Tempéraments

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Tempéraments

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Anthroposophie · 8 Octobre 2023
Tags: Tempéraments
Tempéraments
Rudolf Steiner

Conférences de :
Munich, 9 janvier 1908 ;
Karlsruhe, 19 janvier 1909 ;
Berlin, 4 mars 1909

Temps de lecture estimé : 57 minutes
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Pour maîtriser la vie, il faut surprendre ses mystères, voilés par la nature physique.

Dans tous les milieux de la vie spirituelle de l’humanité, il a souvent été répété avec raison que, dans la vie physique terrestre, c’est l’être humain lui-même qui en constitue la plus grande énigme. Il n’est donc pas étonnant qu’une grande part de notre activité scienti­fique, de nos réflexions et de nos pensées soient consacrées à résoudre l’énigme humaine, à con­naître l’essence de la nature humaine.

Les sciences naturelles aussi bien que la science spirituelle essaient de déchiffrer la grande énigme contenue dans le mot « Homme », mais en investigant de côtés différents. Au fond, la recherche poussée du naturaliste tente d’at­teindre son but final en faisant un tableau de divers processus de la nature afin d’en com­prendre les lois. Et toute science spirituelle recherche les sources de l’existence afin de com­prendre, de déchiffrer l’essence et la destinée de l’être humain.

Si l’on admet que, d’une façon générale, la plus grande énigme pour l’homme est l’homme lui-même, on voit que dans la vie cet axiome peut être approfondi en remarquant ce que chacun de nous éprouve en rencontrant une autre personne ; au fond, chaque personne est une énigme pour elle-même autant que pour une autre, en raison de la particularité de sa nature et de son entité. D’ordinaire quand on parle de l’énigme humaine, on vise l’être hu­main en général, sans faire de distinction entre un individu et un autre. Assurément, beaucoup de problèmes surgissent, même si l’on n’essaie que de comprendre l’essence des êtres humains en général. Mais aujourd’hui, au lieu de nous occuper des énigmes générales de l’existence, nous aborderons celle qui n’est pas moins im­portante dans la vie et à laquelle nous sommes confrontés chaque fois que nous rencontrons une autre personne. Nos semblables sont dans leur être intérieur individuel le plus intime, d’une diversité combien infinie.

Si nous embrassons la vie de l’homme, nous devrons bien tenir compte de l’énigme de l’indi­vidu, car, dans notre vie sociale, nos rapports d’homme à homme devraient dépendre non seulement de notre intelligence, mais de nos sentiments, de notre sensibilité. Dans chaque cas particulier, c’est ainsi que nous devrions faire face à l’énigme individuelle à laquelle nous sommes journellement si souvent confron­tés, à laquelle nous avons si souvent affaire. Combien il est difficile de voir clairement les différents côtés de la nature des personnes que nous rencontrons ! et combien de choses dépendent de cette connaissance des personnes en rapport avec nous. Mais nous ne pouvons ap­procher que très lentement de l’énigme humaine individuelle, chaque personne relevant d’un cas particulier, car il faut franchir un large fossé, pour passer de ce que l'on appelle la nature humaine en général à ce qu’on affronte avec chaque être en particulier.

S’occuper de l’énigme individuelle humaine sera précisément une tâche particulière de la science spirituelle, de l'anthroposophie, comme nous avons pris l’habitude de l’appeler. Celle-ci doit être une connaissance qui se répand directement dans notre vie journalière immé­diate, dans tous nos sentiments et toutes nos sensations, au lieu de se borner à nous ap­prendre ce qu’est l’être humain en général. De même que nos impressions et nos sentiments prennent leur plus bel épanouissement dans notre comportement envers notre prochain, de même la connaissance tirée de la science spirituelle montrera justement ses fruits dans la compréhension de notre prochain grâce à elle.

Quand dans la vie une personne se présente à nos yeux, du point de vue anthroposophique, nous ne devons jamais oublier que ce que nous percevons extérieurement de la personne n’est qu’une partie, un élément de l’être humain. Une conception tirée de la réalité apparente de la personne prend pour l’être humain tout en­tier ce que nous tirons de la perception exté­rieure et de la compréhension que nous en avons. L’anthroposophie par contre, nous ap­prend que l’être humain est extrêmement com­pliqué et souvent, ce n’est qu'en approfondis­sant cette complication de la nature humaine que l’on peut voir l’individu sous son vrai jour. L’anthroposophie doit nous apprendre ce qu’est le noyau le plus intime de l’être humain, dont ce que nous voyons de nos yeux, ce que nous pouvons toucher du doigt n’est que l’expression extérieure, l’enveloppe extérieure. Une fois que nous serons à même de concevoir ce qu’est la partie spirituelle intérieure, nous pourrons alors espérer pouvoir comprendre la partie exté­rieure.

Nous verrons à ce sujet que la présence d’un fossé, entre ce que l’on appelle la nature hu­maine en général et ce à quoi nous sommes con­frontés face à chaque individu, n’empêche pas de grands groupes humains d’avoir beaucoup de traits en commun. Ceux-ci comprennent les qualités de l’être humain qui font l’objet de notre étude d’aujourd’hui et que l’on appelle d’habitude le tempérament.

Il suffit de prononcer le mot de tempéra­ment pour se rendre compte qu’il y a autant d’énigmes que de personnes. Parmi les types fondamentaux, les nuances fondamentales, on trouve une telle diversité, tant de différences entre les personnes, que l’on peut bien dire qu’au sein de ces humeurs, de ces dispositions fondamentales de l’être humain que l’on nomme le tempérament, s’exprime la véritable énigme de l’existence.

La nuance fondamentale de l’être humain joue un rôle dès que les énigmes interviennent dans la pratique courante de la vie. Lorsqu’une personne nous fait face, nous sentons que quel­que chose de ses humeurs, de ses dispositions fondamentales vient à nous. Il reste donc l’espoir que l’anthroposophie peut nous donner les renseignements nécessaires sur la nature des tempéraments. En effet, s’il faut admettre que les tempéraments surgissent de l’être intérieur, ils ne s’en expriment pas moins dans toute l’ap­parence extérieure de la personne. Néanmoins l’énigme humaine ne peut être déchiffrée par une considération de la nature prise extérieure­ment. On ne peut approcher de la teinte carac­téristique de l’être humain qu’en connaissant ce que la science spirituelle nous apprend à son sujet.

S’il est vrai que chaque personne se montre à nous avec son tempérament propre, néan­moins nous pouvons distinguer certains grou­pes de tempéraments. Nous parlons principale­ment de quatre tempéraments humains : du tempérament sanguin (nerveux) , du colérique, du flegmatique et du mélancolique. En fait les tempéraments sont mêlés de manières infinies chez les individus, si bien que nous pouvons seulement dire que tel ou tel tempérament prédomine, dans un trait ou dans l’autre d’une personne. La classification des quatre tempéra­ments n’est donc pas tout à fait exacte dans son application aux personnes individuelles, mais d’une façon générale, nous pourrons quand même diviser les êtres humains en quatre groupes, selon leurs tempéraments.

Déjà le fait que le tempérament présente, d’une part par une tendance individuelle, quel­que chose qui nous rend différents les uns des autres, et, d’autre part, quelque chose qui nous réunit en groupes, nous montre que le tempé­rament doit être en rapport et avec le noyau intime de l’être humain et avec la nature humaine en général. C’est donc quelque chose qui révèle deux voies. Si nous voulons éclaircir ce mystère nous devrons donc nous poser ces deux questions : jusqu’à quel point le tempéra­ment indique-t-il ce qui fait partie de la nature humaine en général ? Que révèle-t-il du noyau intime, de l’être intérieur véritable de l’homme ?

Naturellement, lorsque nous nous posons ces questions, la science spirituelle semble appelée à nous en donner les réponses, puisqu’elle doit nous conduire au noyau intime de l’être humain.

Tel que nous le rencontrons sur terre, l’être humain nous apparaît d’une part comme noyé dans une universalité et d’autre part comme entité indépendante. Du point de vue de la science spirituelle, il se trouve dans deux cou­rants vitaux qui se rencontrent lorsqu’il entre dans l’existence terrestre. Là nous sommes au centre des considérations que l’anthroposophie fait sur la nature humaine. Elles nous appren­nent que nous avons d'abord dans l'être humain ce qui l’insère à son ascendance. Un des cou­rants remonte de l’individu à ses parents, à ses grands-parents, à ses aïeux plus lointains. Il montre les qualités qu'il a héritées de son père, de sa mère, de ses grands-parents et de ses aïeux de plus en plus lointains. À son tour, il transmet ces attributs à ses descendants. Dans la vie aussi bien que dans la science, nous appe­lons attributs et caractéristiques héréditaires ce qui se déverse dans l’individu, venant de ses ancêtres.

Chaque homme se situe ainsi dans ce qu’on peut appeler une lignée généalogique, il est connu que l’homme porte profondément en lui des qualités qui lui viennent certainement par l’hérédité. Nous pouvons nous expliquer bien des choses d’une personne, quand nous con­naissons pour ainsi dire ses ascendants. Goethe, qui avait une grande connaissance de l'âme humaine, eut des paroles combien profondes au sujet de lui-même :

De mon père j’ai la stature
Le sens sérieux de la vie ;
La gaîté de ma petite mère
Et le goût à fabuler.

Là nous voyons que pour indiquer les quali­tés transmises par hérédité, Goethe, grand con­naisseur de l’être humain, se vit obligé d'y faire figurer même des qualités morales. Tout ce que nous voyons ainsi, comme hérité des ancêtres par leurs descendants, nous explique la per­sonne individuelle sous un certain rapport, mais seulement sous un certain rapport. En effet ce qu'il a hérité de ses pères ne nous donne qu’un côté de l’être humain.

Bien entendu, la conception matérialiste ac­tuelle voudrait aller chercher dans l’ascen­dance tout ce que l’on peut imaginer dans l’être humain, même son entité spirituelle, ses qua­lités spirituelles. Elle ne se fatigue pas de répé­ter que même les qualités géniales d’une per­sonne peuvent s’expliquer par des traces, des indices trouvés chez l’un ou l’autre ancêtre. On voudrait pour ainsi dire faire la récapitu­lation de l’être humain à partir de ce qui se trouve disséminé parmi les ancêtres.

Mais quiconque a fait une étude plus poussée de la nature humaine devra bien se rendre à l’évidence : en outre des caractéristiques acquises par l’hérédité, dans chaque être humain, il y a quelque chose que nous ne pouvons qualifier que comme étant le propre originel de l’être humain. Une étude plus approfondie ne nous permettrait pas de dire que cela provienne de tel ou tel ancêtre. C’est ici qu’intervient la science spirituelle pour nous dire à ce sujet ce qu’elle a à dire. Aujourd’hui nous n’arriverons qu’à esquisser les données sur ce sujet.

Voici ce qu’elle nous apprend. Sans contredit l’être humain est inséré dans tout ce que nous appelons le courant de l’hérédité, le courant des attributs hérités. Mais en outre il y a dans l’être humain le noyau spirituel intérieur. C’est à lui, à ce que l’être humain apporte du monde spirituel, que s’unit ce que son père, sa mère et ses ancêtres peuvent lui donner.

A ce qui s’écoule dans le courant des généra­tions s’unit quelque chose d’autre qui ne pro­vient pas des ancêtres immédiats, des parents, ni des aïeux, mais qui provient de domaines complètement différents, quelque chose qui passe d’une existence à l’autre. D’une part, disons-nous, l’être humain hérite ceci ou cela de ses aïeux. Mais si nous observons un homme se développant dès l’enfance, nous voyons se déve­lopper, du noyau de sa nature, ce qu’elle n’au­rait jamais pu hériter de ses aïeux, mais qui est le fruit d’existences précédentes.

Lorsque nous pénétrons dans les profondeurs de l’âme d’une personne, nous ne pouvons nous expliquer ce que nous y voyons que si nous connaissons une importante loi générale qui, au fond, n’est que la conséquence d’un grand nombre de lois de la nature. C’est la loi de la répétition des vies terrestres, dont on se moque tant aujourd’hui. Cette loi de la réincarnation, de la succession des existences, n’est elle-même qu’un cas particulier d’une loi cosmique géné­rale.

Cela ne nous semble pas si paradoxal si nous y réfléchissons. Regardons attentivement un minéral inerte, un cristal de roche. Il a une forme régulière. S’il est détruit, il ne laisse rien de sa forme qui puisse être transférée à d’autres cristaux de roche. Le nouveau cristal ne reçoit rien de sa forme.

Si nous élevons notre pensée du règne miné­ral au règne végétal, nous nous rendons compte qu’une plante ne peut pas naître selon la même loi que le cristal de roche. Une plante ne peut naître que dérivant d’une plante parente. Ici la forme se conserve et se transmet à l’autre être.

En nous élevant au règne animal, nous cons­tatons le développement de l’espèce. Nous voyons que le XIXe siècle a même considéré sa découverte du développement de l’espèce comme son plus grand succès. Nous voyons non seulement une forme dériver d’une autre, mais en outre, dans le corps de sa mère chaque animal récapitule les formes précédentes, passe par les formes évolutives plus primitives de ses ancêtres. Chez les animaux, nous trouvons une gradation de l’espèce.

Chez l’homme, nous avons non seulement une évolution de l’espèce, un développement du genre, mais encore un développement de l’indi­vidualité. Ce qu’un être humain acquiert au cours de sa vie par l’éducation et l’expérience ne se perd pas plus que la succession ancestrale des animaux.

Il viendra une époque où l’on fera remonter le noyau de l’être humain à une existence anté­rieure. On reconnaîtra que l’être humain est le fruit d’une existence précédente. Cette loi aura une existence propre à ce monde : il en ira pour elle comme pour les autres. L’opposition que cet enseignement doit combattre sera vaincue, comme fut renversée l’opinion des savants des siècles précédents, que ce qui est vivant puisse naître de ce qui est mort. Jusque dans le cours du XVIIe siècle, les savants et les ignorants n’avaient aucun doute ; non seulement les ani­maux inférieurs peuvent se développer à partir de choses ordinaires, sans vie, mais des vers de terre et même des poissons pouvaient naître de la vase ordinaire des rivières.

Le premier à soutenir avec vigueur la thèse que ce qui est vivant ne peut provenir que de ce qui est vivant fut le grand naturaliste italien Redi (1627-1697) qui démontra que le vivant ne peut remonter qu’à ce qui est vivant. Cette loi est avant-coureuse d’une autre loi qui est : le psychospirituel remonte au psychospirituel. Redi fut attaqué à cause de cette doctrine, et il n’échappera qu’avec peine au sort de Giordano Bruno (1548--1600).

Aujourd’hui il n’est plus de mode d’envoyer les gens au bûcher. Néanmoins, si quelqu’un avance aujourd’hui une vérité nouvelle, par exemple que le psychospirituel remonte à ce qui est psychospirituel, on ne le brûlera pas précisément, mais on le tiendra pour fou. Une époque viendra où l’on trouvera absurde de croire que l’être humain ne vit qu’une fois, qu’il n’existe pas quelque chose de permanent qui s’unit aux attributs hérités.

La science spirituelle nous indique comment ce qui nous est donné par l’hérédité conflue avec notre nature propre. Celle-ci constitue un deuxième courant dans lequel l’être humain est placé et dont la civilisation actuelle ne veut rien savoir. L’anthroposophie nous met face au fait important de ce que l’on appelle réin­corporation, la réincarnation et le karma. Elle nous enseigne que nous devons considérer le noyau intime de l'être humain comme étant ce qui descend du monde spirituel et s’unit à ce qui est donné par l’hérédité, s’unit à ce que le père et la mère peuvent donner à l’être humain. Pour la science spirituelle, ce qui provient de l’héré­dité enrobe le noyau de l’être, l’enveloppe extérieure.

Ainsi pour la forme, la stature visible, etc. de l’homme physique, pour les attributs qui se rapportent à son être extérieur, nous devons remonter à son père, à sa mère à ses ancêtres. De même, pour comprendre l'être intime de l’individu, nous devons remonter à quelque chose de complètement différent, à une vie précédente de celui-ci. Il nous faudra peut-être remonter extrêmement loin, au-delà de toute hérédité, pour trouver le noyau de l’être spiri­tuel de la personne, qui existait déjà des milliers d’années, qui est entré continuellement dans l’existence, a revécu continuellement au cours des millénaires, et s’est uni à ce que son père et sa mère pouvaient lui donner dans l’existence actuelle.

Lorsqu’il entre dans la vie physique, chaque être humain a donc déjà une série de vies der­rière lui, et cela n’a rien à voir avec l’hérédité. Nous aurions à remonter plus que des siècles pour découvrir quelle vie il a eue avant de passer par la porte de la mort. Après y être passé, il vit en d’autres formes d’existences, dans le monde spirituel. Puis, quand le moment est de nouveau venu pour lui de faire l’expé­rience d’une vie dans le monde physique, il cherche alors ses parents. Ainsi, pour nous expliquer la partie psychospirituelle qui appa­raît en lui, nous devons remonter à son esprit et à ses incarnations précédentes, à ce qu’il a acquis à cette époque.

Nous devons considérer ce qu’il en a apporté, la manière dont il a vécu, comme les causes des talents, dispositions et aptitudes de tous genres qu’il possède dans sa nouvelle vie actuelle. Chaque être humain apporte de son existence précédente certaines des qualités de cette exis­tence. Jusqu’à un certain point, chaque être humain rapporte certaines qualités avec sa des­tinée, suivant qu’il ait commis tel ou tel acte. Il fait naître la réaction des actes qu’il a com­mis, et ainsi il se sent entouré de vie nouvelle. Ainsi, de ses incarnations précédentes, il se rap­porte le noyau intime de son être et l’enrobe de ce qui lui est donné par l’hérédité.

Cela est très important et devrait être dit à tout prix. Car notre époque est peu disposée à reconnaître ce noyau intime de l’être et à voir dans la doctrine de la réincarnation autre chose qu’une idée fantastique. On la considère au­jourd’hui comme manquant de logique, et nous entendrons toujours des personnes à la pensée matérialiste faire objection que tout ce qui est dans l’être humain, provient de l’hérédité. Il suffit de remonter aux ancêtres, disent-elles, et vous verrez que tel et tel trait, telle et telle qualité existaient déjà chez tel et tel ancêtre, et que nous pouvons expliquer tous les traits et toutes les qualités, en en suivant la trace parmi les ancêtres.

La science spirituelle peut aussi donner une indication et l’a déjà fait. Par exemple, dans les familles musiciennes le talent musical est hérité, et ainsi de suite. Tout cela est censé con­firmer la doctrine de l’hérédité. On énonce cette doctrine en disant carrément que le génie se montre rarement à la tête d’une lignée, il apparaît à sa fin. Cela est censé prouver que le génie est hérité. On part de l’idée ; telle personne a un talent déterminé, elle est un génie. Alors on se met à la recherche de ce talent dans le passé, chez ses ancêtres. On trouve chez un an­cêtre quelconque des traces du même talent. On choisit par-ci par-là, au hasard ; chez l’un on trouve telle qualité, chez un autre telle autre, et ainsi de suite. On dit alors que, finalement, elles ont conflué dans le génie né au bout de la lignée, et on en conclut que le génie est hérité.

Pour quiconque a la pensée directe et logique, cela pourrait même prouver le contraire. Que prouve-t-on par le fait que les qualités du génie pouvaient être retrouvées chez ses ancêtres ? Uniquement que le noyau de l’être humain peut se manifester à raison (proportion) de l’instrument du corps. Cela ne prouve rien de plus qu’un homme tombé à Peau en ressortira mouillé. En fait ce n’est pas plus intelligent que d’attirer spécialement l’attention sur le fait qu’un homme tombé à l’eau en ressort mouillé. Il est tout naturel qu’il reçoive l’élément dans lequel il est engagé.

Alors il devrait être assez évident que les qualités ancestrales sont descendues à travers la lignée, et finalement données par le père et la mère à l’être humain proprement dit, celui qui est descendu du monde spirituel. L’être humain se vêt des enveloppes qui lui ont été léguées par ses ancêtres.

Mais ces preuves alléguées pour l’hérédité pourraient bien plus être prises comme preuves du contraire. Car, si le génie pouvait être hérité, il devrait apparaître à la tête de la lignée, et non à sa fin. Si l’on pouvait nous montrer un génie dont les fils ou les petits-fils héritèrent les qualités géniales, on pourrait démontrer ainsi que le génie s’hérite, mais ce n’est pas du tout ce que l’on constate. C’est par une logique boi­teuse que l’on tente de faire remonter les qua­lités spirituelles d’une personne à la série de ses ancêtres. Nous devons dépister les qualités spirituelles dans ce que la personne a apporté de ses incarnations précédentes.

Si nous examinons maintenant un des cou­rants, celui qui vit dans la ligne d’hérédité, nous trouvons là que la personne est entraînée dans un courant d’existence qui lui procure certaines qualités. Nous voyons la personne dotée des qualités de sa famille, de son peuple, de sa race. Les différents enfants d’un couple ont ces sortes de qualités.

Si nous pensons à la véritable nature indivi­duelle d’une personne, nous devons dire que le noyau psychospirituel naît au sein d’une famille, d’un peuple, d’une race ; il se vêt de ce que lui ont donné ses aïeux, mais il apporte lui-même ses qualités purement individuelles. Alors nous devons nous demander : comment s’établit l’harmonie entre un noyau d’être hu­main qui s’est approprié telle ou telle autre qualité, il y a peut-être des centaines d’années, et l’enveloppe extérieure qu’il devra revêtir, qui est porteuse des qualités de la famille, du peuple, de la race et ainsi de suite ? L’harmonie y est-elle possible ? Ce qui est apporté n’est-il pas émi­nemment individuel, et cela n’est-il pas incom­patible avec ce qui est hérité ? C’est la grande question qui se pose. Comment ce qui émane de mondes totalement différents, qui doit se chercher un père et une mère, peut-il s’unir au corps physique ? Comment peut-il revêtir les caractéristiques corporelles qui placent la per­sonne dans la ligne d’hérédité ?

Nous voyons donc le confluent de deux courants dans la personne que nous rencontrons dans le monde. D’une part, nous voyons en elle ce qu’elle a hérité de sa famille et d’autre part ce qui s’est développé à partir de l’être humain intime, c’est-à-dire un certain nombre de ta­lents, qualités, dispositions intérieures et destin extérieur. Un équilibre doit s’établir. Ces deux courants confluent. Chaque être humain est composé de ces deux courants.

Ainsi nous voyons que l’être humain doit s’adapter d’une part à son être le plus intime, et d’autre part à ce qui lui est fourni par la ligne ancestrale. Nous voyons comme chaque personne a sa physionomie fortement marquée par ses ancêtres ; nous pourrions pour ainsi dire composer la personne à partir de la ligne ances­trale.

Ainsi le noyau de l’être humain n’a rien à voir, au fond, avec ce qui s’hérite, et doit seulement s’adapter à ce qui lui est le mieux approprié ! Il est donc compréhensible que ce qui a vécu depuis des centaines d’années dans un monde totalement différent, puis est retrans­porté dans un autre monde ait besoin d’une certaine entremise. Le noyau de l’être humain doit trouver ici-bas quelque chose qui lui soit apparenté. Il doit y avoir un intermédiaire, un lien entre l’individu proprement dit et l’huma­nité en général dans laquelle il naît au travers de la famille, du peuple et de la race.

Entre ces deux composantes, ce que nous, nous apportons d’une vie antérieure et ce que la famille, les ancêtres et la race impriment en nous, il y a un intermédiaire. C’est quelque chose qui est doté de caractéristiques plutôt générales et en même temps capable d’être individualisé. Ce qui se place entre la ligne d’hérédité et la ligne qui représente notre indi­vidualité s’exprime par le mot de tempérament.

Tel qu’il se montre à nous, le tempérament d’une personne est, sous un certain rapport, comme la physionomie de son individualité la plus intime. Cela nous permet de comprendre qu’au moyen des propriétés du tempérament l’individualité colore les caractéristiques héri­tées à travers la série des générations. Le tempé­rament se tient à mi-chemin entre ce que nous apportons individuellement et ce qui descend de la ligne d’hérédité. Lorsque les deux courants confluent, l’un colore l’autre. Ils se colorent mutuellement : de même que la couleur bleue et la couleur jaune se mélangent pour former le vert, de même les deux courants s’unissent dans la personne, dans ce que l’on appelle le tempéra­ment. Le lien entre toutes les qualités inté­rieures, que la personne apporte de ses incarna­tions précédentes et ce qui vient de l’hérédité, est du domaine du concept du tempérament. Celui-ci se place entre les propriétés héritées et ce qu’elle a absorbé dans son être intérieur, son noyau.

C’est comme si, en descendant sur terre, ce noyau s’entourait d’une nuance spirituelle de ce qui l’attend ici-bas. Ce noyau vital se colore selon ce dans quoi il va naître, et selon une qualité qu’il apporte au point voulu pour mieux le préparer à l’enveloppe humaine. Le psy­chisme de la personne et les caractéristiques naturelles héritées rayonnent ici. Entre les deux se place le tempérament, entre ce qui relie la personne à sa ligne ancestrale et ce qu’elle apporte de ses incarnations antérieures. Le tem­pérament établit l’équilibre entre ce qui est éternel et ce qui est éphémère.

Cet équilibre se fait grâce aux rapports nettement définis qui existent entre les diffé­rents corps de l’être humain, dont nous avons pris connaissance. Pour le comprendre dans son détail, nous devrons examiner la nature hu­maine dans son ensemble, à la lumière de l’anthroposophie. Seule l’anthroposophie peut résoudre le mystère des tempéraments humains.

Nous savons que l’être humain que nous ren­controns dans la vie, dans lequel ces deux cou­rants sont confondus, est un être quadruple. Considérant l’être humain dans son ensemble, nous pouvons dire qu’il consiste d’un corps physique, d’un corps éthérique ou corps de forces formatrices, d’un corps astral et d’un Moi.

Selon l’anthroposophie, il y a en premier lieu la partie de l’être humain que les sens extérieurs peuvent percevoir, la seule que la pensée maté­rialiste reconnaît, qui n’est qu’un des corps de l’être humain, le corps physique, que l’être humain a en commun avec le monde minéral. En anthroposophie, nous appelions corps phy­sique la partie sujette aux lois physiques. Nous l'avons en commun avec toute la nature envi­ronnante extérieure, la somme des lois chimi­ques et physiques.

En outre, nous reconnaissons des corps supé­rieurs suprasensibles de la nature humaine, qui sont aussi véritables et réels que le corps physi­que extérieur. Le premier corps suprasensible incorporé à l’être humain est le corps éthérique, qui reste uni au corps physique durant toute la vie. Il ne s’en sépare qu’à la mort. Ce premier corps suprasensible de la nature humaine, ap­pelé corps éthérique ou corps vital en science spirituelle, pourrait aussi être appelé corps glandulaire ; au contraire du corps physique, il n’est pas visible à nos yeux extérieurs, pas plus que les couleurs ne le sont pour l’aveugle-né. Mais il est bien présent, il existe réellement, il est perceptible par ce que Goethe appelle les yeux de l’esprit. Il est même plus réel que le corps physique extérieur, car il est le construc­teur, le sculpteur du corps physique.

Pendant toute la période qui va de la nais­sance à la mort, ce corps éthérique lutte conti­nuellement contre le dépérissement du corps physique. N’importe quel minéral de la nature, un cristal par exemple, est constitué de manière à subsister par lui-même, grâce aux forces de sa propre substance. Cela n’est plus vrai dans le cas du corps physique d’un être vivant. Là les forces physiques agissent de manière à détruire la forme de la vie. En, effet, nous pouvons observer les forces physiques détruisant la forme de la vie, une fois la mort survenue. Pendant la vie, le corps éthérique lutte con­tinuellement pour que cela ne se produise pas, pour que le corps physique ne soit pas soumis aux forces et aux lois physiques et chimiques.

Nous reconnaissons le troisième corps de l’être humain comme étant le porteur de tout ce qui est plaisir et peine, joie et douleur, ins­tincts, passions, désirs. Il porte aussi toutes les sensations et représentations qui surgissent et disparaissent en nous, oui, jusqu’à toutes les représentations de ce que nous dépeignons comme idéals moraux, etc. Nous l’appelons le corps astral. Ne vous laissez pas rebuter par cette expression. On aurait pu aussi bien appeler ce corps, le corps nerveux. La science spirituelle y voit quelque chose de réel. En fait, pour elle, ce corps d’instincts et de désirs n’est pas un effet du corps physique, mais bien la cause de celui-ci ; elle sait que ce corps psychospirituel s’est construit le corps physique.

Nous avons parlé ainsi de trois éléments de l’être humain. Nous reconnaissons comme l’élé­ment le plus élevé, celui qui, sur la terre, le fait dominer tous les êtres, qui fait de lui le sommet de la création, le porteur du Moi humain, qui lui donne d’une façon mystérieuse mais mani­feste, le pouvoir de la conscience de soi.

L’être humain a un corps physique en com­mun avec tout l’environnement visible ; un corps éthérique en commun avec les plantes et les animaux ; et un corps astral en commun avec les animaux seulement. Mais il est le seul à posséder un quatrième élément, un Moi. C’est ce qui le fait dominer les autres créatures visi­bles. Nous désignons ce quatrième élément du nom de porteur du Moi, comme étant la partie de la nature humaine qui met l’être humain en mesure de se dire « Moi », de devenir indépen­dant.

Ce que nous voyons physiquement et qui peut être reconnu par l’intelligence liée aux sens physiques, n’est qu’une expression de ces quatre organismes de l’être humain. Ainsi le sang dans sa circulation, est l’expression du Moi, du véri­table porteur du Moi. Ce « suc tout particulier » est l’expression du Moi. L’expression physique sensible du corps astral humain est, entre autres, le système nerveux par exemple. L’expression au moins partielle du corps éthérique est le système glandulaire, et le corps physique s’ex­prime par les organes des sens.

Ces quatre organismes nous apparaissent dans l’être humain. Lorsque nous étudions l’être humain dans son ensemble, nous pouvons donc dire que, dans son ensemble, l’être humain con­siste en un corps physique, un corps éthérique, un corps astral et un Moi.

Le corps physique est d’abord ce que l’homme possède de manière visible aux yeux physiques ; vu de l’extérieur, il porte clairement les mar­ques de l’hérédité. Ce qui découle de l’hérédité forme aussi les caractéristiques qui vivent dans le corps éthérique, qui lutte contre la désinté­gration du corps physique.

Puis nous passons au corps astral qui, par ses propriétés, se rattache beaucoup plus in­timement au noyau de l’être humain. Si nous passons au noyau le plus intime de l’être hu­main, le Moi proprement dit, nous trouvons ce qui passe d’une incarnation à l’autre, qui appa­raît comme un médiateur intérieur, rayonnant au-dehors ses qualités essentielles.

Comme ils doivent s’unir, ils s’adaptent lors de l’entrée de l’être humain dans le monde physique. Tous ces quatre corps de la nature humaine : le Moi, le corps astral, le corps éthé­rique et le corps physique agissent l’un à travers l’autre de la manière la plus variée. Chaque membre influence toujours l’autre. C’est par cette action réciproque du corps astral et du Moi, du corps éthérique et du corps physique, par l’interpénétration des deux courants que ces tempéraments apparaissent dans la nature humaine.

Il doit donc y avoir dans l’individualité de l’être humain quelque chose qui est indépendant de ce qui s’enchaîne à la ligne générale d’héré­dité. Si l’être humain ne pouvait pas façonner ainsi son être intérieur, chaque descendant devrait être uniquement le produit de ses an­cêtres. Ce qui s’immisce là, ce qui rend indivi­duel, c’est le pouvoir du tempérament. C’est là que réside le mystère du tempérament.

Dans l’ensemble de la nature humaine, les différents corps de l’être humain agissent l'un sur l’autre. Leurs rapports sont réciproques. Du fait que deux courants confluent dans l’être humain, lors de son entrée dans le monde phy­sique, il résulte un véritable mélange de ses quatre membres. L’un d’eux prend, pour ainsi dire, l’ascendant sur les autres et leur imprime sa coloration.

L’homme se présente à nous avec un tem­pérament ou un autre selon celui de ses orga­nismes qui se met particulièrement en évidence. La coloration caractéristique de la nature hu­maine, ce que nous appelons la coloration propre du tempérament, varie selon les forces, es différents moyens d’action, de celui-ci ou de celui-là prennent l’ascendant, l’emportent sur les autres. L’essence originelle et éternelle de l’être humain, ce qui passe d’incarnation à incarnation, organise sa vie dans chaque nou­velle incarnation, en établissant une certaine action réciproque des quatre éléments de la nature humaine ; le Moi, le corps astral, le corps éthérique et le corps physique. La manière dont ces quatre corps coopèrent détermine le jeu de nuances de l’être humain auquel nous donnons le nom de tempérament.

Lorsque le noyau de l’être humain a teinté les corps physique et éthérique, ce qui en résulte agira sur chacun des autres corps. Les qualités que nous verrons dans une personne varieront selon que le noyau de l’être agit le plus fortement sur le corps physique ou que c'est le corps physique qui agit le plus fortement. Selon sa nature la personne peut influencer un des quatre corps, et le tempérament résulte de sa réaction sur les autres. C’est cette particularité qui met le noyau de l’être humain, prêt à se réincarner, en état d’incorporer un surplus d’ac­tivité dans l’un ou l’autre de ses corps. Ainsi il peut donner à son Moi un certain surplus d’énergie. Ou bien, ayant fait certaines expé­riences au cours de ses vies précédentes, il peut en influencer ses autres corps.

Lorsque, par son destin, le Moi d’une per­sonne est devenu si vigoureux que ses forces prédominent de loin la quadruple nature hu­maine, qu’il domine sur les autres corps, il en résulte un tempérament colérique. Mais s’il est particulièrement influencé par les forces du corps astral, nous attribuons à la personne un tempérament sanguin. Si le corps éthérique agit avec excès sur les autres corps et marque parti­culièrement la personne de sa nature, ce sera l’origine d’un tempérament flegmatique. Enfin, lorsque le corps physique, y compris ses lois, domine particulièrement la nature humaine, si bien que le noyau de l’être humain n’est pas capable de surmonter une certaine dureté du corps physique, c’est d’un tempérament mélan­colique qu’il s’agit. C’est bien de la même ma­nière dont s’entremêlent l’éternel et l’éphémère que s’instaure le rapport des corps entre eux.

Je vous ai déjà dit comment les quatre corps s’expriment extérieurement dans le corps phy­sique. Ainsi nous avons une grande partie du corps physique, comme l’expression directe du principe physique vivant de l’homme. Le corps physique comme tel ne s’exprime que dans le corps physique. C’est pour cela que le corps physique est extérieurement le plus marquant chez le mélancolique.

Ainsi nous devons considérer le système glandulaire comme l’expression physique du corps éthérique. Le corps éthérique s’exprime physiquement dans le système glandulaire. Par conséquent le système glandulaire est le plus marquant dans le corps du flegmatique.

Nous devons voir dans le système nerveux, c’est-à-dire dans son élément actif, l’expression physique du corps astral. Le corps astral trouve son expression physique dans le système ner­veux. Donc le système nerveux est le plus mar­quant dans le corps physique du sanguin.

Le sang qui circule dans le corps, la force de pulsation du sang est l’expression du Moi proprement dit. Le Moi s’exprime dans la circulation du sang, par la fonction prédomi­nante du sang, spécialement par le sang ardent, véhément. Essayons d’examiner de plus près le rapport entre le Moi et les éléments du corps humain. Supposons que le Moi exerce une domination, ait un certain empire sur la vie des impressions et des représentations, sur le système nerveux. Supposons que chez une cer­taine personne tout émane de son Moi, qu’elle éprouve tout fortement parce que son Moi est fort. Nous appellerons cette disposition un tempérament colérique. Ce que le Moi a carac­térisé deviendra donc la particularité la plus marquante. L’appareil circulatoire sera donc prédominant chez le colérique.

Le tempérament colérique manifeste ses effets dans un sang aux fortes pulsions. La force élémentaire de l’homme est rendue visible par l’influence particulière qu’il exerce sur son sang. Chez celui dont le Moi spirituellement et le sang physiquement sont particulièrement actifs, nous voyons comment la force la plus intime maintient l’organisme vigoureusement en place. Nous voyons aussi comment vis-à-vis du monde extérieur la force du Moi tend à se faire valoir ; c’est bien l’effet de ce Moi. Ainsi le colérique apparaît comme quelqu’un qui veut imposer son Moi en toutes circonstances. Toute l’agres­sivité du colérique, tout ce qui est en rapport avec la nature fortement volontaire du colé­rique est lié à la circulation du sang.

Si le corps astral d’une personne prédomine, l’expression physique s’en trouvera dans les fonctions du système nerveux, instrument du flux et du reflux des impressions sensorielles. Ce que le corps astral accomplit, est vie en pensées, vie en images. Aussi l’homme doté d’un tempérament sanguin sera enclin à vivre dans le flux et le reflux des impressions et des senti­ments, dans les images de sa vie représentative.

Il faut bien comprendre le rapport du corps astral et du Moi. Le corps astral agit comme intermédiaire entre le système nerveux et le système sanguin. On peut toucher du doigt la nature de ce rapport. Si le tempérament sanguin était seul présent, le système nerveux fonction­nerait seul, expression particulièrement pré­dominante du corps astral. La personne aurait alors une vie damages et de représentations changeantes, un chaos d’images apparaîtrait et disparaîtrait. Elle serait vouée à flotter d’im­pression en impression, d’image à image, de représentation en représentation.

Quelque chose de cela apparaît lorsque le corps astral prédomine. Le sanguin d’une cer­taine façon est voué aux impressions, aux ima­ges évanescentes puisque chez lui le corps astral et le système nerveux prédominent. Il faut les forces du Moi pour empêcher que les images ne se poursuivent de façon fantastique. Ce n'est que parce qu’elles sont maîtrisées par le Moi que l’harmonie et l’ordre règnent. Si l’homme ne les maîtrisait pas au moyen de son Moi, elles fluctueraient en leur cours évanescent sans que l’on puisse remarquer que l’homme exerce un empire sur elles.

Dans le corps physique, c’est essentiellement le sang qui limite, pour ainsi dire, l’activité du système nerveux. La circulation du sang, le sang qui circule dans le corps humain sont ce qui met des entraves à ce qui s’exprime dans le système nerveux ; c’est ce qui freine le flux et le reflux de la vie de sentiments et d’impres­sions, ce qui dompte la vie des nerfs. Cela nous entraînerait trop loin d’entrer dans tous les détails des rapports entre le système nerveux et le sang, et de la manière dont le sang bride la vie des représentations.

Qu’arrive-t-il lorsque le dompteur est ab­sent, chez une personne au sang pauvre, chlorotique ? Lorsqu’une personne a le sang trop fluide, c’est-à-dire si son sang manque de glo­bules rouges, elle est aisément sujette au flux et au reflux débridé de toutes sortes d’images fantastiques allant jusqu’à l’illusion et l’hallu­cination. Sans entrer dans une psychologie plus poussée, ce simple fait vous montrera que c’est le sang qui bride le système nerveux. Pour que l’être humain ne devienne pas l’esclave de son système nerveux, c’est-à-dire du flux et du reflux de ses impressions et de ses senti­ments, l’équilibre est nécessaire entre son Moi et son corps astral et, sur le plan physiologique, entre son appareil circulatoire et son système nerveux.

Par contre, supposons que le corps astral ait une activité excessive, que le corps astral et son expression, le système nerveux, prédo­minent. Ils sont bien bridés par le sang, mais ; pas assez pour atteindre l’équilibre. La vie de la personne est alors caractérisée par un inté­rêt qui, éveillé sur un sujet, l’abandonne vite pour passer à un autre objet. Elle ne peut pas s’en tenir à une idée. Par conséquent, l’intérêt de cette personne est vite enflammé par tout ce qui lui apparaît dans le monde extérieur, mais il n’est retenu par rien pour devenir du­rable.

Cet intérêt rapidement enflammé et le pas­sage rapide d'un sujet à un autre sont l’expression d’un corps astral prédominant, d’un tem­pérament sanguin. Le sanguin ne peut pas con­server une impression, s’en tenir à une image, rester intéressé à un objet. Il saute d’une im­pression à l’autre, d’une perception à l’autre, d’une idée à l’autre : il a un esprit volage. On peut se faire du souci en observant cela parti­culièrement chez l’enfant sanguin : il s’intéresse facilement, une image agit vite, l’impression est bientôt là, mais disparaît aussi vite.

Il se peut que le corps particulièrement pré­dominant soit le corps éthérique ou corps de vie, qui régit intérieurement la croissance et les phénomènes vitaux et dont l’expression est le système qui produit le bien-être et le malaise intérieurs. L’homme sera enclin à con­server son bien-être intérieur. Le corps éthé­rique est un corps qui mène une sorte de vie intérieure, tandis que le corps astral s’exprime dans les intérêts extérieurs, et le Moi est le porteur de notre activité et de notre volonté à l’extérieur. Le corps éthérique agit en tant que corps de vie, qui maintient l’équilibre des différentes fonctions en équilibre, ce qui s’ex­prime par un bien-être général. Si cette vie renfermée sur elle-même qui entraîne ce bien-être général intérieur prédomine, la personne peut se sentir si à l’aise quand tout est en ordre dans son organisme, qu'elle est peu portée à diriger son être intime vers l’extérieur, qu’elle est peu disposée à se développer une forte vo­lonté. Plus elle se sent à l’aise en elle-même et plus elle créera d’harmonie entre son être intime et le monde extérieur. Quand c’est le cas, même à l’excès, on a affaire au flegmatique.

Nous avons vu que chez le mélancolique, c’est le corps physique, donc le corps le plus dense de l’être humain, qui est le maître des autres. Or, chaque personne doit être maîtresse de son corps physique comme elle doit être maîtresse d’une machine dont elle veut se ser­vir. Si cette partie la plus dense devient maî­tresse, l’homme éprouve alors le sentiment de ne pas l’avoir en main, de ne pas pouvoir s’en servir. Car le corps physique est l’instrument qu’il devrait maîtriser entièrement au moyen de ses éléments supérieurs.

Que le corps physique soit le maître, qu’il résiste aux autres, l’homme n’est alors pas à même d’utiliser entièrement son instrument, les autres principes sont entravés, un manque d’harmonie naît entre le corps physique et les autres corps. C’est ainsi que le système physi­que est durci, quand il est excessif. L’homme devrait le rendre mobile, il ne le peut plus. L’être intérieur est impuissant vis-à-vis de son système physique, il se sent des entraves inté­rieures, on les constate quand l’homme doit dépenser ses forces contre ces obstacles inté­rieurs.

Ce qu’on est incapable de dominer cause peine et douleur, qui empêchent d’avoir un re­gard objectif sur notre monde. Cette influence est source de chagrin intime que l’homme res­sent en lui comme de la morosité, il l’éprouve comme une douleur, une peine, un état d’âme troublé. La vie l’atteindra facilement de façon pénible ou douloureuse, il commence à avoir des pensées, des idées fixes, il devient rêveur, mélancolique. Il y a là toujours une progres­sion des souffrances. Cet état d’âme est dû seu­lement à ce que le corps physique s’oppose au bien-être intérieur du corps éthérique, à la mo­bilité du corps astral et à la décision du Moi.

Si nous comprenons ainsi la nature des tem­péraments grâce à une étude sérieuse, beau­coup de choses de la vie s’éclairciront ; cela nous permettra d’accomplir, dans la pratique de la vie, ce que nous ne pourrions pas accom­plir autrement. Jetons un regard sur toutes choses qui nous touchent directement dans la vie.
Nous pourrons nous faire une image exté­rieure claire et nette de ce que nous voyons du mélange des quatre corps composant l’être hu­main. Examinons la manière dont le tempéra­ment se manifeste dans l’apparence extérieure de l’homme.

Prenez par exemple le colérique, qui est for­tement centré en lui-même. Lorsque le Moi prédomine, la personne veut s’imposer envers et contre tout, elle veut être en évidence. Ce Moi est le régulateur. Ces images sont des images de la conscience. Le corps physique est formé d’après son corps éthérique, le corps éthérique d’après son corps astral. Celui-ci pourrait pour ainsi dire façonner la personne de la manière la plus variée. Seulement, comme croissance et Moi s’opposent dans les forces du sang, l’équilibre est maintenu entre grandeur et diversité de la croissance. Ainsi lorsque le Moi est excessif, la croissance peut être réduite. Il retient la croissance des autres éléments de l’homme, il empêche au corps éthérique et au corps astral de réaliser leur nature.

Dans le tempérament colérique, on peut re­connaître, dans la taille et dans tout ce qui nous apparaît comme l’expression de ce qui est actif dans l’être intime, la profonde force intérieure naturelle propre de l’homme : le Moi centré en lui-même. Les colériques en règle générale se densifient en ce qu’ils apparaissent d’une croissance retenue. On en trouve de nom­breux exemples dans la vie, par exemple dans la vie culturelle, c’était le cas du philosophe Johann Gottlieb Fichte : un colérique allemand. Son aspect extérieur suffirait à le caractériser comme tel. Sa stature semblait comme arrêtée dans sa croissance. Cela trahissait ainsi claire­ment que ses autres corps constitutifs avaient été réprimés par un Moi excessif. Ce n’est pas le corps astral avec sa faculté formatrice qui est prédominant, mais le Moi qui domine les forces formatrices, qui les bride. Nous voyons donc en général que les hommes énergiques, volontaires, dont le Moi tient en rênes les forces formatrices du corps astral, sont petits, de taille ramassée.

Prenez un autre exemple classique de colé­rique : Napoléon, « le petit général », qui est resté de petite taille parce que son Moi avait réprimé ses autres corps constitutifs. C’est un cas typique de croissance refrénée du colérique. Vous pouvez voir ici comment la force du Moi agit de l'esprit, si bien que l’être intime se ma­nifeste dans la stature extérieure.

Regardez la physionomie du colérique, puis comparez-lui le flegmatique : combien les traits de celui-ci sont flous ; on ne pourrait guère dire que la forme de son front conviendrait au colérique. C’est dans l’œil que Ton peut dé­celer particulièrement bien si l’action forma­trice est exercée par le corps astral ou par le Moi, par un regard assuré, direct du colérique. En général nous y trouvons une lumière inté­rieure intense, rayonnant intérieurement, ce qui s’exprime parfois par la couleur noire de l’iris. En raison d’une certaine foi, du fait de ce que le colérique attire vers l’intérieur par la force de son Moi et ne laisse pas au corps astral la possibilité de colorier ce qui est coloré chez d’autres hommes.

Observez aussi l’attitude générale des hom­mes. Celui qui est exercé peut presque recon­naître un colérique de dos. Le pas assuré est pour ainsi dire la marque du colérique. Un Moi très vigoureux s’exprime jusque dans le pas. Même l’enfant colérique a déjà une dé­marche ferme ; il ne pose pas seulement le pied sur le sol, mais le pose comme s’il voulait l’y enfoncer quelque peu.

L’être humain tout entier est le portrait de cet être le plus intérieur, qui se manifeste à nous de cette façon. Naturellement il n’est pas question ici de prétendre que le colérique est petit et que le sanguin est grand. Nous ne de­vons comparer la taille de personne qu’avec sa propre croissance. Ce qui compte, c’est le rap­port de la croissance avec la constitution de tout le corps.

Observez le sanguin, remarquez le regard si caractéristique de l’enfant sanguin : il se pose rapidement sur quelque chose et s’en détache tout aussi vite. C’est un regard gai. La joie inté­rieure et la gaieté y rayonnent. Il exprime ce qui provient des profondeurs de la nature hu­maine, de la mobilité du corps astral, qui pré­domine chez le sanguin. De cette vie mobile en elle-même, il va former les membres et ren­dra l’image extérieure de l’homme aussi mobile que possible.

Nous pouvons même reconnaître, dans toute la physionomie extérieure, la constitution per­manente et les gestes, l’expression du corps astral mobile, fugitif, fluide. Chez lui le corps astral a la tendance à construire, à former. L’être intime se révèle extérieurement ; par conséquent le sanguin est svelte et souple. Nous voyons la mobilité intérieure du corps astral dans la personne tout entière jusque dans sa constitution élancée et son ossature gracile, ainsi que par exemple, dans ses muscles déliés. Cela se remarque aux manières extérieures de l’homme. Même sans être clairvoyant, on peut dire si une personne que l’on voit même de dos est sanguine ou colérique. Il n’y a pas besoin d’être un investigateur spirituel pour cela. Si l’on voit un colérique marcher, on remarque qu’à chaque pas il semble vouloir non seule­ment poser le pied mais encore l’enfoncer un peu dans le sol. Le sanguin, au contraire, a une démarche sautillante, bondissante. La démar­che sautillante, dansante de l’enfant sanguin est l’expression de son corps astral mobile.

Le tempérament sanguin se montre d’une façon particulièrement marquée dans l’enfance. Vous voyez comment les forces de croissance s’extériorisent alors. La constitution extérieure présente aussi des caractéristiques plus subtiles. Chez le colérique, les traits faciaux sont très accusés ; chez le sanguin, ils sont mobiles, ex­pressifs, changeants. De même, nous voyons chez l’enfant sanguin une certaine aptitude à modifier sa physionomie.
Nous pouvons déceler l’expression du carac­tère sanguin jusque dans la couleur des yeux. L’intériorité de la nature du Moi, l’intériorité indépendante du colérique apparaît dans son œil noir. Par contre, chez les sanguins, dont la nature du Moi n’est pas aussi profondément enracinée, et dont le corps astral déverse toute sa mobilité, l’œil bleu prédomine. Il y a un rapport intime entre les yeux bleus et la lu­mière intérieure, qui est une lumière invisible, avec la lumière du corps astral.

On pourrait énumérer ainsi beaucoup de caractéristiques qui révèlent le tempérament dans l’apparence extérieure. C’est la quadruple nature de l’être humain qui résout pour nous l’énigme psychique des tempéraments. Au fait, la connaissance des quatre tempéraments, trans­mise par l’antiquité, découle d’une profonde connaissance de la nature humaine. Si nous comprenons ainsi la nature humaine, et si nous savons que l’apparence extérieure n’est que l’expression de l’essence spirituelle, nous pour­rons apprendre la constitution et le devenir de l’homme jusque dans ses détails extérieurs. Cela nous apprendra comment nous devons tenir compte de notre propre tempérament et de celui de l’enfant. L’éducation doit particuliè­rement faire attention quelle sorte de tempé­rament cherche à se développer. Distinguer d’une façon vivante la nature des tempéra­ments est essentiel pour une vie intelligente et pour la pédagogie : elles y gagneraient infini­ment toutes les deux.

Continuons notre étude. Nous voyons le tempérament flegmatique, lui aussi, s’exprimer dans la forme extérieure. Dans celui-ci la pré­dominance est donnée à l’activité du corps éthérique, qui trouve son expression physique dans, le système glandulaire et son expression psychique le bien-être, l’équilibre intérieur. Il se peut que dans l’être intime du flegmatique non seulement tout soit en ordre de façon nor­male, mais dépasse ce stade même, que les forces formatrices du bien-être soient particu­lièrement actives. Alors elles ajoutent leurs produits au corps physique, qui grossit, devient corpulent. Les forces créatrices intérieures du corps éthérique agissent surtout sur l’embon­point, sur le développement des parties adi­peuses. Le bien-être intérieur du flegmatique se montre à nous dans tout cela.

Qui ne reconnaîtrait, dans ce manque de coopération entre l’être intérieur et l’être exté­rieur, la cause de la démarche souvent mal assurée, traînante du flegmatique, dont le pas n’est souvent pas adapté au sol ! Il ne sait, pour ainsi dire, pas marcher et se mettre en rapport avec les choses. On voit à toute sa personne qu’il n’a guère d’empire sur les formes de son être intérieur. Le tempérament se montre dans sa physionomie impassible, indifférente, jusque dans le regard terne, incolore. Tandis que le regard du colérique est étincelant et ardent, on reconnaît, dans celui du flegmatique, l’ex­pression de son corps éthérique tourné seule­ment vers son bien-être intérieur.

Le mélancolique est un être qui ne parvient pas à maîtriser complètement son organisme physique, à qui l’organisme physique offre de la résistance, qui n’est pas préparé à en faire l’usage. Observez que le mélancolique se tient généralement la tête baissée, parce qu’il n’a pas en lui la force de raidir son cou. La tête bais­sée montre que les forces qui doivent tenir la tête droite ne peuvent jamais se développer librement. Le regard est baissé, l’œil est triste, manquant de l’éclat noir du colérique. Nous voyons par son regard caractéristique combien l’organisme physique lui donne des difficultés. Sans doute son pas est mesuré, ferme, mais ce n’est pas le pas caractéristique du colérique, la démarche ferme du colérique, au contraire il a une certaine fermeté traînante.

Tout cela ne peut qu’être esquissé ici. Mais la vie humaine nous devient combien plus com­préhensible si nous travaillons dans cette direc­tion, si nous voyons comment l’esprit influence les formes, si bien que l’extérieur d’une per­sonne peut devenir une expression de son être intime. Vous voyez donc combien la science spirituelle peut aider à résoudre cette énigme. Mais cette connaissance ne peut être appliquée pratiquement dans la vie que si l’on en accepte toute la réalité, y compris la partie spirituelle, et non pas seulement la réalité sensible. Cette connaissance ne peut que découler de la science spirituelle pour être utile à toute l’humanité et aux individus.

Si nous savons tout cela, nous pouvons ap­prendre à l’appliquer. Ce qui est important, c’est de voir comment on peut tenir compte du tempérament dans la pédagogie de l’enfant. Dans l’éducation, il faut faire accorder une attention très précise aux différents tempéra­ments. Il est particulièrement important de diriger et d’orienter le tempérament qui se dé­veloppe chez l’enfant. Plus tard, c’est impor­tant encore pour la personne qui continue sa propre éducation. Pour celui qui s’éduque lui-même, il est très utile d’observer ce qui s’ex­prime dans son tempérament.

Je vous ai indiqué les types fondamentaux. Naturellement, on ne les trouve pas souvent aussi purs dans la vie. Chacun de nous a seu­lement le ton fondamental d’un tempérament particulier, avec en plus quelque chose des autres. Par exemple Napoléon, bien que colé­rique, avait en lui beaucoup de flegmatique. Pour maîtriser la vie de façon pratique il importe de laisser agir sur l’âme ce qui s’ex­prime physiquement.

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Que tout cela soit important se voit si l’on réfléchit que les tempéraments peuvent dégé­nérer. Que serait le monde sans les tempéra­ments, ou si tout le monde avait le même tem­pérament ! Le monde serait bien ennuyeux sans les tempéraments, non seulement d’un point de vue sensible, mais aussi dans un sens plus élevé ! La variété, la beauté et la richesse de la vie ne sont possibles que grâce aux tempéra­ments. Ne voyons-nous pas que toutes les grandes choses de la vie ne peuvent être ac­complies que grâce à leurs traits particuliers, mais aussi que ces traits peuvent se pervertir. Cela ne nous fait-il pas du souci quand nous voyons chez l’enfant le colérique dégénérer en méchanceté, le sanguin devenir volage, le mélancolique triste ?

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Dans le domaine de l’éducation de l’enfant ou de soi-même, ne sera-t-il pas indispensable à l’éducateur de connaître et de pouvoir dis­tinguer les tempéraments ? Nous ne devons pas nous laisser aller à sous-estimer la valeur du tempérament à cause de son caractère par­ticulier. L’éducation n’a pas pour but de nive­ler, d’égaliser les tempéraments. Ce qui est important, c’est de les mettre sur la bonne voie.

Il faut bien comprendre que le tempérament mène au déséquilibre. La forme extrême du tempérament mélancolique est la démence obsessionnelle ; celle du flegmatique est l’idio­tie ; celle du sanguin la folie ; celle du coléri­que, les explosions maladives, qui vont jusqu’à la fureur.

Le tempérament produit une belle diversité, car les contraires s’attirent l’un l’autre. Mais l’adulation du caractère particulier du tempé­rament peut facilement devenir nuisible entre la naissance et la mort. Chaque tempérament contient à la fois un petit et un grand danger de dégénérescence.

Le colérique est sujet dans son enfance au danger que son Moi reste marqué par son irascibilité, sans qu’il puisse se maîtriser. Ceci est le petit danger. Le grand danger est le fana­tisme, qui veut poursuivre un but particulier quelconque tiré de son Moi. Chez le sanguin, le petit danger est de tomber dans l’inconstance. Le grand danger est que le flux et le reflux des impressions ne déborde dans la folie. Le petit danger du flegmatique est de se désintéresser du monde extérieur ; le grand danger est l’idio­tie, la faiblesse d’esprit. Chez le mélancolique, le petit danger est la tristesse, qui peut le ren­dre incapable de s’extirper de ce qui monte de son être intime ; son grand danger est la dé­mence.

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Lorsque nous nous mettons tout cela sous les yeux, nous voyons qu’il est extrêmement important dans la vie pratique de guider et d’orienter les tempéraments. Il est important pour l’éducateur de pouvoir se demander : que dois-je faire, par exemple, pour l’enfant san­guin ? Dans ce cas il faut tâcher de déduire sa propre ligne de conduite de la connaissance de la nature du tempérament sanguin. Même si l’on veut parler de l’éducation de l’enfant à d’autres points de vue, il faut toujours tenir compte des particularités du tempérament. Lorsqu’il s’agit d’orienter les tempéraments, la règle à suivre est de toujours tenir compte de ce qui s’y trouve et non de ce qui ne s’y trouve pas.

Supposez que nous ayons ici un enfant dont le tempérament sanguin pourrait facilement dégénérer en inconstance, en manque d’inté­rêt pour les choses importantes, mais qui par contre s’intéresse vite à d’autres choses. L’en­fant sanguin apprend vite, mais oublie vite aussi ! Il a de la peine à s’intéresser à quelque chose longtemps, car il cesse vite de s’intéres­ser à un objet pour passer à un autre. Cela peut donner lieu à un terrible déséquilibre ; et on peut en voir le danger, quand on sonde les profondeurs de la nature humaine.

Le matérialiste aura une recette toute prête pour ce cas et dira : si vous avez à élever un enfant sanguin, mettez-le beaucoup en contact avec d’autres enfants. Au contraire, une per­sonne réaliste dans le sens véritable du mot dira : si vous vous efforcez d’agir sur les forces que l’enfant sanguin ne possède pas, vous n’ar­riverez à aucun résultat. Vous vous évertuerez en vain à développer les autres membres de la nature humaine, car elles ne sont justement pas prédominantes chez lui.

Si un enfant a un tempérament sanguin, nous ne pouvons aider son développement en essayant d’éveiller son intérêt contre son gré. On ne peut pas lui faire avaler autre chose que ce qui convient à son tempérament san­guin. Il ne faut donc pas dire : que manque-t-il à l’enfant, que faut-il le forcer à acquérir ? Au contraire il faut demander : l'enfant sanguin en règle générale, que possède-t-il donc ? Et c’est de cela qu’il faudra tenir compte.

Alors on se dira qu’on ne changera pas les particularités de cet enfant en essayant d’y ajouter des particularités opposées. Il faut tenir compte que ces choses, qui sont enracinées dans la nature la plus intime de l’être humain, ne peuvent seulement qu’être réorientées. Ne bâ­tissons donc pas sur ce que l’enfant ne possède pas, mais bien sûr ce qu’il possède. Bâtissons sur sa nature sanguine, sur la mobilité de son corps astral, et n’essayons pas d’insuffler en lui ce qui est le propre d’une autre partie de la nature humaine. Dans le cas d’un sanguin devenu trop exclusif, il faut justement faire appel à son tempérament sanguin.

Pour bien agir envers cet enfant, il ne faut pas perdre de vue certaines choses. L’éducateur expérimenté verra d’emblée qu’un enfant aussi sanguin qu’il soit, a pourtant, en règle générale, quelque chose à quoi il s’intéresse, que chaque enfant sanguin a un intérêt particulier, un véritable intérêt. En fait, en général, il sera facile d’éveiller son intérêt pour tel ou tel sujet, mais il le perdra bien vite. Mais même chez l’enfant sanguin, un intérêt qui peut devenir durable existe aussi. L’expérience le montre, il suffit de le trouver.

Lorsqu’on a trouvé ce à quoi l’enfant s’inté­resse, il ne faut pas le perdre de vue. Il faut essayer de présenter à l’enfant comme quelque chose de spécial, sous un éclairage particulier, ce dont il ne se détourne pas avec inconstance, et qui lui est particulièrement cher, afin que son tempérament s’applique à ce qui l’inté­resse. Il faut essayer de donner plus de saveur à ce qui l’intéresse ; il doit apprendre à faire usage de son caractère sanguin.

Pour bien faire, on doit d’abord prendre pour point de départ ce que l’on peut toujours trouver : les forces que l’enfant possède. On ne pourra pas l’intéresser pour longtemps à quel­que chose par la punition ou la persuasion : on ne lui trouvera pas facilement autre chose qu’un intérêt mouvant et passager. Par contre, l’expérience montre qu’aussi inconstant que soit l’enfant sanguin, il s’intéresse de façon durable et continuelle à une personnalité ap­propriée à son caractère.

Si nous sommes la personne voulue, ou si nous pouvons lui adjoindre la compagnie de la personne voulue, son intérêt s’éveillera. Il suffit de chercher dans la bonne direction. L’in­térêt de l’enfant sanguin ne peut être éveillé que par le moyen détourné de l’affection pour une personne. Mais cet intérêt, cet amour pour une personne, une fois éveillés, peuvent accom­plir un vrai miracle. Cela peut guérir le tempé­rament déséquilibré de l’enfant.

L’enfant sanguin plus que celui avec un autre tempérament a besoin de l’affection à l'égard d’une personne. Il faut tout faire pour que l’amour s'éveille en lui. L’affection est le mot magique. L’éducation de tout enfant san­guin doit prendre le chemin détourné de l’af­fection pour une personne déterminée. Les parents et les éducateurs ne doivent donc pas oublier qu’on n’intéresse pas l’enfant sanguin aux choses d’une façon durable et continue par la persuasion. Ce qu’il faut faire, c’est veiller à gagner cet intérêt par le moyen détourné de l’attachement à l’égard d’une personne. L’en­fant doit développer cet attachement personnel, on doit inspirer de l’affection à l’enfant. C’est le devoir qu’on a envers l’enfant sanguin. La personne qui élève l’enfant doit veiller que l’en­fant sanguin ressente de l'affection pour elle.

On peut poursuivre l’éducation de l’enfant sanguin en faisant fond sur sa nature elle-même. Nous le savons, cette nature se mani­feste dans un manque d’intérêt durable. Exa­minons ce point. Il nous faudra veiller à met­tre dans l’entourage de l’enfant toutes sortes de choses auxquelles, ainsi que nous l’avons remarqué, il porte un peu plus d’intérêt. Puis, pendant un certain temps, on occupera l’enfant avec ces objets, pour lesquels seul un intérêt passager est justifié, envers lesquels on peut être sanguin, mais qui ne sont pas dignes d’un intérêt prolongé ! Il faut laisser parler ces choses à la nature sanguine, les laisser agir sur l’enfant, puis les retirer afin que l’enfant les désire de nouveau, et les lui rendre alors. Il faut les lais­ser agir sur l’enfant, ainsi qu’agissent sur le tempérament les choses du monde qui nous entoure. Il est donc important de rechercher des objets envers lesquels un enfant sanguin peut être sanguin.

L'expérience montre que si l’on fait appel à ce qui existe, et non à ce qui n’existe pas, on verra qu’en fait la force sanguine, même deve­nue excessive, se laisse captiver par des sujets importants. Cela s’obtient par des moyens dé­tournés.

Naturellement, il est souhaitable que le tem­pérament soit développé dans la bonne direc­tion pendant l’enfance. Mais souvent l’adulte aussi doit, plus tard, prendre en main sa pro­pre éducation. Aussi longtemps que les tempé­raments restent dans les limites du normal, ils représentent ce qui donne à la vie sa beauté, sa variété et sa grandeur. Que la vie serait vide si tout le monde avait le même tempérament. Néanmoins, il arrive souvent que l’on doive prendre en main, tard dans la vie, son éduca­tion personnelle pour rétablir un tempérament déséquilibré. Là non plus il ne faut pas se for­cer à s’intéresser longuement à quoi que ce soit. Au contraire, il faut se dire : je sais que je suis sanguin. Je vais chercher alors dans la vie des sujets pour lesquels mon intérêt peut être pas­sager, auxquels il est juste de ne pas m’intéres­ser longuement ; et je m’occuperai de ce dont je pourrai à bon droit changer le moment sui­vant.

Supposons qu’un homme craigne que son enfant ne manifeste un tempérament colérique déséquilibré. Là on ne peut pas prescrire le même traitement que dans le cas de l’enfant sanguin. Le colérique ne développe pas facile­ment de l’affection pour une personne. Il faut s’y prendre autrement pour avoir prise sur lui. Dans le cas de l’enfant colérique existe aussi une voie détournée pour arriver à un dévelop­pement.

Ce qui sécurise l’éducation du colérique, c’est le respect et l’estime d’une autorité. Pour l’enfant colérique il faut être digne d’estime et de respect, au sens le plus élevé du mot. Avec lui, il ne s’agit pas de se faire aimer pour des qualités personnelles comme avec l’enfant sanguin. L’essentiel est que l’enfant colérique puisse toujours croire que l’éducateur sait de quoi il en retourne. Celui-ci doit montrer qu’il est bien au courant, qu’il connaît toutes les choses qui se passent autour de l’enfant. Il ne faut laisser percer aucune faiblesse. L’enfant colérique ne devrait jamais avoir l’impression que l’éducateur est à court de ressources, qu’il ne serait pas capable de le renseigner, de le conseiller. L’éducateur doit veiller à tenir les rênes de l’autorité d’une main ferme et ne jamais trahir de faiblesses ou d’incapacité ! L’en­fant doit toujours rester persuadé que l’édu­cateur sait de quoi il parle. Autrement celui-ci a perdu la partie. L’affection pour la personne est le mot-clé dans le cas de l’enfant sanguin ;
de même le respect et l’estime de la valeur de la personne sont les mots magiques dans le cas de l'enfant colérique.

Lorsqu’on a la tâche d’élever un enfant colé­rique, il faut avant tout veiller à ce que l’en­fant développe et déploie ses puissantes forces intérieures. Il faut lui faire connaître les épreuves que la vie extérieure peut lui réser­ver. Lorsque le tempérament colérique de l’en­fant menace de dégénérer en devenant exces­sif, il faut surtout introduire dans son édu­cation des problèmes difficiles à résoudre, de manière à le rendre attentif aux difficultés de la vie.

Sur son chemin, il faut spécialement mettre des choses qui lui résistent. L’enfant colérique doit donc trouver sur son chemin des résis­tances, des difficultés. Il faut essayer de ne pas lui rendre la vie trop facile, et lui créer des obstacles, afin que son tempérament, au lieu d’être en retrait, puisse se manifester face aux difficultés à vaincre.

On ne doit pas extirper le tempérament colé­rique de l’enfant, le réduire par l’éducation pour ainsi dire, au contraire, on doit lui pro­poser les choses qui lui demandent des efforts, qui favorisent la manifestation de son tempé­rament colérique. L’enfant colérique doit ap­prendre à lutter contre le monde objectif par suite de nécessités intérieures. On essayera donc de lui créer un environnement dans lequel son tempérament colérique peut s’exprimer en fran­chissant des obstacles. Il est particulièrement utile qu’il ait à vaincre des difficultés causées par des vétilles, par des choses sans importance tout en ayant à déployer un effort énorme par lequel son tempérament colérique se manifeste particulièrement en des actes où la force des choses l’emporte et où l’effort employé se brise. De cette façon l'enfant apprend à respecter la force des faits qui s’oppose à ce qui s’exprime par le tempérament colérique.

L’éducation du tempérament colérique peut se faire aussi par un moyen détourné ! Dans ce cas nous devons surtout nous comporter de manière à éveiller chez l’enfant la vénération, le sentiment d’admiration, en montrant à l’en­fant que nous sommes capables de nous tirer de difficultés qu’il ne parvient pas à surmon­ter lui-même. Le respect, l’estime pour ce que l’éducateur peut accomplir en surmontant les difficultés causées par les choses, sont de bons moyens. Le respect devant les talents de celui qui l’éduque est la bonne voie pour réussir l’éducation de l’enfant colérique.

Il est aussi très difficile de traiter l’enfant mélancolique. Que ferons-nous si nous res­sentons l’horreur d’un déséquilibre possible du tempérament mélancolique d’un enfant, n’ayant aucun pouvoir de lui inculquer ce qu’il lui manque ? Nous devons tenir compte qu’il a en soi la faculté de s’adonner aux inhibi­tions, se cramponner aux difficultés. Pour diri­ger cette caractéristique de son tempérament vers la bonne voie, nous devons détourner cette faculté de l’intérieur vers l’extérieur.

Sur ce point, il est extrêmement important de ne pas compter pouvoir effacer son chagrin, sa peine, par la persuasion ou par l’éducation. En effet, s’il a cette prédisposition, c’est que son organisme physique l’entrave. Nous devons bâtir sur ce qui existe en lui, le cultiver. L’édu­cateur accorde une grande importance à mon­trer à l’enfant mélancolique qu’il y a de la souffrance dans le monde. Si nous voulons nous mettre à éduquer cet enfant, nous devons trouver le point de départ dans son cas aussi. L’enfant mélancolique tend à être triste, maus­sade ; c’est ancré en lui, et si nous ne pouvons éliminer sa prédisposition, nous pouvons l’en détourner.

Ici aussi il y a un moyen : nous devons sur­tout montrer à l’enfant mélancolique que la souffrance est générale dans l’humanité. Fai­sons-lui voir la peine véritable, la douleur véri­table dans la vie extérieure, afin qu’il puisse apprendre qu’il y a des choses qui peuvent ap­porter la douleur : c’est cela qui importe. Si vous essayez de le divertir, cela ne le fait que rentrer dans son propre coin. Il ne faut pas croire qu’il faille essayer d’émoustiller l’enfant, de l’amuser. Le divertir, c’est l’endurcir dans sa tristesse, dans sa peine intime. L’amener là où l’on peut trouver du plaisir, le rendra de plus en plus renfermé en lui-même. En général, si l’on veut guérir un jeune mélancolique, il est bon, au lieu de mettre de gais compagnons dans son entourage, de lui laisser éprouver de la véritable peine. Détournez l’attention de l’enfant de lui-même, en lui montrant que la douleur existe. Il doit voir que dans la vie il y a des choses qui font éprouver de la douleur. Sans pousser cela à l’extrême, l’important est de le détourner de lui-même et de l’éveiller au fait que les choses extérieures peuvent causer de la douleur.

L’enfant mélancolique n’est pas facile à gui­der, mais, dans son cas aussi, il y a un moyen magique. Chez l’enfant sanguin, c’est l’affec­tion pour une personne, chez le colérique, le respect et l’estime pour les talents de l’éduca­teur sont les clés magiques ; chez l’enfant mélan­colique, l’important est que les éducateurs aient été éprouvés d’une certaine façon par la vie, qu’ils puissent se comporter et parler de par une vie d’épreuves. L’enfant doit sentir que l’éducateur a vraiment souffert. Faites-le lui voir dans cent choses différentes de votre propre destinée. Le mélancolique le plus heu­reux est celui qui peut grandir aux côtés d’une personne qui a beaucoup de choses à dire de ses graves épreuves. L’âme agit alors sur l’âme de la façon la plus heureuse. L’enfant mélan­colique devrait donc avoir à ses côtés une per­sonne qui puisse lui faire le récit véridique des peines et des souffrances que le monde exté­rieur lui a réservé. Alors, au lieu de rester dans son humeur chagrine subjective, il pourra partager cette expérience, reporter sa compassion sur cette douleur véritable. L’homme dont les récits communiquent le sentiment, l’impression qu’il a été éprouvé par le destin est un bienfait pour l’enfant mélancolique.

Il faudrait aussi tenir compte du caractère de l’enfant dans l’environnement que nous créons pour ainsi dire autour de lui. Si étrange que cela puisse sembler, il est utile d’offrir à cet enfant de véritables obstacles, de ceux qui peuvent lui faire éprouver une peine véritable, une douleur véritable. La meilleure éducation pour cet enfant, c’est de détourner son senti­ment de peine, de tristesse intérieure, afin que la disposition qui existe en lui puisse s’épanouir sur des entraves et obstacles extérieurs. Alors l’enfant, l’âme de l’enfant, se réorientera peu à peu.

Le même principe peut être utilisé pour l’éducation de soi-même. Nous devons toujours donner libre cours aux tendances existantes au lieu de les réprimer artificiellement. Par exemple, si le tempérament colérique s’exprime for­tement en nous au point de devenir gênant, nous devons amener cette force intérieure à s’exprimer en recherchant des choses qui peu­vent en quelque sorte briser cette force, qui la dissipent, en choisissant pour cela des choses insignifiantes, sans importance. Par contre, si nous sommes mélancoliques, nous ferons bien de rechercher de véritables peines et douleurs de la vie extérieure, afin de donner à notre mélancolie l’occasion de se dissiper dans le monde extérieur. De cette façon nous nous équilibrons !

Passons au tempérament flegmatique. Il nous sera très difficile de savoir comment nous com­porter convenablement envers un enfant fleg­matique pour faire son éducation. Il est diffi­cile de prendre de l’ascendant sur un flegma­tique. Mais, là aussi, il y a un moyen détourné ! Il serait tout à fait erroné, il serait maladroit d’essayer de secouer une personne si à l’aise en elle-même. Il ne faut pas croire que l’on peut la forcer à s’intéresser directement à quelque chose, par l’éducation. Une fois de plus, nous devons compter sur ce qu’elle possède.

Il y a toujours quelque chose auquel le fleg­matique peut s’intéresser, surtout dans l’en­fance. Si, par une éducation intelligente, nous entourons l’enfant de ce dont il a besoin, nous réussirons bien. L’enfant flegmatique a besoin d’être beaucoup avec d’autres enfants. S’il est déjà bon pour d’autres d’avoir des camarades, il l’est particulièrement pour le flegmatique. Il lui faut des camarades aux intérêts variés les plus divers.

Chez l’enfant flegmatique il n’y a rien à quoi l’on puisse s’adresser. Il ne s’intéresse généralement pas facilement aux choses et aux événements. Il faut donc le mettre en rapport avec des enfants de son âge. Il peut être éduqué en partageant les intérêts aussi nombreux que possible d’autres êtres. S’il se montre indifférent à ce qui l’entoure, son intérêt peut être éveillé sous l’influence des intérêts de ses cama­rades. Ce n’est que grâce à cette action sugges­tive particulière, par les intérêts des autres, que son propre intérêt peut s’enflammer.

L’éveil de l’intérêt propre au contact de l’intérêt d’autrui, en partageant les intérêts de ses camarades, sert à l’éducation du flegmati­que tout comme la compassion envers le destin des autres sert au mélancolique.

Je le répète : aiguillonner l’intérêt personnel à l’aide de l’intérêt des autres, c’est le moyen pédagogique approprié au flegmatique. De même que le sanguin doit être attaché à une personne, le flegmatique doit avoir des rap­ports amicaux avec le plus grand nombre pos­sible d’enfants de son âge. C’est le seul moyen d’éveiller la force qui sommeille en lui. Les choses elles-mêmes n’ont pas d’influence sur le flegmatique. Vous ne pourrez pas intéresser le petit flegmatique par les devoirs de son école ou de sa maison. Mais vous le pourrez par le moyen détourné des intérêts d’autres âmes de son âge. C’est justement quand les choses se reflètent dans autrui que ces intérêts donnent une image réfléchie dans l’âme de l’enfant flegmatique comme les choses donnent des images réfléchies dans d’autres personnes.

Nous devons veiller surtout à placer à sa portée des objets, et à lui faire voir de près des événements au sujet desquels le flegme est ap­proprié. Il faut orienter le flegme vers les sujets voulus, avec lesquels on peut se montrer flegmatique. De cette façon on obtient parfois des résultats remarquables auprès d’un enfant jeune.

À un âge plus avancé, si l’on remarque que son flegme tend à s’exprimer par un déséqui­libre, on peut encore prendre sa propre édu­cation en main en s’efforçant d’observer les gens et leurs intérêts. Si nous sommes encore capables de faire preuve d’intelligence et de raison, nous pouvons même rechercher les ob­jets et les événements qui nous sont parfaite­ment indifférents, vis-à-vis desquels il est na­turel de se montrer flegmatique. Nous voyons une fois de plus que la pédagogie basée sur la science spirituelle bâtit sur ce que l’on pos­sède et non sur ce que l’on ne possède pas.

On peut dire que, pour le sanguin, il est préférable de grandir guidé d’une main ferme par quelqu’un qui peut lui montrer, du dehors, un caractère pour lequel il peut développer une affection personnelle. L’affection pour une personne est ce qui convient le mieux au sanguin. Ce qui convient au colérique, ce n’est pas la simple affection, mais le respect et l’es­time pour ce qu’une personne est capable d’ac­complir. Le mélancolique peut s’estimer heu­reux s’il peut grandir aux côtés d’une personne qui a eu un destin cruel. Ce qui lui convient, c’est l’oubli de lui-même grâce à une vue renou­velée, une compassion nourrie avec assurance, une sympathie pour un destin véritablement douloureux. Il se développe mieux s’il peut s’abandonner à la compassion pour la peine et un destin cruel véritables, plutôt qu’à l’atta­chement à une personne ou qu’au respect et à l’estime envers ce qu’une personne a accom­pli. Quant au flegmatique, le meilleur moyen d’avoir prise sur lui est de lui inculquer une curiosité pour les intérêts d’autres personnes, de l’enthousiasmer pour les intérêts d’autres personnes.

Le sanguin doit pouvoir développer en lui-même l’affection et l’attachement à une per­sonne.

Le colérique doit pouvoir développer en lui-même le respect et l’estime envers les per­formances d’une personne.

Le mélancolique doit pouvoir développer en lui-même un cœur compatissant au destin d’au­trui.

Le flegmatique doit être amené à considérer qu’il trouverait avantage dans les intérêts des autres.

Ces principes pédagogiques nous montrent comment la science spirituelle appréhende les questions pratiques de la vie. C’est justement quand nous commençons à parler des côtés intimes de la vie que la science spirituelle mon­tre son côté éminemment pratique. On pour­rait s’enrichir infiniment l'art de vivre en acquérant ces connaissances réalistes de l’anthroposophie. Pour maîtriser la vie, il faut surprendre ses mystères, voilés par la nature physique. Seule la science spirituelle est à même d’expliquer les tempéraments humains et de les sonder, et nous pouvons donc nous en ser­vir pour guérir, pour qu’elle soit une vraie bénédiction, pour la vie de l’enfance aussi bien que pour l’âge mûr.

C’est ce qui permet de prendre en main notre propre éducation. Les tempéraments peu­vent nous être très utiles quand il s’agit de notre éducation personnelle. Par exemple notre intelligence remarque que notre tempérament sanguin nous joue toutes sortes de tours, qu’il menace de dégénérer en vie instable, que nous sautons d’une chose à l’autre. On peut y remé­dier si l’on suit la bonne voie. Ce n’est pas en se disant : « j’ai un tempérament sanguin, je dois m’en débarrasser », qu’on atteindra le but re­cherché.

Employée directement, l’intelligence est sou­vent un obstacle dans ce domaine. Par contre, employée indirectement, elle peut faire beau­coup. L’intelligence est ici la force de l’âme la plus faible. Elle ne peut accomplir que peu de choses contre des forces d’âme qui sont plus puissantes, comme celles du tempérament ; elle ne peut donc agir qu’indirectement. Si un san­guin se borne à entendre sa conscience lui répé­ter de ne s’occuper sérieusement que d’une seule chose, son tempérament sanguin lui jouera jour après jour de mauvais tours. Il ne peut comp­ter que sur la force qu’il possède. L’intelli­gence doit être soutenue par d’autres forces.

Un sanguin ne peut-il compter sur rien d’autre que son tempérament de sanguin ? En s’éduquant lui-même, on doit aussi essayer de faire ce que l'intelligence peut accomplir direc­tement. On doit toujours tenir compte de son caractère sanguin, mais se sermonner soi-même ne sert à rien. Ce qui compte, c’est de mettre son tempérament de sanguin à sa vraie place.

Pour cela, le sanguin doit essayer de ne pas éprouver d’intérêt pour des choses qui pour­raient l’attirer. En agissant par l’usage de la raison, il provoquera des situations où son intérêt passager est approprié. Il essayera de se placer artificiellement en situation où il ne trouvera sur son chemin que ce qui ne l’inté­resse pas. S’il provoque des circonstances, si insignifiantes soient-elles, pour lesquelles un intérêt passager est bien à sa place, cela aura l’effet voulu. On remarquera, s’il le fait pen­dant un temps suffisamment long, que ce tem­pérament développe la force de se modifier lui-même.

On voit que le colérique peut aussi se guérir en s’y prenant convenablement, si nous exami­nons son cas grâce à la science spirituelle. Pour le colérique, il est bon, par l’usage de la raison, de choisir des circonstances qui conduisent à des situations où de se mettre en colère ne sert à rien si ce n’est de se placer dans des situations absurdes.

Lorsque le colérique remarque que sa fureur intérieure va s’extérioriser, il doit essayer de trouver des choses qui nécessitent peu de force pour être dominées ; il doit chercher à provo­quer des faits extérieurs faciles à maîtriser. Il doit essayer de manifester sa force le plus vi­goureusement sur des faits et événements sans importance. S’il recherche ainsi des choses insi­gnifiantes qui ne lui résistent pas, cela remet­tra sur la bonne voie son tempérament colé­rique excessif.

Si l’on remarque que la mélancolie devient prédominante, il faut essayer de se créer des obstacles extérieurs réels. Il faut examiner toute la nature de ces obstacles extérieurs réels afin de détourner sa propre peine sur des objets extérieurs. Cela peut se faire de façon raisonnée. Le tempérament mélancolique ne devrait donc pas se détourner des peines et des dou­leurs de la vie ; au contraire, il devrait même les rechercher, compatir avec elles, afin que sa peine personnelle soit détournée vers les objets et les événements où elle est à sa place.

Si nous sommes flegmatiques, ne nous inté­ressant à rien, il est bon de nous occuper le plus possible de choses qui sont réellement sans intérêt, de nous entourer de ce qui peut bien faire naître l’ennui, afin que nous nous en­nuyions profondément. Cela nous guérira à fond du flegme, nous en déshabituera totale­ment. Le flegmatique fait donc bien d’utiliser sa raison pour trouver des intérêts pour des choses, dont l’objet à bon endroit ne mérite pas une telle préoccupation. Il devrait recher­cher des occupations où son flegme est appro­prié, où son flegme peut se manifester. Par là, il peut maîtriser son flegme, même quand il menace de se déséquilibrer.

Ainsi tient-on compte de ce qui existe et non de ce qui n’existe pas. De soi-disant réa­listes croient, par exemple, que le mieux est de procurer au mélancolique le contraire de ce qu’on devrait lui procurer. Mais celui qui tire ses pensées des réalités fait appel à ce qui existe déjà en lui.

Nous voyons donc qu’en fait c’est la science spirituelle qui, loin de nous détourner de la réalité et de la vie vraie, éclaire chacun de nos pas vers la vérité. C’est elle qui nous aide à toujours tenir compte de la réalité de la vie, et fantaisistes sont ceux qui s’en tiennent à l’apparence sensible. Nous devons creuser plus profondément pour atteindre la vérité, et c’est en pratiquant ce genre d’étude que nous com­prendrons la variété de la vie.

Notre sens pratique deviendra de plus en plus individuel, si nous nous demandons quelles sont les qualités à éveiller en chaque personne, au lieu d’employer une recette universelle comme : « Tu ne chasseras pas l’inconstance par la gravité ». Si l’être humain est la plus profonde énigme de la vie, et si nous cherchons à voir résoudre cette énigme, nous devons nous adresser à la science spirituelle, qui seule nous aidera.

Non seulement l’être humain est une énigme, mais chaque personne que nous rencontrons, chaque individualité nous offre une énigme différente. Mais nous ne parviendrons pas à les sonder rien qu’en y réfléchissant. Nous devons nous adresser à l’individualité. À ce sujet, nous pouvons amener la science spiri­tuelle à agir à partir du noyau le plus intime de notre être et en faire la plus grande impul­sion de la vie. Tant qu’elle ne reste qu’une théorie, elle ne vaut rien. Elle doit être appli­quée dans la vie humaine.

Il y a un chemin pour cela, mais il est long. Il s’éclaire pour nous, si nous le suivons vers la réalité. C’est alors que notre point de vue se modifie et nous nous en apercevons, nos connaissances changent. C’est une opinion pré­conçue que de croire que les connaissances doi­vent rester abstraites. Lorsqu’elles touchent au domaine spirituel, elles imprègnent toute notre carrière, toute notre vie.

Nous faisons alors face à la vie avec une connaissance de l’individu qui s’étend jusqu’à la sensation, au sentiment, et qui s’exprime par le respect et l’estime. Les schémas typiques sont faciles à reconnaître, et il est facile de vouloir maîtriser la vie d’une façon stéréo­typée. Mais la vie ne s’y prête pas. Seule y parvient une connaissance qui se mue en un sentiment que nous devons éprouver à l’égard de l’individualité de l’homme, envers le cours entier de la vie de l’individualité. Alors notre connaissance spirituelle consciente se déversera pour ainsi dire dans notre sentiment, au point de nous permettre de déchiffrer correctement l'énigme que nous rencontrons dans chaque personne en particulier.

Comment résoudre l'énigme que chaque per­sonne nous propose ? Nous la résolvons en nous mettant en harmonie avec elle. Si nous nous imprégnons ainsi des enseignements de la vie, nous pourrons résoudre l’énigme fondamentale de la vie, qui est celle de chaque individualité. Nous ne pourrons pas la résoudre en l'entou­rant d’une barrière d’idées abstraites et de con­cepts abstraits. Au contraire, il faut que nous apportions, à chaque personne en particulier, une compréhension sans restriction.

Toutefois, nous n’arriverons à le faire que si nous savons ce qu’il y a au fond de l’âme. La science spirituelle gagne lentement et gra­duellement notre âme tout entière, la rendant ainsi réceptive non seulement aux principes généraux mais aussi aux moindres particula­rités. Elle entraîne à ce que lorsque deux âmes sont en présence, si l’une réclame de l’affec­tion, l’autre la lui donne ; et si elle aspire à autre chose, l’autre la lui donne encore. Ainsi des bases sociales se créent grâce à une con­naissance profonde de la vie. C’est dire que cela exige de résoudre de nouvelles énigmes à chaque instant. Cette science ne prêche pas, n’exhorte pas, ne vante pas la morale, mais elle crée une base sociale où l’homme peut con­naître les autres hommes.

Ainsi la science spirituelle est bien le fonde­ment de la vie. L’amour est la fleur, le fruit d’une vie animée par elle. On peut admettre qu’elle forme la base pour l’idéal le plus noble de la destinée humaine : le véritable amour de l’homme. Il nous incombe d’apprendre d’elle l’art de vivre exprimé dans notre compassion, dans notre amour, dans notre manière d’être avec autrui, dans notre comportement. Si nous laissions la vie et l’amour se déverser dans notre sensibilité et notre sentiment, la vie hu­maine serait un bel exemple des fruits de la science spirituelle.

Nous sommes, grâce à elle, en mesure de comprendre l’élément individuel de la per­sonne sous tous ses angles, même dans le cas de l’enfant. Nous apprenons ainsi peu à peu à respecter et à estimer chez l’enfant les carac­tères distinctifs, l’énigme vivante de l’indivi­dualité.

En effet, la science spirituelle ne nous donne pas seulement, pourrait-on dire, des indica­tions, des réflexions générales. Au contraire, elle nous mène à résoudre les énigmes qui nous sont proposées par notre comportement envers autrui. Il s’agit d’aimer notre prochain comme nous devons l’aimer, non pas comme si nous nous bornions à le considérer intellectuelle­ment, mais en le laissant agir sur tout notre être, en laissant nos connaissances anthroposophiques donner son envergure à notre senti­ment et à notre amour. Rien d’autre ne peut servir de base à un amour humain véritable, fécond. C’est sur cette base que nous pouvons nous rendre compte que nous devons recher­cher le noyau le plus intime dans chaque être humain.

Si nous nous imprégnons ainsi de la con­naissance de l’esprit, notre vie sociale mon­trera à chacun de nous comment se comporter vis-à-vis des autres de manière à respecter, estimer et comprendre l’énigme humaine. Celui qui vit dans des abstractions peut se baser sur des principes impersonnels, mais celui qui cher­che la véritable connaissance la trouvera sur le chemin qui mène aux autres. Il trouvera la solution de l’énigme de ses semblables dans son propre comportement, dans sa propre con­duite.

Nous résolvons donc l’énigme individuelle en examinant notre propre manière d’être avec autrui. Nous ne trouvons le noyau de l’être humain qu’au moyen d’une conception basée sur l’esprit. La science spirituelle doit être une façon de vivre, un facteur spirituel de la vie, toute en pratique, vivante et non pas une théo­rie vague.

Ces connaissances peuvent pénétrer jusque dans toutes les fibres et diriger tout ce que nous faisons dans la vie, devenir un véritable art de vivre. On peut le voir à la lumière de cette étude, en examinant les caractéristiques intimes de l’être humain, les tempéraments.

Ainsi entre hommes se développe ce qu’il y a de plus beau, quand nous regardons le visage de l’homme sans uniquement appro­fondir son énigme, mais en sachant l’aimer et que l'amour s'épand d'individualité à indivi­dualité. La science spirituelle n'a pas besoin de preuves théoriques : la vie les lui apporte. Elle sait qu’on peut trouver des raisons pour et contre tout, les vraies preuves viennent de la vie, qui pas à pas démontre la vérité de ce que nous pensons, lorsque nous examinons l’être humain, à la lumière des connaissances spirituelles, consistant en une connaissance har­monieuse dont le savoir pénètre les plus pro­fonds mystères de la vie.

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Réponses aux questions posées après la conférence du 4 mars 1909 à Berlin

Question : Il y a des personnes chez les­quelles aucun tempérament ne perce. Qu’est-ce qui prédomine alors ?

Dr Steiner : C’est juste. Il y a des personnes chez lesquelles aucune nuance de tempérament ne se montre nettement. Mais un observateur perspicace découvrira qu’il y a là sous un cer­tain rapport quand même un tempérament. Il faut bien comprendre que, lorsqu’on développe ce thème, on ne peut pas tout dire. Pour vous expliquer certains cas se présentant dans la vie, je devrais vous expliquer de nouveau les tem­péraments compliqués, particuliers ; je devrais revenir au fait que dans chaque personne les propriétés d’un de ses corps prédominent, ce qui fait qu’elle a un certain tempérament pré­dominant.

Mais un autre côté de l’entité humaine peut très bien agir sur un autre côté de la personne. Aussi si l’on étudie les bases du tempérament de Napoléon, on trouvera qu’il a dû se mon­trer très flegmatique au sujet de certaines choses. Nous trouverons donc des nuances des quatre tempéraments chez chaque personne, et celui qui est le plus évident provient d’un certain excès.

Lorsqu’on dit que le corps astral a un excès d’activité, cela veut dire que, chez cette per­sonne, il a une activité au-dessus de la nor­male. Cela ne veut pas dire qu’il maîtrise abso­lument les autres. Il se peut que le corps astral ait un excès d’activité, qu’il ne soit pas dans l’harmonie voulue, et qu’il en soit de même du corps physique. Mais les excès peuvent se neutraliser l’un l’autre, ce qui peut produire une absence apparente de tempérament. Cela est dû à ce que les choses s’équilibrent de part et d’autre. Mais si l’on a un don pénétrant d’observation psychique, on pourra toujours déceler un tempérament prédominant chez toute personne.

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Question : Qu’est-ce qui provoque l’appari­tion de l'égoïsme ?

Dr Steiner : Il me faudrait donner de nom­breuses conférences pour bien développer ce thème. D’un côté, l'égoïsme est ce qui confère l’individualité à l’être humain. Il se dissou­drait s’il ne pouvait pas concentrer son être. Chez une personne dont le principe du Moi est exagéré, mais d’une autre façon que dans le tem­pérament colérique, l'égoïsme n’est rien d’autre que l’excès d’énergie du principe d’individua­lité. Cela fait partie de la nature humaine que la force qui pourrait mener l’être humain à un certain but peut aussi être trop énergique. Et par là il peut devenir un homme libre.

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Question : Quel tempérament les yeux gris indiquent-ils ?

Dr Steiner : Ici je dois faire un peu appel à votre indulgence. Je ne peux pas bien l’expli­quer ' ici, car cela prendrait de nombreuses heures. Je ne peux que vous donner la réponse, sans vous en donner les raisons. Donc, en de­mandant quel est le rapport entre les yeux gris et le tempérament, vous devez tenir compte de ce qu’en règle générale les yeux gris sont nuancés vers l’une ou l’autre couleur. Il y a des yeux gris-vert, gris-bruns et gris-bleus. En règle générale les yeux gris-bleu peuvent indi­quer un tempérament mélancolique, les yeux gris-vert un tempérament flegmatique. Mais cela ne doit pas être schématisé.

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Question : La mélancolie est-elle une mala­die nerveuse ?

Dr Steiner : Ce que j’ai appelé aujourd’hui le tempérament mélancolique n’est pas ce que l’on nomme la mélancolie. Au mois de mars, je vais parler de questions de santé, et cela don­nera à la personne qui posa la question l’occa­sion de se renseigner à ce sujet.




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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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67000 Strasbourg

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