans ce qu'il a d'unique, il faut prendre le temps de la rencontre. A contrario la méthode statistique requiert quant à elle un grand nombre de sujets, rencontrés brièvement.

• Méthode des cas implique qu’on ne choisit pas qui on rencontre : on rencontre celui qui « nous tombe dessus par hasard ». Mieux, on rencontre celui qui s’adresse à nous, qui nous demande quelque chose du fait de notre compétence ou de notre autorité.

On ne le choisit pas, c’est lui qui nous choisit. On saisit la rencontre au vol là où elle se produit. A contrario la méthode statistique choisit son échantillon représentatif de la population. Le cas isolé ne l’intéresse pas.

• La méthode clinique implique une rencontre sans tromperie, comme cela vient ; a contrario la méthode expérimentale implique souvent une mise en scène, une tricherie (cf. l’expérience de Stanley Milgram).

• Pour rencontrer une personne en tant qu’elle est unique il faut chercher chez elle le plus d’informations possible, ne pas se contenter des grandes lignes. Il faut aller dans le détail le plus infime ; celui-ci peut nous aider à comprendre. A contrario la méthode statistique réduit les individus à des caractéristiques communes grossières. La méthode expérimentale ne s’intéresse qu’à un ou l’autre aspect de l’individu étudié ; par exemple, dans la recherche de Milgram sur la soumission à l’autorité, ce qui est intéressant c’est uniquement la disposition du sujet à se soumettre à l’autorité du chercheur et à faire ce qu’on lui demande de faire.

• La méthode clinique s’intéresse à l’évolution de la personne en se référant à son passé ainsi que dans et au cours de la rencontre avec le psychologue clinicien. L’histoire de la personne est au centre de la recherche et des investigations ; a contrario la méthode expérimentale ne s’intéresse qu’aux résultats de l’expérience, quels que soient les effets de l’expérience sur les personnes (dans les limites de l’éthique du chercheur bien entendu).

• Le but de la rencontre clinique est de faire apparaître le sens du / des comportements en ce qui concerne la personne dans ce qu’elle a de singulier, étant entendu que le sens du comportement peut échapper à la personne elle-même. Un des outils du psychologue clinicien sera donc nécessairement l’interprétation. L’interprétation est aussi bien le fait de la personne étudiée, qui s’interprète, que du psychologue qui interprète le langage, les comportements, les gestes, l’histoire de la personne en les resituant dans le cadre de référence de la personne étudiée/rencontrée. A contrario la méthode statistique ne s’intéresse qu’au sens des comportements valables pour la majorité des sujets étudiés.

Pour résumer la psychologie clinique, on peut dire qu’il s’agit :

"d’envisager la conduite d’une personne dans sa perspective propre, de relever aussi fidèlement que possible les manières d’être et de réagir de cette personne dans sa vie concrète et aux prises avec la situation qui est la sienne. Il s’agit de chercher à établir le sens que donne la personne à sa/la vie dans le mouvement même de la vie. Il faut s’efforcer de chercher à comprendre la structuration et la genèse de la pathologie éventuelle afin d’en établir le sens, le pattern [2], la genèse. Ainsi seront décelés les conflits, lesquelles pourront être traités dans un rapport d’être à être". Article lié : La guérison d'être à être

Une rencontre n’est jamais neutre et la personne rencontrée sera toute différente selon le rôle et les objectifs du professionnel qu’elle rencontre. Article lié : La rencontre

Aider une personne en difficulté à s'aider elle-même à partir de ses propres ressources provient d’un savoir original sur l’humain qui a été élaboré par des siècles voir des millénaires d’observation clinique. "Aider" une personne ne s’improvise pas sur la base d’un savoir ou d’une connaissance, mais d’un état d’être.

Dans une rencontre, à visée thérapeutique, il y a un professionnel et il y a un client/patient. Tout l’art de la rencontre clinique, au-delà des techniques employées (les tests que font par exemple les psychologues), est de concilier l’objectif de la guérison avec l’intersubjectivité de la rencontre.
Article lié : La relation à l'autre

On trouve parfois des personnes qui ont une attitude qui s’approche de la pratique clinique. Je pense notamment aux visiteurs de prison, aux conseillers conjugaux, aux assistantes sociales, etc.

Ces personnes, parfois bénévoles, ont suivi une formation minimum à l’écoute qui leur permet d’aider les personnes qu’elles rencontrent en se centrant sur elles (cf. Carl Rogers « l’approche centrée sur la personne »).

Néanmoins, ces formations minimums n’en font pas pour autant des professionnels et encore moins des thérapeutes.

Faut-il, pour finir, inviter les personnes qui connaissent l'astrologie à des degrés divers et variés, à s'approcher de la rencontre clinique ?

Comme le dit Stephen Arroyo dans son livre "pratique de l'astrologie" :

"La théorie ne doit pas s’interposer entre vous et votre client.

Contentez-vous  d’ouvrir les yeux pour voir ce qui est là ! Si vous faites réellement  du conseil astrolo­gique, c'est la personne elle-même qui vous mettra  sur la « piste ».

C’est à partir de la personne  que vous découvrirez quel est son problème et que vous saurez où aller,  en suivant ces pistes. L’astrologie devient alors à mon avis quelque  chose de fantasti­que."

L'astrologie entrera peut-être à nouveau à l'Université quand les astrologues comprendront que leur savoir est une chose et que l'être et la méthode en sont une autre.

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Notes :

[1]  - « Pour avoir eu des circonstances de vie particulière et notamment celle de vivre et de grandir dans un milieu agricole, je n’ai pas eu la chance d’avoir eu des parents qui m’ont payé des études universitaires, tel que je l'aurai souhaité.

Avec volonté, j'ai grandi et suivi mon chemin, avec entre autres, la chanson de Jean-Jacques Goldman dans la tête : « Envole-moi » ; et les paroles suivantes ne me sont jamais sorties de la tête : « J'm'en sortirai, je te le jure, à coups de livres je franchirai tous ces murs ». C’est donc à coups de livres que j’en ai franchi un certain nombre. Et je continue…

[2] - Patterns : modèle, schéma, structure, schème, type, profil, configuration, figure, motif, patron ou trame.

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Bibliographie :

• La relation d’aide et la psychothérapie - Carl Rogers
• L’entretien psychiatrique - S. C. Shea
• La pratique de l’entretien clinique - Gérard Poussin
• Manuel de la pratique clinique en psychologie et en psychopathologie - René Roussillon
• Psychologie clinique, de l’initiation à la recherche - Bernard Robinson
• Se former à la relation d’aide - A. Bioy et A. Maquet







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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

5, impasse du mai
67000 Strasbourg

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