Les injonctions

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Les injonctions

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychologie · 9 Décembre 2022
Tags: Lesinjonctions
Les injonctions

Leurs conséquences sur notre devenir

Sören A. Kierkegaard nous prescrit « d’être vraiment soi », dans un souci d’harmonie. Chacun de nous a pourtant fait l’expérience de la difficulté à se montrer tel qu’il est, à livrer ses sentiments, exprimer un refus, formuler une critique, émettre un avis contraire, ou simple­ment prendre la parole… particulièrement lorsque dans son enfance, on a fortement baigné dans des « tu devrais », « ne fais pas ceci… ».

« Même si nous avons oublié ces expériences précoces et les conclusions aux­quelles elles nous ont fait aboutir, elles peuvent nous avoir marqués profon­dément » nous dit Pamela Levin (cf. Cycle de l'identité).

Éric Berne, fondateur de l’analyse transactionnelle, affirme que, très petits, nous prenons des décisions sur notre plan de vie que nous sui­vons fidèlement, sauf à redécider, c’est-à-dire à prendre conscience des attitudes répétitives bloquantes et des messages qui les sous-tendent.

Ce plan de vie programmé serait le résultat d’injonctions adressées par nos parents ou toute figure parentale.

Que sont les injonctions ? Ce sont des interdits d’agir. Nos parents les ont exprimées le plus fréquemment avec une bonne intention, mais nous les avons intégrées comme des freins à notre épanouissement ou développement. Parmi ces injonctions, il y en a de légères, d’autres plus lourdes de conséquences.

Ainsi, pour aider son enfant à se socialiser, une mère peut lui inter­dire de parler en même temps qu’une autre personne et d’attendre qu’elle ait fini avant de s’exprimer. Si cette injonction est interprétée comme une interdiction de s’exprimer, voilà notre petit acteur qui va s’inhiber et refuser de s’exprimer en groupe, laissant les autres déci­der à sa place parfois, ou manquant les occasions importantes de prendre la parole.

Le couple Robert et Mary Goulding, spécialistes de l’analyse transac­tionnelle, a énoncé 12 de ces injonctions :

• (la plus archaïque) N’existe pas.
• Ne sois pas de ton sexe.
• Ne sois pas un enfant.
• Ne grandis pas.
• Ne réussis pas.
• Ne fais pas.
• Ne sois pas important.
• N’appartiens pas.
• Ne sois pas proche.
• Ne sois pas sain.
• Ne pense pas.
• Ne sens pas.

Observons quelques-unes de ces injonctions, ainsi que leurs consé­quences sur le développement de l’enfant.

N'existe pas

Jamais formulée ainsi, cette injonction est perçue avec ce sens par l’enfant à partir de messages tels que « Si tu n’étais pas né, nous aurions divorcé », ou « Depuis que tu es né, ma santé a décliné. »

Les personnes sous influence de cette injonction se sentent générale­ment de trop, ne prennent pas leur espace, ont tendance à se sous-estimer, ou pire, à entretenir des flirts poussés avec la mort.

Comment est-il possible, en effet, de se construire, quand à l’orée de sa vie une sentence de mort est prononcée ? Ainsi s’exprime Catherine Bensaïd (Aime-toi, la vie t’aimera) : « Un enfant a toujours besoin de savoir qu'il est attendu et désiré. Comment pourrait-il se construire sur un non-désir de son existence ? Un désir de mort s'inscrit à la naissance à la place du désir de vivre, et cette mort, fantasmatique ou réelle, reste toujours un rendez-vous possible quand les circonstances de sa vie la rendent trop difficile à supporter ou dans toute situa­tion qui réactualise cette sensation de rejet ? »

■ L’exemple de Van Gogh est à ce titre édifiant. À sa naissance, il reçoit un mes­sage de mort, véhiculé au travers de la tombe de son frère, mort une année avant sa naissance et portant son nom et la date exacte de sa naissance. Cette vie ratta­chée à la mort l’a toujours troublé, au point d’être toute sa vie hanté par ce fantôme dont il pense qu’il a usurpé la vie. Il a cherché en permanence à transcender ce message de mort sans y parvenir. Sa vie douloureuse et agitée n’a été qu’un long défi arraché à cette sentence implacable du début de sa vie. Il a fini par se tuer.

Ne sois pas de ton sexe

A vouloir trop habiller le garçon en petite fille, ou l’inverse, en lui signifiant qu’ils auraient préféré un enfant de sexe opposé, les parents impriment un message de type « tu serais mieux dans un corps appartenant à l’autre sexe ».

Y. Mishima, le romancier japonais mort dans sa 45e année, raconte que petit enfant il se déguisait en femme. Il ressentait une réelle délectation à se voir ainsi revêtu d’attributs féminins. Il raconte dans Confession d'un masque, roman autobiographique, ses premiers émois à l’âge de 4 ans devant des photos de Jeanne d’Arc qu’il avait prise pour un chevalier. Lorsqu’on lui révéla, qu’en fait, il s’agissait d’une femme, il ressentit une violente déception. « La personne dont j’avais pensé qu’elle était il était elle. Si ce magnifique chevalier était une femme et non un homme, que restait-il ? » Il a développé une féminité toute naturelle qui lui a valu de préférer pour sa sexualité des partenaires de même sexe.

Ne sois pas un enfant

Les personnes ayant subi cette injonction prennent très jeunes des responsabilités, développent une certaine gravité, vivent mal le ludique et sont rarement dans le lâcher-prise.

« Je ne suis qu’un petit garçon qui s’amuse, doublé d’un pasteur pro­testant qui l’ennuie » nous révèle A. Gide.

■ Nous pouvons également évoquer Baudelaire à ce sujet. Lorsqu’il a 8 ans, son père meurt ; plus que la perte de son père, c’est la peine de sa mère qui le chagrine. Comme il veut combler cette perte, il pense qu’il doit chérir sa mère pour deux. Il re­doublera d’efforts dans les manifestations d’amour, dans l’obéissance aux exigences de sa mère. Il veut très vite grandir pour satisfaire les besoins de sa mère.

■ F. Nietzsche a été également soumis à cette injonction, à la suite de la mort de son père. Ses biographes relatent que l’enfant qui était jusque-là spontané est devenu subitement grave, et qu'il se défendait de s'amuser.

■ Une Vietnamienne Boat People me raconte qu’elle a dû, très jeune, s'occuper de ses frères et sœurs, dans un contexte souvent douloureux, tragique ; ce qui l’a amenée à museler, en grandissant la partie enfant en elle. Elle a réduit au mini­mum dans sa vie, les moments de détente, de jeu, et a échafaudé un système de valeurs très rigide. Les conséquences sont pour elle dans un sens positives, puisqu’arrivant en France, elle a pu très vite s'adapter, travailler durement pour devenir cadre responsable dans une grande entreprise, mais dans un autre sens, au niveau relationnel, elle est qualifiée de « trop sérieuse ». Elle ne sait pas, comme elle le dit, jouer. Elle est souvent stressée et ne laisse pas s’épanouir la dimension créative en elle, ce qu’elle déplore.

Ne grandis pas

Les personnes victimes de cette injonction ont peur des responsabili­tés, refusent l’engagement, vivent avec le sentiment qu’un enfant fra­gile vit en elles, et sont en demande constante de prise en charge.

Ainsi, par exemple, Marcel Proust a raconté bien des fois, dans ses témoignages, combien il a eu de mal à se libérer de sa mère. « L’enfance de M. Proust se prolongea bien au-delà des limites habi­tuelles », commente Claude Mauriac.

« J’avais toujours 4 ans pour elle », ajoute l’intéressé en parlant de sa mère.

Ne réussis pas

Lorsque nos parents sont sans cesse déçus de nos actes, nos perfor­mances, nos notes à l’école, lorsqu’un regard désapprobateur se pose en permanence sur nous, nous prenons l’habitude de ne voir en nous que les aspects négatifs et de nous persuader de notre échec prochain.

La croyance de notre incapacité à réussir induit un découragement, un manque de confiance en soi, lui-même se manifestant par un comportement « non gagnant ».

Dans les techniques de PNL (programmation neurolinguistique), on enseigne un schéma très parlant qui a ouvert les yeux de bien des per­sonnes, en particulier ceux des participants aux stages de formation.


Entretenir des pensées positives nous amène à nous conditionner, à croire en ces pensées, et à vivre ainsi dans un état interne ressourçant, confortable pour nous. Nourris de ces émotions, nous adopterons des comportements conformes.

Exemple : nous rencontrons un client, si nous nous sommes suffisam­ment préparés et que nous anticipons un scénario positif, nous serons plus confiants. Cette confiance en soi se manifestera par des actes puis­sants, influents, qui offriront, par la suite, plus de garantie de succès.

Ce schéma interactif nous signifie à quel point nos croyances sont sou­veraines dans nos actes.

De Bouddha aux philosophes contemporains, les penseurs ont pointé l’influence de nos pensées sur nos actes. La sagesse ancienne de l’Inde est nourrie d’aphorismes tels que : « L’homme devient ce qu’il contemple », ou « L’homme est la création de la pensée ». Les boud­dhistes nous rappellent « Ce que les hommes pensent, ils le devien­nent. »

Les sportifs parlent de mental : avoir un bon mental, selon un entraî­neur que nous avons interviewé, est une garantie pour au moins 50 % du succès, le reste étant, bien sûr une bonne préparation technique.

Ne sois pas proche

Injonction propre aux personnes qui ne se laissent pas aimer, qui éprouvent des difficultés à exprimer leurs émotions, pouvant aller jus­qu’à éviter tout type de contact physique.

Claude Steiner raconte qu’Éric Berne était lui-même sous influence de cette injonction. Il n’est pas étonnant selon lui qu’il ait développé une maladie de cœur, car il ne soignait pas suffisamment son cœur, même si, physiquement, il en prenait soin.

« Les relations d'amour de Berne étaient de courte durée et ne lui don­naient pas le réconfort qu'il désirait et dont il avait besoin… Il fut complète­ment passif par rapport à son besoin d'amour et de contact humain » Claude Steiner.

Ne sois pas sain

Les manifestations les plus fréquentes de cette injonction sont un état souffreteux, un besoin de se sentir protégé, à l’abri. Là encore, M. Proust illustre de façon édifiante cette injonction. Fragile, enfant délicat et nerveux, il eut très tôt des crises d’asthme.

Autre exemple : Y. Mishima. Voici ce qu’il dit : « Mon lit fut placé dans la chambre de ma grand-mère, toujours fermée, où régnaient d'étouffantes odeurs de maladie et de vieillesse, et je fus élevé là, à côté de son lit. »

Dès l’âge de 4 ans, il développera une maladie d’auto-intoxication. À cet âge, on l’a même cru mort au point de préparer son linceul.

Ce que nous venons de voir est l’impact des injonctions sur notre développement. Mais d’autres messages nous influencent également...

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Être soi - ESF

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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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67000 Strasbourg

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