Le tact

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Le tact

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychothérapie · 4 Août 2022
Tags: Letact
Le tact

Charles Baudouin nous a montré que le véritable thérapeute se révèle par l’abandon de toute volonté de puissance. Le tact, disait-il, « nous permet de toucher l’autre, c’est-à-dire d’entrer en contact avec lui, de l’émouvoir, de le mettre en mouvement ».

Le tact implique une foi philosophique, une conviction de la singularité des personnes, un respect inconditionnel de chacune dans leur différence. Le tact permet à l’analyste d’intervenir juste là où il doit le faire. Il lui permet de se taire et de savoir attendre, non d’une attente distraite, mais d’une attente disponible et confiante. La “frustration” analytique n’est pas une décision privative de l’analyste, elle doit être un retrait de celui qui écoute, mais un retrait en position proximale. Seul le tact permet d’établir la juste distance où peut s’établir “l’aire transitionnelle”, aire de “jeu” nécessaire à la liberté d’expression de l’analysant.

Baudouin insistait beaucoup sur l’humilité nécessaire au thérapeute dans son approche de l’autre. « Il avait, certes, le droit d’en parler, lui qui la pratiquait comme on respire » écrit André Arthus [1].

Il nous faut accepter d’être à tout moment remis en question par l’analysant et accepter que l’irrationnel vienne bouleverser toutes nos constructions rationnelles. Il ne faut pas ignorer que l’inconscient de l’autre viendra nous provoquer dans la région inanalysée de notre propre inconscient. C’est là où l’autre touche mon “point aveugle” comme dit Fédida, que va se produire l’événement trans­formateur.

Baudouin disait que « le rôle propre de l’humilité est d’être dans la “personne”, le représentant de l’ “autre” ; elle est le memento nous avertissant que notre réalisation personnelle est incomplète si elle ne se dépasse pas elle-même par la reconnaissance de tous et du tout ; en cela elle est vraiment une “fonction transcendante” …

L’accepter, ce n’est pas seulement reprendre cons­cience d’une part importante de nous-mêmes, ce n’est pas seulement contribuer à reconstruire notre intégrité ; c’est aussi nous mettre en mesure de nous réconcilier avec autrui et avec le monde ; c’est enfin nous ouvrir la seconde des deux grandes voies religieuses que nous avons nommées au début : celle de la communion » [2].

Dans sa rencontre avec l’analysant, l’analyste doit accepter de se trouver dans le dénuement le plus complet, sans aucune protection, sans aucun pouvoir, l’analyste doit accepter d’être faible. Lorsque Lévinas parle du “vrai maître”, il nous confirme que :

« Le maître est faible car sa parole qui annonce l’infini, dépend de ceux qui, peut-être, la récuseront. Il est vulnérable car il ne s’impose jamais, il demande et est prêt à se retirer si personne ne peut répondre à sa parole, de sa parole » [3].

Ce que nous avons à vivre dans la relation analytique, c’est ce qui permet l’ouverture pour qu’autrui soit le “lieu” par où passe la transcendance de l’Autre. L’analyste est, dans la rencontre, responsable de l’infini de l’autre.

Si, se heurtant à la dimension propre de l’Autre, l’analyste le conjecture d’après une théorie, jauge l’inconnu d’après ce qu’il connaît, nous pouvons affirmer qu’il coupe la relation dialectique pour mettre en place un discours psychologique, un discours totalitaire qui, ignorant l’altérité, commet un meurtre psychique.

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Source : Ballade pour un jeune thérapeute - Paul Montangérand - Ancien Président de la société de psychanalyse et de psychothérapie de Genève.

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Notes :

[1] - André ARTHUS. « Charles Baudouin, sa pensée et son ensei­gnement ». 1979
[2] - André ARTHUS. « Charles Baudouin, sa pensée et son ensei­gnement ». p. 232.
[3] - Catherine CHALIER. « Judaïsme et Altérité ». Verdier 1982.

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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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