Les rencontres humaines à la lumière de la Lune et du Soleil

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Les rencontres humaines à la lumière de la Lune et du Soleil

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Anthroposophie · 8 Octobre 2022
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Les rencontres humaines à la lumière de la Lune et du Soleil

Travail soutenu par les Docteurs Claude Boudot, Vincent Hédon et Robert Kempenich par leur intérêt et leurs compétences pro­fessionnelles en médecine anthroposophique.

Dans le chapitre précédent, nous avons exploré le domaine des rela­tions humaines, celui de nos compagnons karmiques - la trame de fond invisible qui nous unit par des liens durables à notre parenté et à nos amis, tout au long de notre vie.

Dans ce chapitre, nous voulons aborder ce qui s’est passé auparavant, à l’arrière-scène, quand les humains se croisent sur leurs chemins ; parler de ces vieilles connaissances de vies antérieures et de ces étrangers, d’une importance cruciale, que nous rencontrons pour la première fois ; de ces prodigieuses forces spirituelles qui agissent dans nos relations ; et aussi, de ce que des personnes peuvent en venir à signifier pour nous, si enfin nous atteignons notre but : la relation de l’initié avec ceux qu’il rencontre.

Le jeu des destinées

L’étoffe de la vie, bien sûr, est tissée de personnes, de lieux et de choses. Mais réfléchissez un instant à tous les mystères que cela implique : les événements, les étranges coïncidences, le miracle de la façon dont tout cela survient ; et aussi, finalement, le fait que les choses et les lieux ne sont que les accessoires et les décors qui nous permet­tent de nous rencontrer en tant qu’acteurs et metteurs en scène notre vie. Et ensuite dans la sphère céleste, la pièce de théâtre continue, mais sans le support de la scène, cette fois ; êtres parmi les êtres, les amitiés se prolongeant, nos liens deviennent réalités, nos actes portant en germe des fruits pour les vies à venir.

La destinée agit à travers les êtres : Un douzième, voire moins, de l’existence, celui que nous passons ici sur terre - un laps de temps éton­namment court - est consacré à rencontrer d’autres êtres humains avec lesquels nous créons des liens. Les onze-douzièmes restants, nous les vivons dans les régions cosmiques : nous évaluons ce que nous avons fait et comment nous l’avons fait, puis nous métamorphosons ces expé­riences terrestres en capacités potentielles et en engagements qui en découlent sur le plan moral. Alors, emplis d’aspirations et de joie, nous recommençons le cycle ! Comme il est donc important ce laps de temps relativement court, ô comme il est décisif et déterminant pour ce qui doit être, pour nous et pour les autres !

C’est comme si au ciel nous nous étions attelés à un joug et que nous apportions avec nous des liens potentiels inconscients, foncièrement ancrés dans notre constitution, notre caractère et nos intérêts. Nous nous cherchons mutuellement et nous nous trouvons, sans le savoir. Alors, cette « guidance » obscure cesse - la conscience éveillée entre en action - une nouvelle phase de lumière s’ensuit.

La destinée est notre propre œuvre : Que cela nous plaise ou non, cette « guidance » fait de nous des créatures semblables à des marion­nettes. Nous faisons les choses comme dans un état de rêve. Nous pre­nons des décisions et ne savons pas pourquoi. Ce n’est souvent que plus tard que nous en percevons le sens. La notion des mécanismes du karma, ces forces mystérieuses qui agissent depuis le passé, aide à faire la lumière sur les circonstances souvent indirectes dans lesquelles nous nous rencontrons. Mais une fois que nous nous sommes rencontrés, ce qu’alors nous faisons est de notre ressort, ce n’est plus du ressort du rêve. En nous guidant, le passé jouait un rôle jusqu’à ce que nous nous rencontrions. À partir de ce moment précis, le futur commence, étoffe de notre propre création. Le passé et le futur s’interpénètrent mainte­nant : la « guidance », instinctive, semi-consciente, œuvrant à partir du passé ; la liberté, les initiatives nées de notre perspicacité, sculptant nos possibilités futures.

Se frayer un chemin à l’intérieur des merveilles que constituent les interrelations humaines était d’une certaine façon l’une des tâches centrales de l’Anthroposophie. Aujourd’hui, nous ressentons le besoin de connaître. La providence émanant du passé, qui organisait tous les rapports sociaux cède maintenant la place à l’auto-direction, à la res­ponsabilité pour ce qui se passe entre les êtres humains, ici sur la scène terrestre. Les hommes doivent devenir les auteurs de leur propre destinée.

Les quêtes et les premières rencontres

Au cours des allées et venues dans toute vie humaine, des centaines de personnes créent des liens avec nous, à l’école, au travail, en tant que voisins ou au sein de divers groupes d’intérêts communs. Certains liens prennent une plus grande signification, d’autres moins. Nous pouvons partager un événement puis nous séparer à nouveau. Bien sûr, nous nous rappelons certains noms et certains visages - mais songez au nombre de personnes rencontrées dans le passé dont nous n’arrivons même plus à nous souvenir. Avec certains individus, des liens d’amitié durables sont tissés. Nous restons liés même si les circonstances changent.

Il y a toutefois des rencontres « spéciales » qui changent vraiment notre vie. Elles nous amènent à des points tournants dans nos intérêts et nos études, influençant ainsi de larges pans de notre existence. Et il y a enfin des rencontres très particulières lors desquelles deux individus, ayant peut-être grandi dans des lieux éloignés et dans des situations totalement différentes, font un jour connaissance et l’inexplicable se produit : ils tombent amoureux. Cette rencontre, apparemment fruit du hasard, peut être le point de départ d’un lien d’une importance capita­le, pouvant durer une vie entière.

Quand on demande aux couples mariés les circonstances de leur ren­contre, les récits des incroyables détours ayant permis cette rencontre dépassent souvent toute fiction. Ou bien la question fréquemment posée dans les cercles anthroposophiques : « Comment avez-vous découvert l’Anthroposophie ? » amène souvent des récits de rencontres fortuites, « d’arrangements » compliqués pour en arriver à ces rencontres décisives.

Rétrospectivement, de telles rencontres nous semblent vou­lues par le destin, karmiques. « Il arrive souvent que plus tard dans la vie, nous rencontrions quelqu’un d’extraordinairement important pour notre vie. Si nous évoquons le passé et observons comment nous avons vécu jusqu’au moment où il nous a été donné de rencontrer cet être, toute notre vie se révèle alors être le chemin suivi pour aller jusqu’à lui. C’est comme si nous avions ordonné chaque pas afin de trouver cet individu exactement au bon moment ». (69) Reconnaître de tels inci­dents dans notre vie et dans celles des autres soulève des questions et stimule la recherche d’explications. Comment tout cela a-t-il été orga­nisé ? Comment cela a-t-il pu se produire ?

À chaque tournant du chemin, une conduite spirituelle a nécessaire­ment été à l’œuvre. « Si nous nous mettons à réfléchir sur la relation que nous entretenons avec quelqu’un, que nous croyons avoir rencontré tout à fait par hasard, nous ne pouvons que nous dire que nous avions cherché, recherché cette personne, depuis que nous nous sommes incar­nés dans cette existence terrestre… Nous n’avons qu’à nous rappeler que nous ne nous serions pas trouvés en contact avec cet individu, si aupa­ravant, à un certain point de notre vie terrestre, nous avions choisi une direction seulement très légèrement différente vers la droite ou vers la gauche et n’avions pas pris le chemin que nous avons pris » (70).

C’est en regardant rétrospectivement, avec une certaine attitude de crainte respectueuse, que nous pouvons nous éveiller à la prise de conscience qu’il se dégage en fait un motif de conduite spirituelle dans le destin ; qu’il y avait un ordre dans le chaos apparent, une direction présente dans les situations labyrinthiques, et une nécessité de prendre des décisions parmi une variété de choix.

Le Portail de la Lune

Des étendues du Cosmos, nous descendons dans une incarnation terrestre, à travers le Portail de la Lune, apportant avec nous la méta­morphose des fruits de nos vies passées. Et nous apportons avec nous les tâches que nous avons projeté d’accomplir avec d’autres que nous allons rencontrer en un certain lieu et à un certain moment du voyage de notre vie.

Ce sont les Instructeurs de la Lune, anciens compagnons de l’homme sur terre, actuels habitants spirituels de la sphère de la Lune, qui ont ins­crit en nous, au cours de notre séjour dans leurs régions, avant l’incarna­tion, la carte et le plan de nos projets terrestres. Ils ont incorporé la trame de notre destinée dans la partie inconsciente de notre être, les forces qui feront que nous nous chercherons et nous trouverons les uns les autres.
Ce sont eux les dépositaires des archives de notre vie - pour utiliser une métaphore terrestre - ils conservent les livres, les comptes de ce que nous avons fait dans les vies passées et les conséquences de nos actes.
En langage terrestre c’est comme si nous étions conduits vers un livre d’histoire renfermant les récits de nos vies passées et que nous y découvrions les écritures des Hiérarchies concernant ce qui est à venir sur Terre. Et à la lumière de ce que nous lisons ainsi dans le livre de notre vie - notre biographie cosmique - nous dirigeons ensuite nos pas pendant ces années de jeunesse jusqu’à ce que nous rencontrions ceux que nous avons vus mentionnés dans les livres de la Lune, cette constel­lation d’âmes avec lesquelles nous avons partagé des expériences dans des vies terrestres antérieures et les individus particulièrement impor­tants pour nous. La Lune est le portail par lequel le passé se fraye un chemin dans notre vie, et c’est particulièrement dans la première moi­tié de la vie que l’aura de la Lune prédomine. (Plus tard nous devons trouver le chemin d’autres forces avec lesquelles écrire nous-mêmes dans le livre de notre destinée).

Bien que situé au niveau inconscient, instinctif de notre être, ce tissa­ge de la destinée à partir du passé peut être regardé rétrospectivement, en particulier plus tard dans la vie, avec un profond mélange d’émer­veillement et de respect. Se souvenir de ce que nous avons traversé, à l’unisson avec d’autres, peut faire naître un profond sentiment de grati­tude. Nous sommes tous devenus plus humains, plus nous-mêmes, à tra­vers notre expérience mutuelle. Nous trouvons notre Soi grâce à autrui. « Si avec la connaissance de l’initiation… vous rencontrez quelqu’un, vous pouvez vous dire avec certitude que ce que les Êtres de la Lune ont inscrit dans son corps astral vous appartient autant que cela lui appartient. C’est cela qui vous a fait vous rencontrer. » (71)

Le Portail du Soleil

Nous entrons dans la vie par le Portail de la Lune, et nous quittons cette vie terrestre par le Portail du Soleil : contraste de deux portails spirituels par lesquels les forces du passé et celles du futur influencent notre existence quotidienne.

De même que les Êtres de la Lune nous donnèrent jadis les moyens de trouver les chemins de notre destin sur terre grâce à une « guidan­ce » innée, de même les Êtres de la sphère du Soleil, les Angeloï, sont prêts à nous guider, dans le domaine des efforts conscients, vers le futur. Réaliser le lien avec les Êtres du Soleil, les Angeloï, devient l’es­sence de ce que l’on entend par la Liberté, volonté spirituellement acti­ve en l’homme. Par « Angeloï », on désigne ici des Êtres des Hiérarchies, par « Sphère du Soleil » le flot de lumière émanant du Soleil.

« Le Soleil est la demeure des Angeloï, chacun d’entre eux est toujours lié à un être humain. Nous sommes nous-mêmes, en ce qui concerne notre « Je », liés à ces Êtres supérieurs à travers l’existence du Soleil. Les Angeloï sont, en quelque sorte, les modèles cosmiques de l’homme, car un jour l’homme atteindra leur rang.

« Nous devons nous tourner vers les Angeloï quand nous nous pré­occupons de notre avenir… Ce sont les Angeloï qui dirigent leur regard sur les actes accomplis au présent par les hommes, et font porter leurs fruits dans le futur… Nous accomplissons bien des choses qui doivent porter leurs fruits dans le futur. Il est triste de constater qu’à l’époque actuelle l’humanité se soucie fort peu de tels sujets. Quand un homme a accompli une certaine action, il devrait penser à son Angelos, et se dire intérieurement : « Que l’Esprit qui me protège reçoive mon acte comme une racine et qu’il en fasse naître des fruits ». Plus les images sont nettes et précises lorsque l’homme s’adresse à son Angelos au sujet des actes qui devraient porter fruit par la suite, plus ces fruits seront abondants dans le futur » (72).

Les forces spirituelles de la Lune et du Soleil

En nous efforçant de nous comprendre au tréfonds de notre être, nous sommes sans cesse confrontés au fait que nous dépendons des mystères du monde qui nous entoure. Connais le monde pour te connaître toi-même ! Que d’énigmes évoquent ces mots porteurs de vérité. Le jour et la nuit, l’alternance des heures de vie consciente et de vie inconsciente, sont peut-être les facteurs primordiaux de l’existence terrestre. Dans l’Antiquité, l’homme vénérait avec une crainte sacrée les corps célestes ordonnant le ciel de nuit et illuminant le ciel de jour. Il reconnaissait d’une manière qui nous est aujourd’hui étrangère, leurs puissantes sources d’influences et de pouvoir ; comment ces êtres gou­vernent spirituellement les événements terrestres chez les hommes.

Les orbes du jour et de la nuit n’étaient considérés qu’en tant que lieux de convergence des sphères de lumière, emplies de l’Être - elles sont Êtres (la sphère de Saturne est l’Être Saturne) -, actives dans la vie de la nature et dans l’homme. Il est difficile pour nous de concevoir qu’autrefois, l’espace et le temps n’avaient pas encore la même objec­tivité qu’ils ont pour nous. L’activité des forces spirituelles était ressen­tie directement - quelque chose que nous avons encore à atteindre d’une autre manière.



En termes d’aphorisme : la Conscience de Nuit - le sommeil et le rêve en tant que conditions de l’âme, la conduite spirituelle subconsciente - porte les êtres humains à se rencontrer en créant les circonstances nécessaires ; la Conscience de Jour - l’éveil - permet à l’homme de prendre une part active et de former les conséquences de ses ren­contres. La Lune d’argent, souveraine de la sombre Nuit inconsciente en nous, apporte la nécessité du passé ; les potentialités du futur, notre liberté, naissent de la lumière dorée du Jour.

La nuit éclairée par la lune nous reçoit, pour ainsi dire, avec ses rêves nous révélant qui nous fûmes, et qui tisse et œuvre au tréfonds de notre être en tant que substance extraite du passé. Chaque jour nouveau, bai­gnant dans la lumière du soleil, nous invite à nous éveiller et à travailler en tant qu’êtres humains, vers des buts futurs.
Ainsi, le Soleil et la Lune se dressent comme deux grands portails par lesquels l’homme est lié aux mondes spirituels : le Soleil, portail des forces d’éveil du « Je », du « Je suis », du « Je veux » ; et la Lune, à travers laquelle se déversent dans notre corps astral des aspirations semblables à des rêves, des tendances et aptitudes que nous amenons avec nous.

« Si nous contemplons la véritable nature du Soleil… nous le ressen­tons apparenté à tout ce qui vit en nous comme liberté, à tout ce que nous pouvons par nous-mêmes atteindre au bénéfice du futur ». (70)

« Quand notre regard s’élève au firmament vers la Lune, nous pou­vons nous dire : "Ô Toi, fille cosmique de la Nécessité, quand en moi je contemple ce sur quoi ma volonté n’a aucune emprise, je me sens infiniment unie à toi". Notre connaissance de la Lune devient sentiment, car nous prenons conscience que toute expérience perçue à partir d’une nécessité intérieure est apparentée à la Lune ». (70)

Mais pour l’initié, de telles impressions dépassent largement le senti­ment poétique et la suggestion. Il y a quelque chose que nous devons garder bien présent à l’esprit quand nous contemplons, émerveillés, l’éclat de la Pleine Lune. Car en fait, pour la vision supérieure, en elle on peut voir notre destinée passée et notre vie antérieure sur terre. Et quand notre regard se concentre sur la Nouvelle Lune, sombre, invi­sible à l’œil physique, son ombre devient « le grand Exhortateur produit par notre destinée » (72) révélant comment nous devons nous compor­ter afin de ramener un équilibre et apporter dans la vie terrestre une compensation aux actions antérieures.

En ce qui concerne les expériences de l'Initié - il est intéressant de réfléchir ici à la place que Rudolf Steiner a donné dans l’œuvre de sa vie aux thèmes de la Liberté et de la Nécessité. En 1894, à l’âge de 33 ans, donc sous l’égide du Soleil spirituel, il a posé les fondements de la Philosophie de la Liberté qui allait imprégner tous ses travaux ulté­rieurs. Ce n’est qu’en 1924, soit trente ans plus tard, à l’apogée de nom­breuses tentatives antérieures pour éveiller un intérêt sur ce thème, qu’a commencé la grande série de conférences sur le karma, éditée en six volumes dans la version française. La connaissance des influences du passé sur l’homme y est révélée, levant ainsi le voile sur les secrets de la Lune.

Comme il l’affirmait : « Personne ne comprend la Lune s’il ne saisit l'élément de la Nécessité dans la destinée humaine ; personne ne com­prend le Soleil s’il ne saisit la nature de la Liberté de l’homme ». (70)

Rêve et éveil

Dans le domaine des relations humaines, ceux qui ont réfléchi à l’idée du « karma » deviennent souvent particulièrement sensibles aux affini­tés, aux attirances, au jeu des interactions entre connaissances et amis.
Nous avons tous ressenti ce jeu des interactions constituant la trame de la destinée. Sans cela, la vie aurait rarement un sens, bien peu d’épices et d’aventure.

Toutefois, souvent, trop souvent, quand on évoque ce qui arrive dans les événements humains et les mésaventures, nous utilisons le terme de « destinée » (ou son équivalent oriental « karma ») là où cela ne convient pas. Nous ne faisons pas de différence entre le passé, le présent et le futur. Ce qui nous réunit, c’est le karma, les forces agissantes du passé. Une fois la rencontre effectuée, tout dépend alors de nous - plus du karma ! Il n’y a pas de conséquences préétablies ; tout dépend de notre propre ingéniosité pour ce qui arrivera par la suite.

« Ce qui est intervenu entre deux êtres humains avant qu’ils ne se ren­contrent dans la vie terrestre est déterminé par la Lune, tandis que tout ce qui se passe entre eux après leur rencontre est déterminé par le Soleil. C’est pourquoi ce qui se passe entre eux avant qu’ils ne se ren­contrent ne peut être considéré que dans la perspective d’une nécessi­té d’airain et ce qui se produit après, dans la perspective de l’expres­sion de la liberté, d’un comportement et d’une relation réciproquement libres. Il est effectivement vrai que lorsque nous faisons la connaissan­ce d’un être humain, notre âme, d’une manière subconsciente, regarde en arrière en direction de la Lune spirituelle, et en avant en direction du Soleil spirituel ». (70)

En fait, ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît, surtout à l’époque de la jeunesse lorsque l’instinct de « construction du nid » du début du mariage se prolonge souvent pendant des années par un état semblab­le au rêve, époque où les âmes de la génération future s’incarnant sem­blent se tisser au rêve, et le passé et le futur s’entremêler. Mais, au moment où s’évapore le halo du rêve, survient le jour où nous devons nous réveiller. Mais en règle générale, nous devons garder bien nette à l’esprit la séparation entre ces forces qui nous amènent à nous rencon­trer, appelées « ancien karma », et ce que nous faisons ensemble et inci­demment l’un à l’autre, sculptant notre futur et constituant notre « nou­veau karma ». Nos actes comportent inévitablement des conséquences et portent des fruits, et ils devraient mûrir à la lumière du Soleil !

De nos jours, les principales difficultés touchent la catégorie des « pro­blèmes de couple » - un malaise répandu qui place les conjoints face à l’impossibilité de survivre à la chute de l’état de grâce, après que le rêve idyllique ait conduit à l’inévitable réveil. Certaines associations nou­velles offrent une aide dans ces moments de crise. Un exemple parmi d’autres : dans The Couple’s Journey (73), l’auteur développe l’idée des « relations homme-femme en tant que force évolutive » et propose un plan détaillé des cinq étapes du voyage du couple. Ces étapes sont les suivantes : l’idylle le combat pour le pouvoir, la stabilité, l’engagement, et la co-création - chemin partant des forces Lunaires astrales et menant aux forces Solaires du « Je » (bien que ces concepts ne soient pas fami­liers à l’auteur). Ses séminaires, et d’autres du même type, principale­ment en Californie, aident les couples à s’éveiller et à se responsabili­ser dans le domaine des relations humaines.

Deux types de rencontres : la volonté et l’intellect

Le destin, ou karma, à l’œuvre est subtil et mobile. Prenez, par exemple, l’influence qu’un individu a sur un groupe de personnes. Comme les réactions sont diverses ! Nous répondons, chacun à notre manière, à ce qu’il dit ou à la façon dont il le dit. Quelques-uns répondent chaleureusement, d’autres restent froids, ignorent ou rejet­tent son apport. Et puis, en plus de ce qui est dit, c’est Celui qui parle et comment Je me relie à lui qui est d’une importance capitale. Un indi­vidu peut toucher une corde sensible chez un auditeur mais n’avoir aucun effet sur un autre. De tels phénomènes s’observent partout où des individus se rencontrent, échangent mots, idées, et les fils invisibles qui relient certains membres d’un groupe et en excluent d’autres se per­çoivent grâce à une observation plus subtile. Les réponses sont géné­ralement d’ordre instinctif. Le fait qu’il y ait un lien ou non semble ancré dans la constitution même des gens, signe que quelque chose œuvre de façon subconsciente, quelque chose qui est peut-être d’ordre « karmique ».

Prenons une autre expérience : nous avons tous eu l’occasion d’ob­server la perplexité des regards extérieurs se posant sur les attirances sentimentales, où l’incrédulité s’exprime par des remarques telles que : « Je me demande ce qu’il peut bien lui trouver » ou « Qu’est-ce qu’elle peut bien voir en lui ! ».

Par l’observation de tous ces phénomènes énigmatiques autour de nous, et par l’étude des lois karmiques, une prise de conscience peut émerger, à savoir que lorsque rien « d’instinctif » n’est présent chez l'ob­servateur, on perçoit les autres personnes de manière esthétique en les évaluant avec son intellect - même lorsque les personnes manifestent l’une pour l’autre une affinité intérieure, invisible, profondément enfouie dans la volonté inconsciente.

Voilà bien le sceau de la rencontre karmique ou des liens karmiques, cette réponse intérieure, instinctive - une réelle identification de « l’un par rapport à l’autre » qui réside dans le pôle de volonté de l’homme, non dans la partie consciente, perceptive de l’esprit ou dans les éva­luations esthétiques.

Ce contraste entre les forces inconscientes de la volonté et l’évalua­tion intellectuelle qui repose sur les sens a été présenté de diverses manières dans les conférences sur le Karma. Pendant l’enfance on trou­ve le culte du héros, l’amour pour un professeur particulier et l’émula­tion qui en découle ; ou l’expérience de rencontrer quelqu’un qui res­semble à un terrible monstre sorti d’un conte de fées. Ici se manifestent une forte sympathie et une forte antipathie, toutes deux aspects « lunaires ». Les enseignants dont nous oublions vite le nom, nous ne les avions jamais rencontrés auparavant dans des vies antérieures ; il en est de même des camarades de classe.

Un autre symptôme intéressant est le « fait de rêver ». Faites bien atten­tion lorsque vous vous surprenez à rêver à quelqu’un. Particulièrement dans un rêve éveillé ! C'est un indice certain que vous avez eu quelque chose à voir avec cette personne auparavant. Le fait de rêver est très nettement un symptôme Lunaire : cela signifie que quelque chose doit être travaillé entre vous deux. À l’opposé il y a le syndrome du « type génial » - quand nous sommes amusés, intéressés, ou admirons les per­formances ou l’adresse de quelqu’un, mais qui à part cela, nous laisse indifférent, c’est une rencontre strictement Solaire. Si nous en avons envie et en prenons l’initiative, nous pouvons apprendre ici quelque chose de nouveau, quelque chose avec lequel nous n’avons pas enco­re été en contact. Mais ces rencontres impersonnelles sont à cultiver consciemment, autrement elles sont abandonnées en cours de route.

Il est intéressant de noter que les événements, aussi bien Lunaires que Solaires, touchent la vie du sentiment, mais par des voies différentes. L’un, par la sombre avenue de la volonté inconsciente, s’élevant vers le cœur, s’exprimant dans les sentiments les plus forts d’acceptation ou de rejet ; l’autre, par la voie des perceptions sensorielles et du jugement intellectuel, se manifestant par une attirance ou une aversion esthé­tiques. Ce qui distingue les deux est, sans aucun doute, l’intensité et le fait que le jugement Lunaire naisse de l’intérieur, alors que le jugement Solaire se forme complètement de l’extérieur.

Il existe maintes autres façons de dépeindre ces forces autour de nous, comme on le découvrira par l’expérience. Tout spécialement lorsque nous travaillons avec des membres au sein de ces groupes d’étude sérieux où des êtres humains deviennent « plus proches », et où nous sommes supposés nous « éveiller » les uns aux autres !

Voici un beau résumé de ce que signifie rencontrer quelqu’un que vous avez connu auparavant et avec qui vous pouvez évoluer :

« Chacun peut avoir une connaissance directe, personnelle de ces choses. Il peut étudier sa destinée avec compréhension. Cette relation particulière, intime, profonde, dans laquelle une autre personne s’adresse à nous de l’intérieur - pour ainsi dire - indique les liens de la destinée provenant du passé. Si je sens que quelqu’un « m’accroche », non seulement dans mes sens et mon intellect mais intérieurement, de telle sorte que ma volonté s’engage profondément dans le même silla­ge, il est lié à moi par des liens dont l’origine se situe dans le passé. » (74)

Observation pratique

Lorsque nous arrivons finalement à comprendre que, le fait qu’émergent ensemble, pour la première fois dans l’histoire, ces courants très contrastés d’âmes humaines qui autrefois alternaient à travers les époques, est très important pour la mission de l’Anthroposophie, et nous sommes éveillés par là-même à la signification des conférences de Rudolf Steiner sur le karma et à l’accent qu’il met sur l’importance d’une vie créative, vigoureuse et féconde des groupes d’étude dans une Société orientée vers le spirituel.

Aujourd’hui les êtres humains doivent commencer à prendre connaissance de leurs interrelations déterminées cosmiquement. Nous sommes dans un âge nouveau ; les vieilles formes sociales, organisées par les pouvoirs angéliques, sont révolues. Les hommes ont mainte­nant à devenir responsables au niveau social. Ils doivent à l’heure actuelle prendre la relève des Archanges dans ces fonctions. Il leur appartient d’apprendre à former de nouveaux types de communautés d’êtres humains.

Afin que cela se produise, deux conditions sont nécessaires : pre­mièrement, comprendre comment fonctionne réellement la destinée, sa technicité, pourrait-on dire, y compris la capacité de reconnaître clairement son influence dans des cas individuels. La foi doit se métamor­phoser en science. Et deuxièmement : cela doit devenir un art, une œuvre d’art. Les hommes doivent apprendre comment exercer le karma, la sagesse doit devenir réalité. Nous avons à apprendre à colla­borer avec les autres, à percevoir leurs potentialités, la phase de vie dans laquelle ils se situent, ce qu’ils apportent avec eux instinctivement, leurs aspirations intimes ; et il nous faut apprendre à nous servir de ces connaissances spirituellement de manière active et vivante.

Tous ces prodiges et ces espoirs de choses à venir se réduisent alors à l’essentiel, à deux interrogations simples : Comment reconnaître ce qui est réellement à l’œuvre entre des personnes ? Et comment créer des groupes harmonieux et efficaces de personnes travaillant ensemble ?

Quelques dynamiques et formes nouvelles

Sans entrer dans les éléments et facteurs variés qui peuvent amener des séparations et des ruptures des relations humaines - ces contre-forces Lunaires-Lucifériennes et Solaires-Ahrimaniennes - il faudrait commencer à se mettre à la tâche du « travail en commun », en tant qu’anthroposophes. Le fait que divers courants historiques, n’ayant jamais coexisté sur terre auparavant, aient été réunis à l’intérieur de la Société Anthroposophique semble apporter un éclairage sur des choses étranges. L’histoire de la Société Anthroposophique et de nombreuses institutions anthroposophiques témoigne des difficultés inhérentes à une telle tâche.

Dans un apport sur l’effort pour réconcilier certains vieux schismes qui persistent encore, Jörgen Schmit mentionna cette histoire de « l’entité-nous » qui doit être surmontée pour atteindre un degré suffisant de discernement individuel, différencié. Mais le « nous » nous nuit d’autres manières dans le social. C’est le fameux « l’un d’entre nous » qui singu­larise quelqu’un et ignore les autres ; une tendance qui se manifeste dans maintes réunions, ainsi qu’au sein des institutions anthroposophiques, détruisant toute possibilité de véritable communauté. « Le-nous » est un euphémisme pour une forme de « politicaillerie », consis­tant à jouer de la corde des affinités instinctives, à promouvoir son copain au détriment des autres. Cela revient, en fait, à mettre des obs­tacles à l’assimilation, à l’intégration de quelqu’un du dehors, du nou­veau-venu, ou d’anciens - de ceux qui sont différents. Dans certains domaines, on appelle cela des préjugés ; en réalité, il s’agit d’une mani­festation de ce que - dans ce contexte - on peut appeler des « croûtes Lunaires », réminiscences d’anciennes forces astrales instinctives qui paralysent les facultés nécessaires pour cultiver les forces Solaires spi­rituelles. Sans ces dernières, sans la chaleur et la lumière, nous nous coupons du futur. Et les discordes sont vouées à diviser et mener au repli sur soi. Quelquefois de manière explosive !

Il y a, traditionnellement, quelque chose que l’on répète souvent, c’est la réponse que fit Rudolf Steiner à Ita Wegman qui demandait (76) - « Qu’arrivera-t-il si les membres ne se saisissent pas des nouvelles impulsions données lors de la refondation de la Société ? » - « Alors, le karma régnera ». Ceci fut dit par désespoir, car ce type de karma est le karma Lunaire, l’ancien karma, celui qui mène à former des cliques et des clans et qui dans les groupes engendre des divisions et des sépa­rations. Cela n’a vraiment rien à voir avec les forces du futur, celles qui unissent les personnes issues de différents courants karmiques, et les éveillent l’une à l’autre en suscitant les facultés du Soleil intérieur.

Ceci est illustré par les efforts de Rudolf Steiner, dans ses dernières années, pour assembler autour de lui un groupe d’individus actifs qui seraient aptes à poursuivre son oeuvre.

On peut observer un élément qui permet de prendre la mesure de l’épanouissement des forces Solaires, du potentiel des autres, dans chaque groupe ou cercle : il s’agit de produire des « Nacbwuchs » - des talents naissants, des capacités nouvelles et de l’engagement en constan­te évolution parmi les membres (ceci ne se produit pas, toutefois, en pro­pulsant les jeunes gens à des postes pour lesquels ils n’ont pas la matu­rité nécessaire - ce qui, avec le temps, ne ferait que les affaiblir).

On ne peut que réfléchir à l’emblème de l'en-tête de la Hochschule (77) ou Université Libre, dont le motif fut conçu par Rudolf Steiner pour expri­mer, dans la relation de ces deux formes interactives - une forme exté­rieure, plus grande, s’étirant vers le haut dans un geste qui guide la peti­te forme en germe - ce qui représentait en fait son motif de vie : inviter le potentiel d’autrui à se manifester, permettre aux autres d’évoluer.

Les rencontres du seuil

Si l'obscurité et la froideur caractérisent les aspects négatifs des ren­contres humaines, engendrer de la lumière et de la chaleur en consti­tuerait la contrepartie, l’idéal pour lequel nous faisons des efforts.

Les expériences du seuil, rapportées par maintes personnes qui ont frôlé la mort, témoignent de rencontres suprasensibles avec « l’Être de Lumière ». Elles nimbent l’échange d’acceptation, d’amour et de nou­velles prises de conscience - qui provoquent un impact moral, encou­rageant, et peut changer le cours d’une vie humaine.

Des expériences similaires, cette fois revêtues d’apparence terrestre, ont été rapportées par ceux qui ont eu la chance de rencontrer l’initié : des échanges brefs qui ont laissé une forte empreinte sur une vie entiè­re, où la réminiscence de chaque mot, de chaque geste, chaque conseil, ont donné une certitude ou ont aidé à diriger le cours des années à venir. Pour quelles raisons tant de témoignages, certains brefs, d’autres plus détaillés, de gens ayant rencontré Rudolf Steiner, sont-ils si émouvants ou d’un intérêt si durable ? Quelle magie était à l’œuvre pour avoir produit un impact si puissant ?

Nous entendons sans cesse que les gens se sont sentis « libres », compris, jamais subjugués par la connaissance, ils se ressentaient « égaux », malgré la différence de stature. Quel était l’ingrédient présent dans ces rencontres qui leur donnait un caractère si intime, si ineffable, si différent des rencontres ordinaires ?

Les rares conférences sur le Karma qui traitent de l’activité des forces Lunaires et Solaires en rapport avec les rencontres humaines, nous don­nent un aperçu exceptionnel sur la manière dont l’initié rencontre de nouvelles personnes, celles avec lesquelles il avait noué des liens dans le passé et celles qui lui sont « étrangères ».

Dans le cas des relations issues du passé, la stimulation des liens inté­rieurs par les forces inconscientes de la volonté expérimentée dans la conscience quotidienne - pour l’initié, cela se mue en un langage inté­rieur perceptible et des vies antérieures s’éclairent. « Si un Initié ren­contre une autre personne avec laquelle il est lié par le destin, cette autre personne est présente en lui avec des gestes et un langage indé­pendant - parle à partir de lui, comme quelqu’un qui se tient derrière nous et nous adresse la parole Ainsi les liens de la destinée, que nous ne ressentons en général que dans la volonté, prennent pour l’initié une forme telle que l’autre personne s’exprime à partir de l’initié lui-même ». (74)

Et comment l’initié se relie-t-il à l’étranger - une personne à laquelle aucun lien de destinée ne le lie encore ? La réponse est donnée dans le bouleversant extrait suivant - une description du seuil qui peut susci­ter un idéal puissant lorsque nous effectuons nos propres tentatives pour rencontrer un de nos semblables de manière plus consciente, plus altruiste, plus Solaire :

« Un Initié a une certaine obligation vis-à-vis de chaque individu avec lequel il n’a pas de lien karmique issu du passé, et qu’il rencontre pour la première fois… Il doit se lier avec l’Être spirituel de la sphère des Angeloï qui est l’Esprit Gardien de cet individu. Il doit non seulement connaître cet homme mais aussi son Ange Gardien. L’Ange Gardien de cet homme lui parle très distinctement à l’intérieur de son propre être. Et lorsqu’un initié se trouve en présence de différentes personnes avec lesquelles il n’est pas lié par le karma, il entend un langage clair et distinct. Il entend en son for intérieur le langage des Angeloï de ces individus.

Ceci donne un caractère particulier à l’échange entre l’initié et l’hom­me ordinaire. Il recueille en lui ce que l’Angelos souhaite dire à l’autre dont il fait la connaissance ; il « devient » l’Angelos de cette personne et ce qu’il peut lui dire est, par conséquent, plus intime que cela ne l’est dans un état de conscience ordinaire.

C’est pourquoi l’initié est vraiment un être différent dans tous ses contacts avec les individus… parce qu’il s’est identifié lui-même avec l’Angelos de chaque individu concerné. C’est le secret de la faculté de transformation de soi des êtres qui, pour­vus de la force de l’initiation, se trouvent en présence des autres ». (72)


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Source : George et Gisela O'Neil avec les apports de Florin Lowndes - La vie humaine - Saisir le sens de son parcours terrestre.

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Travail soutenu par les Docteurs Claude Boudot, Vincent Hédon et Robert Kempenich par leur intérêt et leurs compétences pro­fessionnelles en médecine anthroposophique.

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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
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