Soi - Psychologie

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Soi - Psychologie

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychologie des profondeurs · 5 Septembre 2022
Tags: SoiPsychologie
Soi
Psychologie

« L'endroit où le soi, le non-moi psychologique, est endormi est l'endroit le plus banal du monde - une gare, un théâtre, la famille, la situation professionnelle. »

La psychologie des profondeurs telle que l'a théorisée Carl Gustav Jung repose sur une distinction entre deux instances psychiques : le moi, « la personnalité empirique et consciente », et le soi, « [...] concept limite, exprimant une réalité sans limites ».

Quelle est cette réalité ?

Jung n'est pas, loin de là, le seul psychologue à employer le terme « soi ». Nombreuses sont les écoles psychologiques, principalement dans les pays anglo-saxons, qui en font tout autant usage.

Abraham Maslow pose la « réalisation de soi » comme la clef de voûte de toute vie psychique.

Des psychologues existentiels, tels Rollo May ou Ronald Laing, prennent ce terme pour définir une situation de conscience qui a rapport à l'authenticité d'un vécu.

William C. Schutz l'identifie à un sentiment d’allégresse et de joie.

Souvent, « soi » est employé comme synonyme de personnalité créatrice (E. Fromm), créativité vitale et fonction ludique (D. W. Winnicott), compréhension intuitive (F. E. Vaughan), fonction synthétique (L. Assaglioli), dynamique transpersonnelle (S. Grof), imagination créatrice (J. S. Bolen), conscience paradoxale (P. Watzlawick), connaissance de la réalité de troisième ordre (A. Koestler), etc.

En fait, toutes ces approches recoupent plus ou moins les analyses de Jung, et nombre d'entre elles ont été influencées par ses recherches. Toutefois, jusqu'à aujourd'hui encore, la métapsychologie jungienne reste inégalée dans l'effort d'approfondissement d'une réalité psychique objective « au-delà du moi », que les termes self, selbst, soi ou auto tentent de désigner.

Derrière toutes les approches qui viennent d'être évoquées se tient l'idée que le moi (ou l'ego) n'est pas la réalité psychologique la plus haute et la plus personnelle que le sujet peut expérimenter.

Au-delà du moi, en rupture avec la conscience habituelle de veille, résiderait une dimension de soi-même, qui, bien qu'endormie dans la vie quotidienne, influencerait instant par instant le moi, sans que celui-ci en ait la moindre conscience.

Cette réalité se manifesterait de bien des manières : hasard heureux, accident, rencontre, inspiration créatrice, intuition prémonitoire, rêve salutaire et, à travers les situations les plus variées : aventure amoureuse, détresse, conflit de devoirs, entretien psychanalytique, état de fatigue intense, etc.

Nombre des approches psychologiques évoquées plus haut se proposent comme but de rééquilibrer le moi, pour le mettre en état de dialoguer fructueusement avec cette réalité intuitive et créatrice qui donne à la vie psychique une dimension de sérénité, née d'un sentiment d'intégration de soi et d'unité, qu'éprouve le sujet réconcilié avec lui-même.

C. G. Jung est allé bien au-delà du but thérapeutique et a donné au concept de soi une dimension métaphysique qui déborde les approches psychologiques.

Dans son oeuvre, la notion apparaît en tant que concept dans Types psychologiques (1921) : « Il y a [...] lieu de distinguer entre le moi et le soi, le moi n'étant que le sujet de ma conscience, alors que le soi est le sujet de la totalité de la psyché, y compris l'inconscient. »

Moi et soi s'opposent comme local et global, partie et tout, multiplicité et unité. Jung part d'une constatation toute empirique : la connaissance de la chose est éclatée en quatre fonctions psychologiques (sensation : « qui constate que quelque chose est » ; pensée : « qui établit ce que cette chose est » ; intuition : « qui indique d'où provient cette chose et où elle va » ; sentiment : qui informe comment cette chose nous affecte).

D'où la conséquence pratique : « Tout jugement d'un être humain est limité par son type personnel et [...] chaque façon de voir est relative. »

Plus tard, Jung affirma que c'est de ce simple constat empirique qu'est née dans son oeuvre « la question de l'unité qui compense cette multiplicité ».

À cette question répond l'idée d'une dynamique inconsciente d'individuation, dont la réalisation du soi serait la finalité.

En effet, en parallèle de la quaternité des fonctions psychologiques, Jung fait l'hypothèse d'une dynamique psychique inconsciente procédant d'une polarité d'attitudes, apparemment inconciliables : extraversion-introversion.

Cette polarité lui semble la manifestation d'une énergie psychique qui porte en soi indifférencié le jeu entier des oppositions qui structurent la conscience. Insoluble dans la sphère du moi, un tel conflit ne peut être dépassé ou dominé que par l'accession de la conscience à un « métaniveau » où se révèle la présence active d'un « noyau psychique » lourd de toutes les potentialités structurantes de la psyché.

Cette accession semble le fruit d'un patient processus inconscient par lequel l'énergie psychique « se retire de plus en plus des extrêmes opposés pour chercher une position intermédiaire ».

Cette attitude médiate, qui consiste à chercher un point d'équilibre entre les opposés, Jung, dès les années 1915-1920, en a trouvé le correspondant dans la notion indienne de brâhman (à la fois « être et non-être », « réalité et non-réalité », « formé et non-formé ») ou la notion chinoise de tao (racine commune des aspects yang et des aspects yin de l'univers).

C'est ainsi qu'il tire de l'hindouisme le concept de soi ou âtman. « Le soi se manifeste dans les opposés et dans le conflit qui les oppose ; c'est une coincidentia oppositorum.

C'est pourquoi la voie conduisant au soi commence par un conflit. » Les évidences stables de l'ego sont battues en brèche par des images fortement déstabilisantes, qui vont le forcer progressivement à une décentration.

En s'acceptant comme simple partie d'une totalité psychique, il va se découvrir à la racine de toute séparation des opposés. Le centre de cette totalité psychique, transcendant le point de vue périphérique et partial du moi, est le soi - le foyer de réintégration des opposés dans l'unité, mais en conscience.

C'est ainsi sur la base de la philosophie indienne (Bhagavad-Gïtâ, Upanisad, Atharva-Veda), puis du bouddhisme et enfin de la pensée chinoise (Le Secret de la Fleur d’or, Yijing) que Jung a pu comprendre l’inconscient comme un processus de transformation permettant d'actualiser en toute âme individuelle une totalité métapsychique a priori.

Noyau des énergies contraires, dépassement de leurs oppositions, conjonction de l'être et du connaître, tel apparaît, pour la conscience, le soi.

Partant de cette intuition, Jung a pu interpréter d'une façon unitaire à la fois les phénomènes individuels (matériaux oniriques, fantasmes, événements) que lui livrait sa pratique de psychothérapeute et les contenus de nombreux processus symboliques transculturels (alchimie, art, religion, mythes, mystique, philosophie, imaginaire scientifique).

« Le but du développement psychique est le soi. »

Il correspond à l'actualisation, à travers le champ de l'imagination créatrice, d'un archétype de la totalité.

Selon Jung, les symboles du type mandala (cercle, carré, croix, chiasme) en forment l'image la plus simple et la plus complète, la pierre de touche de tout chemin de libération des opposés (coincidentia oppositorum ou unio mystica, contemplation ou communion).

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Source : Alain Delaunay - Chercheur au collège international de philosophie

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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
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