Lucifer et Ahriman

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Lucifer et Ahriman

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Anthroposophie · 22 Août 2023
Tags: LuciferetAhriman
Lucifer et Ahriman

1e conférence - GA 218

Zurich, 27 octobre 1919

Lorsqu’on parle actuellement, devant un public assez nombreux, des questions les plus importantes de notre époque, on se trouve dans une situation différente, selon qu’on ne sait rien des forces profondes du devenir histo­rique mondial - autrement dit, de la science de l’initia­tion, - ou qu’on en sait quelque chose.

Aujourd’hui, il est relativement facile de parler des questions d’actualité en partant de toutes sortes de connaissances extérieures que l’on tient pour scientifiques, pratiques, et ainsi de suite.

Mais il est extraordinairement difficile de parler de ces questions lorsqu’on connaît la science dite initiati­que, d’où provient cependant tout ce que nous avons à dire en des lieux comme celui qui, de nouveau, nous ras­semble ce soir.

Car celui qui parle de nos jours en se plaçant au point de vue de la science initiatique sait non seulement qu’il a contre lui, en grande majorité, les opi­nions fortuites et subjectives de ses auditeurs, mais en­core que toute une partie de l’humanité est déjà domi­née, d’une manière ou d’une autre, par des influences cosmiques ahrimaniennes qui sont très fortes et qui le deviendront de plus en plus.

Ce que je voudrais vous faire comprendre par ces pa­roles, je ne puis guère l’exposer qu’en vous donnant tout d’abord une sorte d’aperçu historique sur une vaste période de l’évolution humaine.

Vous savez déjà, par les diverses considérations que vous avez entendues ici - et que vous trouverez consignées dans mes cycles de conférences -, que l’épo­que dans laquelle nous vivons et dont nous nous sentons les contemporains, a commencé au milieu du XVe siècle.

Nous avons toujours désigné cette époque dont nous ne vivons en réalité que le début, sous le terme de 5e épo­que post-atlantéenne ; elle a succédé à une autre époque, la 4e, dite gréco-latine, qui dura du VIIIe siècle avant le Christ jusqu’au milieu de notre XVe siècle.

Auparavant, il y avait eu l’époque égypto-chaldéenne. Je vous résume ces choses brièvement, afin que vous puissiez voir com­ment l’époque actuelle s’est insérée dans le devenir glo­bal de l'humanité.

D’autre part, nous savons que le Mystère du Golgotha eut lieu lorsque le premier tiers de l’époque gréco-latine se fut écoulé. Et nous avons caractérisé, à divers points de vue très différents, ce qui s’est passé, lors de ce Mys­tère, dans l’humanité.

À présent, nous porterons nos re­gards en arrière, beaucoup plus loin - environ au début du IIIe millénaire avant le Christ. Vous savez combien sont rares les documents historiques qui nous rensei­gnent sur ces phases précoces de l’évolution humaine terrestre. Vous savez aussi que ces documents nous in­diquent l’Orient, et spécialement l’Asie, comme territoi­res des premières civilisations.

Et vous savez enfin que, plus on recule dans le passé, plus on rencontre de constitutions psychiques humaines qui diffèrent de la nôtre. Nous arrivons à admettre qu’une très ancienne sagesse fut à la base de cette évolution. D’autre part, cer­taines traditions furent gardées dans des cercles secrets très restreints, jusqu’au IXe siècle environ, et ces tradi­tions, souvent déformées, ont même été conservées jusqu’à nos jours : elles proviennent d’une sagesse origi­nelle, immémoriale.

Lorsque, de nos jours, on prend connaissance de l’une ou de l’autre de ces traditions, on s’étonne de la profon­deur des réalités qu’elles révèlent. Mais vous savez aussi qu’à cette doctrine de sagesse, largement répandue, s’op­posa la conception toute différente de l’ancien peuple hébraïque-juif, si bien qu’on peut appeler « païenne » la doctrine de sagesse originelle, et « juive » celle des peu­ples hébreux. C’est cet élément juif qui a donné nais­sance au christianisme.

De ces données extérieures, vous pouvez déjà déduire un fait important que je vous prie de retenir aujourd’hui : il fut nécessaire, pour l’évolution humaine, d’opposer à l’antique élément païen l’élément juif dont est sorti, du moins partiellement, le christianisme. L’antique sagesse païenne ne devait pas agir seule sur l’évolution ultérieure de l’humanité. Pourquoi cette antique sagesse païenne, qui fut si admirable sous bien des rapports, dut-elle su­bir une transformation ?

Cette question ne peut être résolue par la science ini­tiatique qu’en faisant allusion à un événement décisif qui eut lieu, loin à l’Est, en Asie, au début du IIIe millénaire avant le Christ. Là, le regard clairvoyant rétrospectif constate qu’une entité suprasensible s’incarna dans un être humain, - de même qu’au début de notre ère, l’en­tité suprasensible du Christ s’incarna dans l’homme Jésus de Nazareth.

Il est extrêmement difficile de re­trouver cette incarnation du IIIe millénaire. Elle donna à l’humanité quelque chose de très brillant, de très lumi­neux, qui fut précisément la sagesse païenne dont je viens de parler. Pour la caractériser de l’extérieur, nous dirons que c’était une sagesse profonde, mais froide, faite surtout d’idées, et assez pauvre en sentiments.

On ne peut juger cette sagesse sans se reporter expressément à cette incarnation, loin dans l’Asie, au IIIe millénaire avant le Christ, car le regard clairvoyant est témoin que ce fut une véritable incarnation humaine de Lucifer, de la puissance luciférienne.

Ce qui émana de cette impulsion culturelle asiatique, luciférienne, continua à agir jusque dans l’époque grec­que. À ce stade, cette sagesse luciférienne fut éminem­ment profitable à l'humanité. C’était une culture brillan­te, nuancée selon les peuples et les races, nettement re­connaissable à travers toute l’Asie, puis dans les civilisa­tions de l'Égypte et de Babylone, et enfin dans l’hellénisme.

Dans ces cultures, la pensée des hommes, leur poésie, leur art, leurs intentions volontaires, - tout fut condi­tionné, d’une certaine manière, par l’intervention de Lu­cifer.

Bien entendu, il serait très grossier de dire : c’était une incarnation de Lucifer, et nous devons la fuir ! Il faudrait fuir alors tout ce qui est apparu de beau et de grand grâce à ce courant luciférien, et notamment la beauté de l'art hellénique. La pensée gnostique, qui existait déjà quand le Mystère du Golgotha eut lieu, était une philo­sophie pénétrante, qui éclairait les choses de l’univers en profondeur.

Or, toute la philosophie gnostique s’est formée sous l’influence des forces lucifériennes. On n’a pas le droit de dire qu’elle est fausse, parce que lu­ciférienne ! elle est seulement parcourue de forces lu­cifériennes, qui lui impriment un certain caractère.

C’est bien plus de 2000 ans après l’incarnation de Lu­cifer qu’eut lieu le Mystère du Golgotha. Les êtres hu­mains parmi lesquels il se propagea étaient encore tout imprégnés de l’influence luciférienne dans leurs pensées et dans leurs sentiments. Alors, surgit dans l’évolution de l’humanité cet élément tout autre qu’était l’impulsion du Christ. Nous avons dit, bien souvent déjà, ce que cette impulsion du Christ signifia pour l’humanité civi­lisée. Cette impulsion fut reçue par des âmes modelées par l’influx luciférien.

Elle s’est, pour ainsi dire, allumée dans la lumière que Lucifer avait donnée aux hommes. Et pendant les premiers siècles chrétiens, c’est avec tout ce que les hommes avaient recueilli de luciférien qu’ils comprirent le Christ. Il faut l’admettre sans aucun préjugé, sinon, il est impossible de comprendre la nuance particulière avec laquelle l’impulsion du Christ fut adoptée alors.

Ensuite, l'impulsion luciférienne s’affaiblit de plus en plus dans les âmes humaines, mais les hommes devinrent aussi de moins en moins capables d’accueillir correcte­ment l’impulsion du Christ. Songez-y, tant de choses sont devenues matérialistes au cours des temps mo­dernes !

Et si vous demandez : qu’est-ce qui est devenu le plus matérialiste ? je répondrai que c’est une grande partie de la Théologie chrétienne moderne. Car cette Théologie s’adonne au matérialisme le plus absolu, lorsqu’elle ne veut plus voir dans Jésus de Nazareth l’en­tité du Christ, mais seulement l’homme, le « modeste charpentier de Nazareth » ! L’homme que l’on peut com­prendre sans prendre la peine de se hisser bien haut !

Plus on en vient à considérer Jésus de Nazareth comme un homme ordinaire, et à l’insérer dans la liste des autres grands personnages historiques, plus la Théologie mo­derne flatte les tendances matérialistes. Cette Théologie n’admet plus que très peu de chose au sujet de l’entité suprasensible du Christ, et de l’événement suprasensible que fut le Mystère du Golgotha.

La nuance luciférienne des idées et des sentiments sombra donc de plus en plus dans les âmes humaines. En revanche, au cours des temps modernes, ce que nous appelons l’impulsion ahrimanienne se fit sentir de plus en plus, et elle se renforcera toujours davantage dans le proche avenir, puis dans l’avenir lointain. L’impulsion ahrimanienne procède d’une entité suprasensible bien différente de Lucifer, et aussi du Christ.

Ce n’en est pas moins une entité suprasensible, mais on pourrait aussi la qualifier de « sous-sensible ». Peu importe le terme qu’on emploie ! Son influence est devenue particulièrement forte pendant les débuts de la 5e époque post-atlantéenne, et elle ne cesse de grandir. Et quand nous considé­rons les égarements de ces dernières années, nous nous apercevons que les hommes y ont été entraînés surtout par les puissances ahrimaniennes.

De même qu’il y eut une incarnation de Lucifer au début du IIIe millénaire avant le Christ, de même qu’il y eut l’incarnation de l’entité-Christ au début de notre ère de même il y aura, en Occident, cette fois, quelque temps après nos incarnations terrestres actuelles, une in­carnation de l’être ahrimanien.

Ce sera, à peu près, au début du troisième millénaire après le Christ. On ne peut donc comprendre équitablement le déroulement de l’évolution humaine pendant ces six millénaires qu’en plaçant, à son début, une incarnation de Lucifer, et vers sa fin, à l’autre pôle, une incarnation d’Ahriman.

Lucifer est la puissance qui excite dans l’homme tou­tes les exaltations, tous les faux mysticismes, l’orgueil qui pousse l’homme à s’élever au-dessus de lui-même, et physiologiquement -, tout ce qui trouble l’ordre du système sanguin de l’homme, pour le faire sortir de lui-même.

Ahriman est la puissance qui rend l’homme aride, prosaïque, « philistin » - qui ossifie exagérément les corps et qui entraîne l’homme aux superstitions matérialistes.

La tâche propre de l’être humain est essentiellement de se maintenir en équilibre entre les puissances lucifériennes et les puissances ahrimaniennes ; et l’impul­sion du Christ aide l’humanité actuelle à garder cet équi­libre.

Ainsi, ces deux pôles, le luciférien et l’ahrimanien, sont présents en permanence dans les hommes, mais, historiquement, nous constatons que le pôle luciférien a prévalu dans certains courants culturels de l’Antiquité et jusque dans les premiers temps chrétiens - tandis qu’Ahriman agit de plus en plus fortement depuis le mi­lieu du XVe siècle et se manifestera toujours davantage, jusqu’à ce qu’il ait une véritable incarnation charnelle dans l’humanité occidentale.

Mais ce qu’il importe surtout de voir, c’est que de tels événements se préparent longtemps à l’avance. Les puis­sances ahrimaniennes influencent l’évolution actuelle de l’humanité, de telle manière que cette humanité puisse succomber le plus possible à sa tentation, le jour où Ahriman apparaîtra sous forme humaine dans la civilisa­tion de l’Ouest - il est vrai qu’à ce moment, elle ne pourra plus guère être appelée une civilisation.

Ce que Lucifer fit autrefois en Chine et ce que l’entité du Christ fit plus tard dans le Proche-Orient, Ahriman le fera, à sa manière, dans l’Ouest.

Il ne sert à rien de s’illusionner sur ces choses. Ahriman apparaîtra sous une forme hu­maine. Tout dépendra alors de la préparation qu’il aura fait subir aux hommes. Subjuguera-t-il toute l’humanité civilisée, ou bien les hommes seront-ils en état de lui ré­sister ? De nos jours, les hommes se détournent de ces vérités, ils les fuient, et l’on ne peut guère les leur révéler tout à fait sans fard, car on serait raillé, ridiculisé, honni !

Mais quand on tente de faire connaître ces mêmes vérités sous une autre forme - celle de la doctrine dite « tripartition de l’organisme social », comme je l’ai essayé derniè­rement, on n’est pas écouté de la grande majorité des hommes. Or, le fait de refuser ces vérités est justement un des moyens dont peuvent se servir les puissances ad­verses, pour qu’Ahriman, lorsqu’il apparaîtra sous forme humaine, trouve sur la terre un nombre énorme d’adhérents et de partisans.

Cette propension à dé­tourner les yeux des vérités les plus importantes sera pour Ahriman la meilleure des armes, un excellent atout qui risque d’assurer la réussite de son incarnation. Car, voyez-vous, nous n’avons pas d’autre remède en cette occurrence que le fait d’apprendre à connaître librement la nature d’Ahriman et les armes que l’homme peut em­ployer contre lui.

Nous allons donc aujourd'hui jeter un premier regard sur des moyens qui favoriseraient le suc­cès d’Ahriman - déjà préparé du haut du monde supra­sensible, par l’intermédiaire des âmes humaines.

Un de ces moyens, c’est d’empêcher que les hommes percent à jour la fausseté de certaines représentations ou pensées qui se sont largement répandues.

Vous savez qu’il y a une grande différence entre la manière dont un homme des temps égyptiens ou grecs se sentait inséré dans le Cosmos, et la manière dont on s’y sent inséré depuis la fin du Moyen Âge ou le début des temps modernes.

Un Égyptien cultivé savait qu’il n’était pas uniquement constitué par les ingrédients de la terre, tels qu’ils sont dans le règne animal, dans le règne végétal et le règne minéral. Il percevait en lui-même des forces agissantes provenant des étoiles. Il se sentait un membre du Cosmos tout entier. Il éprouvait ce Cosmos, non seulement comme un être vivant, mais encore comme un monde d’âme et d’esprit.

Des entités spiri­tuelles du Cosmos vivaient dans sa conscience. Tout cela s’est perdu au cours de l’évolution moderne de l’huma­nité.

L’homme d’aujourd’hui, sur terre, lève les yeux vers le monde des astres, il le voit rempli d’étoiles fixes, de soleils, de planètes, de comètes, etc. Mais par quel moyen cherche-t-il à embrasser tout ce qui, là-haut, dans l’espace universel, semble le regarder ? - Il cherche à l’embrasser par la Mathématique, ou tout au plus, par la Mécanique.

Il dénie toute vie, toute âme et tout esprit à ce qui se situe autour de la terre. Il n’y voit qu’un grand mécanisme, compris à l’aide des lois de la Mécani­que et de la Mathématique. Grâce à ces lois, nous le comprenons merveilleusement ! - Certes, l’investigateur spirituel est bien placé pour pouvoir rendre justice aux travaux d’un Galilée, d’un Képler et de bien d’autres… mais ce qui pénètre ainsi dans l’entendement des hom­mes, dans la conscience des hommes, c’est le tableau d’un univers réduit à un grand mécanisme.

Seul celui qui connaît l’homme dans la totalité de son être peut réellement savoir ce que cela signifie. Les as­tronomes, les physiciens, savent que l’homme les croira, à coup sûr, tant qu’il est à l’état de veille, du matin jusqu’au soir ; mais il y a des profondeurs subconscientes que l’homme éveillé n’atteint pas, qui n’en font pas moins partie de son existence et dans lesquelles il vit pendant tout son sommeil.

Là, son âme accueille des ré­vélations tout à fait différentes au sujet de l’univers ! Même si l’homme éveillé ne sait rien de ce qui se déroule là, ces choses n’en sont pas moins existantes, et elles vi­vent en lui. Bien des désordres dont souffre l’homme moderne proviennent de cette discordance entre ce que son âme vit dans l’univers pendant ses heures de som­meil et ce que sa conscience de veille accepte comme seul réel.

Voici donc ce que dit la science spirituelle d’orienta­tion anthroposophique : Oui, ce que Galilée, Képler et leurs successeurs ont apporté à l’humanité, c’est une doctrine puissante, grandiose - mais ce n’est aucunement une vérité absolue ! C’est seulement un aspect de l’uni­vers, une de ses faces, vue sous un certain angle ! Les hommes modernes, dans leur vanité, proclament que le système de Ptolémée était un enfantillage. Selon eux, leurs ancêtres, lorsqu’ils se contentaient d’une telle as­tronomie, étaient encore des enfants. Ils ajoutent : « de­puis lors, nous avons progressé magnifiquement !

Nous avons progressé jusqu’aux étoiles… et notre manière de voir est la seule juste, la seule absolue ! »

Eh bien, leur manière de voir n’est pas plus absolue que ne l’était le système ptoléméen du monde ! Elle n’est qu’un aspect unilatéral de la réalité. Toute cette mathématique, toute cette mécanique, ne livrent finalement, elles aussi, que des illusions - jamais aucune vérité absolue.

Nous avons besoin de ces illusions, parce que l'humanité, dans ses phases évolutives, doit recevoir différentes formes d’éducation.

Les illusions mathématiques lui sont néces­saires - pédagogiquement, en quelque sorte - dans l’état actuel des choses, et nous devons les acquérir, tout en sachant bien qu’elles sont des illusions. Et ce sont des il­lusions bien davantage encore, lorsque nous extrapolons et prolongeons notre système dans le domaine du mi­croscopique et de l'infiniment petit, lorsque nous ten­tons de créer une doctrine atomique ou moléculaire qui apparaît comme une reproduction, en petit, du système des astres.

Oui, lorsqu’on veut juger équitablement cette science moderne, dans la mesure où elle professe ce que je viens de dire - on est obligé de reconnaître que tout y est illusion.

Or, Ahriman, pour que son incarnation remporte un succès maximum, a le plus grand intérêt à ce que les hommes se perfectionnent dans cette science illusoire et que jamais ils ne la percent à jour. Ahriman a le plus grand intérêt à perfectionner les hommes dans les mathématiques, sans jamais leur laisser voir que les conceptions mathématiques et mécaniques de l’univers sont loin de correspondre à des réalités.

Ahriman a le plus grand intérêt à enseigner aux hommes la Chimie, la Physique, la Biologie, etc. telles qu’elles sont présentées de nos jours - et admirées à juste titre -, tout en lui fai­sant croire qu’elles correspondent à des vérités absolues, alors que ce ne sont que des points de vue partiels, comme le sont des photographies prises d’un seul côté.

Quand on photographie un arbre d’un seul côté, l’image peut être exacte, mais elle ne donne pas une perception totale de l’arbre.

Quand on le photographie des quatre côtés, on a déjà une meilleure perception. Ahriman a le plus grand intérêt à dissimuler aux hommes que la science intellectuelle et rationaliste d’aujourd’hui, avec l’empirisme quasi-superstitieux qui est à sa base, n’est dans son ensemble qu’une grande illusion, une grande duperie !

Ahriman pourrait connaître un triomphe uni­versel, s’il faisait prédominer partout ces vues et cette mentalité jusque dans le début du IIIe millénaire. Au­jourd’hui, les hommes veulent même organiser leur science sociale d’après ces points de vue et cette menta­lité.

S’ils y parviennent, Ahriman s’incarnera sous forme humaine au sein de la civilisation occidentale, telle qu’elle sera devenue, c’est-à-dire au sein de la supersti­tion scientifique la plus avancée…

Mais, voyez-vous, il ne faut pas tirer des déductions erronées de ce que je vous dis là ! Ce serait une faute grave que de vouloir bouder, éviter la science de notre temps.

Rien ne serait plus préjudiciable !

Il faut, au contraire, bien connaître cette science. Il faut se familia­riser avec tout ce qu’elle apporte, mais savoir très consciemment que ce sont des illusions. De telles illu­sions sont nécessaires à la formation, à l’éducation ac­tuelle de l’humanité, et nous ne nous préserverons pas de l’influence ahrimanienne en les dédaignant, en les ignorant.

Nous avons besoin de ces illusions superficiel­les - un très grand besoin. Seulement, il faut, grâce à la Science spirituelle, et d’un tout autre point de vue, rem­plir ce tissu illusionnaire avec des réalités vraies et pro­fondes.

Consultez à ce sujet mes cycles de conférences : vous verrez que j’ai toujours et partout tenté de rester en accord avec la science contemporaine, mais que j’ai es­sayé d’élever vos pensées jusque dans une sphère dif­férente.

N’est-ce pas, vous ne pouvez pas souhaiter que l’arc-en-ciel disparaisse, parce que vous avez reconnu qu’il est une illusion d’optique, une illusion colorée ! Vous ne connaîtrez cet arc-en-ciel que si vous connais­sez à fond son apparence illusoire. Mais il en est ainsi de toutes les représentations que la science actuelle nous donne du monde ; elle ne transmet que des illusions et il s’agit de bien le reconnaître.

Ce faisant, on arrive à se former, à s’éduquer, grâce aux illusions, et à atteindre la réalité du monde spirituel qui les sous-tend.

Voyez-vous, c’est là un des moyens dont dispose Ahriman pour rendre sa future incarnation aussi efficace que possible : entretenir chez les hommes la superstition scientifique.

Un autre moyen dont il dispose, c’est d’attiser tous les penchants des hommes à se scinder en groupes, à se divi­ser en petits groupements. Vous n’avez qu’à constater, dans la vie actuelle, l’importance des partis, ces groupus­cules dressés et ligués les uns contre les autres.

Et vous reconnaîtrez, si vous êtes sans préjugé, que ces partis ne sont pas explicables par les simples lois de la nature hu­maine.

Quand les hommes voudront, un jour, s’expli­quer loyalement la récente guerre mondiale, ils n’y par­viendront pas en faisant seulement appel aux discordan­ces humaines ; ils verront que c’est impossible ; ils verront qu’on ne peut pas la comprendre à partir de ce qui existe sur le plan physique ; c’est là, justement, un cas, où se montre nettement comment travaillent les puissances ex­tra-humaines, les puissances ahrimaniennes.

Ces puissances ahrimaniennes, elles se déchaînent par­tout où il surgit des litiges, des discordes, entre les groupes humains. Sur quoi repose la majeure partie de ces discordes ?

Prenons un exemple tout à fait caractéris­tique : le prolétariat moderne a eu son Karl Marx. Exa­minez attentivement la théorie de Karl Marx et comment elle s’est répandue dans le prolétariat moderne.

Exami­nez la littérature marxiste, dont l’abondance est presque incommensurable… Vous y trouverez le ton habituel des considérations scientifiques, utilisé de la façon la plus percutante ; tout, dans le marxisme, est strictement démontré - si strictement qu’aujourd’hui déjà, des gens dont on ne l’aurait pas attendu sont tombés dans ce piè­ge. Quel a été, en somme, le destin du marxisme ? - d’abord, il s’est répandu dans le prolétariat ; il a été sévè­rement réprouvé par la science universitaire ; un certain nombre de savants universitaires n’ont pas échappé à sa logique et ne peuvent plus s’en libérer, car ils sont convaincus que ses raisonnements sont justes.

En effet, avec la mentalité et les méthodes de pensée actuelles, on peut très rigoureusement démontrer le marxisme. Les milieux bourgeois n’ont pas eu un Karl Marx pour faire la démonstration contraire. Mais, tout aussi bien que l’on peut démontrer d’un point de vue marxiste le carac­tère idéologique du Droit et de l’Usage, la théorie de la plus-value, et enfin, le matérialisme historique, etc. - tout aussi bien on peut, sur tous ces points, démontrer le contraire. Il aurait été tout à fait possible qu’un Karl Marx « bourgeois » soit venu prouver, tout aussi rigou­reusement, le contraire de ce qu’a prouvé Marx !

Cela, sans aucun truc, sans aucune duperie, par des raisonne­ments justes et sans défaut…

D’où cela vient-il ? - Cela vient de ce que la pensée humaine actuelle, l’intellect, évolue à de tels niveaux de l’existence qu’il ne peut aucunement parvenir à des réa­lités.

C’est pourquoi l’on peut aussi bien démontrer une chose que son contraire. Ainsi, il est aujourd’hui possi­ble de démontrer le spiritualisme tout aussi strictement que le matérialisme. Et l’on peut se battre les uns contre les autres, au nom de principes également excellents, ou également mauvais. L’intellect actuel travaille sur un plan superficiel, artificiel, et ne descend pas dans les pro­fondeurs de l’existence.

Telles sont les opinions que dé­fendent les partis divers ; l’homme qui ne le voit pas se laisse embrigader dans un certain parti pour des raisons d’éducation, d’hérédité, de position sociale ou d’autres circonstances, et il croit - sincèrement, dit-il - à la force démonstrative des principes que proclame le parti dans lequel il a « glissé » Il combat alors d’autres hommes, qui ont « glissé » de la même manière dans un autre parti. Et le premier est tout aussi bien dans son bon droit que les seconds.

Cela provoque dans l’humanité un véritable chaos, des schismes qui s’accentueront de plus en plus, si on ne réagit pas à temps. Or, ce chaos est un des grands atouts dont se sert Ahriman pour préparer le suc­cès de sa future incarnation. Oui, nous devons reconnaî­tre que tout est démontrable !

Néanmoins, dans les sciences de la nature, dans la science naturelle au sens large de ce terme, la réalité se manifeste par des faits - tandis que dans les autres branches, on a le droit de trouver valable tout ce qui peut être intellectuellement démontré. On n’échappe à la tentation ahrimanienne, qui tend à enfoncer les hommes de plus en plus pro­fondément dans l’erreur, que lorsqu’on a compris que le savoir humain, la connaissance humaine, se situent à un niveau plus profond.

C’est ce que fait la Science spiri­tuelle anthroposophique.

Mais Ahriman utilise aussi, à notre époque, pour chaotiser la vie de l’humanité, tout ce qui subsiste encore des anciens liens héréditaires auxquels l’homme, à vrai dire, s’est déjà soustrait depuis qu’il est entré dans la 5e époque post-atlantéenne. Tous les vestiges de ces anciens liens héréditaires, la puissance ahrimanienne les met à profit pour opposer les hommes les uns aux autres, dans des groupements agressifs.

Tout ce qui reste des ancien­nes discriminations de famille, de race, de lignée, de peuple, etc., Ahriman l’exploite pour allumer la dis­corde. Ne vient-on pas de revendiquer « la liberté pour chaque tribu, fût-elle la plus petite » ?

C’était là une belle devise. Mais ce sont toujours de belles devises qu’em­ploie la puissance ahrimanienne pour approfondir les schismes entre les hommes et pour atteindre les buts de son incarnation.

Qu’est-ce donc, qui excite les peuples les uns contre les autres ? Voici la réponse : c’est la tentation ahrima­nienne. Et dans ce domaine, rien n’est plus facile que de duper les hommes. Ils refusent de descendre dans des couches profondes de la réalité.

Et, voyez-vous, Ahri­man se prépare depuis longtemps déjà : depuis la Réforme et depuis la Renaissance. C’est à ce moment qu’on a vu surgir, dans la civilisation moderne, le type d’homme que l’on a très justement appelé l'homo economicus. Il s’agit là d’une simple donnée historique.

Si vous reculez dans des temps plus anciens, dont je vous ai montré tout à l’heure les caractéristiques lucifériennes, vous n’y trouverez pas l'homo economicus. Quels étaient alors les types dominants ? C’étaient les initiés !

Les Pha­raons d’Égypte, les suzerains de Babylone, les empe­reurs de l’Extrême-Orient - tous étaient des initiés. Puis vint la domination du type sacerdotal, qui dura, en réa­lité, jusqu’à la Réforme et jusqu’à la Renaissance. De­puis lors, c’est l'homo economicus qui est le maître.

Les gouvernants ne sont plus que les hommes de main de l’homme économique. Car il ne faut pas croire que les chefs d’États, aujourd’hui, sont autre chose que des hommes de main de l’homme économique.

Les change­ments qui sont survenus dans la Loi et dans le Droit - si on les étudie en profondeur -, n’ont été que les consé­quences de la pensée de l’homme économique. Au XIXe siècle apparut une nouvelle variété de cet homme éco­nomique : l’homme des Banques, l’homme dont la pensée est essentiellement bancaire.

C’est alors que s’institua totalement le système économique actuel, où l’hégé­monie de l’argent l’emporte sur tout le reste. Il faut étu­dier ces choses d’une manière empirique, expérimentale.

J’ai exposé tout cela déjà, ici-même, dans ma deu­xième conférence publique. On souhaiterait pouvoir l’étudier plus en détail ; on verrait alors ce que signifie la suprématie absolue de l’économique.

Elle est pour Ahriman un nouveau moyen de subjuguer l’humanité. Si les hommes ne voient pas la nécessité de créer, à côté de l’ordre économique et bancaire, un État purement juri­dique et une Instance purement spirituelle, alors Ahri­man aura un atout de grande envergure pour assurer le triomphe de son incarnation.

Tels sont les moyens qu’Ahriman peut utiliser auprès d’une vaste catégorie d’êtres humains. Mais il existe aussi une autre catégorie de personnes qui facilitent sa venue - et souvent, les deux types se surajoutent dans le même individu.

Voyez-vous, dans la vie réelle, les erreurs complètes sont souvent moins graves que des demi-vérités ou des quarts de vérité ! Car les erreurs totales sont vite recon­nues et rectifiées, tandis que les moitiés ou les quarts de vé­rité subsistent. Et les résultats peuvent en être très graves.

Il y a aujourd’hui bien des gens qui ne voient pas le caractère illusoire et unilatéral de la conception copernicienne du monde. Ils trouvent commode de s’en conten­ter. Nous avons montré tout à l’heure à quel point ils ont tort. Mais il y a une autre catégorie de personnes qui professent une demi-vérité. Si étrange que cela puisse pa­raître, il s’agit des gens qui ne veulent connaître le monde qu’à travers l'Évangile, et qui refusent tout autre chemin d’accès à la réalité.

L’Évangile a été donné aux hommes des premiers siècles chrétiens. Croire aujourd’hui que l’Évangile peut nous transmettre tout le christianisme, c’est une demi-vérité - c’est donc également une demi-erreur, qui obnubile les hommes et qui met aux mains d’Ahriman une arme re­doutable.

Ils sont nombreux, encore aujourd’hui, ceux qui di­sent - prétendument par humilité chrétienne, mais en réalité par orgueil : « Oh ! nous n’avons besoin d’aucune Science spirituelle ! La simplicité, la naïveté même de l’Évangile suffisent à nous transmettre la part d’éternité dont chaque homme a besoin ! »

C’est bien souvent un terrible orgueil qui s’exprime par de telles professions de foi. Et cet orgueil, Ahriman en a l’emploi. N’oubliez pas qu’à l’époque où ont été rédigés les Évangiles, les hom­mes étaient encore tout imprégnés de luciférisme dans leurs pensées, leurs sentiments et leurs manières d’agir. S’ils purent comprendre les Évangiles, c’est grâce à la Gnose luciférienne.

Mais concevoir les Évangiles dans ce sens ancien, ce n’est plus possible de nos jours, surtout étant donné leurs traductions défectueuses. Il n’est pas possible d’en extraire une véritable compréhension du Christ. C’est pourquoi celle-ci est si rare, de nos jours, dans les Églises chrétiennes. Il est nécessaire d’appro­fondir par la Science spirituelle le texte des Évangiles, si l’on veut parvenir à une connaissance du Christ réel.

Certes, il est intéressant de comparer entre eux les quatre Évangiles et de découvrir leur véritable contenu, mais prendre ce texte tel qu’il est, tel qu’il est enseigné, et tel que le prennent d’innombrables personnes, cela ne conduit pas au Christ, cela éloigne du Christ.

C’est ainsi que les confessions religieuses s’éloignent du Christ, de plus en plus. À quel résultat parvient-on par le seul Évangile, sans approfondissement pas la Science spiri­tuelle ?

On arrive à percevoir un certain Christ, mais ce n’est pas la réalité du Christ. Seule une Science spiri­tuelle peut conduire aujourd’hui à la réalité du Christ ! Car ce que procure l'Évangile, de nos jours, ce n’est qu’une image subjective du Christ, une hallucination du Christ ! ou disons, si vous le préférez, une vision du Christ.

C’est une image subjective, et non une réalité. Il existe donc, à notre époque, un chemin qui passe par l’Évangile et qui conduit à une hallucination du Christ. C’est la raison pour laquelle la Théologie moderne est devenue si matérialiste. Les théologiens se sont de­mandé : « Que pourrions-nous faire jaillir de cet Évangi­le ? » et ils ont répondu : « quelque chose de semblable à l’hallucination de Saint Paul sur la route de Damas ! »

Ce faisant, au lieu d’étayer le christianisme, ils ont sapé ses fondements, car ils ne manquaient pas de déclarer, à l’occasion, que la vision de Saint Paul sur la route de Damas n’avait été qu’une hallucination et que Saint Paul, selon eux, était morbide, névrosé.

Pour trouver aujourd’hui le Christ véritable, il faut le chercher à travers toute la connaissance de l’univers, telle que la transmet la Science spirituelle.

Les Confessions religieuses et les sectes qui ne veulent s’instruire que par l’Évangile et qui repoussent toute connaissance spirituelle, qui ne veulent rien apprendre, mais éviter tout effort, constituent dès à présent l’ébau­che des hordes innomblables qui se mettront au service d’Ahriman, lorsqu’il apparaîtra sous forme humaine dans la civilisation occidentale.

Vous le voyez, tout a déjà commencé. Tout est prêt, tout agit déjà dans l’humanité, et c’est dans un terrible chaos que retentit la parole de ceux qui veulent représen­ter la science initiatique, soit dans le domaine social, soit dans d’autres domaines. Ceux-là savent où sont les puis­sances adverses, ils savent qu’elles agissent surtout à partir du monde suprasensible.

Au fond, l’appel qu’il faut adresser aux hommes de ce temps est celui-ci : Libé­rez-vous de toutes les choses qui risquent de faire de vous les soutiens et les tenants d’Ahriman !

Certains êtres humains l’ont bien pressenti, mais on ne trouve pas partout le courage qui serait nécessaire pour prendre position en face des trois impulsions histo­riques qui sont celle de Lucifer, celle du Christ et celle d’Ahriman. C’est pourtant ce courage que doit réclamer la Science spirituelle anthroposophique. Même ceux qui pressentent ce qui est nécessaire ne sont pas toujours disposés à aller assez loin.

Prenons quelques exemples : de-ci, de-là, surgit l’opinion juste qu’il faut pénétrer d’impulsion christique la science matérialiste mondiale. Ou encore l’opinion juste qu’il faut éclairer l’Évangile par des notions de Science spirituelle.

Mais voyez com­bien peu de personnes se pénètrent réellement de ces notions !

Or, l’humanité ne pourra se défendre contre les effets de l’incarnation terrestre d’Ahriman, que si elle a le courage et l’énergie de projeter les lumières de l’esprit jusque dans la science profane et jusque dans l’étude des Évangiles. Sinon, il ne naîtra que des demi-vérités et des demi-mesures.

Songez que, par exemple, un homme très éclairé, le Cardinal Newmann, qui avait une vue pénétrante de l’évolution religieuse moderne, put dire ouvertement, à Rome, lorsqu’il fut nommé cardinal : si la doctrine chré­tienne-catholique doit subsister dans un proche avenir, une nouvelle révélation sera nécessaire. - Mais nous n’avons pas besoin d’une nouvelle révélation.

Le temps des révélations, au sens ancien de ce mot, est passé de­puis longtemps. Nous avons besoin d’une nouvelle science, d’une science éclairée par l’esprit ! Et les hom­mes devront avoir assez de courage pour l’acquérir.

Songez à un phénomène littéraire tel que le mouve­ment « Lux mundi » qui a commencé vers la fin du XVIIIe siècle et le commencement du XIXe siècle, promu par cer­tains hauts dignitaires de l’Église anglicane, par des théo­logiens réputés.

C’étaient là des tentatives pour jeter un pont entre la science profane et le contenu des dogmes. On constatait partout une grande agitation intellectuelle, mais nulle part le courage d’attaquer hardiment la science profane, et nulle part celui de convenir loyale­ment que l’Évangile, à lui seul, ne suffit pas.

C’est une nécessité absolue pour l’humanité d’aujourd’hui : avoir le courage de dire que la science profane, à elle seule, conduit à l'illusion et l’Évangile, à lui seul, à l'hallucination. Mais l’homme peut trouver un chemin médian en­tre ces deux pôles, et tout dépend de là.

La science profane à elle seule rendrait les hommes complètement « illusionnaires » et ils n’accompliraient plus alors que de véritables folies. On en accomplit déjà bien assez ! car, à coup sûr, la catastrophe mondiale que nous venons de vivre était une immense folie. Or, beau­coup des hommes qui furent responsables de cette catastrophe étaient entièrement imprégnés de science pro­fane.

Remarquez à présent les étranges phénomènes psychi­ques qui se produisent dans les sectes où la primauté ab­solue est donnée à l’un des quatre Évangiles.

Alors, vous comprendrez plus facilement ce que j’ai dit aujourd’hui à ce sujet. Il est certain qu’une secte s’appuyant unique­ment sur l’Évangile de Saint Jean, ou sur l’Évangile de Saint Luc - et il en existe - entraîne chez ses membres toutes sortes de phénomènes hallucinatoires.

Si, par chance, l’Évangile n’a pas encore provoqué de grands maux, cela tient au fait qu’il y a quatre Évangiles, et qu’extérieurement, ils se contredisent les uns les autres. Les hommes mis en face de ces quatre Évangiles ne peu­vent pas s’avancer trop loin dans le sens de l’un ou de l’autre. Un dimanche, à l’église, on leur lit un extrait de Matthieu, puis le dimanche suivant, un extrait de Luc ou de Jean - et ainsi de suite. Les forces hallucinatoires de l’un sont annulées par les forces hallucinatoires de l’au­tre.

Ce fut très sage d’en décider ainsi dans les cultes réguliers, et la publication même de ces quatre textes dif­férents, dans les premiers siècles chrétiens, avait déjà pour but d’empêcher les hommes de succomber à leur pouvoir d’hallucination.

Oui, il est nécessaire aujourd’hui que l’on combatte certains de ses penchants subjectifs, que l’on restreigne la valeur de ce qu’on aime, de ce qu’on croit très pieux ou très intelligent. Ce qui importe pour l’humanité ac­tuelle, c’est avant tout l’universalité des idées, et le cou­rage de la maintenir.

Voilà ce dont je voulais vous parler ce soir, afin que vous voyiez bien ce que nous devons tenter de faire, sur des fondements bien plus sérieux qu’une quelconque at­tirance personnelle. Ce que nous devons tenter de faire est inscrit, en réalité, dans les signes du temps, et nous nous y efforcerons.

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Source : Rudolf Steiner - Lucifer et Ahriman - 1e conférence - GA 218





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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
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