La préparation spirituelle de l'incarnation

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La préparation spirituelle de l'incarnation

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Anthroposophie · 13 Août 2023
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La préparation spirituelle de l'incarnation

Docteur Victor Bott

Des problèmes comme ceux de la contraception et de l'avorte­ment ne peuvent, comme tout ce qui concerne l’homme, trouver de solution si seul leur aspect matériel est envisagé.

Ceux pour qui la vie n'est qu'un agencement de molécules ne sauraient la respecter davantage qu'un caillou, dont la valeur se réduit à son utilité.

D'autre part, ceux qu'anime une croyance religieuse enseignent le respect de la vie, mais ils ne peuvent s’appuyer que sur la tradition, le dogme, lesquels ne satisfont plus le besoin de savoir propre à notre état de conscience actuel.

C'est donc à une connaissance élargie de l'être humain qu'il faut recourir, à une connaissance résultant d'une investigation rigoureuse sur le plan spirituel, telle que l'a réalisée Rudolf Steiner. C'est à son enseignement que je me référerai.

Lorsque nous venons au monde, nous trouvons le corps physique qui nous est donné par nos parents et qui va servir de demeure à notre entité spirituelle, jusqu'à la mort où nous le rejetterons comme un vêtement usé.

Le seul fait que la substance de notre organisme se renouvelle tous les sept ans, comme l'a indiqué R. Steiner et comme l'ont prouvé plus récemment plusieurs équipes de chercheurs au moyen des isotopes radioactifs, nous interdit de nous identifier à notre corps physique : nous avons conscience de rester la même individualité en dépit de la fluctuation de notre substance, un peu comme un fleuve reste le même, bien que son eau se renouvelle et que ses rives se modifient avec le temps.

Plusieurs questions se posent alors : notre individualité existe-t-elle avant la naissance, survit-elle à la mort, et quelle influence exerce-t-elle sur l’organisme qui lui est donné par ses parents ? Résumons brièvement les indications de R. Steiner à ce sujet.

À la mort nous abandonnons à la terre notre corps physique privé de vie. Deux à trois jours plus tard, nous déposons également notre organisation vitale ou corps éthérique. Pendant trois jours nous revoyons intérieurement, en une sorte de panorama, toute notre existence passée, ainsi qu’en ont témoigné ceux qui se sont trouvés dans un état voisin de la mort mais ont néanmoins pu réintégrer leur corps physique (1)-(2).

Après le rejet de l’organisation éthérique - qui se dissout dans l'éthérique universel tout comme le corps physique dans la terre - nous traversons cette région que l'occultisme hindou appelle le kamaloca (le lieu des désirs) et que le catholicisme nomme purgatoire. Nous y apprenons progressivement à nous libérer de nos désirs, et plus généralement de tout le contenu non épuré de notre psychisme.

Nous y sommes mis en face des conséquences de nos actes et prenons la ferme décision de réparer les torts que nous avons causés. À l’issue de ce passage, dont la durée est à peu près égale au tiers de l'existence, nous rejetons les éléments non sublimés de notre psychisme en une sorte de « cadavre astral », mais nous conservons tout ce qui a été ennobli.

Nous enrichissons ainsi l'élément impérissable de notre être, le JE, d’incarnation en incarnation. Pour plus de précision ajoutons que, lors du rejet du corps éthérique, nous en conservons cependant une sorte d'extrait constituant ce que l'occultisme appelle le corps causal. Celui-ci est comme un livre sur lequel s’inscrit, page après page, le souvenir de chaque incarnation, même si nous n'en sommes pas conscients.

Ce corps causal est définitivement lié à notre entité spirituelle. Lorsque celle-ci accède au monde spirituel ou dévachan, elle se compose donc du JE augmenté des éléments ennoblis de notre psychisme au cours des incarnations précédentes et du corps causal.

Tout cela serait dépourvu de sens en dehors de la notion d'évolution. La possibilité de progresser d'incarnation en incarna­tion est donnée à l'être humain.

Cependant, cette évolution ne peut s'accomplir qu'au cours de la vie terrestre ; ce n'est qu’à travers les résistances du monde physique que l'homme peut se perfectionner. Il lui faut, peu à peu, apprendre à triompher de la matière.

Aussi, après un séjour plus ou moins long (3) dans le monde spirituel, ressent-il un besoin croissant de redescendre sur terre, de s'incarner à nouveau. Incarnation et excarnation alternent ainsi comme un grand rythme respiratoire.

Ne croyons pas que l'entité spirituelle reste inactive au cours de son séjour dans les mondes spirituels. Avec l’aide des hiérarchies elle préparera, passé le milieu de ce séjour appelé minuit des mondes, sa nouvelle incarnation. Ce travail consiste avant tout à former le germe spirituel du corps physique, une sorte d'archétype, d'idée de ce que sera notre prochain corps physique.

Pensez à ce que vous faites quand vous voulez réaliser un objet quelconque : vous commencez à le concevoir, à le penser. C'est aussi ce que fait notre entité spirituelle lorsqu'elle se prépare à revenir sur terre. Mais à elle seule elle n'y parviendrait pas car un organisme humain est extrêmement compliqué, aussi a-t-elle besoin de l'aide des hiérarchies spirituelles les plus élevées.

D'autre part elle travaille en collaboration avec les entités spirituelles auxquelles elle est karmiquement liée, c’est-à-dire avec les âmes-esprits de tous ceux ayant joué un rôle dans son existence précédente.

La manière dont se déroule pour nous ce séjour dans les mondes spirituels est très variable. Ceux qui, au cours de leur vie terrestre, n'ont manifesté d'intérêt que pour les choses matérielles subiront, en accédant au monde spirituel, une sorte d’obscurcissement de la conscience, ils seront comme aveugles aux réalités spirituelles.

On pourrait dire encore qu’ils n'auront pas de paradis. Par contre, le séjour dans le monde spirituel sera d'autant plus intensément vécu que l'on aura manifesté plus d'intérêt pour les choses de l'esprit au cours de l'existence terrestre.

L'entité spirituelle, comprenant à présent le JE enrichi de l'astralité ennoblie, l'extrait éthérique ou corps causal et le germe spirituel du corps physique, s'achemine alors vers la terre. Son état de conscience se modifie progressivement : elle perd la vision des hiérarchies qui l'ont accompagnée dans les mondes spirituels et n'en perçoit plus que le reflet. Dans sa descente vers la terre, elle aborde le monde élémentaire qui correspond aux sphères planétaires.

Qu'est-ce qu'une sphère planétaire ? Représentons-nous l'orbite de Saturne autour du Soleil comme l'équateur d'une immense sphère enveloppant notre système solaire, nous aurons ainsi une image de la sphère de Saturne. À l’intérieur de celle-ci nous trouverons, correspondant aux orbites des différentes autres pla­nètes, des sphères de plus en plus petites, que l'entité spirituelle traversera successivement sur le chemin de l'incarnation, en sens inverse de leur traversée après la mort.

L'entité spirituelle humaine séjournera plus ou moins long­temps dans chacune de ces sphères et y recueillera de la « substance astrale » à la manière, dit R. Steiner, « dont un aimant attire la limaille ». Ainsi se constitue le nouveau corps astral. La durée du séjour dans chaque sphère est déterminée par le karma, elle est donc fonction des nécessités découlant de l’existence précédente.

Pendant cette traversée du monde élémentaire le germe spirituel du corps physique, formé au cours de l'étape précédente, se détache progressivement de l'entité spirituelle pour finalement s'unir à la future mère au moment de la conception.

Le moment où l'entité spirituelle aborde l'une ou l'autre des sphères planétaires et le temps pendant lequel elle y séjourne se refléteront dans la constitution du corps astral et, à travers lui, marqueront de leur empreinte l'existence terrestre (4). R. Steiner en donne des exemples : si nous traversons la sphère de Saturne quand cette planète se trouve dans la constellation du Lion, nous serons particulièrement bien armés contre les difficultés de l'existence. Par contre, nous nous défendrons moins bien contre ces dernières, si nous traversons cette sphère quand Saturne sera dans le Capricorne ou dans le Verseau.

Selon le moment où l'on traverse la sphère de Vénus, on éprouvera un sentiment de dépendance ou d'indépendance vis-à-vis de sa famille. La traversée de la sphère de Mercure retentira, elle, sur les liens plus ou moins forts que l'on tissera avec son peuple.

Le peuple dans lequel on s'incarnera - donc aussi le lieu géographique - est déterminé très précocement, immédiatement après le minuit des mondes. La détermination de l'époque de la réincarnation ne vient qu'en second lieu et en troisième celle de la lignée héréditaire à laquelle on s’intégrera. Lieu - époque - lignée, tel est l’ordre d’importance des facteurs.

Pendant la traversée de la sphère solaire, l'entité spirituelle exerce une influence sur cette lignée héréditaire afin de trouver, bien plus tard, les parents qui lui conviennent. Le JE, dit R. Steiner, a comme une vision prophétique de la lignée héréditaire (5), jusqu'à la 36e génération, indique-t-il ailleurs (6).

Si nous y réfléchissons, il peut nous sembler impossible que le JE soit en mesure d'embrasser un courant héréditaire remontant jusqu'à la 36e génération et compor­tant de ce fait un nombre astronomique d'ascendants. Mais entre les résultats du calcul et la réalité, il y a un abîme. Le nombre d'ascendants sera d'autant plus restreint que la consanguinité est plus forte, or celle-ci tend à s'accroître plus on remonte dans le temps.

Par ailleurs, si l’on se représente ce courant héréditaire comme une multitude de ruisseaux, puis de rivières confluant en un seul fleuve, on peut imaginer que le JE en ait une vue d'ensemble à la manière dont il contemplerait une carte géographique.

C'est lorsque l'entité spirituelle aborde la sphère lunaire que se décide le sexe dans lequel nous nous incarnons : féminin si nous l'abordons à la pleine lune, masculin dans le cas contraire.

Le détachement du germe spirituel du corps physique dont il a été question plus haut, est ressenti par l’entité spirituelle comme une privation provoquant une sorte de besoin, conduisant à l'acquisition d'un nouveau corps éthérique pendant le séjour dans la sphère lunaire.

Ce corps éthérique sera formé par les entités spirituelles présidant à l'incarnation - les Lipikas dans la terminologie hindoue - et aura de ce fait un caractère moins personnel que le corps astral formé par le JE lui-même. Il peut en résulter une certaine discordance entre le corps astral et le corps éthérique, cause de dysharmonie entre corps et âme pendant l'existence terrestre (7).

Notons aussi que le corps éthérique d'un sujet masculin sera féminin et celui d'un sujet féminin masculin. À ce nouveau corps éthérique est incorporé ce que R. Steiner appelle « le petit paquet de la valeur morale » (tant actif que passif).

Dans le monde spirituel ne peut être emporté que ce qui est épuré, aussi avons-nous laissé dans la sphère lunaire, après la mort, ce petit paquet de la valeur morale, « un peu comme on laisse une valise à la consigne » (R. Steiner). En repassant dans la sphère lunaire, avant la nouvelle naissance, nous le reprenons. L'influence néfaste qu'il peut avoir s'exercera donc sur l'éthérique et sur l'astral, mais pas sur le germe spirituel du corps physique qui s'est préalablement détaché.

L'entité spirituelle prête à l’incarnation se compose donc des éléments suivants :

1. le JE enrichi des éléments sublimés de l'astralité en provenance des incarnations précédentes,
2. le corps causal,
3. le nouveau corps astral,
4. le nouveau corps éthérique auquel est incorporé le petit paquet de la valeur morale.

Rappelez-vous le panorama de l'existence précédente auquel assiste l’âme-esprit immédiatement après la mort. De même, juste avant la nouvelle incarnation, elle aura une courte vision de ce que sera, dans les grandes lignes, la nouvelle existence. Cette vision peut, dans certains cas, provoquer un véritable choc et une sorte de refus de s'incarner correctement, ayant pour conséquence la naissance d’un être frappé d'idiotie ou d'épilepsie (7). Mais tous les cas d'idiotie, dit expressément R. Steiner, ne relèvent pas de ce fait (8). Avant d'en venir à l'incarnation proprement dite, voyons ce qu'il advient du germe spirituel du corps physique et comment se forme l'embryon.

Ce germe spirituel du corps physique s'unit à la mère au moment de la conception qui consiste, sur le plan physique, en l'union d'un ovule et d’un spermatozoïde. Ces deux éléments ont quelque chose de particulier : alors que toutes les cellules de l'organisme contiennent 23 paires de chromosomes, soit 46, ovules et spermatozoïdes ne contiennent que 23 demi-paires (en réalité 23 ou 24 pour l'ovule, mais ce détail ne joue que dans la détermina­tion du sexe).

Les chromosomes sont des petits bâtonnets visibles dans le noyau des cellules lors de leur division. Ces bâtonnets, dont le nombre est propre à chaque espèce, sont les porteurs des caractères héréditaires ou gènes (9). Dans la division normale d’une cellule, les chromosomes se divisent également.

Par contre, lors de la formation des cellules reproductrices, les chromosomes ne se divisent pas, ce sont les paires qui se défont. C’est pourquoi ovules et spermatozoïdes ne comportent chacun que 23 chromosomes.

Par la réunion de l'ovule et du spermatozoïde, l'ovule fécondé en comporte­ra à nouveau 46 comme toutes les cellules de l’organisme qui en dériveront (10). Lorsque les paires se défont, le matériel héréditaire en provenance du père et de la mère se scinde. Une comparaison permet de mieux comprendre ce processus : supposez que vous possédiez 23 paires de chaussures, toutes les gauches provenant de votre mère, toutes les droites de votre père.

Tout serait simple si lors de la séparation des paires toutes les chaussures gauches allaient d'un côté, toutes les droites de l’autre, ce qui en fait n’est pas le cas. Il y a donc des millions de combinaisons différentes possibles, tant pour les spermatozoïdes que pour les ovules.

On doit alors se poser la question : quel est le facteur qui, à un moment donné, amène un ovule particulier à maturité, entre des centaines que contient l'ovaire, et qui fait qu’un spermatozoïde particulier parmi des millions féconde cet ovule ?

Pour le généticien matérialiste tout cela est le fait du hasard. À la notion de hasard, ne serait-il pas plus juste de substituer celle de choix ? Le germe spirituel du corps physique n’est-il pas susceptible de faire un tri, soit au moment de la formation des ovules, soit au moment de la ponte ovulaire ?

De son côté, l’âme-esprit serait susceptible d’exercer une influence similaire chez le père en triant les chromosomes lors de leur dédoublement, à la formation des spermatozoïdes, ou en orientant ces derniers au moment de la fécondation. Peut-être pourra-t-on, à l'avenir, répondre à ces questions, sur lesquelles R. Steiner ne s'est pas prononcé.

Il dit cependant que lorsqu'un être n’a pas manifesté d'intérêt pour son environnement dans l'existence précédente ou en a été empêché, il en résulte une méconnaissance de l'organisation physique humaine qui lui fera choisir, pour l'incarnation suivante, un organisme défectueux (11), entaché de tares héréditaires. Ne sommes-nous pas ainsi conduits vers cette notion de choix ?

Les généticiens ont étudié, jusqu’à l'échelle moléculaire, les mécanismes de l'hérédité ; or tout mécanisme implique l'existence d'un mécanicien. Les gènes ne sont en fait qu'une mémoire des formes qui ne se manifestera pas plus qu'un ordinateur ne donnera de réponse si on ne le questionne pas.

Par ailleurs les gènes ne conditionnent que les caractères particuliers des organes (forme, couleur, etc.) Nous leur devons d'avoir des yeux bleus ou bruns, un nez court ou long etc., mais non le fait d'avoir des yeux, un nez, etc. Notre constitution humaine résulte de l'archétype, du modèle que constitue le germe spirituel du corps physique. Celui-ci exerce son emprise sur l'ovule à la faveur du chaos provoqué par la fécondation.

Cet ovule commence à se développer tout en cheminant dans la trompe et s’implantera vers le 8' jour dans la muqueuse utérine. La description du développement embryonnaire dépasserait le cadre de cet article et les connaissances que nous en avons sont encore lacunaires (12).

Toutefois il est important de savoir que c'est vers la troisième semaine seulement que l'entité psycho-spirituelle prend possession de l'embryon physique (13). En réalité, dit R, Steiner, cette prise de possession est d'autant plus précoce que l'entité spirituelle est plus évoluée, et peut dans des cas exceptionnels avoir lieu dès la fécondation.

De ce fait l'entité spirituelle exercera une influence d'autant plus marquée sur l'embryon. Autrement dit, plus une âme-esprit est évoluée, plus précocement elle prendra posses­sion de l'embryon, plus elle le façonnera à son image et plus les caractères individuels domineront. Par contre, une âme peu évoluée disposera d'un corps portant surtout la marque de l'hérédité.

Pour être plus précis, disons que, quel que soit le cas, l'emprise de l'entité spirituelle ne s’exerce pas directement sur l'embryon proprement dit mais sur ses annexes : chorion pour le JE, lécithocyte et allantoïde pour le corps astral, et amnios pour le corps éthérique.

Cette emprise se traduit par une série d’importantes modifications embryonnaires apparaissant brusquement vers la fin de la troisième semaine. Ce n'est que bien plus tard que les éléments supra-sensibles prendront possession de l’organisme proprement dit : le corps éthérique pendant la grossesse, le corps astral à la naissance et le JE au cours des trois premières années de la vie.

Dans un cycle de conférences faites en 1906 (14), R. Steiner décrit des « formes en cloche » que peut observer le clairvoyant, celles-ci se déplaçant à grande vitesse dans le monde astral. Ce sont, dit-il, des âmes en quête de parents adéquats. Cela semble contredire ce qu'il dit ailleurs au sujet de l'action de l’entité spirituelle préparant de longue date sa lignée héréditaire.

Max Hoffmeister, qui a étudié la question de manière approfondie (15), propose la réponse suivante : « Je m'explique ce paradoxe apparent de R. Steiner en supposant que dans le premier cas [préparation de la lignée héréditaire] il s'agit encore des anciennes nécessités du processus d’incarnation et de leurs lois, et que dans le second [formes en cloche] des conditions se préparent qui ne prendront toute leur signification qu'à l'avenir, lorsque les facultés nouvelles de Y occultisme eugénique se seront développées ».

Cet occultisme eugénique, dont parle R. Steiner (16), consistera à diriger consciemment le moment de la conception en accord avec les lois cosmiques, dans un sens favorable à l'évolution de l’humanité.

Nous sommes ainsi conduits au problème de la contraception. La première question qui vient à l'esprit concerne le destin d'une âme ayant de longue date préparé son incarnation et trouvant, pour des raisons diverses (contraception, continence, défectuosité de l'appareil génital féminin ou masculin), « la porte fermée ».

Lors­qu'on sait qu'à un moment donné, s’incarner devient pour une âme un besoin pressant, on imagine volontiers qu'elle tentera de s'incarner, ne disons pas n'importe où, mais dans les conditions les moins défavorables qu’elle puisse trouver.

Ce sont ces âmes à la recherche de parents que le regard clairvoyant perçoit dans ces formes en cloche se déplaçant rapidement dans l’espace astral.

On peut aussi se demander si, dans bien des cas, une âme ne réussit pas à s'incarner chez les parents primitivement choisis, en dépit des précautions prises par ceux-ci. Sans aborder ici le problème du libre arbitre, rappelons cependant que notre inconscient peut souhaiter ce que, dans notre conscience de veille, nous chercherons à éviter à tout prix.

Néanmoins, si cette possibilité d'incarnation est refusée à une âme, elle sera contrainte de trouver asile chez un autre couple, parfois éloigné du lieu choisi pour s'incarner, et l'on peut se demander si parmi les Asiatiques et les Africains venant s'installer en Occident, ne se trouvent pas bien des âmes ayant besoin de l'Occident pour leur évolution, mais ayant été mises dans l’impossi­bilité de s’y incarner.

Dans un certain sens, de telles âmes se trouvent alors dans des conditions moins favorables que celles qu'elles avaient préparées, mais les plus grandes difficultés qu'elles auront à surmonter peuvent devenir un facteur positif d évolution.

Il en va tout autrement en cas d'avortement provoqué. Il y a une grande différence entre trouver la porte close et être expulsé de la demeure où l'on venait de s'installer.

Que devient alors le germe spirituel du corps physique ? Est-il lésé du fait de l’expulsion ? Reste-t-il lié à la mère en vue de préparer un nouvel embryon pour l'âme qui a été expulsée, ou l'incarnation sera-t-elle tentée ailleurs ? À ma connaissance R. Steiner n'a donné aucune indication au sujet des difficultés rencontrées en cas d’avortement par une âme en voie d'incarnation.

Voici sa réponse à une question posée au sujet de l'avortement (envisagé ici pour sauver la vie de la mère) (17) : « Concernant la question de savoir si l'interruption de la grossesse que l'on entreprend pour sauver la mère a un effet sur le karma de la mère et de l’enfant, voici ce qu’il y a à dire : ces deux karmas sont pendant une courte période détournés de leur voie mais reprennent rapidement leur direction primitive.

On ne peut donc guère parler d'une intervention sur le karma. Par contre le karma de l'opérateur est fortement modifié, et celui-ci doit se poser la question de savoir s'il accepte en pleine conscience cette influence sur son karma. On ne peut donner de réponse générale à de telles questions ; tout dépend du cas particulier, comme bien des choses dans la vie culturelle de l'âme qui sont aussi une intervention sur le karma et peuvent conduire à des situations conflictuelles tragiques ».

Nous nous sommes, jusqu’à présent, placé au point de vue de l'âme en voie d'incarnation. Avec cette citation nous sommes amené à envisager celui des parents.

Dans le monde occidental actuel chacun pense être libre d’accueillir ou de ne pas accueillir un enfant. En un certain sens cela est vrai. Mais on oublie que tout acte entraîne un certain nombre de conséquences, proches ou lointaines, tant pour autrui que pour soi-même.

On peut, par exemple, refuser de payer une dette ou contracter un nouvel emprunt pour la payer ; la dette n'en subsiste pas moins. La loi du karma n'est pas moins rigoureuse. Accueillir un enfant peut être une manière de se libérer d'une dette contractée vis-à-vis d’une âme dans une incarnation précédente.

Si la dette reste impayée dans l'incarnation actuelle, elle subsistera dans la suivante ; n'est-ce pas reculer pour mieux sauter ? Mais élever un enfant n’est pas obligatoirement le règlement d'une dette.

Cela peut être un don gratuit, un acte préparant l'incarnation suivante, aussi faut-il se garder d’interprétations hâtives en l’ab­sence d’un développement spirituel permettant la connaissance des incarnations antérieures.

Ceux qui en sont capables sont encore bien rares ; contentons-nous pour l’instant de cette connaissance des lois karmiques et tâchons de ne pas nous leurrer. Essayons d’être conscients des mobiles profonds qui nous font agir et de décider en pleine conscience de la conduite à tenir.

Nous sommes actuellement, il faut bien le dire, victimes de nombreuses illusions. Ainsi nous croyons assez naïvement que tout acte sexuel, accompli à l’époque de l’ovulation, conduit obligatoire­ment à une grossesse. Cela n'est certainement pas le cas. Pour des raisons qui nous échappent, il peut ne pas y avoir fécondation. D’autre part, tout ovule fécondé ne devient pas un embryon puis un fœtus viable.

De nombreux avortements spontanés au cours des premières semaines passent inaperçus et sont interprétés comme de simples retards de règles. Les Égyptiens attribuaient une grande importance au 42e jour après la conception, « moment de transfor­mation et de décision de mort ou de vie du genre humain » (18). Il est certain qu’un embryon ne peut se développer s'il existe certaines incompatibilités des éléments constitutifs supra-sensibles.

Pour qu'un enfant vienne au monde il faut une âme qui veuille s'incarner et qu'elle en ait la force ; bien qu'indispensable, l’acte sexuel à lui seul ne suffit pas. Les membres de certaines tribus primitives le savent bien. Et comme leurs conditions de vie ne correspondent plus au besoin des âmes en vue de leur évolution, il s’en trouve de moins en moins pour s’y incarner, d’où l'extinction progressive de ces tribus.

Par contre, les conditions de notre vie occidentale matérialiste sont nécessaires au développement de la conscience de soi, et nombreuses pour leur évolution actuelle. On pourrait dire - pardonnez-moi la tournure quelque peu triviale - que la demande dépasse l'offre.

Jadis la venue d'un enfant était considérée comme un don de Dieu et l'on se serrait un peu pour lui faire une place au foyer. Il y avait moins de confort, moins de ressources dans les ménages, mais on y trouvait souvent une chaleur de cœur qu'aucun confort ne saurait remplacer.

Il est difficile pour une femme d'avoir une vie professionnelle et d’élever correctement ses enfants. Ceux qui refusent d’en convenir méconnaissent l'importance de la présence maternelle pendant les sept premières années de la vie de l’enfant, mais bien des expériences douloureuses seront encore nécessaires pour que l'hu­manité redécouvre ce quelle savait autrefois d'instinct.

Une illusion tenace à l'époque actuelle consiste dans l’impor­tance exagérée attribuée à l'influence des conditions matérielles sur la qualité de l'éducation.

On croit léser un enfant en lui donnant des frères et des sœurs avec lesquels il lui faudra partager, alors qu'en réalité, en le privant de la compagnie de ceux-ci, on accroît son égoïsme, renforcé encore par celui des parents lui servant d'exemple. Loin d’être une entrave à la qualité de l'éducation, une famille nombreuse y contribue le plus souvent et beaucoup d'hommes célèbres en sont issus.

Voici quelques exemples cités par Hoffmeister (19) : Franklin était le 15e enfant, Schubert le 13e de 14, Lamarck le 11e, Bach le 8e de 12, Faraday le 3e de 4, Darvvin le 4e de 11 et Kant le 4e de 9.

Ne devrait-on pas, avant de refuser son foyer à une âme, penser à ce qu'elle est susceptible d'apporter à l’humanité et faire un retour sur soi-même en s’efforçant d'être conscient des véritables mobiles qui nous font agir ? Enfin, n'oublions pas que refuser un enfant, c'est se décharger sur d'autres, souvent moins bien lotis, d'une tâche qui nous était destinée.

Sans doute ai-je soulevé plus de questions que je n'ai apporté de réponses, celles-ci ne pouvant être trouvées par chacun qu'en son for intérieur.

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Notes :

(1) O. J. Hartmann : « Thanatologie ». In : Beitrag der Geisteswissenschaft zur Enveiterung der Heilkunst, t. III, 1952.

(2) R. Moody : La vie après la vie, R. Laffoni édit.

(3) En principe il y a deux incarnations, une masculine et une féminine en 2160 ans, temps mis par le point vemal pour parcourir un signe du zodiaque. Cela n'est qu'une moyenne et les exceptions sont nombreuses. Pour des raisons très différentes, certaines âmes peuvent revenir très rapidement sur terre.

(4) Cette empreinte se manifeste à travers ce que nous appelons le subconscient ou l'inconscient, par certains de nos actes que nous croyons motivés par des raisons conscientes, alors qu'en réalité ils sont déterminés par le karma. On peut s en rendre compte lorsque, méditant sur son passé, on retrouve le fil conducteur de son existence.

(5) R. Steiner, conf. du 17 mai 1923. GA 226, p, 38-39. Non traduit.(6) R. Steiner, conf, du 2 avril 1918. GA 181, p. 193. N. tr.

(7) R. Steiner, conf. du 26 août 1906. GA 95, p. 48-49. N. tr.

(8) R. Steiner, conf. du 11 avril 1909. GA 111, p. 196. N. tr.

(9) Chaque chromosome est le porteur de caractères particuliers. Les chromo­somes ont été étudiés à partir de 1915 par Thomas Hunt Morgan chez la drosophyle. Cette petite mouche se prête particulièrement bien à cette étude du fait de sa rapidité de reproduction et de son nombre réduit de chromosomes, chacun ayant une forme bien définie permettant son identification.

(10) En réalité, en plus des 46 chromosomes il se trouve un ou deux chromosomes « X », un chez l’homme, deux chez la femme. Ceux-ci jouent un rôle dans le mécanisme de détermination du sexe.

(11) R. Steiner : Cours de pédagogie curative. GA 317, p. 18-19. Publié aux Éd. Anthroposophiques Romandes.

(12) Il est très difficile de se procurer des embryons humains à ce stade précoce. Seuls environ 180 ont été étudiés à ce jour, ce qui est insuffisant pour décrire avec certitude tous les stades du développement. Consulter à ce sujet : E. Blechschmidt : Vom Ei zum Embryo (De l'œuf à l'embryon). Rororo Verlag, Stuttgart, 1968. Non traduit.
K. Appenzeller : Die Genesis tm Lichte der Embryoyialentwickhmg (La Genèse à la lumière de l'évolution embryonnaire), Zbinden Verlag, Basel, 1976. Non traduit. F. Wilmar ; Vorgeburtliche Menschwerdung (Le devenir prénatal), J. Ch. Mellinger Verlag, Stuttargt, 1979. Non traduit.

(13) K. Kônig parle du 17e jour, mais cette indication précise n’a pu être retrouvée chez R. Steiner. K. Kônig : Embryologie und Weltenistehun g (Embryologie et formation du monde), Verlag Die Kommenden, Freiburg, 1965-66. Non traduit.(14) Cf. note 7.

(15) M. Hoffmeister : Die übersinnliche Vorbereitung der Inkamation (La prépara­tion suprasensible de l'incarnation), Verlag Die Pforte, Basel, 1979.

(16) R. Steiner, conf. du 1er décembre 1918. GA 186, p. 72.

(17) R. Steiner : L'art de guérir approfondi par la méditation - Éd. Anthroposophiques Romandes, Genève.

(18) Isha Schwallcr de Lubicz : Her-Bak disciple. Éd. Flammarion, Paris, 1956.

(19) M. Hoffmeister, op. cit., p. 102.






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Pascal Patry
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