Trois cas se présentent

Trois cas se présentent

Voici trois scénarios possibles.

Dans le premier scénario, un père ayant des difficultés avec son enfant décide de consulter un astrologue.

Le jour du rendez-vous, le père et le fils sont assis devant l’astrologue et le père relate les difficultés qu’il rencontre, en toute transparence, devant son enfant.

L’astrologue prend alors la parole après avoir écouté ce qui s’est dit et met le doigt sur un aspect particulier de l’enfant qui corrobore les dires du père.

L’enfant entend ce qui est dit et au fond de lui il sent qu’il ne peut pas donner tort à l’astrologue, mais d’un autre côté il ressent au fond de lui comme une injustice, comme si quelque chose, malgré les réalités qui semblent être dites, n’allait pas.

Nous avons donc ici le cas, qui en quelque sorte permet à un enfant d’entendre « les quatre vérités », mais qui ressent un profond malaise.

Ces quatre vérités éclairent sur ce qui se passe dans la relation, mais en aucun cas sur le pourquoi de la relation.

D’aucune façon, lors de cet entretien, la personnalité de l’enfant et celle du père n’ont été analysées dans les moindres détails ni même les tenants et les aboutissants de leur relation, ce qui du reste est extrêmement difficile et complexe à comprendre, même pour le plus chevronné des cliniciens.

L’enfant se trouve désormais dans un mal-être qui consiste en une contradiction entre les vérités de l’astrologue qu’il ne peut réfuter et ce qu’il ressent dans son intimité la plus profonde. Va t-il culpabiliser, se soumettre ou autres ?

Il est certain qu'il n'a pas le recul suffisant, il ne peut pas perlaborer ce qui vient de se passer.

Dans ce premier scénario, l’astrologue a fait son travail et il a raison dans ses dires.

Parenthèse : Imaginons maintenant, un instant, que cet entretien ait seulement eu lieu entre le père et l’astrologue, sans que l’enfant soit au courant. Le père ressort avec des informations qu’il peut en quelque sorte utiliser « contre son enfant », car il est conforté dans ses ressentis (bien égoïstement d'ailleurs).

Le père, par exemple, peut augmenter son autorité sur son fils du fait des éléments que l’astrologue lui a fournis.

Le père a-t-il tort : non. L’astrologue s’est-il trompé : non.

La vie est-elle altérée : oui sans discussion.

On va sans doute me rétorquer que l’éthique interdit l’étude d’un thème étranger au sien. À quoi je réponds en posant la question : combien s’assoient sur l’éthique. Sans parler des amateurs en dehors du monde professionnels.

Ton fil est comme ça avec toi, c'est normal il a Mars en machin truc avec truc muche...

Ce genre de reflexions sont devenues monnaie courante, pour la raison principale que peu de personnes savent se remettre en question et accusent systématiquement ceux qui les entourent.

Ne dites pas non, j'entends ça tous les jours en consultation : "ma mère ci, mon père ça, ma soeur..."

Je ne jette pas la pierre, un travail sur soi commence toujours par un coupable et ce n'est jamais soi.

Bref…

Dans le deuxième scénario, l’astrologue va prendre séparément le père et le fils, faire une anamnèse* dans les règles de l’art, puis il va s’entretenir avec eux dans une réunion à trois.

* Évocation volontaire du passé que relate le patient. Ensemble des renseignements que le patient donne au médecin au sujet de son passé, de l’histoire de sa problématique, de sa maladie.

Ayant compris les tenants et les aboutissants de la relation, les motifs et les mobiles qui animent cette relation, parce qu'il a écouté et entendu, il va donner des informations qui vont permettre à l’enfant et au père de mieux se comprendre dans leur relation et ce qui s’y déroule.

Bien entendu ce travail représente ici un temps d’intervention beaucoup plus long que dans le premier cas. Temps beaucoup plus long, car tout un travail d’écoute, tout un travail psychologique va être réalisé AVANT d’entrer dans le thème natal, pour ne pas être influencé par ce dernier. C'est pernicieux un thème, croyez-moi (Qui peut porter préjudice).

Pour ne pas être perturbé, l’astrologue ne regardera donc le thème et ne se penchera dessus qu’après trois entretiens approfondis : le père seul en face-à-face, le fils seul en face-à-face et enfin le père et le fils réuni devant lui.

L’idéal bien entendu, afin que ce qui découle lors du troisième entretien soit éclairant, voire thérapeutique, est que le père et l’enfant, aient dans leur entretien, fourni à l’astrologue des éléments de vie parfaitement clairs et identifiés, sans qu’il y manque d’éléments importants. Je dis dans l’idéal, car ce n’est jamais le cas. L’incertitude est donc toujours au RDV.

L’astrologue s’assurera ensuite que les univers émotionnels du père et de l’enfant sont apaisés par ce qu’il leur a dit ; jusqu’à obtenir des deux consultants un petit sourire de soulagement, ce petit sourire qui dit un petit « ouf » de soulagement en même temps qu’il dit « merci ». Preuve du caractère humain des entretiens. Preuve que les entretiens auront porté leurs fruits dans l’amélioration de leur vie relationnelle.

Je ne m’étendrai pas plus longtemps sur ce que j’essaye de faire sentir au lecteur, car je pense que les éléments donnés ici sont suffisamment évocateurs.

Enfin, le troisième scénario ou « personne » ne va voir un astrologue. La vie se déroule comme elle se déroule, l’enfant fait sa crise d’adolescence comme il doit la faire.

Ni l’enfant ni le père ni personne n’est au courant de ce qui se passe dans l’univers astral.

Au vu des différentes problématiques rencontrées durant un temps de vie, le père et le fils viennent à parler ensemble, car dans la vie il arrive toujours un moment où l’on a besoin de dire, de se dire, afin d’entrer dans la justesse des choses.

Bien entendu, il existe dans la vie, des personnes qui ne se parlent plus jamais. Mais laissons ce cas de côté.

Donc le père et le fils parlent ensemble et se disent mutuellement le ressenti qu’ils ont eu l’un envers l’autre.

Le père dit à son fils le pourquoi de son comportement et le fils dit à son père le pourquoi du sien.

Ils se parlent tous les deux du fond de l’âme les yeux dans les yeux pour que les choses s’éclairent, deviennent limpides et que puisse advenir ce qu’il est si difficile d’atteindre de nos jours : le pardon.

Les choses s’éclairent pour l’un et pour l’autre. Ils viennent mutuellement de faire une consultation astrologique à deux et sans doute la plus belle des consultations, tout le monde en conviendra.

Quelle synastrie pourrait atteindre ce degré de clairvoyance, de profondeur et de bienveillance ?

Il ne faudrait pas se méprendre et penser que ces trois scénarios, bien que présentés de façon caricaturale, succinctes et rapides, n’existent pas dans le réel.

Chacun de ces scénarios, on le comprendra, va avoir un impact sur le destin de tous les protagonistes.

Pour terminer, chacun tirera ce qu’il y a à comprendre dans le message que je souhaite faire passer, en espérant éveiller les consciences sur les implications qui peuvent découler de la consultation astrologique.

Quaero, non pono, nihil hic determino dictons, conjicio, conor, confero, tento, rogo.

(Je cherche, je n’affirme pas, je ne détermine rien ici ni ne dicte, je conjecture,

je m’efforce, je compare, je tente, j’interroge.)

Christian Knorr von Rosenroth (1636-1693) (Adumbratio Kabbalae christianae)

In Psychologie du transfert – Carl Gustav Jung.

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Pascal Patry