Astrologie et psychologie de l’agressivité

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Astrologie et psychologie de l’agressivité

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Astropsychologie · 2 Août 2022
Tags: Astrologieetpsychologiedel’agressivité
Astrologie et psychologie de l’agressivité

par Howard Sasportas in "Les dynamiques de l'inconscient"

À l’origine, le comportement agressif est presque synonyme d’activité.
D.W. Winnicott

Les deux visages de l'agressivité

L’un de mes premiers professeurs d’astrologie à Bos­ton, Isabel Hickey, comparait l’énergie de Mars à un feu qui brûle. Bien utilisé au bon endroit, il est merveilleuse­ment efficace et prodigue lumière, chaleur et énergie ; mais mal utilisé ou situé au mauvais endroit, il devient une calamité.

C’est toute la différence entre le feu qui enflamme votre plancher au beau milieu du salon, et celui qui brûle tranquillement dans la cheminée. Le feu n’est en lui-même ni bon ni mauvais, tout comme Mars, mais il peut devenir néfaste s’il est mal utilisé.

Isabel mettait ainsi en évidence un point important : toutes les énergies naturelles sont neutres. Piero Ferrucci, dans son livre What We May Be, fait un peu la même remarque. L’énergie du vent, du soleil, d’un atome ou d’un fleuve peut provoquer des catastrophes, ou les éviter.

Un fleuve procure de l’eau et de l’énergie, et il nous permet d’irriguer, mais il peut également déborder et tout inonder. Les énergies naturelles peuvent tuer ou maintenir en vie. La fission de l’atome libère une énergie qui peut tout faire sauter, mais qui pourrait aussi être utilisée constructivement et créativement.

L’agressivité est une énergie naturelle. Sur le plan astrologique, Mars est la planète de l’agressivité, et cha­cun d’entre nous a Mars dans son thème natal.

Nous avons tous à notre naissance Mars en nous quelque part, c’est-à-dire que nous avons tous des pulsions agressives innées.

Je veux consacrer aujourd’hui ce séminaire à explorer les deux visages de l’agressivité, positif et néga­tif, en les reliant au thème astrologique.

L’agressivité fait partie de notre constitution biolo­gique innée, tout comme la pulsion sexuelle, qui est l’un des instincts essentiels de l’être humain. Le but de la sexualité est de toute évidence positif pour l’humanité : nous n’existerions pas sans elle.

Alors pourquoi l’agressi­vité, qui fait de même naturellement partie de notre héri­tage biologique, ne servirait-elle pas un but important de l’évolution ? La tradition associe Mars à la sexualité et à l’agressivité.

Les astrologues le savent depuis longtemps, mais la science vient seulement de mettre en évidence ce lien étroit entre sexualité et agressivité. Vous souvenez-vous du fameux rapport Kinsey publié dans les années cinquante ? Kinsey avait découvert une corrélation phy­siologique entre l’état de colère et celui d’excitation sexuelle.

De fait, son étude dénombrait quatorze change­ments physiologiques communs à l’excitation sexuelle et à l’agression, alors que quatre seulement différaient. Il arrive qu’une bagarre avec un partenaire amoureux se termine par un orgasme ; ou qu’en faisant l’amour, on se retrouve en train de se battre.

De son côté, la psycho­logue américaine Clara Thompson a très bien résumé l’agressivité :

L’agressivité n’est pas nécessairement toujours destructrice. Elle provient d’une tendance innée à grandir et à maîtriser la vie qui semble une carac­téristique de la matière vivante. C’est lorsque cette force de vie est entravée dans son déve­loppement que des éléments de colère, de rage ou de haine s’y associent.

Autant il est normal de chercher à réprimer les expres­sions négatives de l’énergie agressive, autant il semble ridicule et même inconsidéré de chercher à éliminer complètement ce qui en nous s’efforce de maîtriser la vie.

Il est vrai que tous les jours nous voyons partout les formes les plus monstrueuses d’agression : les gens sont assassinés, brutalisés et subissent toutes sortes de tor­tures physiques et psychologiques. Mars peut effective­ment échapper à tout contrôle.

Ou bien notre agressivité peut se retourner contre nous-mêmes en attaquant notre moi et notre corps, et se trouver à l’origine de maladies cardiaques, de problèmes de peau, de maux d’estomac ou de dysfonctionnements sexuels.

Mais réprouver ces formes négatives de l’agressivité ne doit pas nous faire oublier son autre visage, son expression saine et naturelle qui garde toute sa valeur et que nous ne pouvons désa­vouer si nous voulons survivre.

Que nous apporte donc Mars ? Il nous dote de la volonté de toujours nous développer davantage vers ce que nous sommes ou pouvons devenir.

Lorsque ce désir de grandir et d’avancer se sent bloqué dans sa progres­sion (que ce soit par d’autres parties de nous-mêmes ou par autrui), il se transforme en colère.

Nous voulons poursuivre notre marche en avant et nous nous sentons frustrés lorsqu’on nous en empêche. La colère surgit lorsque le mouvement est entravé.

Le côté positif de l’agressivité se retrouve également dans notre désir de comprendre et de maîtriser le monde extérieur, dans cette énergie tout au fond de nous qui nous donne envie d’apprendre de nouvelles techniques.

C’est elle qui va nous décider à suivre un cours, à lire un livre, ou à dire « oui » ou « non ». Si vous n’aviez pas Mars dans votre thème, vous seriez incapable d’apprendre une langue étrangère, de maîtriser une recette compliquée ou de résoudre un problème mathé­matique difficile.

Cela transparaît même dans le lan­gage : nous nous attaquons à un travail, nous maîtrisons une difficulté, nous affrontons un problème, et l’on nous décerne une maîtrise. Même avec une inspiration artis­tique très imaginative, si Mars est absent de votre thème, vous n’arriverez pas à vous procurer les toiles ou à dénicher les pinceaux.

Mars vous fait bouger, ou, comme l’a dit un jour Dane Rudhyar : « Mars est la force qui pousse la graine à germer. » L’emplacement de Mars dans votre thème montre le lieu où cette saine agressivité peut s’exercer.

Au début de mes études d’astrologie, je me souviens avoir observé les transits de Mars dans mon thème. Par­fois Mars semblait susciter la passion, la frustration, la colère, ainsi que des « embêtements » ou des maux de tête. Mais à d’autres moments, les transits de Mars sem­blaient correspondre à ces journées où je me sentais par­ticulièrement énergique et vivant, avec la sensation déli­cieuse d’être « prêt à tout ».

Je me revois, un jour où Mars passait sur mon Milieu du Ciel, assis dans le métro à Boston, vivant une sorte de peak experience où tout me semblait magnifique, étincelant et vibrant d’énergie.

J’avais l’impression d’être l’incarnation de Mars. Mon corps ondulait sous des bouffées de sensations déli­cieuses, que le langage bioénergétique appelle strea­ming. Je palpitais d’excitation à l’idée d’exister et d’agir, brûlant de vivre la suite des événements.

Comme vous le voyez, le principe de Mars est terrible­ment paradoxal. Mars nous pousse à agir de manière à affirmer notre identité et notre détermination, mais il peut également nous inspirer des comportements parti­culièrement déplaisants.

Ces expressions contradictoires de l’énergie agressive se retrouvent très clairement dans la mythologie lorsqu’on analyse les manières très dif­férentes dont les Grecs et les Romains dépeignaient le dieu de la Guerre.

L’Arès grec

Dans la mythologie grecque, le dieu de la Guerre se nomme Arès. Les Grecs avaient peu d’estime pour le puissant Arès.

En fait, ils le détestaient et le considé­raient avec un mélange de pitié, de terreur et de mépris. Son rôle était très limité : il n’était que le dieu de la Guerre et rien de plus. On l’assimilait au courage aveugle, à la fureur et au carnage sanguinaires, et on le considérait comme une brute barbare.

Mais malgré toute sa violence et sa férocité, il perdait la plupart des combats qu’il livrait et quittait le champ de bataille en clopinant, vaincu et humilié. Il ne cessait de se marcher sur les pieds et d’entraver sa propre marche. Si les Grecs avaient parlé yiddish, ils auraient traité ce pauvre Arès de kluîz.

Je ne suis pas sûr de savoir bien définir un klutz : c’est un être un peu idiot et très maladroit qui fait toujours tout tomber, ou renverse sa soupe sur sa che­mise… un peu comme le portrait qu’a fait John Cleese de Basil Fawlty dans Fawlty Towers, le feuilleton télé­visé si populaire de la BBC.

Zeus, le dieu grec le plus respecté, détestait Arès. Dans l'Iliade, Homère lui fait réprimander le dieu de la Guerre :

Tu m’es le plus odieux de tous les dieux qui habitent l’Olympe ; car toujours tu n’aimes que la discorde, la guerre et les combats. De ta mère tu as l’ardeur insupportable, intraitable, celle d’Héra, que j’ai peine à dompter par mes paroles.

Le Jupiter romain correspond à Zeus, et l’on peut transposer cette citation comme le principe jupitérien s’adressant au principe martien. Jupiter et Mars nous semblent généralement tout à fait compatibles : Jupi­ter est le maître du Sagittaire, Mars celui du Bélier, et tous deux appartiennent à la triade du feu.

Pour­tant, sur un certain plan, Jupiter méprise et réprouve la nature impétueuse et impulsive d’Arès/Mars. Jupi­ter représente le principe du logos ou de l’esprit, il est le « porteur de lumière ». Il voit plus loin et agit selon cette vision élargie, alors que Mars l’égocentrique se précipite et suit ses impulsions, ignorant le point de vue d’une conscience en expansion.

Jupiter voit la manière idéale d’être ou d’agir, et il essaie ensuite d’y conformer sa conduite. Arès agit sans réfléchir ni rien prévoir.

Dans la mythologie grecque, Arès a deux écuyers qui l’assistent dans les combats et le suivent partout. Le premier est Déimos (la Terreur) et le second Phoebos (la Crainte).

Ce sont les noms que l’on a donnés aux lunes de Mars. Arès est également accompagné par Eris (la Discorde) et Enyo (la Destructrice des cités), ainsi que par un groupe appelé les Kères, qui prennent plaisir à boire le sang noir des mourants… Voici la bande de joyeux plaisantins qu’associaient les Grecs au principe Mars !

Le parallèle entre Arès et sa sœur Athéna me semble très intéressant. Ils sont pris dans une sorte de rivalité fraternelle archétypique.

Athéna, proche du principe Balance, représente l’intelligence sereine. La légende dit qu’elle est sortie déjà adulte du crâne de Zeus, dont elle est la préférée. Héra, la femme de Zeus, est si furieuse qu’il ait pu concevoir un enfant tout seul qu’elle s’arrange pour donner naissance à Arès sans son intervention.

Arès est donc né d’une vengeance, d’une revanche. Il est le produit de la rage accumulée dans le corps d’Héra.

Ainsi Mars peut être assimilé à la rage que nous accumulons dans notre corps et qui explose violemment de temps à autre. J’ai souvent remarqué cette dynamique dans les thèmes de ceux qui ont un aspect difficile entre Mars et la Lune dans leur thème de naissance.

Le corps réagit d’instinct à toute menace, et il se mobilise en répondant par une colère défensive, qui surgit sponta­nément et jaillit avant même qu’on puisse la retenir. Une autre histoire raconte qu’Arès est capturé par deux mortels qui l’enferment dans un pot de bronze pendant treize mois.

De manière similaire, nous emprisonnons nous aussi parfois notre énergie mar­tienne. Il est facile d’imaginer dans quel état se trouve Arès lorsqu’on finit par le libérer.

Arès et Athéna sont en perpétuel conflit.

Dans un autre épisode, le bouillant et violent Arès, excédé, veut se battre avec sa sœur. Athéna, paresseusement allongée, lit un livre ou se polit les ongles. Alors qu’Arès se précipite sur elle, elle lui jette simplement un coup d’œil, ramasse tranquillement une grosse pierre et le frappe.

Puis elle se remet à polir ses ongles. Complètement abasourdi, Arès s’effondre par terre, couvrant une étendue de sept acres et hurlant comme dix mille hommes, couché sur le dos, bras et jambes battant l’air et braillant comme un gros bébé.

Les Grecs associaient Arès à la colère déchaînée, celle où l’on se sent si surexcité qu’il est pratiquement impossible de se dominer. C’est ce genre de fureur qui vous met dans un tel état de folie que plus rien n’existe à vos yeux : vous explosez et vous vous met­tez à hurler, ce qui vous rend ridicule, et à tous les coups vous perdez.

Outre toutes ces mésaventures, Arès ne s’en sort pas très bien non plus en amour. Vous connaissez sûrement l’histoire d’Arès et Aphrodite. Aphrodite, la plus belle de toutes les déesses, est mariée à Héphaïstos, le dieu le plus laid de tous.

Chaque fois qu’il en a l’occasion, Arès fait des propositions à Aphrodite et essaie de la séduire. Le dieu solaire, Hélios, qui voit tout, prévient Héphaïstos qu’Arès et Aphrodite mani­gancent quelque chose.

Héphaïstos imagine alors un plan pour les confondre. Il commence par fabriquer un filet dans un fil métallique si fin qu’il en est presque invisible et le suspend au-dessus de la couche d’Aphrodite.

Puis il fait semblant de quitter la ville pour un voyage d’affaires. Sitôt qu’Héphaïstos a le dos tourné, Arès arrive pour profiter de l’aubaine. Il rejoint Aphrodite dans son lit, et au moment où ils cèdent à leur désir, Héphaïstos baisse le filet et les deux amants sont pris sur le fait.

Entre-temps, Héphaïstos a invité tous les dieux à voir la scène, qui les fait beaucoup rire aux dépens d’Arès. Une fois de plus, le puissant dieu de la Guerre est ridiculisé. L’Arès grec est en fait très facile à berner, car il manque de finesse. On voit tout de suite ce qu’il mijote et n’importe qui d’un peu subtil le contre aisé­ment.

La racine grecque du nom Arès vient d’un mot qui signifie « s’emporter » ou « détruire ». C’est ce que fait Arès : il s’emporte et se montre très destructeur. Roberto Assagioli, le fondateur de la psychosynthèse, a donné une définition de l’agressivité très proche de ce côté de la nature d’Arès :

L’agressivité est une impulsion aveugle d’affir­mation de soi, d’expression de tous les éléments de son être, sans aucune discrimination de choix, sans aucun souci des conséquences, sans aucune considération pour autrui.

Comme Mars peut s’exprimer à la manière d’Arès, cette définition mérite qu’on l’examine attentivement. Assagioli dit que l’agressivité est une « impulsion aveugle d’affirmation de soi ». Donc même si elle est aveugle, elle contient un élément d’affirmation de soi.

Il ajoute qu’elle est « l’expression de tous les éléments de son être » ; autrement dit, il s’agit de quelque chose d’indifférencié et d’incontrôlé, impliquant simultané­ment le corps, les sentiments et l’esprit.

Elle est « sans discrimination de choix », c’est-à-dire qu’elle n’a pas le sens du moment ou du lieu propices, ni celui de la mesure. Elle peut surgir au restaurant, ou au théâtre, que les circonstances soient ou non appropriées. Elle se produit « sans aucun souci des conséquences » : lorsqu’elle éclate, elle n’a aucun sens des proportions et ne s’inquiète pas du mal qu’elle peut faire aux autres.

Elle ne montre « aucune considération pour autrui » : elle peut se déchaîner contre nos amis, contre ceux que nous aimons ou contre ceux qui à d’autres moments ont été avec nous gentils, loyaux et serviables.

Le Mars romain

Comparons maintenant les tempéraments de l’Arès grec et de son homologue romain, Mars. On peut remar­quer que le culte de Mars dans la mythologie romaine était plus important que celui de Jupiter.

Autrement dit, Mars occupait une position plus élevée dans le panthéon romain que Jupiter, à l’inverse de la relation Arès/Zeus dans la mythologie grecque. Il était aussi considéré comme le père de Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome. Dans ce sens, il représentait l’un des principes sur lequel était fondée la République.

Les Romains pensaient qu’il y avait chez Mars quel­que chose de plus positif qu’une simple expression de rage aveugle, explosive et sans discernement.

Dans leur mythologie, le rôle de Mars comportait d’autres fonc­tions que celle, secondaire, de dieu de la Guerre. On le vénérait également comme le dieu de l’Agriculture, et il était souvent représenté avec ses vaches dans les champs, l’air très satisfait. Il était en outre le dieu du printemps et de la végétation.

Pour les Romains, Mars était associé à la fertilité, à la croissance et à la culture, et au devenir.

L’origine du nom Mars est controversée, mais elle pourrait venir de la racine mas, qui signifie « la force génératrice », ou de la racine mar, qui signifie « briller ».

On l’appelait aussi Mars Gradivus, du mot grandiri, qui signifie « grandir » ou « croître ». Ces connotations n’ont rien à voir avec la racine grecque d’Arès, qui veut sim­plement dire « s’emporter » ou « détruire ».

Si la Terreur et la Crainte étaient les deux écuyers de l’Arès grec, le Mars romain avait une escorte très dif­férente : Honos (l’Honneur) et Virtus (la Vertu).

Le Mars romain était accompagné par l’honneur et la vertu.

Il est honorable de ne pas renoncer, d’avoir confiance en sa propre valeur, de croître vers ce que l’on est censé devenir. Il est vertueux d’accomplir sa destinée.

Les Romains croyaient que leur destin et leur mission étaient de dominer le monde et d’y imposer leur loi. S’affirmer était pour eux méritoire et respectable : cela voulait dire se conformer à leur destin.

Sur un plan négatif, le Mars romain pouvait évidemment trouver légitime de tran­cher la tête d’un ennemi s’il se tenait en travers de sa route. Mais sur un plan plus positif, pour les Romains, le principe Mars voulait dire défendre ce que l’on est et avoir le courage de déployer et glorifier sa véritable nature.

Ces différentes manières d’appréhender la nature de Mars vous montrent bien le côté paradoxal de cette pla­nète. Elle peut symboliser l’agressivité destructrice et aveugle (l’Arès grec), ou elle peut être un moyen d’affir­mer sa propre existence individuelle, en restant fidèle à sa nature fondamentale (le Mars romain).

Ces deux fac­teurs sont parfois associés, comme par exemple chez l’adolescent qui se rebelle contre ses parents en se mon­trant odieux et détestable. Il manifeste une pulsion posi­tive d’indépendance et d’autonomie, tout en agissant de manière brutale ou destructrice.

Mars dans les maisons : grec ou romain ?

Nous allons mettre en pratique ces notions en les appliquant au thème astrologique et en regardant la position en maison de votre Mars. Fonctionne-t-il comme l’Arès grec ou le Mars romain dans cette sphère de vie, oscille-t-il alternativement de l’un à l’autre ou agit-il comme une sorte de combinaison des deux ? Prenons le cas de la maison II : si l’on y trouve un Mars se compor­tant comme l’Arès grec, à quoi va-t-il ressembler ?

Participant : Vol à main armée… en écrasant les autres pour parvenir à ses fins.

Howard : Oui, la maison II est généralement considé­rée comme celle de l’argent, des possessions, des valeurs et des ressources. Donc l’Arès grec va faire preuve d’avi­dité et d’impulsivité face à l’argent et aux possessions. Imaginez-le le premier jour des soldes chez Harrods : « Je le veux et je l’aurai. »

Participant : Diriez-vous la même chose pour une cuspide de maison II en Bélier ?

Howard : Oui, le Bélier sur la cuspide de la maison II ou contenu dans cette maison pourrait se conduire ainsi. Mais que donnerait un Mars ou un Bélier en maison II qui agirait comme le Mars romain et non comme l’Arès grec ? Comment l’interpréteriez-vous si vous le trouviez dans le thème d’un de vos clients ? Quel est le côté positif de Mars dans cette maison ?

Participant : Beaucoup d’énergie et d’enthousiasme pour gagner de l’argent, un instinct pour les affaires.

Howard : Bien. Mais que ressentirait le Mars romain en gagnant de l’argent ?

Participant : Cela lui donnerait confiance en lui.

Howard : Oui, vous brûlez. Ceux qui ont Mars en II peuvent accroître leur confiance en eux en s’enri­chissant. Mais sur un plan encore plus fondamental, gagner de l’argent peut-être pour eux le moyen d’affir­mer leur existence individuelle, d’acquérir un sentiment de pouvoir, et même le moyen d’accomplir leur destinée et de réaliser leur véritable nature.

Si vous avez la Lune en II, l’argent va représenter pour vous la sécurité et le confort, car la Lune dans un thème se trouve là où l’on cherche la « mère ». En revanche, la maison dans laquelle se trouve Mars indique la sphère d’activités où l’on peut acquérir un sentiment de pouvoir, de finalité et d’identité.

Ce n’est pas la même chose qu’une simple recherche de confort ou de sécurité. D’après Dane Rudhyar, les planètes dans les maisons sont comme des instructions célestes sur la meilleure manière d’aborder ce domaine de la vie pour réaliser notre nature fonda­mentale. Et donc, si Mars est en maison II, il vous est demandé de vous affirmer dans ce domaine, au lieu d’attendre tranquillement que tout arrive tout seul.

Participant : Mars en maison II peut-il être une combinaison des deux, de l’Arès grec et du Mars romain ?

Howard : Oui. Gagner de l’argent et acquérir des pos­sessions peut être une manière d’affirmer son identité, mais même si vous respectez votre nature et votre but, il se peut que vous vous y preniez à la manière de l’Arès grec.

Participant : Quelle est sa signification en maison III ?

Howard : C’est à vous de me le dire, mais je vais vous aider. Si le Mars romain opère en maison III, l’acquisi­tion du savoir et l’aptitude à communiquer vous per­mettent d’affirmer votre identité et de réaliser votre nature innée. Néanmoins, l’Arès grec en maison III pourrait utiliser la parole à des fins destructives, ou se servir de son savoir pour dominer autrui ou le combattre.

Maintenant, c’est à vous de me parler de l’Arès grec ou du Mars romain dans une autre maison, disons la maison VI. La maison VI nous donne des indications sur la manière dont nous travaillons et dont nous accomplis­sons nos tâches ou les rituels de la vie quotidienne. Com­ment l’Arès grec aborde-t-il l’exécution d’un travail ? Et le Mars romain ?

Participant : L’Arès grec se précipite sur les choses ; il fait le ménage à toute allure, probablement en faisant tout tomber et en se mettant en rage si l’aspirateur tombe en panne.

Howard : Oui, c’est ça. Et à quoi ressemble l’Arès grec au bureau ?

Participant : Un tyran avec ses collègues.

Howard : Oui, je suis sûr qu’il fait sensation dans son travail. Et quelle est son attitude avec les animaux fami­liers, puisque c’est également une des significations de la maison VI ?

Participant : Il a sans doute un berger allemand ou un doberman.

Howard : La maison VI concerne également nos rap­ports avec notre corps et notre santé. Comment l’Arès grec traite-t-il son corps ?

Participant : Très durement, en continuant son jog­ging jusqu’à s’écrouler raide mort.

Howard : Oui. Et le Mars romain en maison VI ? Que pourrait signifier le travail pour ceux qui utilisent Mars en VI à la manière romaine ?

Participant : Ils prennent plaisir à travailler car c’est un moyen d’exprimer leur identité.

Howard : Oui, rappelez-vous que la racine du nom latin Mars (mar) signifie « briller ».

Ils aiment briller dans leur travail. Pour le Mars romain, le travail est avant tout un moyen de définir ou d’exprimer le moi. Le Mars romain est fier des plus petits détails de son travail, car il a l’impression que la moindre chose qu’il fait est un reflet de son identité et un moyen d’affirmer sa nature et son existence.

L’honneur et la vertu accompagnent le Mars romain. Son travail lui procure un sentiment de fierté et il y met un point d’honneur. De même, il voit son corps comme le véhicule de son expression personnelle, et il n’est pas question pour lui d’en abuser comme son homologue grec.

Participant : Peut-être est-il un ardent défenseur de l’alimentation naturelle ou du culturisme.

Participant : Le Mars romain en VI ne se montre-t-il jamais dur envers lui-même ?

Howard : Si. Il peut être très méticuleux, parce qu’il considère tout ce qu’il fait comme un reflet de lui-même. Et s’il oublie le point sur le i ou la barre du t, cela va énormément le tracasser, car il y voit le reflet de quelque chose de bancal dans sa propre nature.

En maison VI, on veut faire de l’apparence extérieure de notre vie une représentation aussi fidèle que possible de ce que l’on est à l’intérieur. C’est ce qui donne au Mars romain en VI un sentiment de pouvoir et de finalité.

Participant : Et l’Arès grec en maison VII ? Il va se précipiter si impulsivement dans ses associations qu’il va faire peur aux autres et les faire fuir. Ou il peut vouloir tuer son partenaire. L’ambiance va être très orageuse, avec beaucoup de bagarres.

Howard : Et le Mars romain en VII ?

Participant : Le Mars romain va affirmer son senti­ment d’identité par la relation. Travailler ou se lier inti­mement avec autrui accroît son sentiment d’identité ou de finalité dans la vie.

Howard : Oui, il y aurait beaucoup à dire sur cette position. Ceux qui ont Mars en VII peuvent également essayer de demander à l’autre d’être grand et fort à leur place, de décider pour eux et de leur dire quoi faire.

Mais je crois que vous avez maintenant bien compris l’idée de l’Arès grec ou du Mars romain dans les mai­sons. Vous pourrez travailler sur les autres positions tout seul ou en groupe plus tard.

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L’agressivité saine et positive

J’ai mis au tableau la liste de quelques-unes des mani­festations de notre agressivité naturelle, saine et positive, pour que nous les étudiions. N’oubliez pas leur rapport avec la position de Mars dans le thème natal.

L'agressivité positive sert de protection contre l'attaque d'un prédateur

On trouve dans les Védas l’histoire d’un serpent qui terrifie un village et tue ses habitants. Arrive un sage qui prêche sa philosophie d’amour et de connaissance spiri­tuelle, et le serpent entend un jour l’une de ses confé­rences. Il est si ému qu’il décide de mettre cet enseigne­ment en pratique.

Il a une sorte d’illumination, et la nuit même, il fait le vœu de ne plus jamais mordre personne ni rien faire de méchant. Le mois suivant, le serpent métamorphosé se conduit comme un saint. Le sage, lui, s’est rendu dans un autre village en poursuivant son péri­ple. Mais il finit par revenir dans la ville du serpent qu’il rencontre à nouveau. Le serpent, autrefois redoutable, est maintenant une véritable loque, piétinée, battue, que tout le monde chasse à coups de pied.

Sa puissance est anéantie.

Il va voir le sage et lui dit : « J’exige d’être rem­boursé. J’ai essayé votre philosophie de l’amour et de la connaissance spirituelle, et voyez où cela m’a mené. Je suis censé avoir atteint l’illumination, mais regardez-moi, je suis pratiquement mort. » Le sage répond alors ces quelques mots : « Je ne t’ai jamais dit de ne pas sif­fler. »

Certains d’entre nous pensent peut-être que suivre une voie spirituelle ou mystique leur demande de ne jamais se fâcher : « Je médite deux fois par jour, et je ne dois donc pas me mettre en colère. »

Mais n’oubliez pas que vous pouvez toujours siffler et qu’il est sain de le faire si quelque chose empiète sur vos frontières, ou vous barre la route dans votre réalisation ou votre progression. Sinon vous finirez comme le serpent, roué de coups.

Participant : J’ai du mal à faire la différence entre la colère et l’agressivité positive.

Howard : Revenez à la citation de Clara Thompson qui dit que l’agressivité « provient d’une tendance innée à maîtriser la vie ». L’agressivité positive correspond au désir de grandir et de se réaliser. Mais lorsque cette éner­gie vitale est bloquée, elle se transforme en colère, en rage ou en haine.

Votre progression va fatalement s’interrompre de temps en temps, et cela va vous mettre en colère ou vous déprimer (la dépression est la cousine germaine de la colère). Il est impossible de vivre sans jamais se fâcher. Il nous faut tous trouver le moyen d’exprimer cette colère franchement et clairement.

Si l’on retient une colère légitime en la bloquant trop long­temps, elle s’accumule, couve et explose. La maison qui contient Mars est une sorte de réservoir dont la conte­nance n’est pas illimitée. Plus on y refoule de colère, plus celle-ci peut devenir destructrice.

Et n’oubliez pas que, comme le montre leur thème, certains ont des fusibles plus faibles que d’autres. Si, par exemple, vous avez une conjonction Mars-Pluton en Lion, lorsque vous voulez quelque chose (Mars), vous le ressentez particulièrement profondément et intensément (Pluton). Mars en Lion, conjoint à Pluton, éprouve des désirs beaucoup plus forts et passionnés que, disons, Mars en Gémeaux en trigone à Neptune en Balance.

Mars conjoint à Pluton se sent beaucoup plus facilement frustré. Ceux qui ont cette position refrènent souvent leurs instincts ou leur colère car ils ont peur de l’intensité de ce qu’ils ressentent. Mais s’ils nient trop longtemps l’énergie de cet aspect, elle va se retourner contre eux et attaquer leur corps en prenant la forme d’une maladie. Ou elle va être à l’origine d’une dépression : ils dépensent toute leur énergie à maîtriser cette conjonc­tion Mars-Pluton, et il ne leur en reste plus pour vivre leur vie.

Tôt ou tard le réservoir finit par voler en éclats, et parfois même un obstacle mineur peut déclencher une énorme explosion. Ce qui se révèle alors n’est pas simple­ment la contrariété de la frustration ou du blocage immédiat, mais toute la colère inexprimée des blocages précédents.

Je reviendrai tout à l’heure sur les consé­quences de l’agressivité refoulée, mais avec ce genre d’aspect, il vaut mieux apprendre à démêler cette colère et s’en occuper sans tarder, et a en reconnaître les signes pour la dissiper au fur et à mesure.

Il est incontestable que certains thèmes indiquent une plus forte propension à la colère que d’autres. Il y a des gens dont le point d’ébullition est très bas.

Celui qui a six planètes en Poissons et la Lune en Taureau va être beau­coup plus placide que celui qui a quatre planètes en Bélier et deux en Scorpion, en carré à Pluton en Lion. Et j’ajouterais que ces mêmes configurations qui suggèrent un tempérament impétueux et une intensité débordante indiquent également la faculté de faire énormément de choses dans la vie. Avec ce genre de thème particulière­ment agressif ou coléreux, on est comme une ampoule de 150 watts par rapport à une ampoule de 60 watts.

On a une puissance plus élevée parce que ce que l’on doit faire ou accomplir nécessite plus de personnalité ou de dyna­misme que la moyenne des gens.

L'agressivité positive nous pousse à maîtriser le monde extérieur.
Elle est une force enfouie au plus profond de nous qui nous incite à acquérir de nou­velles compétences

Je vous en ai déjà parlé. C’est votre agressivité qui va vous décider à suivre un cours, à faire un régime, à apprendre à conduire, etc.

Nous avons besoin de Mars pour prouver au monde que nous pouvons nous débrouil­ler tout seul. Si cette saine agressivité qui permet de maî­triser et d’appréhender le monde n’est pas canalisée et utilisée, elle s’accumule et vous cherchez partout la bagarre.

Elle s’apparente à cet égard à la pulsion sexuelle qui fait de même si on ne la laisse pas s’expri­mer.

Dans son livre Human Aggression, le docteur Anthony Storr raconte une expérience qu’a faite Lorenz sur un couple de poissons cichlidés. Ces poissons sont parti­culièrement agressifs, et ils ont besoin d’ennemis pour décharger leur agressivité.

Même si leur voisinage ne les frustre pas ou ne leur permet pas de faire preuve d’hosti­lité, ils n’en restent pas moins perpétuellement agressifs et sont toujours à la recherche de quelque chose contre quoi se défouler.

Les chercheurs ont isolé une famille de poissons cichlidés en les retirant de leur aquarium plein de voisins hostiles. Ils ont donc mis les parents et leurs deux petits tout seuls dans un autre réservoir.

Comme le père n’avait plus d’ennemis à combattre, il a reporté son agressivité sur son épouse et sa progéniture. Et lorsqu’on lui a enlevé sa femme et ses enfants, le poisson cichlidé mâle s’est mis à attaquer l’aquarium lui-même. Curieu­sement, le nom donné à cette attaque du substitut que représentait l’aquarium est « mordillement ».

Cela ressemble un peu au mari qui sort bêcher son jar­din au lieu de se mettre en colère contre sa femme. Mars en maison IV peut ressembler à ce poisson cichlidé.

Nor­malement, lorsque vous rentrez à la maison (maison IV) après votre journée de travail, vous ne pensez qu’à vous détendre et vous reposer. Vous savez bien, mettre vos pieds en l’air, prendre une bière, regarder la télévision, méditer ou faire tout ce qui vous permet de vous relaxer.

Mais lorsqu’ils rentrent chez eux après leur travail, ceux qui ont Mars en maison IV le rencontrent à la maison. S’ils n’ont pu exprimer leur agressivité dans le monde extérieur, ils vont la décharger dans leur vie familiale.

Nous avons tous besoin de trouver des exutoires posi­tifs et constructifs pour ces instincts agressifs et pour ce besoin que nous ressentons de maîtriser la vie ou d’apprendre d’autres techniques. La maison où se trouve Mars indique la sphère d’activités où cela peut le plus naturellement se réaliser.

Les aspects de Mars donnent également des indications de même nature. Si, par exemple, Mars est en aspect à Neptune, vous allez trou­ver un exutoire pour votre désir d’affirmation et de maî­trise de la vie dans tout ce qui est neptunien : en jouant de la musique, en ayant une activité artistique, en dan­sant, en soignant, etc.

Un aspect entre Mars et Mercure peut correspondre à une pulsion de développer ses per­formances mentales, ses talents de communication ou à un goût pour l’étude. Nous parlerons tout à l’heure de la signification des aspects entre Mars et les différentes planètes.

Une agressivité positive est fondamentale pour conquérir notre indépendance et nous détacher de ceux qui veulent nous dominer ou nous surprotéger

Vous connaissez sûrement l’histoire de Hansel et Gretel, mais avez-vous réfléchi à sa signification psycho­logique ? Dans ce conte de fées, la mère ne peut garder ses enfants car il lui est impossible de subvenir conve­nablement à leurs besoins.

Hansel et Gretel arrivent alors chez la sorcière dans la maison en pain d’épice. La sorcière, elle, a absolument tout, toutes les bonnes choses, et pourtant c’est elle qui menace le plus de les détruire. Leur mère qui les a forcés à se débrouiller tout seuls dans la vie n’est pas dangereuse, contrairement à celle qui peut leur procurer tout ce qu’ils veulent. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela signifie que si quelqu’un s’occupe toujours de vous et subvient à tous vos besoins, en décidant à votre place et en vous disant tout le temps que faire, il vous empêche de grandir. Vous ne devenez jamais un individu à part entière. Vous avez besoin de Mars pour combattre cette tendance et affir­mer votre propre individualité.

On trouve dans les mythes et contes de fées de toutes les cultures de nombreuses versions du personnage de la sorcière qui mange les enfants.

Dans notre enfance, nous avons tous été à la merci d’un personnage féminin investi d’un pouvoir absolu sur nous. Il peut prendre parfois un visage très destructeur et négatif, comme par exemple dans Le Petit Chaperon rouge, où la gentille et affec­tueuse grand-mère se métamorphose en un grand méchant loup.

La personne qui vous montre le plus de sollicitude est celle qui menace le plus votre développe­ment et qui peut vous dévorer.

Au début, notre mère représente pour nous le monde entier et nous nous y identifions totalement. À l’origine nous ne faisons qu’un avec son corps, et même après la naissance, nous dépendons d’elle pour notre survie. (Les êtres humains sont à leur naissance loin d’être finis, et ils doivent rester sous la tutelle de leur mère et de leur famille beaucoup plus longtemps que les autres mammi­fères ; certains n’arrivent même jamais à s’en détacher.)

Les parents qui se montrent trop longtemps possessifs avec leur enfant et le surprotègent l’empêchent d’évo­luer et de devenir un individu séparé. Si l’on prend trop soin d’un enfant, il n’arrivera jamais à développer sa force ou son identité tout seul.

Mais ce ne sont pas seulement les parents qui sont en tort. Nous avons tous en nous le désir de demeurer sous leur protection et de ne pas grandir, et certains n’arrivent jamais à quitter le giron parental ni à couper le cordon ombilical psychologique.

Une partie de nous-mêmes peut souhaiter que quelqu’un d’autre soit grand et fort à notre place. La Lune, Vénus et Neptune symbo­lisent ce qui en nous veut se perdre dans une autre per­sonne, ce qui veut se refléter, fusionner, s’unir, et être englouti par quelqu’un d’autre ou quelque chose de plus grand que soi. Mars nous permet de contrebalancer ces désirs lunaires, vénusiens et neptuniens.

Et si Mars est en aspect difficile à la Lune, à Vénus ou à Neptune, nous avons alors un dilemme entre ces désirs contradictoires d’indépendance et d’union.

Nous discuterons tout à l’heure des divers aspects de Mars, mais réfléchissons un instant. La Lune est le désir de régresser et de fusionner avec une structure compa­rable à l’utérus maternel. Le Soleil et Mars, eux, sont des principes d’affirmation : ils représentent le désir de dif­férencier le moi pour en faire un être indépendant à part entière. Mars est pour le Soleil une sorte d’homme de main.

Le principe solaire nous définit comme une entité consciente séparée, et Mars fait ce qu’il faut pour confir­mer, renforcer et démontrer cette individualité. Lorsque Mars est en conflit avec la Lune, cela crée un dilemme entre ce qui en vous veut grandir, avancer et être indé­pendant (Mars) et ce qui en vous veut rester fusionné et uni avec un autre ou avec ce qui vous est familier (la Lune).

Vous ressentez une tension entre le besoin d’explorer et de grandir, et celui de sécurité et de dépen­dance.

L’agressivité entre la mère et l’enfant est inévitable. Nous sommes à notre naissance des victimes poten­tielles. Nous sommes incapables de nous en sortir tout seuls, et si personne ne s’occupe de nous, nous mourrons. Nous avons besoin de notre mère pour survivre.

Que nous soyons heureux ou tristes, que nous ayons faim ou soyons rassasiés, que nous nous sentions bien ou mal, tout dépend de notre mère ou de celle qui en joue le rôle.

Être ainsi à la merci de notre mère pour notre bien-être et notre survie nous la fait à la fois aimer et haïr.

Nous l’aimons quand elle comprend bien nos besoins et les satisfait ; nous la détestons lorsqu’elle nous déçoit, ce qui arrive fatalement de temps à autre.

Néanmoins l’agressivité ne surgit pas entre la mère et l’enfant uniquement parce que ses besoins sont frustrés à l’heure du repas ou parce qu’elle ne le prend pas dans ses bras quand il le veut.

L’agressivité n’est pas seulement une conséquence de la frustration, elle sert aussi un but positif. Au cours du développement de l’enfant, elle s’avère très utile comme pulsion positive vers la sépara­tion et l’indépendance. Mars nous donne la volonté de nous libérer de la dominance maternelle pour nous déve­lopper en tant que personne.

Le psychologue de l’enfance Winnicott a dit un jour que : « à l’origine, le comportement agressif est presque synonyme d’acti­vité 1 ». Apprendre à marcher à quatre pattes, puis debout, est une sorte d’affirmation élémentaire qui constitue le premier grand pas de la séparation d’avec notre mère.

Nous continuons pendant un moment à reve­nir en courant vers elle au moindre signe suspect. Mais pour devenir un adulte à part entière, nous devons pro­gressivement surmonter notre dépendance envers la per­sonne qui prend soin de nous.

Nous y parvenons en démontrant au monde que nous maîtrisons suffisamment notre environnement pour satisfaire nos propres besoins. Mars est alors la note dominante ; il est cette force en nous qui nous pousse à maîtriser les choses.

Ce n’est bien évidemment pas seulement de notre mère que nous devons nous séparer et nous différencier, mais aussi de notre père. Dans les mythes et les contes de fées, nous voyons des personnages de pères géants et autoritaires forcer les enfants à se soumettre en les terro­risant.

Pour conquérir son individualité, l’enfant doit également se battre avec son père. Siegfried doit briser l’épée de Wotan pour devenir un héros. Dans le film Return of the Jedi, Luke Skywalker doit détruire le côté sombre du père pour devenir un héros. On retrouve toujours le même thème dans les mythes du héros : dans son enfance, le héros est dans sa famille le plus déshérité ou celui dont on se moque le plus.

Dans un sens, nous sommes au début de notre vie le membre le plus impuis­sant de notre famille, et donc potentiellement le plus agressif, car comme nous sommes petits et faibles, nous devons faire nos preuves. Le héros doit tuer des monstres (les parents), accomplir des tâches dangereuses et partir à l’aventure dans une quête dont le but est de prouver sa force et sa valeur individuelles.

Les aspects difficiles entre le Soleil et Mars (également entre le Soleil et Uranus) peuvent correspondre à ce combat contre le père pour devenir une personne à part entière.

Participant : Le héros, ou l’enfant, a-t-il donc besoin de quelqu’un contre qui se rebeller ou se battre, pour apprendre à affirmer son individualité ?

Howard : Oui, mais si ses parents sont trop sévères ou autoritaires, l’enfant va alors penser en grandissant que s’affirmer est un crime. C’est comme si on lui disait : « Tu n’es pas capable de faire les choses par toi-même, tu as besoin de nous pour te dire que faire. » Ainsi l’enfant continue à se sentir faible et désespéré, tout en éprou­vant beaucoup d’hostilité envers ceux qui l’ont empêché de grandir.

Participant : Mais les parents peuvent être également trop libéraux.

Howard : C’est vrai. Si les parents sont trop libéraux et accordent à l’enfant tout ce qu’il veut, celui-ci va gran­dir en se croyant tout-puissant. Il croit que tous ses caprices doivent être satisfaits, ce qui n’est pas réaliste. Mais il peut aussi penser que l’affirmation de soi ne doit pas être une bonne chose, car si ses parents ne sont pas très sûrs d’eux, il n’a pas de modèle d’affirmation. Il peut alors se demander avec beaucoup d’anxiété : « Comment ces minables peuvent-ils s’occuper de moi ? »

Les enfants de parents trop libéraux n’ont rien contre quoi se rebel­ler, pas d’autorité avec laquelle entrer en conflit, et donc aucune motivation à leur besoin inné d’indépendance. Ces enfants ne peuvent jamais tester leur propre force. Si personne ne s’oppose à eux, leur agressivité va se retourner contre eux-mêmes, et ils vont se ronger les ongles, s’arracher les cheveux ou devenir des enfants déprimés et difficiles à approcher.

Le psychologue Alfred Adler, dont le nom est lié à Freud et à Jung, avait dans son thème une conjonction Soleil-Mars en Verseau en carré à Pluton en Taureau. Freud croyait que la composante sexuelle de notre nature avait une influence déterminante sur notre déve­loppement. Adler, lui, soutenait que la composante agressive de la personnalité était le facteur déterminant de notre vie.

D’après sa théorie, c’est parce que nous nous sentons petits et insignifiants dans notre enfance que nous voulons prouver notre valeur et nous sentons poussés à nous réaliser. Selon lui, nous sommes motivés par ce qu’il a appelé « la lutte pour la supériorité » ou « la volonté de puissance » et la loi fondamentale de la vie est celle de la dominance.

Sa conjonction Soleil-Mars tombe en Verseau et tout en insistant sur l’importance de prouver sa valeur personnelle, il équilibrait ses propos en disant que l’affirmation personnelle qui nous satisfait le plus est celle qui s’exerce pour le bien d’autrui, pour le bien de la société ou de la collectivité.

Il soutenait donc que nous sommes essentiellement motivés par le besoin de nous affirmer et de faire nos preuves, mais que la meilleure manière d’y arriver est de collaborer à la société ou de contribuer au développement de l’huma­nité. Il faut apprendre à diriger son besoin de supériorité vers des activités ou un travail socialement utiles.

Ça colle bien avec la conjonction Soleil-Mars en Verseau, non ?

Il y a une relation très étroite entre l’intimité, la dépendance et la colère. J’ai entendu parler d’une étude qui démontre que l’individu qui risque le plus de vous assassiner est celui dont vous êtes le plus proche ; et le lieu du crime le plus probable est votre chambre.

L’inti­mité d’une relation amoureuse peut agir comme un cata­lyseur qui révèle des affaires non terminées concernant notre toute première relation intime : notre attachement à notre mère. Notre survie dépend d’elle, car si elle ne satisfait pas nos besoins, nous ne pouvons rien faire et sentons que nous allons forcément mourir. Donc si nous avons faim et qu’elle ne vient pas, nous avons l’impres­sion que notre vie est menacée, et nous éprouvons natu­rellement beaucoup de rage et de frustration.

Mais ce sont des sentiments tellement pénibles que nous les refoulons ou les ignorons. Dans l’enfance, nous avons peur de cette rage qui pourrait nous conduire à détruire la personne même dont nous avons besoin pour survivre. C’est ce que j’entends par « affaires non terminées » de l’enfance.

Nous avons tous une certaine quantité de rage inexprimée envers notre mère ou notre père depuis l’époque où ils ne nous ont pas laissés faire tout ce que nous voulions, ni donné ce que nous réclamions. On appelle parfois cette toute première fureur profonde la rage primaire ou la colère du ça.

Une relation adulte peut déclencher ou faire remonter une colère du ça oubliée depuis l’enfance. Nous nous sentons frustrés par notre partenaire, et cela réveille en nous le nourrisson furieux.

À l’époque, nous n’avions évi­demment pas la coordination et le développement mus­culaires nécessaires pour passer réellement à l’acte. Un bébé ne peut pas sauter dans un bus et descendre en ville chez l’armurier, ni glisser sans être vu du désherbant dans le thé de sa mère.

Mais si le « nourrisson furieux » en nous est réactivé à l’âge adulte, nous serons alors capables de concrétiser ces sentiments destructeurs. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la personne qui risque le plus de vous assassiner soit celle avec laquelle vous êtes le plus intime.

L’intimité peut provoquer l’agressivité pour une autre raison : elle comporte un danger d’étouffement. Plus vous êtes amoureux de quelqu’un, plus vous en êtes dépendant pour votre bonheur et votre bien-être.

Cette personne a sur vous le même pouvoir que votre mère, car il dépend d’elle que vous soyez joyeux ou triste, aimé ou non. Votre Mars va lui en vouloir d’avoir un tel ascen­dant sur vous, et vous allez tenter de vous échapper et de rompre cette intimité pour récupérer votre pouvoir.

Vous vous battez alors pour votre espace, vous faites des scènes, vous protestez, vous cherchez à vous imposer, un peu comme un animal qui défend son territoire.

Un aspect difficile Mars-Vénus peut donner ce type de rela­tion amour/haine. Nous avons d’une part Mars, la volonté d’affirmer son individualité et de l’autre Vénus, l’ardent désir d’union. Une partie de nous-mêmes veut s’unir et fusionner avec notre partenaire (mourir en tant que « je » et renaître en tant que « nous »), et l’autre a peur de perdre le sentiment d’avoir un moi séparé et son espace individuel.

On trouve le carré Mars-Vénus dans le thème du marquis de Sade, dont le nom est à l’origine du mot sadisme. Pour lui, l’amour (Vénus) était directe­ment associé à l’agressivité et la violence (Mars).

Les unions qu’il formait étaient fondées sur Mars. Mais même sans avoir d’aspect difficile entre Mars et Vénus, nos relations sont généralement un mélange d’amour et de haine, car l’intimité et la dépendance engendrent souvent la colère.

Le marquis de Sade, lui, le vivait concrètement, mais l’amour et la haine sont inex­tricablement liés en chacun d’entre nous. Nous les abor­dons simplement de manières différentes. Les meilleures relations sont celles qui font place non seulement à l’amour que nous éprouvons envers notre partenaire, mais aussi à la haine et la colère qu’il va nous inspirer.

De la même manière, une mère doit pouvoir accepter la colère et la rage que son enfant va fatalement ressentir de temps en temps contre elle.

Le conflit entre notre désir d’intimité et d’union avec autrui, et notre besoin de liberté et d’autonomie ne se retrouve pas seulement dans nos relations inter­personnelles, mais également dans notre manière de nous relier aux groupes et aux organisations.

Pensez à une position comme Mars en maison XI pour mieux le comprendre. Mars en XI représente un dilemme que nous ressentons tous à des degrés divers. Nous sommes par nature des êtres sociaux (la maison XI des amis et des groupes) et pourtant nous éprouvons tous fortement le désir d’affirmer notre identité en tant que personne séparée (Mars).

Nous constituons des groupes sur la base d’intérêts, d’idéaux et de buts communs, mais c’est précisément dans ces groupes que surgissent les dis­cussions les plus violentes. Dès que nous nous identifions trop étroitement à quoi que ce soit, notre autonomie paraît menacée et le désir de faire scission, de se dif­férencier et de se séparer se fait naturellement sentir.

Mars en maison XI doit affronter le défi de faire partie du groupe, de travailler pour lui et de promouvoir sa cause sans perdre pour autant son identité personnelle, ni rendre la situation impossible sous prétexte d’affirmer son existence séparée.

L'agressivité positive nous donne la volonté de nous développer vers ce que nous sommes, et de devenir ce que nous sommes censés être.

Voici une citation du philosophe Paul Tillich : « L’être de l’homme ne lui est pas seulement donné : il lui est aussi demandé. L’homme en est responsable. [...] Il lui est demandé de faire de lui-même ce qu’il est supposé devenir, à savoir remplir sa destinée ».

L’agressivité positive symbolisée par Mars peut nous aider à faire de nous-mêmes ce que nous sommes censés devenir. Si nous avons peur de son côté négatif et nions Mars, nous risquons de perdre contact avec cette partie de nous qui veut grandir et se réaliser.

Et lorsque ce désir de grandir est bloqué (que ce soit par autrui, par des évé­nements extérieurs, ou par d’autres parties de nous-mêmes), cette énergie se transforme en colère.

Examinons la question plus avant. Mars est la volonté de l’ego héroïque : la capacité d’affirmer ce qu’on veut et de partir le chercher. Pourtant, comme l’a fait remar­quer Jung, « il existe une volonté supérieure à celle de Y ego, devant laquelle nous devons nous incliner ». Ainsi notre volonté individuelle ou personnelle peut soit agir en accord avec cette volonté supérieure, soit la combattre.

Je vais maintenant faire un peu de philosophie. Je crois que nous avons tous un Soi central profond (avec un grand S) qui guide, déploie, règle et surveille notre développement. Exactement comme un pépin de pomme « sait » qu’il est censé devenir un pommier et non un poi­rier, il y a en nous quelque chose qui sait ce que nous sommes censés devenir. C’est ce qu’on entend par indivi­duation, réalisation de soi et accomplissement person­nel : nous développer vers ce que nous sommes censés devenir.

L’un des problèmes avec Mars, c’est que la volonté personnelle de notre ego n’est pas forcément en accord avec ce que veut notre Soi central profond. Mars fait des choix pour affirmer ce que nous sommes, mais la grande question est de savoir si ces choix sont conformes à l’identité et au dessein innés que nous sommes censés réaliser.

Saint Augustin a écrit : « Il est quelqu’un en moi qui est davantage moi-même que moi. » La philosophie orientale utilise le terme dharma pour qualifier l’identité essentielle innée que l’on doit réaliser. Le dharma de l’insecte est de bourdonner, celui du lion de rugir, et celui du feu de brûler.

Mars est l’agent actif de la psyché qui nous donne l’énergie et la volonté d’accomplir notre dharma : de le vivre, de l’exprimer et de le réaliser. Mais il peut éventuellement tenter de faire la loi lui-même : notre ego personnel ou individuel peut vouloir quelque chose qui n’est pas synchrone ou conforme avec ce que veut notre Soi profond. Autrement dit, au lieu de bour­donner, l’insecte peut essayer de rugir ; ou au lieu de rugir, le lion peut simplement bourdonner.

C’est avec les aspects difficiles de Mars aux planètes extérieures que ce conflit entre les désirs de Y ego et les desseins du Soi profond se manifeste le plus clairement.

Nous reviendrons sur les aspects de Mars tout à l’heure, mais je voudrais vous en dire deux mots tout de suite. Le pouvoir des planètes extérieures surpasse celui de Mars, ce qui veut dire qu’il existe des forces qui veulent mettre Mars au pas, le soumettre à leurs exigences, le forcer à capituler.

Examinons de plus près ce que j’entends par là.

Prenons les aspects Mars-Pluton. Mars va devoir se soumettre à la volonté de Pluton. Nous pourrions parler des semaines entières sur le symbolisme de Pluton mais, dans un sens, il peut être assimilé à la force inexorable qui fait avancer l’Histoire. Pluton est cette force qui nous contraint à mourir en tant qu’enfant pour renaître en adolescent, puis à mourir en tant qu’adolescent pour émerger en adulte.

Pluton représente la course inexo­rable de la vie : chaque mort correspond à la naissance d’une nouvelle phase, que nous le voulions ou non. Si nous refusons de passer par la puberté, il n’y a aucun autre moyen de l’éviter que de se tuer.

Mars peut désirer ardemment une relation ou un tra­vail particulier, mais Pluton, qui a peut-être autre chose en tête pour vous, va objecter : « Il vaut mieux pour toi ne pas avoir ce travail ou vivre cette relation, car cela t’empêcherait de développer certains traits de caractère que tu es censé acquérir, ce que tu ne feras pas si tu obtiens tout ce que tu crois vouloir. »

Et Mars s’écrie : « Qu’est-ce qui se passe ? J’ai bien suivi mes cours d’affirmation personnelle, je suis premier partout, et je ne peux toujours pas avoir ce que je veux ! » Votre ego peut choisir ce qu’il veut, si ce n’est pas conforme à la volonté du Soi profond, vous ne l’obtiendrez pas. Ou sinon vous vous apercevrez que ce n’est pas du tout ce que vous aviez imaginé.

Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? C’est une situa­tion que j’ai remarquée avec les thèmes où Mars est en aspect difficile à Pluton, de même qu’avec les aspects Mars-Neptune. Lorsque Neptune aspecte Mars, il peut nous demander de sacrifier ou de renoncer à quelque chose qui est lié à Mars, d’accorder notre volonté per­sonnelle à quelque chose de plus grand.

Mars peut réagir en insistant de plus en plus pour avoir ce qu’il veut, en forçant tous les obstacles, et en se montrant impitoyable pour gagner à tout prix. Mars peut essayer de tout sou­mettre à sa loi. Avez-vous déjà essayé de défier une loi cosmique ? Isabel Hickey disait souvent qu’on peut tou­jours essayer de rompre une loi cosmique, mais qu’on se rompra le cou par la même occasion.

Avez-vous déjà essayé de sauter du dixième étage en croyant pouvoir défier la gravité ? Bonne chance !

Ceux qui ont Mars en trigone ou en sextile à Pluton ou Neptune peuvent connaître le même dilemme, mais ils semblent accorder leur volonté personnelle plus rapide­ment ou plus facilement avec celle des planètes exté­rieures. Dans le cas d’un trigone ou d’un sextile, la volonté profonde de notre Soi (Neptune ou Pluton) nous dit : « Vous ne pouvez pas vivre cette relation mainte­nant, parce que vous avez besoin d’autre chose pour grandir. »

Et notre volonté personnelle (Mars) pense : « Tiens, un peu de solitude ne me ferait peut-être pas de mal, j’ai bien envie de voir à quoi ça ressemble. » Autre­ment dit, avec des aspects plus faciles entre Mars et les planètes extérieures, il est probable que vous allez vous laisser porter naturellement dans la direction souhaitée par votre Soi profond. Pour paraphraser l’analyste jungien James Hillman, vos sentiments s’accordent avec votre destin et cela vous réconcilie avec les événements.

Jung lui-même a écrit que « le libre arbitre consiste à faire de bon gré ce que l’on doit faire ».

Nous avons besoin de Mars pour accomplir notre dharma, pour réaliser notre identité essentielle. Mars va peut-être essayer de s’insurger contre ce que nous sommes censés devenir, mais en fin de compte nous avons besoin de lui pour grandir et nous réaliser.

Il nous permet de faire des choix qui correspondent à notre véri­table identité. Selon le philosophe danois Kierkegaard, la forme de désespoir la plus courante consiste à ne pas être ce qu’on est. Il ajoutait qu’une forme de désespoir encore plus profond est d’essayer d’être un autre que soi.

Si vous niez ou refoulez complètement Mars, parce que vous avez peur de ce qui en vous pourrait être brutal, égoïste ou exigeant, vous allez rejeter votre agressivité positive par la même occasion.

Ce faisant, vous perdrez la capacité de soutenir le soi, de vous défendre vous-même et de choisir ce que vous voulez. Et vous ne serez plus en mesure de prendre les décisions qui servent votre vie et votre destinée.

Participant : La relation entre agressivité et dépres­sion m’intéresse. L’agressivité retournée contre soi est-elle un facteur de dépression ?

Howard : Oui, tout le monde sait que si l’on retient ou refoule continuellement son agressivité naturelle ou sa colère, l’énergie se retourne vers l’intérieur et se cristal­lise en nœud douloureux tout au fond de soi.

L’agressi­vité ainsi retournée contre soi peut devenir auto-destructrice et contribuer à la maladie et à la dépression. Toute votre énergie passe à retenir les choses, et rien ne reste pour affronter la vie.

Un Mars inexprimé peut être une des clés de la dépression. Le thérapeute de la Gestalt, Fritz Péris, qui travaillait avec les gens dépressifs, avait l’habitude de leur demander : « Contre qui êtes-vous déprimé ? »

Selon lui, sous la dépression était embusquée la colère : la colère contre quelqu’un qui vous bloque, ou la colère contre vous qui vous bloquez vous-même \ Si la per­sonne déprimée réussit à contacter cette colère, elle va lui donner l’énergie nécessaire pour faire évoluer sa dépression et affronter la vie plus positivement.

De nom­breux psychologues parlent à propos de la dépression des trois H : hopelessness, helplessness et hostility (le déses­poir, l’impuissance et l’hostilité). Cette formule veut dire que si vous ressentez désespoir et impuissance, vous êtes en principe également hostile, même à votre insu \ Récupérer l’énergie emprisonnée dans cette hostilité la plupart du temps inconsciente et la transformer en action positive peut vous permettre de venir à bout de votre dépression.

Participant : Et si Mars est très faible dans le thème ?

Howard : Surtout, ne tombez pas dans le piège de croire que si votre Mars est en Poissons ou en maison XII, il va être plus faible qu’un Mars en Bélier ou en maison I. Mars en Poissons peut être aussi fort et puis­sant que Mars en Bélier, mais de manière différente.

Et Mars en XII, comme l’ont montré les études de Gauquelin, n’a rien d’une poule mouillée. Mais si par faible, vous voulez dire qu’il fait peu d’aspects avec le reste du thème, je vous exhorterai alors à renforcer votre capa­cité de vous affirmer et de vous défendre.

Vous pourriez suivre une formation d’affirmation personnelle, ou essayer de pratiquer la méditation pour développer votre volonté. Par exemple, visualiser ou méditer sur un dia­mant, qui est un symbole d’invincibilité, peut renforcer la volonté. Ou bien vous pouvez méditer sur la nature du feu ou du Soleil lui-même.

Mais pour être honnête avec vous, je dois aussi conve­nir que si votre Mars est faiblement aspecté, vous aurez peut-être du mal à vous décider à vous inscrire au cours d’affirmation ou n’aurez sans doute pas assez de déter­mination pour entreprendre une méditation sur la volonté.

Je n’en sais rien. J’ai pourtant tendance à croire, en définitive, que nous disposons bien d’une marge de choix dans nos vies, quelle que soit l’apparence de notre thème. J’encourage mes clients à travailler sur leur thème et à essayer de rééquilibrer ce qui lui manque.

Peut-être faudra-t-il attendre un transit de Jupiter sur Mars pour avoir envie de suivre une formation d’affir­mation personnelle.

Certains transits et progressions peuvent nous aider à contacter notre Mars. Peut-être allez-vous rencontrer quelqu’un dont le Soleil, Jupiter ou Uranus est en conjonction ou en aspect avec votre Mars et c’est lui qui vous traînera à un séminaire sur ce sujet. Aussi ce n’est pas moi qui vais vous dire de ne pas faire l’effort de développer votre Mars, même s’il a l’air « faible » par signe ou par aspect.

Ne vous contentez pas de grimacer et de subir lorsqu’on vous marche sur les pieds. Et ne vous résignez pas à vivre une vie à la dérive.

Participant : La position en maison indique-t-elle le domaine où l’on doit commencer à contacter son énergie martienne ?

Howard : Oui, c’est une bonne remarque. Si vous vous sentez en panne, ou à plat, ou incapable de faire bouger quoi que ce soit, essayez de regarder dans quelle maison se trouve Mars dans votre thème (ou quelle est la maison dont la cuspide est en Bélier) car cela peut vous aider à faire redémarrer les choses.

Si, par exemple, vous êtes assis chez vous complètement déprimé et si vous avez le Bélier sur la cuspide de la maison VI, peut-être pouvez-vous vous remettre en route et revitaliser votre énergie en faisant un peu de ménage (activité maison VI). De même si vous avez le Bélier sur la cuspide de la III et si vous n’êtes pas en forme, essayez d’entreprendre une activité de type maison III pour vous remettre en mouve­ment : rendez visite à un voisin, téléphonez à un ami, partez en week-end pour vous changer les idées ou écri­vez une lettre.

Ou si Mars est en II et que vous vous sen­tiez déprimé, peut-être devriez-vous sortir faire des courses pour vous changer les idées. Il est très courant d’essayer de s'acheter quelque chose pour sortir d’une dépression.

Mais vous pouvez me rétorquer à juste titre que si vous êtes à plat, déprimé ou dans une impasse, peut-être avez-vous besoin d’entrer dans cette dépression, de l’explorer, de la vivre, et non de la combattre. Certains ont besoin de s’enfoncer dans leur souffrance et de la côtoyer un moment avant de pouvoir s’en débarrasser.

Cependant si vous êtes dans le « creux de la vague » depuis une éternité et si cela ne vous apporte vraiment plus rien, regardez la maison de votre Mars (ou la mai­son où est le Bélier) pour vous remettre en route.

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Source : Howard Sasportas - Les dynamiques de l'inconscient





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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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67000 Strasbourg

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