Conscience et anthroposophie

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Conscience et anthroposophie

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Anthroposophie · 6 Octobre 2023
Tags: Conscienceetanthroposophie
Conscience et anthroposophie

Pour une part et dans une certaine mesure, l’anthroposophie aborde la conscience qu’avait l’humanité à une certaine époque, avec ce qu’est devenue cette conscience aujourd’hui, alors même que la conscience d’aujourd’hui n’a/n’est plus la conscience ancienne.

Vers l’âge de dix ans par exemple nous avons une certaine conscience, mais vers l’âge de cinquante ans une autre conscience s’est mise en place. Elle s’est construite sur celle que nous avions quarante ans auparavant et dont nous avons pour ainsi dire tout oublié, car qui à cinquante ans peut parler de la conscience qu’il avait lorsqu’il avait dix ans ?

Il en va de même pour le développement de la conscience (humaine) au cours du temps, et même depuis des temps immémoriaux.

D’autre part, l’anthroposophie aborde la conscience qu’aura l’humanité dans une époque future, avec ce qu’est sa conscience d’aujourd’hui. C'est-à-dire notre conscience actuelle.

Il s’agit donc d’aboutir en quelque sorte à saisir ce que dans notre conscience nous fûmes et ce que dans notre conscience nous deviendrons, à l’aide de notre conscience d’aujourd’hui.

Notre conscience d’aujourd’hui découle de la conscience que nous avions par le passé et notre conscience d’aujourd’hui porte en elle les prémices de ce qu’elle sera demain. En effet, la conscience se transforme au fil des âges, comme on l'aura compris !

Cependant ce que notre conscience fut n’est plus, ce qu’elle est aujourd’hui est, eh bien ce qu’elle est aujourd’hui ! Et ce qu’elle sera demain n’est pas encore.

Il va de soi qu’un champ de vision, une sorte de panorama global, que l’on pourrait suggérer « visible de l’intérieur », doit s’ouvrir au regard, afin d’englober ce qui fut, qui est et qui sera.

On pourrait dire que ce panorama global ouvrirait à l’omniscience : Du Latin omnisciens, ‘qui sait tout’… En effet, cette vision intérieure offrirait la possibilité de connaître la conscience de l’humanité « à son départ », jusqu’à la conscience qu’aura l’humanité « à son arrivée ».

À la fin de sa vie, un homme sait ce qu’il doit au chemin qu’il a parcouru pour savoir ce qu’il sait. Il est cependant plus difficile de connaître la conscience qu’avait un Perse, un Égyptien ou un Grec.

En effet, nous savons aujourd’hui que la conscience est notamment conditionnée par nos émotions, mais également par l’environnement social et culturel. Or dans les temps reculés, l’environnement social et culturel était tout différent.

Souvenons-nous par exemple de la question que pose Moïse à la voix qu’il entend et qui lui répond : « dis-leur que c’est le Je suis qui t’envoie ».

On constate par là qu’à l’époque de Moïse la possibilité de se sentir une individualité autonome n’était pas autant marquée qu’aujourd’hui.

Les recherches archéologiques et autres, notamment par l’étude de certains textes, nous montrent qu’à des époques reculées les êtres humains vivaient dans des clans.

Il a fallu attendre la psychologie des profondeurs avec le psychiatre suisse Carl Gustav Jung pour entendre parler pour la première fois du mot « individuation ».

En philosophie l’individuation désigne un ensemble de caractères qui distinguent un individu d’un autre et en psychologie ce mot désigne les processus qui permettent à une personnalité de se différencier.

Un être humain du temps de Moïse ne pouvait donc pas se sentir une personne différenciée, individuée et donc vivant de manière autonome vis-à-vis de ses contemporains.

C’est pourquoi il y a eu au cours de l’évolution de l’humanité des bannissements, des exclusions par rapport au groupe, lorsque l'individu ne "marchait" pas pour l'ensemble du groupe.

Imaginez-vous aujourd’hui, penser différemment d’un autre et pour cela être expulsé de la ville où vous vivez !

Tout ceci montre encore une fois que la conscience au cours du temps n’a pas toujours été la même.

Peut-on dès lors, comme mentionné plus haut, avoir un panorama de la conscience ?

À cette question l’anthroposophie répond par un oui. En effet, la possibilité d’un tel champ de vision est aujourd’hui offerte à l’homme par ce que l’on nomme l’initiation, cette dernière passant par trois étapes que sont l’imagination, l’inspiration et l’intuition et dont nous aurons encore à reparler.

Ces trois étapes ou degrés de l’initiation pourraient "s’apparenter" par analogie à une graine pour l’imagination, à une plante adulte pour l’inspiration et enfin à la fleur pour l’intuition.

S’il était possible de voir la fleur d’une plante dont jamais personne n’aurait assisté à la floraison, comment dès lors serait-il possible d’« assister » à son efflorescence… afin, qu’avant l’heure, nous puissions la voir (la fleur !) ?

La fleur, en toute logique, ne peut qu’être que potentiellement ployée dans la graine. Tout le monde a vu un jour comment les pétales d’un coquelicot étaient ployés dans son bouton floral.

L’information « fleur » est dans la graine, comme en sommeil, alors même que cette dernière n’a pas encore entamé son processus de croissance.

Ce n’est qu’au cours de son développement que vont apparaître progressivement à partir du semis, la germination puis la croissance de la rosette, puis la croissance de la tige, puis la formation des boutons floraux, puis la floraison est enfin vers la fin du cycle de vie la formation des graines.

Nous pourrions, par analogie, parler du semis de la conscience telle qu’elle se développe aujourd’hui. Ce semis, ce germe à partir duquel tout un processus d’élaboration va s’entamer est la question du petit enfant :

« dis maman, pourquoi ? ».

À partir de ce « pourquoi », tout un cheminement va se produire vers le « comment ». Le « comment » donnera sa réponse au « pourquoi » par un travail de l’esprit, un travail de la pensée, de la réflexion, du raisonnement, etc.

Sans entrer ici dans des détails qui nous mèneraient trop loin, il est tout de même intéressant de regarder le cheminement de la plupart des hommes d’aujourd’hui : « pourquoi Dieu ? » ; « Comment le fils ? » ; « Par l’opération du Saint-Esprit… ».

Loin d’être un dogme, la Sainte Trinité est ce par quoi on comprend par l’esprit comment le Fils est né du Père. Et cette « méthode », nous l’utilisons chaque jour sans nous en rendre compte lorsqu’il s’agit de répondre à nos questionnements.

Revenons à la conscience et comprenons que s’il n’est pas possible de voir le futur en regardant vers demain, il est possible de le voir en se retournant vers hier.

C’est ce dont nous parle la plus célèbre et énigmatique phrase du livre des morts égyptiens : « je suis hier, je connais demain ». On pourrait ici rajouter la phrase suivante : « je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin ».

Pour l’anthroposophie, le germe (alpha) de la fleur future est nommé l’ancien Saturne. Il s’agit en réalité d’un état planétaire. Ce germe, cet ancien Saturne, s’est progressivement développé jusqu’à un autre état planétaire nommé l’ancien Soleil. À cet ancien Soleil a encore succédé un autre état planétaire nommé l’ancienne Lune.

Enfin, de ces états successifs est arrivée notre Terre.

Nous pourrions ici, par analogie, reprendre la succession : semis, germination, croissance de la rosette, croissance de la tige, formation des boutons floraux, floraison, formation des graines et fin du cycle de vie.

L’anthroposophie attribue à chacun de ces états planétaires un degré de conscience particulier.

La terre est donc le quatrième état de conscience après l’ancien Saturne (premièrement l’ancien Saturne, deuxièmement l’ancien Soleil, troisièmement l’ancienne Lune est quatrièmement la terre).

Disons, toujours par analogie avec l’histoire du coquelicot, que la Terre en serait au stade de la croissance de la tige/formation des boutons floraux.

Comme expliqué précédemment, il faut arriver à l’aide de l’intuition (troisième degré de l’initiation, après l’inspiration et l’imagination) pour voir « sous la forme d’une vision intérieure » de quoi est constitué ce germe qu’est l’ancien Saturne.

Ce serait un peu comme regarder ce qui se passe dans le semis du coquelicot.

Pour le savoir, il s’agit à présent de considérer deux choses fondamentales.

La première consiste à expérimenter par soi-même la vision de l’intérieur de ce germe et auquel cas cette expérience vécue fonde en soi une réalité. Il est à noter qu’une vision, dont il a été dit qu’elle provient de l’intuition, n’a rien d’une perception imaginaire, d’une quelconque hallucination visuelle ou auditive.

Une vision se rapporte plus à quelque chose de l’ordre de l’esprit où l’on passe d’une vision confuse à une vision de la réalité.

Une vision se rapporte plus à la célèbre exclamation d’Archimède : eurêka (mais c’est bien sûr) !

Lorsqu’il a été dit précédemment que le « pourquoi » finit par s’expliquer par un chemin de l’esprit et de la pensée, il est possible de dire que la vision est l’esprit sans avoir eu besoin de faire le chemin.

C’est un peu, comme si un enfant avait immédiatement la réponse en même temps qu’il en posait le pourquoi. Quelle belle lumière s'allumerait alors en son esprit !

La deuxième façon, de connaître ce qui se trouve dans le germe, consiste à faire confiance aux récits et aux éventuels écrits qui nous sont rapportés par les personnes ayant eu la vision intérieure de l’intérieur de ce germe.

On attribue à ces personnes « un don de clairvoyance » pour une part d’entre elles et on attribue le nom « d’initiés » pour d’autres.

Nous reparlerons ultérieurement de la différence entre un initié et un clairvoyant.

Il va de soi que l’expérimentation personnelle a une valeur sûre, parce qu’elle saisit l’être dans son intimité la plus profonde avec une clarté acérée, affûtée, aiguisée… en cela, elle est un événement qui marque profondément toute la vie d’une personne, car devant son regard « intérieur » se déploie un plan : celui de la source et du devenir, ou pour reprendre notre analogie du coquelicot, celui du semis à la fin du cycle de vie en passant par toutes les phases intermédiaires.

Cependant, lors de l’expérience de cette vision par l’intuition, la personne qui se trouve faire l’expérience du réel (c’est bien le contenu réel du semis qui est contemplé), n’est pas nécessairement en mesure d’expliquer à l’aide de concepts issus de l’intellect ce qu’elle est en train de « voir », ou pour être plus exact ce qu’elle est en train de vivre : à savoir le vivant lui-même !

Le vivant s’expérimente lui-même par le vivant de celui qui l’expérimente !

C’est pour cela, entre autres, que celui qui veut s’engager sur le chemin de l’initiation a pour exercice de poser devant lui une graine vivante et sa copie conforme en plastique. Il doit alors, ressentir à travers lui le flux vivant de la graine réelle.

L’intuition est un sentiment profond qui mène à la connaissance et tout particulièrement de tout ce qui a trait au vivant. L’intuition est la connaissance immédiate de la vérité sans l’aide du raisonnement.

Le raisonnement est donc absent au moment du « connaître ». Devant l’ampleur d’un tel phénomène vécu, la personne peut être psychiquement perturbée, comme nous le rapportent les paroles du psychiatre Carl Gustav Jung ci-dessous :

« De telles expériences ont une influence secourable ou dévastatrice sur l'homme. Il ne peut ni les saisir, ni les comprendre, ni les dominer, il ne peut pas plus s'en libérer qu'il ne peut leur échapper, et c'est pourquoi il les ressent comme relativement subjugantes, voire toutes-puissantes ».

Au mot intuition, nous pouvons en accoler un autre : celui d’illumination.

Dans son livre « le phénomène humain », Pierre Teilhard de Chardin en parle de la manière suivante :

« Dans notre conscience, à chacun de nous, c’est l’Évolution qui s’aperçoit elle-même en se réfléchissant ».

Sans cette expérimentation personnelle, il est possible de se fier aux récits rapportés par celles et ceux qui ont vécu ce : « je suis hier, je connais demain ».

(Nous pourrions dire, du fait même de cette connaissance, que le vivant que nous portons en nous et qui au fond se trouve également dans le semis, la graine — Vivant qui trouve en quelque sorte son point de fusion en celui qui l’expérimente — suit des processus de développement vers un devenir pour ainsi dire déjà inscrit.

Intervient alors la question suivante : l’homme est-il un jardinier suffisamment éveillé pour œuvrer dans le sens de son plein épanouissement tel que cela est inscrit dans l'information de départ ?

Est-il capable d’accompagner le mouvement ou est-ce que le manque d’éveil pourrait entraîner le jardinier vers le dépérissement ?

Question qui s’avère être ô combien fondamental, capitale, cruciale, essentielle, primordiale et vitale.

Il a cependant été dit que l’intuition, en tant que connaissance immédiate de la vérité, n’a que faire du raisonnement.

Or, pour qu’une expérience de ce type puisse être communiquée, c’est-à-dire pouvoir parler d'une vision du réel qui ramène à la conscience d’aujourd’hui la conscience que l’homme avait hier (et donc de la conscience qu’il aura demain par la vision panoramique globale), il faut fournir des explications claires et compréhensibles.

Car, comment transmettre sans l’aide du raisonnement une expérience, qui au fond, n’est « que » de l’ordre du sensible, de la clairvoyance, de l’acuité, de la réceptivité, de la subtilité, du sentiment… quand bien même elle tient parfaitement du réel ?

Si l’on considère l’état amoureux de grande intensité comme un état très inférieur à une illumination, bien que l’état amoureux soit déjà de cet ordre-là ; qui serait en mesure de dire autre chose que : « je l’aime, j’ai l’impression de le/la connaître depuis toujours, et je ne saurais pas dire pourquoi ».

Avec cela, pour ce qui est de l’expérience de la vie, qui ne peut être qu’amour et qui gît dans le semis, nous ne sommes guère avancés pour en comprendre grand-chose !

Les paroles suivantes de Goethe issues de son livre « Les souffrances du jeune Werther » nous rapprocheront sans doute du sentiment intérieur de cette vie qui s’expérimente elle-même :

« (…) que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d'éternelles délices ; mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux, et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l'image d'une bien-aimée, alors je soupire et m'écrie en moi-même : « Ah ! Si tu pouvais exprimer ce que tu éprouves ! Si tu pouvais exhaler et fixer sur le papier cette vie qui coule en toi avec tant d'abondance et de chaleur, en sorte que le papier devienne le miroir de ton âme, comme ton âme est le miroir d'un Dieu infini !... » Mon ami… Mais je sens que je succombe sous la puissance et la majesté de ces apparitions. »

« (…) la porte du monde transcendantal vous montre qui vous êtes réellement et quelle est la nature des choses. » Source : manuel clinique de psychiatrie des expériences extraordinaires de Stéphane Allix et Paul Bernstein.

Dans son ouvrage « le Sacré », Rudolf Otto nous parle du christianisme comme comportant des notions d’une grande clarté et d’une parfaite netteté, formant ainsi un ensemble complet. Il souligne par là, que tout ce qui touche au divin est d’autant plus accessible à la pensée et à l’analyse, voire même susceptible de définition, lorsque le divin est présenté par des notions nettes et précises.

De plus et par ailleurs, nous dit Marc Edmund Jones, qu’il n’existe aucune illusion plus nuisible pour le progrès spirituel que de partir en quête de l’infini. La quête de la réalité est vraiment la quête de l’absolument fini (je connais demain).

Le divin est fini nous dit-il, c’est-à-dire défini. Ce qui est totalement défini est ce qui peut absolument être connu. Dieu était fini pour le Christ-Jésus : « Son Père ».

La vision de la graine ou ancien Saturne montre donc quelque chose de parfaitement défini à la vision clairvoyante.

Il ne saurait donc y avoir de discours aléatoire. Il ne viendrait à l’idée de personnes tenant dans sa main une graine provenant d’un rosier aux roses d’un rouge pourpre profond d'en voir sortir une probable tulipe blanche ou une tomate naine !

Nous n’aurions pas affaire ici à une vision, mais à un délire psychotique. Risque qui néanmoins existe, comme nous l’a dit Carl Gustav Jung un peu plus haut dans l’extrait du livre « ma vie » : « De telles expériences ont une influence secourable ou dévastatrice ».

Aujourd’hui, la psychiatrie moderne (entendez par là d’actualité) a répertorié et classé un nombre considérable de témoignages provenant de personnes ayant vécu des expériences au niveau de l’imagination, de l’inspiration, et principalement de l’intuition.

Si la psychiatrie s’intéresse de près à ces personnes, c’est que tous les témoignages qui sont rapportés sont concordants ; et ils sont nombreux *.

Ils rapportent une même réalité vécue, souvent relatée avec des mots différents, mais ramenant toujours à une expérience dont les éléments sont parfaitement définis, compatibles, convergents et correspondants entre eux.

Les personnes ayant une connaissance approfondie de l’anthroposophie, soit par la lecture soit par l’expérimentation personnelle, comme cela a été indiqué plus haut, trouveront des similitudes, des adéquations, des équivalences, bref une unité de sens entre ce qu’a rapporté Rudolf Steiner (de ses expériences intuitives) et tous les témoignages recueillis par des psychiatres, des psychologues cliniciens, des psychothérapeutes, etc.

Dans le milieu anthroposophique — mais également en dehors de celui-ci* — il y a principalement deux catégories de personnes : celles qui ont fait l’expérience intuitive dont il est question — personnes qui pourraient « intéresser » la nouvelle psychiatrie dont il a été parlé plus haut — et qui sont en mesure de corroborer, de confirmer et d'appuyer ce que nous rapporte Rudolf Steiner des mondes spirituels (entendez par là ce qui se passe dans le semis du coquelicot) et celles qui, n’ayant pas fait l’expérience intuitive, s’enrichissent de toutes les connaissances ramenées par ce dernier.

* • Pour la France, le chiffre de 2 millions de personnes ayant fait une expérience intuitive est générale­ment avancé, sur la base du taux de 4 % de la population générale signalé dans plusieurs enquêtes aux États-Unis et en Europe (Atwater, 2008).

• Van Lommel, (2008) se basant sur les estimations d’autres pays euro­péens, indique le chiffre de six cent mille cas ou 4,2 % de la population pour les Pays-Bas.

• Fenwick (2005) estime qu’environ 10 % des personnes qui ont frôlé la mort ou ont été cliniquement mortes ont vécu une EMI (EMI ici qualifiée d’expérience intuitive).

Source : manuel clinique de psychiatrie des expériences extraordinaires de Stéphane Allix et Paul Bernstein.

Partant d’une connaissance intuitive que Rudolf Steiner nous rapporte entre autres par ses paroles dans une lettre du 13 janvier 1881 où l’on sent le frémissement de l’enthousiasme :

« C’était la nuit du 10 au 11 janvier, au cours de laquelle je n’ai pas dormi un seul instant. Je m’étais occupé jusqu’à minuit et demie de divers problèmes philosophiques, et me jetai enfin sur mon lit ; mon effort avait tendu l’an dernier à éprouver la vérité de ce que dit Schelling : en nous tous réside une faculté, mystérieuse et sans pareille, de laisser derrière nous tout ce qui change avec le temps pour nous retirer au plus intime de notre soi dépouillé de tout ce qui est venu l’en­velopper de l’extérieur, pour y contempler, sous la forme de l’immutabilité, l’éternel en nous »,

il a progressivement conceptualisé son expérience par des notions nettes et précises, comme l’explique Rudolf Otto dans son ouvrage « Le Sacré », afin que l’expérience puisse être rendue accessible aux facultés cognitives (processus d’acquisition de la connaissance : perception, attention, mémoire, raisonnement, langage, pensée, intelligence émotionnelle, apprentissage, observation, créativité, …) de tout un chacun.

Dans son ouvrage « le Mystère de la Résurrection selon l’anthroposophie », Sergueï O. Prokofieff a les paroles suivantes :

« Rudolf Steiner est ainsi le premier dans le développement du christianisme à avoir fourni une description moderne et scientifique de la résurrection et par là du noyau du Mystère du Golgotha, description grâce à laquelle cet événement est devenu accessible aux forces cognitives libres de l’homme ».

L’anthroposophie donne des directives pour les personnes désireuses d’expérimenter par elle-même l’acquisition de la connaissance (que l’on qualifie de connaissance supérieure) par les facultés intuitives (facultés intuitives précédées par les facultés imaginatives et les facultés liées à l’inspiration).

Rudolf Steiner dira :

« que l’homme se représente seulement l’anthroposophie ou qu’il en fasse l’expérience ne tient absolument qu’à lui-même ».

Ce qui nous permet de dire que les résultats de l’anthroposophie ne sont dus qu’à l’expérience même du vivant. L’anthroposophie ne se base pas sur d’anciens écrits, pour dire ce qu’elle a à dire, mais sur ce qui est vécu par la vision clairvoyante.

Si la plupart du temps les expériences de la vie — car le déroulement de la vie est elle-même un chemin initiatique — mènent à des expériences de ce type, il est plus difficile d’y parvenir par un travail personnel.

En effet, ce travail personnel demande volonté, effort, persévérance et probablement également des prédispositions psychiques préalables. Parler ici de ces prédispositions nous mènerait trop loin.
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En résumé : l’être humain se développe au cours d’états de conscience successifs liés à des états planétaires eux-mêmes successifs. Un état de conscience par état planétaire, de même qu’il existe des états dans le processus de croissance d’une plante (semis, germination, croissance de la rosette, etc.).

S’il a été parlé précédemment des quatre premiers états planétaires et donc des quatre premiers états de conscience qui ont mené à celle que nous avons aujourd’hui — état de conscience de la planète Terre —, il n’a pas été mentionné les trois états planétaires et donc les trois états de conscience qui suivront notre état de conscience actuelle liée à l’état planétaire Terre.

La connaissance du développement de la conscience future de l’être humain est tributaire de la faculté à pénétrer de manière clairvoyante dans le germe primordial.

De même que cette clairvoyance nous permettrait d’avoir la vision de la fleur du coquelicot dans son semis, à cette différence près que le développement de la conscience (humaine) se développe sur une échelle cosmique considérable : non pas nécessairement en termes de temps, mais en termes de processus.

Nous avons vu que c’est dans ce germe primordial qu’est l’ancien Saturne que se trouve potentiellement ployé le devenir humain, de la même façon qu’une rose est ployée dans sa graine. Remémorerons-nous la phrase du livre des morts égyptiens : « je suis hier, je connais demain ».

J’invite le lecteur à visualiser le tableau de René Magritte intitulé la clairvoyance. On y voit un homme peindre un oiseau sur une toile alors même qu’il a les yeux rivés sur un œuf !

On pourrait très bien l’imaginer peindre un coquelicot avec sa magnifique couleur rouge en regardant « simplement » son semis, sa graine.

Il est à noter que ces états (intuitifs) prennent la dénomination « d’états modifiés de conscience » dans la littérature psychiatrique. Rappelons que la psychiatrie est une spécialité médicale qui a pour objet l’étude, le diagnostic et éventuellement le traitement des maladies mentales.

Dans le cas qui occupe la psychiatrie actuellement, et dont il a été parlé, il n’est pas fait état de maladie. Bien au contraire, il est spécifié dans la littérature spécialisée, que toute personne ayant vécu une expérience de l’ordre de l’intuition, trouve le chemin vers un épanouissement optimal de son être.

« Il existe un élément commun à toutes les expériences de mort imminente : elles transforment les individus qui les vivent. Après vingt ans d’intense implication avec les expérienceurs, j’attends toujours d’en rencontrer un qui n’aurait pas traversé une transformation très profonde et positive en conséquence de cette expérience. » Source : manuel clinique de psychiatrie des expériences extraordinaires de Stéphane Alix et Paul Bernstein.

« Les personnes qui expérimentent les états holotropiques (états modifiés de conscience) et intègrent leurs expériences de manière effective ne développent pas une vision du monde délirante et personnalisée assimilable à une déformation incohérente de la « réalité objective ». Ils découvrent divers aspects de la vision globale d'un univers créé et pénétré par une intelligence cosmique supérieure. De plus, ce cosmos vivant correspond à leur propre psyché et à leur propre conscience. Ces révélations manifestent une similarité remarquable avec certaines visions de la réalité apparues de façon répétée dans l'histoire du monde, et ce, tout à fait indépendamment du lieu ». Source : Stanislav Grof - Professeur de psychiatrie

Il est également possible ici de rappeler que de ce point de vue, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, disait déjà à son époque que c’est le numineux qui guérit (Carl Gustav Jung a emprunté le terme de numineux à Rudolf Otto dans son livre « le Sacré », lui préférant ce terme à celui d’illumination).

C’est pourtant le terme d’illumination qu’utilisera Étienne Perrot dans son article sur l’illuminisme paru dans la prestigieuse encyclopédie Universalis.

Étienne Perrot est le traducteur et le continuateur en langue française de l’œuvre de Carl Gustav Jung.

Probablement que Carl Gustav Jung n’a pas souhaité utiliser le terme « d’illumination » du fait de son statut de médecin, à une époque ou on le lui aurait sans doute reproché, avec des conséquences sur son statut.

Quand on comprend l’œuvre de Rudolf Steiner et celle de Carl Gustav Jung on ne peut que constater que « numineux » et « illumination » sont synonymes.

L’anthroposophie — le chemin qu'elle propose offre à l’être humain la connaissance de ses origines et de son devenir, pour peu que ce dernier ait soif de connaître.

Soif de connaître les forces qui sont en jeu dans le semis du coquelicot, soif d’en connaître les processus de germination, etc. jusqu’à la formation des graines et la fin du cycle (cycle qui soit dit en passant n’a pas de fin concernant l’être humain, mais nous ne pouvons nous étendre plus avant ici sur cette question).

« Anthroposophie est un chemin de connaissance qui voudrait conduire le spirituel en l’être humain au spirituel en l’univers. Elle apparaît en l’homme sous la forme d’un besoin du cœur et du sentiment. Elle doit trouver sa justi­fication dans le fait qu’elle est en mesure de donner satis­faction à ce besoin. Seul peut reconnaître le bien-fondé d’Anthroposophie celui qui trouve en elle ce qu’il est pour lui une nécessité de chercher à partir de son être intérieur. Ne peuvent de ce fait être des anthroposophes que des hommes qui éprouvent certaines questions sur l’essence de l’homme et sur le monde comme une nécessité vitale, de même que l’on éprouve la faim et la soif. » Source : les lignes directrices de l’anthroposophie.

Sans cette soif de connaître qui doit s’accompagner d’un véritable travail d’approfondissement articulant simultanément la lecture et le travail sur soi, l’anthroposophie risque de n’apporter qu’illusion et pire encore désillusions.

En ce cas, elle ne peut qu’être dommageable et n’entraîner par ressentiment et incompréhension qu’effets et actions néfastes, nocives et nuisibles.

Il suffit pour cela de se rendre compte de la difficulté que peut avoir une personne à se livrer verbalement après avoir vécu une expérience modifiée de conscience. Sa première et principale crainte est d’être prise pour une folle.

Nous vivons fort heureusement dans une période où les expériences se multiplient et la parole s’ouvre, offrant à l’anthroposophie la possibilité d’être accueilli dans la population générale avec un regard plus positif, car au fond, l’anthroposophie n’est pas autre chose que parole de vie : vie du germe humain se développant vers son devenir divin, comme le dit si justement Maître Eckhart :

« Les graines de poirier deviennent poiriers ; les graines de noisetier deviennent noisetiers ; les graines de Dieu deviennent Dieu ».

Dès lors, quels que soient le vocable, les dénominations, les désignations et le champ lexical utilisés dans la littérature anthroposophique, il n’est jamais question d’autre chose que d’éléments concernant le développement du vivant.

C’est pourquoi, derrière des termes comme : Élohim, Trônes, Séraphins, Chérubins, etc. se cachent des forces qui pourraient s’énoncer en d’autres termes comme :

premiers rudiments d’un semis, premières pousses issues d’une graine, embryon, éclosion, genèse, processus germinatif, croissance, développement, etc.

« Au final », notre conscience sera le fruit qui aura mûri par la connaissance même des processus psychospirituels qui nous auront menés à cette conscience.

Les forces structurantes nous construisent en même temps qu’elles nous instruisent. Nous nous approprions cela même qui nous édifie vers notre devenir.

Il s’agit là d’une révélation (du latin revelator, ‘action de dévoiler’…).

On comprendra dès lors l’importance de connaître en quoi nous sommes enracinés et par quoi nous nous élevons.

Le monde du dehors, qui n’est autre que le monde psychospirituel qui s’étend devant nos yeux, cherche son pendant en notre for intérieur et simultanément notre for intérieur cherche le psychospirituel dans le monde extérieur, quand quelques mirages ne nous éloignent pas des réalités.

Et c’est parce que ces forces nous entourent et nous enserrent que nous sommes psychiquement extraits de nous-mêmes, comme la nature extrait un chêne d’un gland.

"Les Hommes discutent, la nature agit" - Dicton zen.

Pascal Patry – 06 10 2023





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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

5, impasse du mai
67000 Strasbourg

Mobile : 06 29 54 50 29

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