Mythologie et psychologie de la Lune

Bonjour
Title
Aller au contenu

Mythologie et psychologie de la Lune

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Astropsychologie · 2 Août 2022
Tags: MythologieetpsychologiedelaLune
Mère et matriarcat

Mythologie et psychologie de la Lune par Liz Greene

Nous allons parler de la Lune, de la mère et du matriarcat, mais je voudrais tout d’abord vous dire quelques mots du dia­gramme qui vous a été distribué (voir plus bas dans le texte). Ces canevas mythologiques ont été établis pour le Soleil et pour la Lune, et nous nous y référerons toute la semaine. Celui-ci devrait vous aider à vous repérer dans la profusion des images mythiques lunaires, mais il ne prétend pas être une compilation définitive, puisque manifestement de nombreux personnages et thèmes n’y figurent pas. Je vais en évoquer certains cet après-midi afin d’éveiller votre imagination et d’enrichir votre com­préhension du symbolisme astrologique de la Lune. Les images mythologiques sont des autoportraits que fait la psyché de ses propres processus. En les explorant et en comprenant leur mode d’action dans notre vie quotidienne, nous approcherons les mul­tiples dimensions de la Lune avec beaucoup plus de profondeur et de subtilité que si nous avions simplement essayé de dresser la liste de ses significations.

J’aimerais que vous mettiez de côté toutes vos connaissances astrologiques sur la Lune pour réfléchir à votre expérience directe de la vraie lune dans le ciel. L’avez-vous déjà observée régulièrement tout au long de son cycle mensuel ? Ceux qui étu­dient l’astrologie devraient avoir un télescope et un bon plani­sphère astronomique. Les êtres humains observent le cycle lunaire depuis des millénaires, et cette vision a quelque chose de merveilleux qui provoque en nous de fortes réactions imagina­tives et émotionnelles. La pleine lune a un côté complètement magique et hypnotique, et elle nous paraît même parfois mena­çante, tel un œil mystérieux nous surveillant dans l’obscurité du ciel nocturne. Combien d’entre vous ont-ils déjà joué à ce jeu de notre enfance qui consiste à lui trouver un visage ? Tous ! Eh bien, cela ne m’étonne pas. Lorsque la pleine lune brille tout là-haut, nous ne pouvons nous empêcher, si nous ne sommes pas seuls, de la montrer du doigt en disant : « Oh, regarde la lune ! », alors qu’il est pratiquement impossible de ne pas la voir. Et avez-vous déjà admiré l’élégance d’un fin croissant de lune ? Il y a quelque chose de terriblement fragile et délicat, et même de poignant, dans cette phase de la lune. Elle ne paraît jamais menaçante comme l’est parfois la pleine lune. Certains parmi vous ont-ils déjà observé une éclipse de lune ? C’est un phénomène très étrange, un peu sinistre, car la Lune, en s’obscur­cissant, tourne au rouge sang ou au brun ; dans l’antiquité et au Moyen Âge, elle était censée annoncer un événement catastro­phique.

Essayez d’imaginer ce que l’on pouvait ressentir naguère en observant la lune, lorsqu’on n’avait encore aucune connaissance du monde physique ; voyez quel splendide support elle a tou­jours été pour nos projections psychiques, ce qui explique la force de son symbolisme. Si vous étiez un homme des cavernes du néolithique, vous remarqueriez avant tout qu’elle change continuellement, tout en répétant un cycle toujours identique. La forme de la lune diffère d’une nuit à l’autre, mais on peut être sûr de la voir toujours reproduire le même cycle, mois après mois. Ainsi la lune est un paradoxe : elle n’a rien de permanent, mais son cycle est immuable. Elle émet parfois de la lumière, trop peu cependant pour bien nous éclairer, tandis qu’à d’autres moments elle disparaît complètement et nous laisse dans le noir. Le voyageur de l’ancien temps qui comptait sur sa clarté pour se diriger la nuit ne tardait pas à avoir des problèmes en la voyant peu à peu diminuer. La lune lui semblait donc déloyale, ce qui explique le caractère paradoxal et ambigu des toutes premières déesses lunaires.



Il peut être utile de rappeler que dans les zones urbaines des pays occidentaux, les lumières nocturnes de la ville déforment notre perception de la nuit, et ce à un grand nombre de kilo­mètres à la ronde. Nous vivons à l’âge de l’électricité et nous n’avons aucun souvenir du temps où l’on s’éclairait à la bougie, à la lampe à huile ou à la lueur du feu dans la cheminée. Nous ne nous rendons pas compte qu’il ne fait jamais complètement nuit. Nombre de citadins n’ont jamais vu de nuit vraiment noire, et à moins d’être à bord d’un bateau en plein milieu de l’Atlantique, ou dans des régions presque inhabitées comme le centre de l’Australie ou le désert du Sahara, nous ne pouvons faire l’expé­rience de l’obscurité absolue de la nouvelle lune telle que la connaissaient nos ancêtres. Quant à la lumière lunaire, c’est un éclairage très particulier qui décolore et blanchit tout. Les pay­sages et les objets familiers nous paraissent étranges et presque surnaturels lors de la pleine lune. Dans des circonstances roman­tiques, elle a un éclat merveilleux ; mais lorsqu’on est tout seul, elle peut parfois sembler très inquiétante.

Les chansons de notre enfance, comme "Au clair de la lune", évoquent souvent cette magie de la lune ; les chanteurs pop et les chansons d’amour également, comme Blue Moon, Fly me to the moon, etc. La lune nous fait penser aux amoureux, mais aussi aux lunatiques, cet autre mot dérivé du latin luna. Les contes et légendes nous parlent de gens qui se transforment en loups ou en vampires à la pleine lune, et d’autres que cette lumière rend fous lorsqu’elle tombe sur leur visage par la fenêtre pendant leur sommeil, d’où l’association avec la démence *. Avant même d’étudier les personnages mythologiques correspondant aux diverses phases lunaires, nous voyons déjà que la lune a sus­cité dans l’imaginaire humain au cours des siècles toutes sortes de fantasmes et de projections en rapport avec l’amour, la folie et la sorcellerie.

Ce cycle toujours changeant, mais immuable, de la lune est à l’origine d’une série de mythes que beaucoup d’entre vous connaissent bien. Les divinités lunaires, généralement féminines (quoiqu’il y ait des exceptions), apparaissent la plupart du temps sous forme de triade, montrant trois aspects correspondant aux phases distinctes de la nouvelle Lune, du croissant de Lune et de la pleine Lune. Regardons les images évoquées par ces trois phases : tout d’abord la nouvelle Lune, la perfide Lune noire * associée à la mort, à la gestation, à la sorcellerie et à la déesse grecque Hécate qui présidait à la naissance et gouvernait la magie noire. Vient ensuite le croissant de Lune, dont la finesse virginale et prometteuse semble dans l’attente d’une féconda­tion. La Lune prend alors la forme d’une coupe, ouverte à la pénétration. Cette phase était liée à la déesse vierge Perséphone enlevée par Hadès. Le croissant de Lune était également l’em­blème d’Artémis, la chasseresse vierge, la « Dame des Animaux sauvages », sur laquelle nous allons nous pencher tout à l’heure. La pleine Lune, en revanche, est ronde et pulpeuse comme un fruit bien mûr, et paraît prête à enfanter d’un instant à l’autre. Elle est au maximum de sa puissance, à l’apex du cycle, et on l’associait à Déméter, la déesse de la Fertilité, mère de toute vie. Enfin la Lune commence à décroître, elle s’amincit et s’assom­brit, puis disparaît brusquement. Tout au fond des Enfers, la vieille Hécate a repris le pouvoir, tramant ses sortilèges et tissant l’avenir dans l’obscurité.

Cette triade de divinités lunaires symbolise une expérience archétypique projetée par l’homme sur la Lune dans le ciel, celle du corps, dont le cycle de développement et la mortalité corres­pondent aux phases de la Lune. Les déesses lunaires régissent le cycle annuel de la végétation, mais aussi le cycle humain de naissance et de mort. Dans la mythologie, la Lune gouverne le royaume organique du corps et des instincts, et ses divinités sont généralement féminines. Nous sommes tous nés du corps de la femme qui nous a procuré notre première nourriture. On appelait le cycle lunaire la Grande Roue, ce qui traduit bien ses rapports avec le destin et avec ce qui revient toujours et se répète éternellement. Tout ce qui est mortel a un cycle, lui-même plus uni­versel qu’individuel, puisque les individus meurent tandis que l’espèce subsiste en se régénérant sans cesse.

Dans la perspective solaire, le corps n’a qu’une valeur symbo­lique. La conscience solaire s’intéresse à ce qui est éternel et elle n’attache aucune valeur à sa naissance, son développement, son déclin et sa mort. Le monde charnel est transcendé à la lumière du jour, qui nous offre à la place la promesse de l’immortalité et du sens ultime. En nous identifiant uniquement à ce monde diurne, nous perdons contact avec la Lune, du moins momenta­nément, car elle devient une « distraction * » mêlée à la trame de la Maya, comme le diraient les Hindous. Mais lorsque nous considérons et expérimentons la vie sous l’angle lunaire, plus rien ne paraît immuable ni éternel, puisque dans le spectacle auquel nous assistons et où l’être humain ordinaire joue le rôle principal, tout change continuellement, emporté par la roue de la Fortune et du Temps.

Certains individus ont tendance à envisager les choses d’un point de vue lunaire, en raison de l’importance de la Lune dans leur thème natal ; c’est alors la nature changeante et cyclique de la réalité qui leur paraît la caractéristique fondamentale de la vie. La sécurité et la chaleur humaine leur importent beaucoup plus que la quête abstraite du sens, car la vie qui change et se renou­velle sans cesse doit être affrontée au jour le jour. Ces personnes savent garder les pieds sur terre et montrer en toutes circonstances beaucoup de sensibilité, de bienveillance et de compassion envers autrui. Nous avons tous la Lune dans notre thème, et cha­cun d’entre nous peut donc faire l’expérience du monde et de lui-même sous l’angle lunaire. Certains s’en tiennent là et ne peuvent voir autre chose que leur situation personnelle immé­diate. D’autres perdent de vue la nature cyclique de la réalité et se débrouillent mal dans la vie ordinaire. Ils privilégient l’éter­nité et ne savent plus faire confiance à leurs instincts ni employer intelligemment leur temps.

À l’époque médiévale, on associait la Lune à la déesse For­tune, celle de la lame de la Roue de Fortune dans le jeu du Tarot. Vous connaissez peut-être les premiers vers du Carmina Burana de Carl Orff :

Ô Fortune, changeante telle la Lune !
Tu croîs ou décroîs sans cesse ;
La vie exécrable n’amène aujourd’hui qu’épreuves
Et le moment qui vient gratifie le joueur.
Pauvreté, puissance,
Tout se dissout comme neige au soleil.

Chaque fois que nous atteignons un sommet de notre exis­tence, un moment de pleine Lune où les choses parviennent à l’apogée de leur accomplissement, nous pouvons être certains que dans le passé se trouve un commencement secret, une nou­velle Lune où la graine a été semée, puis une période de déve­loppement prometteur lorsque le croissant de Lune était dans sa phase montante. Et nous pouvons de même être assurés que sur­viendra un déclin, le cycle se poursuivant jusqu’à sa fin inexo­rable, puisque rien dans la vie ne peut demeurer identique ni se soustraire à la mort. Lorsque la Lune décroît et que tout dispa­raît, nous repensons au passé où tout semblait si prometteur. Considérer la vie avec les yeux de la Lune nous ramène toujours vers le passé, vers la jeunesse du croissant de Lune et ses poten­tiels non vécus, ce qui ravive notre sensation de vieillir. Même à vingt ans, nous pouvons nous souvenir d’une époque où nous avions plus d’énergie et moins de rides, comme dans notre enfance où notre corps était jeune et en plein développement. Nous étions alors naïfs, sincères et innocents, jusqu’à ce que, pareille au Serpent dans le Jardin, l’expérience ne modèle nos perceptions et nos valeurs. Il est impossible de ne pas voir la profonde et poignante mélancolie qui s’attache à la Lune : elle chante dans une gamme mineure, nostalgique devant le temps qui passe et ne revient jamais. Rien ne nous est acquis pour tou­jours : ce que nous avons aujourd’hui, nous le perdrons demain, et nous devrons affronter l’obscurité de la nouvelle Lune avant qu'autre chose puisse voir le jour et de nouveaux potentiels émerger. Dès que l’on s’identifie à cette vision lunaire, c’est la mort qui clôt inéluctablement le cycle, puisque dans la vie tout semble connaître le même destin. Nos relations, par exemple, suivent un cours identique. La créativité est cyclique, tous les artistes le disent ; la vie familiale a ses cycles, de même que le marché financier (la déesse Fortune régit la Bourse) et également l’Histoire. Tout se reproduit un jour ou l’autre, et il n’y a rien de nouveau sous le Soleil, parce que la Lune a déjà tout fait. Cette expérience cyclique de la vie correspond à un état psychologique dont nous allons étudier les dimensions positives et négatives. Nous pourrions le qualifier de matriarcal, car il s’agit d’une vision du monde essentiellement féminine et organique, reflétant les processus de conception, gestation, naissance, puberté, matu­rité, vieillesse et mort. La conscience matriarcale mythique pri­vilégie les cycles naturels et l’harmonie avec la Grande Roue, et se désintéresse de la volonté et de l’esprit humains qui peuvent les transcender.

Pour faire un contrepoids sans doute nécessaire au pouvoir destructeur d’un excès de rationalité, nous avons tendance à idéaliser la conscience matriarcale. Cette attitude est actuelle­ment très en vogue dans certains milieux, mais il est tout aussi dangereux de tomber dans l’excès inverse. La Lune gouvernant le royaume de la nature, une conscience purement matriarcale n’accorde aucune valeur à l’individu et donne la priorité absolue à la famille et à la tribu, légitimant ainsi la suppression de l’expression personnelle de chacun dès que la sécurité du groupe est menacée. Elle ne reconnaît ni morale ni principes et n’a pas recours à l’usage discipliné de la volonté. Tout est justifié par l’exigence des instincts et la préservation de l’espèce. Les hommes projettent souvent de sombres qualités lunaires sur les femmes, qui en sont très irritées : elles sont manipulatrices, per­fides, déloyales, versatiles et insatiables sur le plan émotionnel. Tant d’hommes se plaignent des difficultés qu’ils éprouvent à travailler ou à discuter objectivement avec les femmes dont les sentiments personnels l’emportent sur toute attitude raisonnable et coopérative. En fait, ce trait de caractère est souvent très pro­noncé chez ceux qui, homme ou femme, ont une Lune domi­nante dans leur thème natal. Vous saisissez mieux maintenant à quoi peut ressembler une personnalité marquée par la Lune, et vous comprenez pourquoi les divinités lunaires n’étaient pas seulement nourricières et protectrices, mais aussi dévoratrices et castratrices.

Il est facile de deviner ce qui va se passer si nous nous cou­pons de la Lune. Nous allons nous détacher de notre corps, le négliger, ce qui sur un plan plus général peut être assimilé à une perte de contact avec la nature, entraînant un désintérêt ou une insouciance pour la vie de notre planète. C’est notre corps qui nous rappelle que nous sommes mortels. C’est lui qui nous fait faire l’expérience de la douleur, de la maladie et du vieillisse­ment, autant que celle de la jouissance et du plaisir. Nos émo­tions, nos humeurs lui sont intimement liées, au point qu’il est impossible de reconnaître la cause de l’effet. Une baisse de sucre dans le sang et un mauvais fonctionnement de la glande thyroïde donnent souvent une dépression, laquelle affecte le système immunitaire ; donc nous nous enrhumons, ce qui nous déprime encore plus. Nous nous levons patraques un beau matin, le visage bouffi, et nous voyons qu’en plus il fait un temps de chien ; mais comment reconnaître la cause de l’effet ? Peut-être notre corps, qui fait partie intégrante de l’organisme planétaire, fonctionne-t-il en harmonie avec les changements climatiques sans que nous en ayons conscience ? Ce que nous mangeons affecte profondé­ment notre humeur, mais celle-ci à son tour influe sur notre appé­tit. Si nous sommes malheureux ou stressés, nous allons nous jeter sur un aliment « réconfortant », comme du chocolat ; mais celui-ci par contrecoup va nous déprimer, car le taux de sucre dans le sang va s’effondrer. Et ainsi de suite. Lorsque nous avons des insomnies, nous sommes à bout de nerfs ; et si nous sommes énervés, nous n’arrivons pas à dormir. C’est un cercle vicieux. Toutes nos expériences, lumineuses ou sombres, s’effectuent par l'intermédiaire de notre corps, qui relève de la Lune et qui nous maintient en contact avec la vie à chaque instant. Pour peu que celle-ci ne s’exprime pas suffisamment, ce n’est pas simplement notre corps qui va en pâtir, mais aussi notre faculté d’expérimen­ter la vie dans le moment présent. Et nous éprouverons par la suite un terrible choc lorsque nous découvrirons que notre vie a passé si vite, sans que nous ayons vraiment l’impression de l’avoir vécue. Nous nous sentirons alors terriblement vides, sans les souvenirs et le sentiment de continuité que laisse un passé bien rempli.

Nous allons étudier plus en détail deux des personnages du diagramme, Gaia et Déméter. Toutes deux sont de très anciennes déesses de la Terre, Gaia étant l’aînée, le principe originel fémi­nin avec lequel le dieu du Ciel Ouranos s’accouple pour créer le monde manifesté. Déméter est une version ultérieure, plus humanisée, du même personnage. La déesse de la Terre où la Terre mère figure le principe qui anime la nature et le monde, la force de vie intelligente qui orchestre l’univers physique et qui est associée depuis les temps les plus reculés à la Lune. Elle ne symbolise pas seulement la nature dans son ensemble, mais aussi le corps humain qui nous en donne l’expérience directe. La Terre mère est donc la représentation mythique de cette expérience de la vie dans notre corps qui ne dépend pas de notre volonté et nous paraît ainsi numineuse ou divine.

Ce corps fonctionnant tout seul - nous n’avons pas besoin d’y penser pour respirer, faire battre notre cœur, ou digérer notre repas - avait quelque chose de magique pour la mentalité primi­tive. Il reste toujours aussi mystérieux de nos jours, car malgré toutes nos connaissances sur le fonctionnement de ses divers organes, nous n’avons pas avancé d’un pouce depuis six mille ans dans la compréhension de ce principe animant la vie. La complexité et l’intelligence du corps sont extraordinaires : lors­que quelque chose se détraque, une sorte de sagesse intérieure lui permet de se guérir avec très peu d’aide. Les conceptions de la médecine alternative pourraient donc être qualifiées de matriar­cales ou lunaires, puisque leur but est d’encourager l’autoguéri­son en tablant sur la sagesse du corps, au lieu d’intervenir en force avec des médicaments ou des antibiotiques. Au Moyen Âge, la sorcière que l’on menait au bûcher était en fait la « sage » du village, administrant des remèdes naturels qui, sur le plan médi­cal, sont reconnus aujourd’hui comme des méthodes de soins valables ou même supérieures. Dans le langage des mythes, la véritable substance composant le corps est la terre, alors que le principe vital animant la matière est symbolisé par la Lune.

Ainsi la terre mère est une image du pouvoir qu’a la nature de se maintenir et se perpétuer. Gaia et Déméter, de même qu’Artémis et Hécate, sont dans la mythologie les déesses de la conception et de la naissance : elles incarnent le principe intelli­gent qui crée et anime les êtres vivants, assurant ainsi la conti­nuité de la vie sur terre. Dans l’Ancien Testament, l’image cor­respondante est celle d’Ève, la première femme, dont le nom hébreu veut dire « vie ». Un bébé n’a pas d’ego qui puisse dire : « Je suis d’abord moi-même, et il se trouve que je me suis incarné dans ce corps. » Le sentiment d’un moi « intérieur », indépendant du corps, est symbolisé en astrologie par le Soleil, et il se développe au fur et à mesure que nous grandissons. Mais la Lune est présente dès la naissance. La première expérience d’un enfant est celle de son corps, et au départ il ne sent rien d’autre que ses besoins physiques. Il a faim, il veut dormir, être pris dans les bras, être caressé, et se sentir en sécurité. Si tous ces besoins fondamentaux sont satisfaits, il est content et la vie ne l’angoisse pas. Bien exprimer la Lune veut dire savoir éprou­ver et manifester les besoins et les appétits dont dépend la survie du corps, sans avoir à les justifier avec la faculté de raisonne­ment ou la conscience de soi de l'ego solaire.

Le principe psychologique symbolisé par la Lune est donc en étroite relation avec notre besoin fondamental de sécurité et notre désir de survie. Si ceux-ci ne sont pas comblés, il en résulte de l’anxiété, un état que tout le monde expérimente un jour ou l’autre, mais qui afflige certaines personnes à longueur de temps. Cette anxiété nous donne l’impression que le monde extérieur est dangereux, que l’on va nous détruire ou que quel­que chose d’épouvantable va nous arriver. Ce qui la déclenche varie selon les gens, mais je crois que la plupart des états anxieux (et il ne faut pas confondre l’anxiété avec la simple inquiétude, qui se fonde généralement sur un problème réel et immédiat) ont pour origine les toutes premières expériences traumatisantes de l’enfance, quelles que soient les causes qui les provoquent par la suite dans la vie adulte.

Pour certains, c’est la menace du rejet ou de l’abandon qui suscite leur anxiété. Pour d’autres, c’est un changement dans leur environnement, la crainte de perdre leur travail ou leur loge­ment. Lorsque cette anxiété nous gagne et que nous cherchons à nous rassurer, nous nous tournons vers notre Lune, cette Terre mère en nous qui sait comment maintenir et perpétuer la vie. Le signe et la maison de notre Lune natale indiquent clairement ce qui peut rétablir ce sentiment de sécurité. Nos besoins lunaires manifestent une exigence fondamentale de l’être humain, mais nous les exprimons et les satisfaisons chacun à notre manière, et ces différences sont évidentes dès notre plus jeune âge. Si nous ne savons pas percevoir ni suivre cette sagesse innée, notre Lune, ne pouvant fonctionner directement dans notre personna­lité, doit donc s’exprimer indirectement. Les automatismes que nous adoptons lorsque nous sommes inconsciemment anxieux et cherchons à nous rassurer correspondent à ce qu’on appelle les patterns de comportement compulsifs. Nous y sommes tous sujets dès que la vie nous paraît menaçante, et il est vrai que per­sonne ne peut se sentir si parfaitement tranquille qu’il n’éprouve jamais de peur. Prétendre le contraire serait d’ailleurs assez stu­pide en fin de compte, car il existe beaucoup de choses que nous serions bien avisés de craindre, y compris en nous-mêmes. Mais parfois ces compulsions prennent le dessus et dominent notre comportement pendant de nombreuses années, sans même que nous le réalisions. Ce sont des dysfonctionnements lunaires. Nous ne nous rendons pas compte qu’une anxiété primordiale a été réveillée, et nous ne savons que faire pour retrouver cette impression de sécurité qui nous est si nécessaire pour éprouver un sentiment de liberté et d’accomplissement.

On trouve un bon exemple de dysfonctionnement lunaire dans les compulsions alimentaires. Il existe toute une gamme de « troubles de la nutrition », comme l’anorexie, la boulimie, et les soi-disant « allergies » alimentaires, que d’ailleurs beaucoup ne considèrent pas comme un « trouble de la nutrition ». La plupart d’entre nous en font l’expérience à un moment ou un autre de leur vie, ou tout simplement lorsque nous nous jetons sur des chips ou du chocolat en cas de tension passagère. Je relie ces dérèglements de l’appétit à la Lune (qui, selon l’astrologie des Anciens, régissait l’estomac) ; celle-ci est généralement impli­quée dans des configurations difficiles avec d’autres planètes lorsque de tels problèmes de nutrition sont chroniques. C’est avec le sein maternel que nous faisons notre expérience initiale de nourriture et de sécurité, première rencontre du principe lunaire après la naissance. Cette Lune est en fait en nous-mêmes, mais nous la trouvons tout d’abord à l’extérieur, dans l’être qui nous a donné la vie, qui nous nourrit et nous protège. Si notre mère s’en va, la Lune disparaît dans l’obscurité et la terreur panique de l’anéantissement nous envahit.

Mais la créativité de la psyché humaine est sans limites et nos besoins lunaires inconscients ne s’expriment pas toujours sur un plan aussi physique que l’alimentation. Toutes sortes de choses peuvent s’y substituer, exactement comme la nourriture est elle-même un substitut de la mère, tant sur le plan personnel qu’archétypique. Au lieu d’avaler une boîte entière d’After Eight, nous pouvons tout aussi bien amasser de l’argent, puisque celui-ci est également un gage de sécurité. C’est souvent le cas lorsque la Lune est en maison II, en maison X, ou fortement aspectée par Saturne. Il nous faut alors posséder une maison, avoir des économies à la Caisse d’épargne, bien tout prévoir pour notre retraite, ou alors acheter cette voiture, cette toilette, ce bijou particulier, pour nous sentir en sécurité. C’est la peur irrationnelle de tout perdre qui fait la différence entre une attitude de bon sens et un comportement compulsif envers l’argent et les possessions, et il s’agit alors d anxiété plus que d’inquiétude raisonnable. Nous avons de même souvent un « porte-bonheur », un talisman, qui est un objet sur lequel la Lune a été projetée. Ce genre de pensée magique est typique du primitif, de l’enfant, et de la partie archaïque de la psy­ché adulte. Évidemment l’objet ne porte pas réellement bonheur. Il a pns valeur de symbole, en incarnant la déesse lunaire si loin de notre conscience moderne, réduite à se manifester sous forme de biscuit au chocolat ou de trèfle à quatre feuilles.

Pour certains, ce sont les autres qui constituent leur nourriture lunaire. Ce peut être leur partenaire ou leur conjoint, leurs enfants ou leurs petits-enfants, ou même un cercle amical, ou un groupe­ment professionnel ou idéologique. Il est normal d’apprécier la compagnie de nos amis ou de notre famille, mais eux en sont ter­riblement dépendants et réagissent avec beaucoup d’anxiété à toute menace d’expulsion du groupe ou à tout changement de rôle à l’intérieur du bloc familial. Ils s’identifient tellement à leur famille, ils sont si habitués à y trouver leur nourriture lunaire qu’ils sont capables d’en malmener un des membres, si celui-ci menace de choisir sa propre voie et de suivre un chemin indivi­duel. Ils parlent alors souvent de l’« amour » qu’ils lui portent ou des « soucis » qu’ils éprouvent, mais leur « faim » lunaire peut parfois être impitoyablement destructrice, comme nous l’évo­quent certaines images de ce diagramme. Des familles entières peuvent souffrir d’un manque de rapports lunaires entre les indi­vidus qui les composent, puisqu’on apprend à exprimer les pla­nètes intérieures en suivant le modèle de ses parents. L’anxiété imprègne alors tout l’organisme familial, et chacun se nourrit des autres pour se sentir en sécurité.

J’aimerais qu’à la fin de cette réunion, chacun d’entre vous réfléchisse à ce qui constitue pour lui cette nourriture lunaire. Vers quoi vous tournez-vous lorsque l’anxiété vous gagne ? Les êtres humains ne peuvent y échapper, car la vie est changeante et imprévisible. Une bonne relation avec la Lune ne nous en gar­dera pas, mais elle nous permettra de bien nous nourrir et nous aidera ainsi à affronter notre anxiété sur un mode raisonnable et créateur. Mais il n’existe pas de règle valable pour tous, puis­qu’il s’agit de quelque chose d’extrêmement personnel, qui dépend de la position de la Lune dans le thème individuel, ainsi que de son avancée dans le thème progressé au fur et à mesure de notre vie.

Nous allons maintenant nous intéresser de plus près à Artémis, la déesse anatolienne de la Lune adoptée par les Grecs, dont l’ambivalence peut nous aider à mieux appréhender la face sombre de la Lune. Nous sommes tous différents, je le répète, et chacun de nous va avoir davantage d’affinités avec tel ou tel per­sonnage lunaire dans sa vie intérieure et extérieure. Dans les pro­fondeurs de l’inconscient collectif, nous avons sans doute accès à la totalité des images lunaires, mais nos sympathies vont dépendre de la situation de la Lune dans notre propre thème. Si elle est en Scorpion, par exemple, ou en fort aspect à Pluton, nous aurons probablement un penchant pour Hécate et pour la face sombre de la Lune, dont nous apprécierons la profondeur et le mystère. En revanche, le royaume d’Hécate peut s’avérer très inquiétant pour celui qui a la Lune en Gémeaux. La Lune en Taureau va se sentir très proche de l’image de Déméter et du monde de la nature, mais cette même Déméter, la terre-mère, n’éveillera aucun écho chez une Lune en Verseau ou fortement aspectée par Uranus. Nous trouvons généralement dans tous les thèmes une large combinaison d’aspects et d’images, et tôt ou tard, bien sûr, la Lune progressée contactera chaque planète natale. Donc l’occasion de rencontrer chacun de ces personnages se présentera forcément au cours de la vie. Mais malgré tout, nous sommes tous différents, et puisque nous voulons maintenant envisager la vie dans l’optique lunaire, notre objectif doit être de comprendre ce dont nous avons besoin en tant qu’individu, et non d’essayer d’atteindre un idéal de complétude absolue.

Bien avant d’apparaître sous la tunique de la jeune chasse­resse vierge, Artémis était connue comme la Dame des Animaux sauvages. Ses toutes premières représentations viennent d’Anatolie centrale, où a été découverte à Catal Hoyük la statuette en terre cuite d’une énorme femme en train d’accoucher, encadrée de lions. Ceux-ci sont ses emblèmes les plus anciens. En évo­luant au cours des siècles, elle est devenue Cybèle, la Grande Mère, debout sur son char tiré par des lions. Son lieu de culte était Ephèse au sud-ouest de la Turquie, où l’on peut voir dans le musée local une magnifique statue de marbre, sculptée à la fin de l’époque romaine, qui la représente également entourée de ses lions, d’autres bêtes sauvages ornant ses vêtements. Elle a de plus, sur le devant du corps, deux rangées de ce qui pourrait être des seins, des œufs, ou même des testicules, alignés des épaules à l’abdomen. Les archéologues ne sont toujours pas d’accord sur la nature de ces appendices. Le zodiaque sculpté autour de son cou indique sa souveraineté sur la Grande Roue du destin écrit dans le ciel. Cybèle-Artémis était associée à son jeune fils-amant, Attis, qui s’était lui-même castré pour lui demeurer fidèle. Même si elle était une déesse de la fertilité, cette toute première divinité lunaire personnifie également le cœur sombre de la nature sauvage et, sous cette forme, elle n’apparaît pas complètement bienveillante.

Artémis semble incarner la dimension sauvage, indomptée des instincts, et cette dimension de la Lune contredit l’astrologie tradi­tionnelle qui ne voit dans le tempérament lunaire ou cancérien que son goût pour le bonheur domestique et son train-train rassurant. Cette déesse évoque une qualité d’extase et de fureur qui peut nous aider à comprendre la connexion entre luna et lunatique *. Ici les lionnes (elles n’ont pas de crinière) sont des animaux lunaires et non solaires. Chez les lions, seule la femelle travaille. Elle part chasser pendant que le mâle, majestueusement allongé, pose pour la galerie, attendant que son dîner lui soit servi. La lionne est le chef de famille, et ses époux sont avant tout des mâles objets, mais ils vous dévoreraient plutôt que de l’admettre.
Ce visage de la Lune émerge souvent lorsqu’on a trop bu ou lorsqu’on perd le contrôle de sa conscience solaire devant des cir­constances qui éveillent notre sauvagerie émotionnelle, ou qui violent ou menacent nos besoins instinctuels. Le loup est aussi son animal, et le mythe du lycanthrope ou du loup-garou, qui à l’ori­gine était grec avant de réapparaître dans le folklore d’Europe de l’Est, lui est également lié. Le loup-garou ne se montre qu’à la pleine lune, et l’on dit qu’il s’attaque uniquement à ceux qu’il aime. Ceux d’entre vous qui ont vu The Wolf Man, ce vieux film dans lequel Lon Chaney Jr joue le rôle du loup-garou, se souvien­nent peut-être de l’avertissement du gitan :

Même celui qui a le cœur pur
Et récite ses prières chaque soir
Peut se transformer en loup lorsque fleurit l’aconit
Et que brille la pleine lune.

Dans le folklore, la lycanthropie est un état de possession par une force bestiale surnaturelle qui se retourne sauvagement contre ceux dont la personne est émotionnellement dépendante. Le loup-garou ne peut être détruit que par une arme en argent, le métal traditionnellement associé à la Lune, comme si seule la nature pouvait elle-même se dompter et se maîtriser. Il y a eu, bien sûr, des films de loup-garou encore plus nuls que celui de Lon Chaney (par exemple celui où Oliver Reed apparaît sous les traits d’un aristocrate espagnol avec un nez noir brillant, les mains couvertes de fourrure et les oreilles ornées de petites touffes de cheveux), mais le cinéma nous en a également donné quelques très beaux portraits comme dans The Company of Wolves et dans Wolfen, avec Albert Finney. L’attrait qu’exerce ce genre de films atteste la puissance persistante de cette image à notre époque.

Il est rare que nous retrouvions ce visage de la Lune dans les manuels d’astrologie. Pourtant cette dimension de la Pleine Lune, lorsqu’elle est la plus lumineuse, correspond au matriar­cat. C’est son aspect le plus dangereux, car le porteur de la graine, anonyme et interchangeable, est massacré rituellement pour fertiliser la terre et assurer la continuité des récoltes, de la famille, ou du groupe. J’ai parfois entendu des femmes prêter leur voix à ce sentiment matriarcal archaïque : « Oh, il ne me rend pas vraiment heureuse, mais en fin de compte la nuit tous les chats sont gris, et il n’est pas pire qu’un autre ; et de toute manière, tout ce que je voulais, c’était me ranger et fonder une famille. » Pour elles, la relation individuelle avec leur partenaire n’a pas grande importance ; c’est la famille qui compte, et peu importe le calvaire qu’elles endurent ou les difficultés qu’elles affrontent. Elles sous-entendent que n’importe quel sperme aurait fait l’affaire, du moment que leur famille tient bon. Dans la mythologie, les Amazones, qui vénéraient Artémis, s’accou­plaient rituellement une fois l’an avec des hommes dont elles ignoraient le nom et ne voyaient jamais le visage ; les enfants mâles issus de ces unions étaient supprimés, tandis que les filles devenaient membres de la tribu.

Lorsque nous nous identifions à cette facette très archaïque de la pleine Lune, la relation individuelle perd de son intérêt. C’est la faculté d’engendrer et de donner la vie, puis d’élever ses enfants, qui compte avant tout. Cet état d’esprit, que ressentent généralement la plupart des femmes pendant leur grossesse, assure une puissante protection au nouveau-né. Dans le règne animal, la femelle doit souvent protéger ses petits du mâle, qui est tout à fait capable à l’occasion de dévorer sa progéniture, comme cela se passe parfois chez les lions et d’autres gros félins. Cela vous montre les dimensions positives et négatives de cette conscience matriarcale, qui protège et préserve la vie, mais la détruit aussi avec une grande cruauté.

Ce diagramme fait également référence aux Bacchantes, que l’on appelait parfois les Ménades, qui ont donné le mot manie. Les Bacchantes étaient vouées au culte de Dionysos, le jeune dieu de la Végétation dont les formes antérieures étaient Adonis, Tammuz et Attis, le fils-amant adolescent de la Dame des Ani­maux sauvages. Lorsqu’elles étaient possédées, ces femmes gra­vissaient les collines et, prises d’une folie extatique, déchique­taient des bêtes sauvages. Vous devriez tous lire Les Bacchantes d’Euripide, qui en donne une description saisissante d’horreur. À une époque plus reculée, elles ne s’en tenaient pas aux bêtes sau­vages, mais démembraient le roi de l’année qui était ensuite enfoui sous terre avec les semailles des récoltes. La forme la plus primitive du matriarcat implique le sacrifice du roi, le mâle n’ayant d’importance que pour la semence nécessaire à la conti­nuité de la vie. Tel est le revers du bonheur domestique…

Il serait peut-être maintenant intéressant de réfléchir aux exutoires dont nous disposons au XXe siècle, sur le plan collectif et individuel, pour cette dimension de la Lune. Où se trouve donc aujourd’hui la Maîtresse des Animaux sauvages ? Nous retrou­vons sa barbarie dans toute frénésie de masse, là où un bouc émissaire est métaphoriquement ou littéralement mis en pièces. Mais nous n’avons pas de rituels pour la maîtriser, si ce n’est les soirées entre hommes, la Coupe du Monde, et les rassemble­ments politiques. Il n’existe plus de cultes semblables à celui de Dionysos où nous puissions nous perdre dans une extase lunaire, tout en demeurant dans le cadre de la loi. Nous avons perdu notre lien religieux avec Artémis, et même lorsque nous la libé­rons en abusant de l’alcool, bien loin de renaître, nous ne récol­tons qu’une bonne gueule de bois. De même, l’extase sexuelle n’a plus de connotation religieuse pour la plupart des gens, dont la satisfaction demeure physique, sans atteindre l’âme. Lorsque les divinités lunaires ne trouvent pas à s’exprimer honorable­ment, elles sont condamnées à le faire inconsciemment et compulsivement. Voyez-vous un exutoire approprié pour la Maî­tresse des Animaux sauvages ?

Question : Peut-être la danse ?

Liz : Oui, elle peut s’exprimer par l’intermédiaire de la danse, surtout lorsqu’une musique extrêmement rythmée vous met dans une sorte de transe. Le « disco » a pris la relève de Dionysos. Les anciennes déesses lunaires étaient vénérées avec de la musique et de la danse. On racontait que les Amazones entraient dans des transes si profondes pendant leur danse sacrée qu’elles pouvaient se transpercer avec leurs armes sans saigner. C’est ce que nous appellerions de nos jours une transe hypnotique, puisqu’il est reconnu sur le plan médical que l’on peut ralentir ou arrêter un saignement sous hypnose. Le rythme obsédant de la musique tri­bale ou du disco peut induire une forme d’état hypnotique. Nous oublions alors notre fatigue et nos douleurs, tous nos maux dis­paraissent, et notre corps ne fait qu’un avec une force ou une énergie très puissante. Nombre de soi-disant miracles religieux surviennent dans cet état, et souvent ces étranges guérisons spontanées semblent en relation avec l’extase provoquée par le chant, la musique et la danse.

Lorsque cette face de la Lune est trop violemment niée, il peut en résulter de l’hystérie. Nous utilisons généralement le terme « hystérique » pour décrire une attitude hyperémotive où l’on se met à hurler, à casser des assiettes, à pleurer, mais qui demeure passagère. Dès qu’il devient chronique, ce genre de comporte­ment constitue un cas clinique très sérieux, que la psychiatrie appelle les troubles hystériques de la personnalité, une sorte de délire permanent et compulsif de type lunaire. Dans ce cas, aucune réelle individualité ou conscience solaire n’a été formée. Seule une persona s’est construite, mais elle vole facilement en éclats pour révéler la ménade qu’elle dissimule. L’hystérie est un trouble de la personnalité profondément manipulateur et souvent violem­ment destructeur, qui produit toutes sortes de symptômes phy­siques inexplicables, et qui raffole des excès émotionnels. Elle a quelque chose de terriblement matriarcal. Sur le plan clinique, on la relie à de graves dommages dans le tout début de la relation mère-enfant, contrecarrant le développement d’un moi indépen­dant. En surface, la personne peut paraître bien adaptée, souvent même charmante et attirante pour ceux qui l’approchent, mais elle reste foncièrement infantile et lunaire, exigeant sa nourriture émo­tionnelle sous forme d’une dépendance et d’une impuissance qui exercent une domination absolue sur sa famille. C’est l’une des expressions les plus inquiétantes d’une Lune étouffée ou blessée qui cherche un exutoire pour s’exprimer.

Nous allons maintenant nous pencher sur le personnage de Circé, l’un des visages de la Lune étant celui de la sorcière. La sombre déesse lunaire Hécate, que nous avons déjà rencontrée, régit la sorcellerie et la magie. Circé est un personnage plus humanisé, qui apparaît dans Y Odyssée d’Homère, et qui évoque également les sortilèges du pouvoir lunaire. Elle gouverne une île enchantée sur laquelle abordent Ulysse et ses hommes au cours de leur périple de retour de la guerre de Troie ; elle trans­forme alors tout l’équipage en pourceaux. Emprisonnés dans cette apparence animale, ces pauvres hommes gardent toute leur raison, mais ne sont plus maîtres de leur aspect ou de leur com­portement. La nature instinctuelle, sous forme du cochon (autre animal associé à la Grande Mère), a pris le pouvoir, et elle empêche la personnalité consciente de s’exprimer et d’agir.

Je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que peut vouloir dire se conduire comme un cochon ou un porc, puisque nous utilisons ces termes sur un mode péjoratif pour décrire un comportement rustre et grossier. Le thème de la sorcière ou de la fée qui vous transforme en animal est très courant dans le folklore, et il appa­raît dans Le Songe d'une nuit d’été de Shakespeare, où le pauvre Bottom se retrouve affublé d’une tête d’âne, qui lui convient d’ailleurs parfaitement. C’est presque toujours un personnage féminin qui jette ces sorts (sauf chez Shakespeare) et passe son temps à transformer des princes en crapauds. Les sortilèges de la Lune vous réduisent au niveau de l’animal. Ces histoires recèlent souvent une morale qui nous apprend à respecter l’énergie lunaire outragée qu’auparavant on ignorait, méprisait ou refou­lait. Mais les divinités lunaires sont parfois capables de pure malveillance ou de simple caprice ; leur moralité n’est pas celle du royaume solaire. Autrement dit, la nature peut très bien se montrer cruelle, gratuitement ; elle peut aussi se venger de notre désinvolture ou de notre arrogance en nous imposant un compor­tement bestial ou stupide qui nous fait bien comprendre que nous sommes de simples mortels. Nous nous trouvons alors réduits à notre nature chamelle par cette énergie instinctuelle que nous avons négligée dans notre ascension héroïque vers le Soleil. Peut-être avons-nous parfois besoin, comme Bottom, d’être affu­blés d’une tête d’âne.

Pour terminer, nous allons examiner le personnage d’Héra, avant de quitter ce diagramme pour nous pencher sur un exemple de thème. La déesse grecque protectrice du foyer va nous permettre de mieux comprendre encore la nature de la Lune. Elle incarne la stabilité et le caractère sacré du mariage et de l’unité familiale, et sa moralité très rigoureuse la rapproche de Saturne. Mais la Lune a aussi ses lois et ses structures, qui assu­rent plutôt la protection de l’espèce que le fonctionnement effi­cace de la société. Transgresser ces lois lunaires attire la ven­geance d’Héra. Elle personnifie notre besoin d’appartenir à un lieu, de nous définir par nos origines. C’est notre côté lunaire qui dit : « Je m’appelle untel, voici ma famille, voici mes enfants ; je suis de tel pays, de telle région, c’est ici que je suis né et je m’y sens chez moi. » Nous avons l’impression d’appartenir à un groupe et cette identité collective nous rassure. Un grand nombre de gens éprouvent l’impérieux besoin de s’identifier à leurs racines historiques et se sentent terriblement angoissés s’ils sont obligés de quitter leur pays natal. Ils aimeraient mieux mourir que faire leurs bagages et partir ailleurs. Il est parfois difficile de comprendre pourquoi certains s’obstinent à vivre sur les flancs de volcans en activité qui entrent périodiquement en éruption, ou pourquoi d’autres restent dans des zones visiblement dange­reuses, comme l’Allemagne des années trente. C’est pour les mêmes raisons que tant de gens s’entêtent dans des mariages malheureux ou s’accrochent à des familles destructrices. La ter­reur de se sentir tout seul, sans attaches sur cette terre, leur paraît pire que la souffrance et la claustrophobie de leur relation. La Lune ne supporte pas la solitude, et elle préfère rester avec un démon familier plutôt que suivre un ange inconnu. C’est bien Héra qui s’exprime alors en accordant plus de valeur aux racines et à la tradition qu’à la réalisation d’une vie individuelle.

Ce besoin archétypique n’a pas que des côtés négatifs. Sans références à ses racines, à la famille et à la nation, toute société tombe dans l’anarchie et le chaos, et une anxiété irrésistible entraîne la collectivité dans un comportement régressif et sou­vent destructeur. Elle peut alors se livrer à la chasse au bouc émissaire, ou préparer le chemin pour un parent-tyran qui va prendre le pouvoir et ramener l’ordre. Ce sont deux réactions caractéristiques que l’on retrouve sur le plan historique lors­qu’on supprime à une nation ses traditions ou sa fierté nationale : on peut prendre l’exemple de la France après la Révolution, ou celui de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Le bain de sang de la Révolution française conduisait inéluctable­ment à Napoléon ; la débâcle de la Première Guerre mondiale a suscité chez le peuple allemand un besoin irrésistible de se défouler sur un bouc émissaire et de porter au pouvoir un messie qui lui rende ses racines et sa dignité perdue, et ce dernier s’est présenté très rapidement. Mais l’individu suffoque si la loi lunaire est trop forte, s’il sent revenir l’autorité matriarcale. Tout acte, toute pensée, toute émotion, tout effort créatif qui pour­raient menacer la sécurité collective sont prohibés, et il ne lui reste d’autre choix que de devenir un hors-la-loi ou un mort vivant en dépression chronique.

On croit parfois s’être détaché de ses racines. « Moi, je suis un citoyen du monde », dit le Sagittaire ou le Verseau, « et ma vraie famille, ce sont ceux avec qui je partage mes valeurs intel­lectuelles et spirituelles ». Il se peut que ce soit vrai pour la per­sonnalité consciente, surtout lorsque Jupiter et Uranus sont forts dans le thème de naissance. Mais il existe un niveau plus pro­fond où nous n’échappons pas à Héra aussi facilement. Lorsqu’il n’est pas reconnu, cet aspect de la Lune peut également créer des patterns de comportement compulsifs. Notre besoin d’apparte­nance va inconsciemment se mettre en quête de racines-substituts, si nous rejetons ces valeurs sur le plan conscient. Les êtres les plus éclairés et détachés peuvent devenir fanatiques, sectaires et vindicatifs, si leurs racines de remplacement sont menacées, alors même qu’ils agissent au nom d’une idéologie de libre pen­sée. La famille ou la nation va être remplacée par une philo­sophie spirituelle ou politique, que l’on défend avec une atti­tude terriblement émotionnelle et compulsive. On peut prendre l’exemple du marxisme en Russie et en Europe de l’Est, qui théoriquement devait apporter la lumière et la liberté au monde archaïque du tsar, de l’Église orthodoxe et de la rigide hiérarchie sociale russe. Il est pourtant rapidement devenu une « racine de substitution » des plus étouffantes et impitoyables. Le Parti s’est inconsciemment métamorphosé en Famille, et les enfants pro­digues, individus dissidents ou pays récalcitrants comme la Hongrie ou la Tchécoslovaquie, ont été matés et contraints de se soumettre. On retrouve ces dynamiques psychologiques, que Jung appelait enantiodromie, dans les sociétés et chez les indivi­dus qui rejettent complètement cette dimension de la Lune. Il peut être absolument nécessaire pour notre survie psychique (ou même physique) de couper les ponts avec nos racines raciales, religieuses et sociales, si elles nous étranglent au lieu de nous nourrir. Mais nous ne pouvons rejeter nos origines ancestrales par un simple tour de passe-passe intellectuel. À moins d’ame­ner à la claire conscience ce conflit douloureux, quelqu’un ou quelque chose prendra inévitablement la place du sentiment d’enracinement et de continuité perdu, et nous nous contenterons de recréer le dilemme originel sous une autre forme.

Il pourrait être intéressant de vous demander ce qui, dans votre propre vie, vous tient lieu de famille, de racines, et de rela­tion avec le passé, surtout si vous avez rejeté ce genre de choses pour des raisons idéologiques, ou si votre propre famille vous a étouffé au lieu de vous soutenir. Souvent notre Lune frustrée cherche à créer une autre famille sûre et indestructible, en s’accrochant aveuglément à notre conjoint et à nos enfants, ou à notre travail et à notre entreprise. S’il nous manque à l’intérieur ces racines que procure la Lune, nous allons les chercher à l’extérieur, et ne pas en être conscients peut créer une dépen­dance qui nous emprisonne. Nous ne comprenons pas alors pour­quoi nous sommes toujours coincés trente ans plus tard dans ce travail aliénant ou ce mariage destructeur, alors que tant d’autres potentialités auraient pu émerger. Peut-être est-il important que nous sachions apprécier les aspects positifs de notre passé ances­tral et que nous trouvions à les exprimer dans notre vie actuelle, afin qu’Héra ne se sente plus rejetée.

Question : J’aimerais vous poser une question à propos de cette attitude matriarcale des femmes qui privilégient leur foyer et qui ne voient dans leur mari qu’un soutien de famille ou un géniteur. Pourquoi voient-elles les choses ainsi ? Elles y trouvent peut-être leur compte, mais je ne voudrais pas être à la place de leur mari.

Liz : Moi non plus ; et ces hommes les quittent généralement plus tard dans la vie. Mais souvent le mari s’identifie autant que sa femme au monde matriarcal, car il préfère être materné qu’approché comme un individu. C’est une attitude archétypique qui n’est foncièrement ni « bonne » ni « mauvaise », et je la relie au niveau le plus primitif de la Lune. Elle est même dans une certaine mesure saine et nécessaire, tant chez les hommes que chez les femmes, pour affronter les complexités de la vie fami­liale et sociale. Nous devons parfois faire passer les intérêts de la société avant notre propre satisfaction, comme l’affirment à juste titre les écologistes à notre époque. Mais si le mari d’une femme matriarcale (ou la femme d’un homme matriarcal, il en existe !) a la moindre parcelle d’individualité, il va ressentir frustration et solitude, sa valeur personnelle étant constamment niée et rabais­sée, un peu comme dans ces dessins humoristiques de James Thurber où d’énormes femmes traînent en laisse de petits hommes chétifs. Il n’est pas non plus très agréable d’être élevé dans ce monde matriarcal ; l’enfant est forcément idéalisé, car l’arrière-plan mythique du matriarcat est la parthénogénèse ou l’autofécondation de la déesse. Ce genre de conception magique implique que l’enfant est divin et qu’il est destiné à être le héros rédempteur de sa mère. C’est une attente bien difficile à satis­faire pour un enfant, qui risque de rencontrer de graves difficul­tés émotionnelles à l’âge adulte.

Il est très facile pour une femme de tomber dans ce genre d’identification archaïque au détriment d’autres facettes aussi importantes de sa personnalité. Cela s’explique généralement par son propre milieu familial : si elle a été sévèrement sous-alimentée sur le plan affectif dans son enfance, ce qui génère une forte anxiété, elle va chercher sa nourriture émotionnelle en s’identi­fiant inconsciemment à la déesse lunaire archétypique. Elle s’efforce alors de trouver la sécurité intérieure que procure la mère lunaire en l’incarnant à l’extérieur. Lorsqu’on se sent démuni de quelque chose, il existe deux manières caractéristiques de le rechercher : soit on espère que quelqu’un d’autre va nous le donner, soit on en devient soi-même une version exagérée.

Souvent une grande colère envers les hommes vient d’un amour pour le père qui n’a pas été payé de retour ; ou bien la mère trop puissante a gêné le développement de la féminité de sa fille. Lorsque nous ne nous sentons pas à la hauteur, nous essayons d’emprunter le pouvoir magique de l’archétype pour compenser ce qui nous paraît une lacune personnelle. Mais il s’agit d’une imposture, puisque ce pouvoir n’est pas le nôtre. Si nous ne passons pas ces énergies au filtre de notre individualité, elles nous dominent et nous font abdiquer tout choix et senti­ment de responsabilité personnelle. C’est pourquoi les femmes qui s’identifient inconsciemment à la déesse lunaire peuvent se montrer si avides et destructrices sans même s’en rendre compte. Lorsqu’on s’identifie ainsi à une divinité, on est forcé de tout prendre, et pas seulement ce qui nous plaît.

Question : Pourriez-vous nous parler des signes et aspects de la Lune qui sont en affinité avec Héra ?

Liz : La Lune en Capricorne, ainsi qu’en Cancer, me semble évoquer Héra, de même qu’une Lune fortement aspectée par Saturne ; la Lune en Taureau également, car le Taureau apprécie la stabilité et les valeurs traditionnelles. Lorsqu’elle est dans ces signes, la Lune s’oppose fortement au divorce et tient bon dans les désunions familiales, et la personne préfère être malheureuse et préserver son foyer. Face à l’anxiété qui survient lorsque ses besoins sont menacés ou frustrés, la Lune en Capricorne peut devenir très moraliste et autoritaire pour écarter le spectre du déracinement ; la Lune en Taureau, elle, se montre terriblement obstinée, possessive et parfois mesquine (ce que Freud désignait par « anal »), et la Lune en Cancer peut s’avérer manipulatrice, pitoyable et un peu hystérique. Toutes ces attitudes sont des réactions défensives provoquées par la perte de ses racines. En revanche, si les besoins de la Lune sont suffisamment satisfaits, les meilleures qualités de ces signes font leur apparition : le fort sentiment de responsabilité et l’attention aux autres du Capri­corne, la profonde compassion et l’empathie émotionnelle du Cancer, la sérénité, la douceur et la patience du Taureau. Héra est alors la déesse bienveillante, protectrice des femmes et des enfants et gardienne du foyer.

Question : Vous nous avez parlé de l’affinité existant entre certains aspects difficiles de la Lune et divers personnages de la mythologie. Que se passe-t-il lorsqu’elle est en conjonction avec les planètes extérieures ? Les besoins personnels lunaires per­dent-ils de leur importance ?

Liz : C’est Howard qui va vous faire l’analyse détaillée des aspects lunaires et je préfère lui laisser ce soin. Sur un plan géné­ral, la Lune garde toujours son importance, quels que soient ses aspects dans le thème natal. Une autre planète introduit des composantes supplémentaires et parfois contradictoires avec les besoins et le mode d’expression fondamentaux de la Lune, mais celle-ci reste la substance primordiale avec laquelle nous construisons notre personnalité, puisqu’elle décrit notre capacité à nous materner nous-mêmes.

Les planètes extérieures, et en particulier Uranus, peuvent remettre en cause les modes d’expression habituels de la Lune. Si vous avez un aspect Lune-Uranus, vous devez inclure des valeurs uraniennes dans votre expression lunaire ; et s’il s’agit d’un aspect difficile, les choses vont se compliquer et vous n’allez pas être très à l’aise dans une structure familiale tradi­tionnelle ni vous sentir attiré par le style de vie que décrivent les feuilletons télévisés. Mais il existe de nombreux domaines de vie uraniens où la Lune peut malgré tout trouver un sentiment d’appartenance et de continuité. De fait, les aspects entre la Lune et Uranus sont traditionnellement associés à l’étude de l’astrolo­gie et autres sujets New Age. Le sentiment d’être relié à un cos­mos ordonné et prévisible et l’étude des besoins communs à tous les êtres humains peuvent procurer une sorte de « famille » qui remplace celle que l’on n’a pas voulue ou pu créer. Avec sa longue histoire et sa parfaite fiabilité, l’astrologie devient alors une sorte de Grande Mère céleste. Rappelez-vous la statue d’Artémis découverte à Éphèse, avec le zodiaque sculpté autour du cou. C’est la sécurité de la Grande Roue qui tient lieu de racines et de famille à ceux qui ont un aspect Lune-Uranus, ce qui explique l’intérêt qu’ils portent à ces études.

Question : Une relation peut-elle affecter la manière dont la Lune s’exprime dans notre thème ?

Liz : Certainement. Un partenaire dont les planètes sont en aspect à votre Lune va fortement activer votre côté lunaire. Ce sera peut-être parfois inconfortable, mais toujours intéressant, et cela vous aidera à prendre davantage conscience de vos véri­tables besoins lunaires. Imaginons que vous ayez la Lune en Lion opposée à Saturne en Verseau dans un thème de type terre-air très rationnel, axé sur la maîtrise de soi. Cette Lune en signe de feu symbolise en vous l’enfant divin turbulent qui a besoin de sa dose régulière de joie et de drame, et il se peut qu’elle soit fâcheusement ignorée ou refoulée. Ou peut-être cette Lune en Lion est-elle reléguée en maison XII, et votre famille vous aura sans doute fait comprendre à mots couverts qu’il ne faut pas être égoïste ni individualiste. Puis vous allez rencontrer quelqu’un dont la Vénus en Lion est en conjonction avec votre Lune, et il vous semblera que, pour la première fois de votre vie, vous pou­vez être vous-même. C’est cette personne qui va vous aider à prendre conscience de votre besoin de vous exprimer, de vous amuser et d’aimer, et vous vous sentirez soutenu, nourri et apprécié sur le plan émotionnel.

De même, s’il entre dans votre vie quelqu’un qui a Saturne en Taureau en carré à votre Lune, cela va aussi vous rendre beau­coup plus conscient de vos besoins émotionnels de type Lion. Mais vous allez les découvrir en étant constamment critiqué pour votre égoïsme et votre irresponsabilité. Même si vous avez refoulé votre côté Lion, le Saturne de votre partenaire le repérera d’emblée et ne cessera de vous le rappeler. Vous dire de ne pas être ce que vous êtes est le meilleur moyen de vous faire com­prendre ce qui est important pour vous. Vous devrez vous battre alors pour votre Lune, ce qui vous amènera peut-être à rompre cette relation, mais vous saurez enfin quelle est la nourriture essentielle dont vous avez besoin, parce qu’on vous en aura privé. Nos relations avec autrui nous apprennent énormément de choses sur notre Lune. Lorsqu’elle est aspectée par les planètes d’une autre personne, nous éprouvons souvent des réactions vis­cérales, souvent inconscientes, qui vont déterminer si nous nous sentons heureux et en sécurité avec elle ou non. Mais si notre Lune ne reçoit pas d’aspects de ces planètes ou si, au contraire, celles-ci la bloquent complètement, la relation sera peut-être très profitable et intéressante, mais il nous manquera sans doute quelque chose au niveau instinctuel. Il nous faudra alors soit trouver d’autres exutoires pour notre Lune, soit changer de par­tenaire. Une relation peut très bien survivre aux difficultés dues à d’autres aspects planétaires inharmonieux dans la mesure où les deux Lunes se soutiennent mutuellement. Sinon, il risque de surgir un profond sentiment de mécontentement et de malaise, et si personne n’est conscient du problème, la Lune étouffée va générer des comportements émotionnels très destructeurs à l’intérieur même de la relation.

Question : Est-il alors inévitable en cas de mauvais aspects lunaires que la relation tourne mal ?

Liz : Non, ce n’est pas inéluctable. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut refouler la Lune sans en subir les conséquences. L’important est de prendre conscience de la nature des diffi­cultés. Plus nous saurons comment nous nourrir, moins nous éprouverons de ressentiment lorsqu’on ne nous donnera pas exactement ce que nous voulons. La Lune représente notre nature instinctuelle, et elle est donc forcément difficile à concep­tualiser ; souvent on ne sait même pas qu’on est malheureux ni pourquoi. Lorsque nous ne sommes pas conscients de nos besoins lunaires, cela se traduit par des humeurs, des lubies et des indispositions, et ces comportements compulsifs sont assez déstabilisants pour une relation fragile. Chacun d’entre nous doit finalement trouver le moyen d’entrer en relation avec sa propre Lune, pour expliquer à son partenaire ce qui le rend malheureux, ou pour chercher d’autres exutoires qui compensent ce que celui-ci ne peut nous donner.

Je voudrais maintenant changer d’optique et aborder les rap­ports entre la Lune et la mère personnelle ; nous étudierons ensuite la Lune dans les différents signes et maisons du thème. Sa position nous fournit beaucoup d’indications sur les pre­mières semaines et mois après notre naissance, car c’est notre mère personnelle qui incarne pour nous au départ l’archétype de la Grande Mère lunaire, et qui en représente certaines dimen­sions particulières. Mais elle ne se contente pas de les mettre en scène ; elle est également un support sur lequel nous projetons quelque chose d’intérieur. Puis nous allons progressivement « intérioriser » ces caractéristiques au cours du développement de notre propre structure psychique. Ainsi cette toute première relation va-t-elle donner le ton de nos rapports ultérieurs avec notre propre Lune intérieure. Il n’existe pas de configuration qui décrive une « mauvaise » mère, mais certaines symbolisent des énergies difficiles à exprimer dans le rôle maternel, car elles sont foncièrement incompatibles avec les besoins lunaires, et notre mère peut avoir eu du mal à les manier. Il nous revient alors d’avoir une attitude plus constructive face au même problème archétypique. L’astrologie a l’étrange faculté de décrire des réa­lités à la fois subjectives et objectives, intérieures et extérieures, et la Lune n’est donc pas simplement le portrait subjectif de notre image maternelle. Elle révèle en outre d’importantes qua­lités que notre mère possède réellement, même si elles sont parfois refoulées, et elle décrit en fin de compte une sorte de substance partagée par la mère et l’enfant, ainsi que la dyna­mique de leur toute première relation.

Si, par exemple, votre Lune est en Gémeaux, elle symbolise des qualités de curiosité intellectuelle, de vivacité, de discerne­ment esthétique, assorties d’un besoin constant d’interaction sociale et de contacts humains. Ces caractéristiques appartien­nent à la fois à votre mère et à vous-même. Jusqu’ici tout va bien, votre Lune en Gémeaux est satisfaite si ces besoins particu­liers sont comblés et, dans l’idéal, votre mère est la personne la mieux placée pour le faire, puisqu’elle partage avec vous cet aspect de votre nature. On imagine une mère pleine d’entrain et de vivacité qui lit des contes de fées et raconte des histoires à son enfant tout aussi animé et éveillé, qui l’emmène faire des voyages excitants, qui l’encourage dans ses études, etc. Par ailleurs, cette mère ne sera peut-être pas très bonne ménagère, mais un enfant qui a la Lune en Gémeaux n’a pas besoin d’un cordon-bleu ni d’une nounou à domicile. Il lui faut quelqu’un qui rassure et sécurise sa Lune en l’écoutant et communiquant avec lui.

Mais que va-t-il se passer si votre mère n’a pu exprimer ses propres qualités mercuriennes, ou seulement de manière néga­tive ? Qu’arrivera-t-il si elle ne s’est même pas rendu compte qu’elle avait en elle ces potentialités ? Il est peu probable dans ce cas qu’elle réponde chaleureusement aux besoins lunaires de son enfant, et elle peut même s’irriter et s’impatienter devant sa curiosité et son agitation naturelles du fait de ses propres frus­trations. Cette Lune en Gémeaux est peut-être en carré à un Saturne en Vierge, ce qui suggère chez elle un sens exacerbé du devoir, un énorme besoin de sécurité, et la peur de l’opinion des « Autres ». Sa vivacité naturelle a ainsi été étouffée, parce qu’elle avait trop peur de paraître frivole, insensible ou d’être une « mau­vaise » mère, ou parce qu’elle croulait sous trop de responsabi­lités pour avoir le temps de batifoler. Vous allez alors fatalement intérioriser ce dilemme et ressentir un conflit entre vos besoins lunaires et ce que vous croyez que le monde attend de vous. Le carré Lune-Satume est un problème que vous partagez avec votre mère, et il ne sert à rien de reprocher à celle-ci son esprit critique, son sens du devoir et son indifférence à vos besoins affectifs. Il est probable qu’elle vous a effectivement repoussé d’une manière ou d’une autre, en dépit de ses efforts conscients. Mais à l’âge adulte, vous risquez fort d’avoir du mal à trouver un équilibre intérieur durable entre vos besoins personnels et les exigences sociales, parce que vous aurez intériorisé son conflit ; vous aurez alors tendance à vous traiter vous-même comme elle-même se traitait et comme elle vous traitait, vous, dans votre enfance.

Ainsi l’aspect Lune-Satume vous révèle quelque chose d’essentiel sur votre mère, et sur ce qui a pu être la raison princi­pale de ses frustrations et de ses dépressions. Il vous dit de plus que votre relation avec elle a débuté dans un climat de froideur et de désaffection émotionnelles, même si elle paraissait exté­rieurement consciencieuse et dévouée. Mais il vous apprend autre chose d’encore plus important : il se peut qu’à l’âge adulte, ce soit vous qui étouffiez votre Lune avec votre Saturne. Ou à l’inverse, peut-être vous complaisez-vous dans une dépendance lunaire au détriment d’une autonomie saturnienne. C’est en pre­nant conscience de ce conflit intérieur que vous pourrez modifier les effets déplaisants de cette configuration et vous en libérer. Vous trouverez votre équilibre en travaillant sur vous-même pour assumer vos sentiments de carence affective, ce que per­sonne ne peut faire à votre place.

Les images mythiques que nous avons explorées tout à l’heure appartiennent autant à notre mère qu’à nous-mêmes. Elles peuvent nous aider à comprendre l’arrière-plan archétypique particulier de nos besoins affectifs, ainsi que les thèmes fondamentaux de notre toute première relation avec notre mère. Les aspects lunaires nous donnent des indications précieuses sur notre enfance et, sur le plan psychologique, ils peuvent nous aider à éclaircir toutes sortes de problèmes, tels que l’anxiété chronique ou les comportements compulsifs. On peut lire la Lune comme un livre d’histoires : elle nous raconte les expériences importantes que nous avons vécues sur le plan physique et émotionnel au cours des premiers mois de notre vie, selon le timing décrit par les aspects lunaires croissants ou décroissants. Lorsque nous interprétons la Lune dans un thème, nous devons regarder aussi bien les niveaux ordinaires que mythiques de la relation mère-enfant afin de mieux comprendre ses possibilités créatrices, au-delà de ce qu’elle nous révèle des blessures du passé.

Le récit mythique décrit par le signe et les aspects lunaires est incrusté dans la psyché familiale, car il se transmet de mère à enfant de génération en génération. Il arrive très souvent qu’un homme se marie avec une femme ayant la même configuration lunaire que lui, car beaucoup d’hommes expriment ces questions maternelles par l’intermédiaire de leurs partenaires féminines ou de leurs propres filles. Il est fascinant de voir toujours réappa­raître les mêmes patterns lunaires dans les thèmes de la plupart des individus appartenant au même groupe familial, sinon de tous. Les besoins instinctuels de la famille, correspondant à un thème archétypique particulier, cherchent à se satisfaire à travers tous ses membres, prenant des formes plus ou moins destruc­trices selon le degré d’inconscience et de refoulement de chacun. Ces dilemmes vont se perpétuer, et chaque génération successive aura une nouvelle occasion de trouver des solutions que la précé­dente n’a pu concevoir. Travailler sur nos problèmes lunaires revient à travailler sur la substance familiale pour nous libérer du passé.
Lorsque nous interprétons la Lune pour y trouver des indica­tions sur notre mère, il nous faut tenir compte de facteurs non astrologiques comme les espoirs collectifs de son époque ou du groupe social auquel elle appartenait. Si elle était la fille de pauvres immigrants, par exemple, elle a pu en grandissant res­sentir de profondes anxiétés qui ont effectivement paralysé son aptitude à prendre des risques dans la vie, et ces problèmes très légitimes doivent être pris en compte si nous voulons bien com­prendre notre héritage psychologique. Le carré Lune-Satume décrit une certaine froideur émotionnelle de la mère, qui peut constituer un trait essentiel de son caractère ; mais il peut aussi décrire une mère initialement affectueuse qui a rencontré tant de difficultés et d’épreuves qu’elle ne peut se comporter autrement. Nous devons également garder à l’esprit les mécanismes psycho­logiques fondamentaux : une mère de nature indépendante et enthousiaste va, par exemple, être peu adaptée à son rôle mater­nel pour des raisons parfaitement justifiées, alors que ses enfants, eux, auront toujours d’énormes exigences.

Cette dernière remarque nous amène à faire une généralisa­tion selon laquelle la Lune dans les signes masculins, surtout si elle aspecte des planètes dynamiques telles que Mars ou Uranus, implique forcément un dilemme. La mère représentée par ce type de configuration lunaire va ressentir un conflit dans son simple rôle de mère. C’est l’évidence même, mais nous oublions souvent ce genre de vérité lorsque nous sommes obnubilés par la douleur de notre sentiment de manque. Comment cette femme, qui a en elle, bien vivante, l’image archétypique de la farouche Maîtresse des Animaux sauvages, pourrait-elle se sentir parfai­tement satisfaite de rester à la maison pour s’occuper de vous ? Prenons l’exemple de la Lune en Scorpion. Je vous l’ai déjà dit, cette position est en affinité avec des personnages mytho­logiques comme Hécate ou Circé. Il y a une dimension puis­samment érotique chez ce genre de femme-sorcière, et il peut s’avérer difficile pour elle de concilier avec le rôle maternel une telle intensité passionnelle, même inconsciente, surtout si elle sent sa fille devenir une rivale. Si vous êtes donc cette femme ayant la Lune en Scorpion, une forme de jalousie sexuelle a très bien pu intervenir dans votre relation avec votre mère au cours de votre enfance. Cela n’a rien de « pathologique », c’est quelque chose qui arrive dans la vie. Une femme passionnée ne prendra aucun plaisir à partager l’énergie émotionnelle de son mari avec sa fille adolescente, qui la concurrence sur le plan éro­tique. Ce genre de dilemme est généralement profondément inconscient, parce que personne ne nous a expliqué la dimension plutonienne de la vie familiale. Il ne peut être question ici de jugement moral. Mais à l’âge adulte, si votre Lune est en Scor­pion, il va vous falloir trouver l’honnêteté d’affronter les cou­rants émotionnels souterrains de votre enfance, de manière à ne pas répéter les mêmes erreurs sans le vouloir.

À chaque position de la Lune correspond un scénario caracté­ristique derrière lequel se profile le pattem archétypique opérant dans la vie de l’individu. Nous devons sans doute tous passer par des phases où nous sommes furieux de ce que l’on nous a fait dans notre enfance, car la quête de soi doit parfois commencer par une colère légitime. Il ne peut exister de mère absolument parfaite, et si nous l’idéalisons, nous ne pourrons voir en face nos blessures d’enfance. Mais au-delà du ressentiment, de la colère et des reproches, il est fondamental de reconnaître que nous partageons cette substance lunaire avec elle, afin de pou­voir vraiment lui pardonner et progresser dans notre vie. Cette substance partagée n’est pas forcément le visage bienveillant et chaleureux de la Lune. Elle peut être sauvage et imprévisible, ou profonde et ambiguë. Comme nous l’avons vu, la Lune n’est pas toujours à l’aise dans son rôle maternel. Déméter, l’une des divi­nités lunaires les plus rassurantes, a pourtant anéanti les récoltes et fait de la terre un désert stérile lorsque sa fille a perdu sa virgi­nité. Il faudrait sans doute redéfinir le mot « maternel » pour bien comprendre la Lune. Ces déesses lunaires, qui font l’amour avec leur fils, dévorent leurs enfants et commettent toutes sortes d’actes bien peu compatibles avec les descriptions convention­nelles de la vie de famille, reflètent pourtant fidèlement les diffé­rentes phases de la Lune.

Je voudrais maintenant aborder l’étude des signes et des mai­sons de la Lune en commençant par le thème suivant, dans lequel la Lune évoque certains des dilemmes archétypiques dont je vous ai parlé. Elle ne fait aucun aspect important, et elle se trouve dans un signe de feu (le Bélier), dans une maison de feu (la maison IX). C’est donc une Lune extrêmement ardente, mais qui n’est pas reliée aux autres planètes du thème et ne forme qu’un trigone avec l’Ascendant. Je vais vous donner tout d’abord quelques détails sur le milieu familial de Julian, puis nous verrons ce que sa Lune peut nous dire sur son histoire et ses difficultés présentes.





Julian est le fils d’un professeur de latin-grec, auteur de nom­breux ouvrages, extrêmement respecté à Cambridge. Ceux d’entre vous qui connaissent bien la mentalité typique de ces universi­taires vont tout de suite voir qu’une Lune en Bélier, associée à un Soleil en Bélier conjoint à Mars, et flanquée par-dessus le marché d’un Ascendant Lion qui ne peut qu’attiser les flammes, n’est pas ce qui convient le mieux lorsqu’on est le fils d’un intellectuel dis­tant et parfaitement maître de lui. Si l’on attend de vous que vous suiviez les traces paternelles en devenant un universitaire érudit, ce n’est pas le carré de Mercure à Jupiter ni sa conjonction à Saturne et Chiron qui vous seront d’un grand secours. Je n’insi­nue pas que le père de Julian soit le « méchant de l’histoire », mais avant même d’explorer les problèmes lunaires de ce thème, nous pouvons déjà nous douter que Julian, avec son tempérament volontaire, ardent et passionné et son esprit intuitif et indiscipliné est né dans un milieu peu compréhensif envers sa nature fonda­mentale. Ce n’est pas forcément négatif, mais cela risque malgré tout d’entraîner des difficultés dans le voyage archétypique d’un homme dont le Soleil en Bélier suggère la rivalité avec le père.

Tout en gardant à l’esprit ces données générales, examinons cette Lune en Bélier. Sa position vous suggère-t-elle certaines images mythiques ?

Question : Elle me fait penser à la Dame des Animaux sau­vages dont vous avez parlé, violente et farouche.

Question : Également aux Ménades. Il y a toujours, me semble-t-il, quelque chose de très excessif avec une Lune en Bélier.

Liz : Je trouve ces deux images tout à fait appropriées. La Lune révèle la dimension instinctuelle et irrationnelle du Bélier, très différente des qualités conscientes d’initiative et d’autorité du Soleil en Bélier. Il y a dans cette Lune une dimension sau­vage, ardente, fruste, ombrageuse et énergique, ainsi qu’un fort relent d’Amazone, ces guerrières qui cherchaient l’extase du combat. Votre allusion aux Ménades me paraît également très judicieuse car, comme je vous l’ai précisé tout à l’heure, ce mot vient de la même racine grecque que « manie ». Vous compren­drez ce que j’entends par-là lorsque je vous en aurai dit un peu plus.

La Lune en Bélier, violente et passionnée, évoque Sekhmet, la déesse égyptienne à tête de lionne du carnage et de la guerre, ou ces lionnes qui accompagnaient la Dame des Animaux sauvages anatolienne. La mère de Julian était du même acabit. Bien qu’il garde très peu de souvenirs de sa petite enfance, Julian raconte qu’avant l’accident qui a rendu sa mère infirme quand il avait huit ans, celle-ci était pleine d’entrain, menait tout le monde à la baguette et avait un caractère épouvantable. De fréquentes dis­putes éclataient entre ses parents, au cours desquelles son père devenait glacial et cinglant, de plus en plus inflexible et mépri­sant, tandis que sa mère entrait dans une telle fureur qu’elle en avait l’écume aux lèvres. Malgré cette description peu séduisante, le souvenir qu’il garde d’elle à cette époque est néanmoins posi­tif, car elle lui semblait « excitante » et « jamais ennuyeuse ». Sur le plan émotionnel, il ne s’est jamais senti proche d’elle (ce qui correspond sans doute au manque d’aspects de sa Lune et à son côté Amazone), mais l’intensité de sa personnalité lui a fait une forte impression. Malheureusement, lorsqu’il a eu huit ans, il s’est passé quelque chose d’horrible qui a tout bouleversé.

Il semble que ses parents, en pleine scène de ménage, aient quitté leur chambre pour continuer à se disputer en haut des escaliers. Julian lisait un livre dans le salon en bas, et il vu sa mère frapper et gifler son père en plein visage. Perdant l’équi­libre, elle a alors trébuché et a dégringolé tous les escaliers. Elle a atterri exactement à ses pieds, complètement inconsciente. Sa colonne vertébrale ayant été touchée, elle s’est retrouvée dans une chaise roulante pour le reste de ses jours. Sa personnalité a considérablement changé, ce qui a été pour Julian encore plus horrible que sa paralysie, parce qu’elle est devenue extrêmement calme, polie et guindée, et s’est retirée dans un monde intérieur solitaire d’où étaient exclus son mari et son fils, les laissant tous deux avec un effroyable sentiment de culpabilité. Julian ne peut s’empêcher d’en vouloir à son père, même s’il s’est efforcé de porter un regard raisonnable sur ce drame qui, si horrible soit-il, n’en est pas moins un accident. Mais les répercussions sur sa vie ont été aussi complexes et tragiques que l’événement lui-même.

C’est une histoire bien triste, qui évoque les malédictions familiales de la tragédie grecque ; Julian est affligé d’un pro­blème assez grave qui paraît venir en droite ligne d’Eschyle. Il est maniaco-dépressif, et de même que nombre de personnes dans cet état, son comportement est maintenu dans des limites raisonnables grâce au lithium. Les premiers symptômes sont apparus juste après sa puberté, et leur triste cycle s’est déroulé de nombreuses fois depuis. Ils sont caractéristiques de la plupart des sujets maniaco-dépressifs : parfois Julian se sent bien les pieds sur terre, parfaitement sensé, mais ensuite il se met à « pla­ner ». Malgré le lithium (qui ne peut que tempérer, et non suppri­mer, les fluctuations émotionnelles), il alterne entre des états dépressifs sévères et suicidaires, et des moments d’excitation psychique où il se transforme en véritable ménade. Il est alors capable de monter au sommet d’un immeuble et de se mettre à hurler des injures aux passants ; il se croit éternel ; il entre dans une sorte de transe extatique où il sait absolument tout, où il comprend tous les mystères et connaît les réponses à toutes les questions. Il finit généralement par se retrouver à l’hôpital, parce que tôt ou tard quelqu’un appelle la police ; et une fois calmé par des médicaments puissants, il montre une grande réticence à en partir pour reprendre une vie normale. Sa mère ne lui a jamais rendu visite à l’hôpital, bien qu’il la réclame chaque fois. Mais il finit par se faire une raison et s’en va, et un nouveau cycle recommence.

La passion et la violence de la Lune en Bélier sont manifestes dans les épisodes maniaques de Julian, de même que la perspec­tive philosophique de sa position en maison IX. Comme elle est inaspectée, cette Lune fait irruption dans toute sa pureté archéty­pique, sans subir l’influence d’aucune autre planète. C’est un exemple inquiétant de ce qui peut se produire lorsqu’une planète inaspectée, donc généralement coupée de Y ego, se fraie un pas­sage dans la conscience. Elle prend momentanément le dessus pendant un moment, dans une sorte de possession. Tant que dure sa phase maniaque, Julian lui-même disparaît et l’on ne voit plus qu’une pure Lune en Bélier en maison IX, archaïque. Puis, quand il revient à la réalité, sa Lune retombe dans l’inconscient, et il se retrouve seul et vide, avec un profond sentiment de culpa­bilité et de honte.

Lorsqu’elle est dans un signe de feu, la Lune indique un impé­rieux besoin de se sentir exceptionnel, d’être reconnu comme un enfant des dieux. D’instinct, l’individu ne se croit pas soumis aux mêmes limitations que le commun des mortels. Il s’agit d’un besoin lunaire inné que l’on ne peut raisonner. Si d’autres fac­teurs du thème plus réalistes la compensent et l’équilibrent (en particulier des planètes en air qui peuvent la structurer sans l’étouffer), cette Lune en feu peut engendrer une puissante imagi­nation et donner le courage d’exprimer la richesse de son monde intérieur sur le plan créatif et artistique. Mais dans le thème de Julian, seul Jupiter est dans un signe d’air, alors que Mercure, qui représente l’aptitude à formuler le monde intérieur, est bloqué par la conjonction Satume-Chiron. C’est pourquoi le raisonnement et la réflexion, si naturels chez son père, ne sont pas facilement accessibles pour Julian. De même que nombre de gens intuitifs, il a tendance à tout expérimenter sur un plan très subjectif, et il lui est difficile de considérer avec détachement les expériences frus­trantes et douloureuses de l’existence, en particulier l’accident de sa mère. La vie l’a délibérément blessé, lui personnellement, et il doit donc la punir, ainsi que ses parents.

Question : La situation serait-elle identique si sa Lune avait été dans un autre élément tout en restant dans une maison « feu » ?

Liz : Je ne pense pas. Les signes dans lesquels se situent les planètes symbolisent l’étoffe dont nous sommes faits. Les mai­sons sont les domaines de vie dans lesquels les planètes s’expri­ment. Si la Lune de Julian était en Taureau en maison IX, il aurait toujours instinctivement besoin d’une vision du monde et d’une perspective philosophique globales, et il aurait de même soif de voyages et d’aventures. La maison IX est l’une de celles qui concernent l’esprit, et avec sa Lune en Bélier en maison IX, Julian voyage intérieurement vers de lointains pays exotiques. Mais si sa Lune était en Taureau, il aurait eu une mère différente, d’autres besoins émotionnels, et il ne se comporterait pas comme une ménade en furie. Je ne pense pas qu’il aurait sombré dans cet état maniaco-dépressif. Par ailleurs, si sa Lune était en Bélier, mais en maison VI, il ne grimperait pas en haut des immeubles pour hurler ses conceptions philosophiques aux passants. Ce serait sans doute son corps qui exprimerait sa rage par des symp­tômes physiques tels que des fièvres soudaines ou des migraines.

Une Lune en signes de feu a besoin d’un sentiment de sens. Elle s’efforce de contacter par l’imagination un pattem supé­rieur. Il ne s’agit pas pour elle de formuler une philosophie ni une vision spirituelle, mais plutôt d’infuser à la vie une dimen­sion mythique ou archétypique, pour pouvoir se sentir faire par­tie de quelque chose de plus grand et de plus significatif que le monde banal de la vie quotidienne. À vrai dire, les termes Lune et feu sont eux-mêmes contradictoires, car le domaine de la Lune est celui du corps. Une Lune en Bélier, en Lion ou en Sagittaire cherche d’instinct à vivifier la réalité matérielle avec son imagi­nation dramatique. Ce qu’une Lune en feu déteste par-dessus tout, c’est le train-train habituel où l’on ne voit jamais, comme dans les contes de fées, de chevalier sur son blanc destrier, ni de princesse en détresse, ni de géant monstrueux, qui puissent compenser le percepteur et la note de l’épicier.

Cela nous aide à comprendre les accès maniaques de Julian, surtout si nous considérons le monde ordonné et circonspect dans lequel il a été élevé. Quoique le milieu universitaire anglais ait lui aussi ses scandales et ses drames, la vie privée des profes­seurs d’Oxford ou de Cambridge est très discrète et tout se passe généralement dans une atmosphère feutrée et bienséante. Si on ne le prend pas au sérieux lorsqu’il essaie d’irradier l’éclat du monde imaginal dans la vie quotidienne, l’enfant ayant une Lune en feu peut se réfugier dans des fantasmes débridés et se croire un véritable génie, un grand artiste ou un avatar spirituel, tout en pensant que les gens sont tous trop stupides et béotiens pour s’en rendre compte.

Lors de ses épisodes maniaques, Julian se prend vraiment pour le centre du monde. Il a décroché le rôle principal de la pièce et chacun autour de lui doit laisser tomber ce qu’il fait pour se précipiter à son aide. Cela peut expliquer ses dépressions suicidaires, car dès qu’il perd contact avec l’enfant divin doué et brillant qu’il pense être, la vie perd pour lui tout intérêt. Il ne peut croire qu’on puisse l’aimer comme un simple être humain. C’est le Bélier qui agit à un niveau compulsif et profondément inconscient.

Question : Il fait alors inconsciemment du chantage à ses parents.

Liz : Oui, c’est un chantage inconscient, ou plus exactement un châtiment inconscient. Il punit son père pour son « crime », comme si celui-ci avait réellement poussé sa femme dans l’escalier ; mais avant tout il punit sa mère de l’avoir abandonné en faveur de sa chaise roulante et de son silence. Cette deuxième interprétation est sans doute la clé du problème ; elle est cependant beaucoup moins consciente que sa colère envers son père.

Question : Et lorsqu’il s’effondre et se retrouve à l’hôpital, c’est sa mère qu’il réclame pour s’occuper de lui.

Liz : Oui, je suis bien d’accord. Mais cela va plus loin : il devient, lui aussi, un invalide incapable de se débrouiller dans la vie, ce qui le rapproche d’elle. Les comportements manipula­teurs de Julian sont compliqués, mais ils sont également très symboliques. Ses dépressions servent des objectifs multiples : il se venge de son père, qui ne reconnaît pas sa valeur et le consi­dère comme un bon à rien. Il fait payer à sa mère son éloigne­ment. Il force le monde à lui manifester l’amour maternel qui lui manque et qu’il n’a sans doute jamais eu. Et il devient ainsi un personnage mythique, au centre absolu de l’univers, sans avoir à faire quoi que ce soit pour le mériter - ce qui est l’une des carac­téristiques de la Lune (plus que du Soleil) en signes de feu. Nous n’allons pas nous étendre outre mesure sur les causes de la psy­chose maniaco-dépressive et d’autres états psychiques patholo­giques, mais j’ai choisi le thème de Julian parce qu’il est un exemple très parlant d’une Lune opérant de manière incons­ciente et compulsive. Ses accès maniaques, de même que la grande complexité de sa relation avec sa mère, sont liés à cette Lune inaspectée en Bélier qui, même s’il l’exprimait avec davantage de modération, montrerait probablement encore beau­coup d’animosité envers son père.

Question : Quels conseils avez-vous donnés à Julian ? Je sup­pose qu’il n’était pas dans une phase maniaque lorsqu’il est venu vous voir.

Liz : Non, mais je ne lui ai pas trop parlé des mythes et des archétypes pour ne pas alimenter l’envolée suivante. Je lui ai suggéré d’entreprendre une analyse très profonde, au rythme de trois ou quatre séances par semaine. Ce sont les analystes kleiniens qui travaillent le mieux avec les personnalités de ce type, qui ont besoin d’un bon encadrement et d’un soutien à long terme. Contrairement à l’opinion de la psychiatrie convention­nelle, la psychose maniaco-dépressive n’est pas « incurable » ; mais elle demande un travail très difficile, et requiert un psycho­thérapeute ou un analyste qui accepte les dépressions pério­diques inévitables de son client sans perdre espoir. Julian a éga­lement besoin d’un analyste qui puisse valoriser la dimension saine de sa nature « feu » et son côté théâtral. La seule alterna­tive est une vie sous lithium, substance qui modère les fluctua­tions de son humeur, mais ne peut elle-même arrêter le cycle.

Question : Vous n’avez pas mentionné le semi-sextile entre la Lune et Vénus. Peut-on y voir le moyen de sortir de cette impasse ?

Liz : L’idée de prendre un aspect, surtout mineur, et de l’utili­ser pour définir une solution à un problème qui met en jeu tant de facteurs psychologiques complexes ne m’enthousiasme guère. De toute manière, le semi-sextile de Vénus ne me paraît pas suffi­samment puissant pour contenir la Lune en Bélier, sans parler du reste. Les semi-sextiles sont des aspects délicats qui demandent un effort conscient, et bien que celui-ci puisse indiquer dans le caractère de Julian des qualités de douceur et de sensibilité artis­tique, il n’a pas encore un ego suffisant pour en faire bon usage. Je préfère m’intéresser à ce qui pourrait l’aider à construire un ego capable de contenir cette Lune indomptée. Le Soleil est sans doute le facteur le plus important de ce thème, et sa position en maison IX suggère que si Julian réussit à voir sa souffrance dans une perspective plus large, à la fois par l’analyse (en examinant son histoire familiale) et sur le plan archétypique (en explorant le pattem sous-jacent à ses symptômes), il sera mieux armé pour affronter la douleur qui le propulse dans ses délires maniaques.

Saturne me paraît également très important, car sa conjonc­tion avec Chiron en Poissons en maison VIII suggère une peur considérable envers toute forme d’intimité et d’ouverture émo­tionnelle aux autres. Cette appréhension me semble reliée aux deux parents, mais surtout au père de Julian qui est décrit par la combinaison paradoxale de la conjonction Soleil-Mars en mai­son IX (l’universitaire) et de Neptune en maison IV. Conjoint au nœud sud, ce Neptune suggère chez son père une sensibilité cachée et une certaine confusion que Julian, avec ses trois pla­nètes en Poissons, va exprimer à sa place. Julian aime profondé­ment son père, il l’idéalise, malgré la colère qu’il éprouve face à la paralysie de sa mère. En fait, je me demande dans quelle mesure Julian ne doit pas porter le double fardeau de la fureur de sa mère (qu’elle n’a jamais exprimée depuis son accident), et de la tristesse et l’impuissance de son père (qu’il n’a jamais mon­trées non plus).

Même si je vois bien ce que vous voulez dire sur cet aspect avec Vénus, qui en maison VIII pourrait suggérer l’exutoire d’une sexualité très vivante pour la dimension sauvage de la Lune en Bélier, je préfère commencer par explorer la complexité des sentiments de Julian envers ses parents. Il est plus vraisem­blable que le « moyen de sortir de l’impasse » met en jeu le thème en entier.

Question : Il doit avoir l’impression de ne pas avoir été à la hauteur des espérances paternelles. Ne faudrait-il pas qu’il fasse plaisir à son père en obtenant un succès universitaire, sans doute dans une autre matière que le latin-grec, mais en restant quand même dans ce domaine ?

Liz : Il a déjà essayé de suivre cette voie en faisant des études de philosophie et de religions comparées à l’université. Mais il n’a pu se conformer à la discipline universitaire. Je suis bien d’accord avec vous : il a besoin de nourriture intellectuelle, comme le montre la maison IX qui est celle de l’enseignement supérieur, et il est vrai que cela devrait le rapprocher de son père. Mais cela pourrait également éveiller une rivalité, car le Soleil en Bélier conjoint à Mars suggère un fort esprit de compétition inconscient chez son père qui ne veut pas d’un fils le défiant sur son propre terrain. Je crois qu’il existe entre Julian et son père des problèmes très complexes associés au Bélier et au mythe d’Œdipe tel qu’on le retrouve dans le triangle familial classique.

Question : Une Lune inaspectée signifie-t-elle une absence de relation avec la mère ?

Liz : La relation est généralement profondément inconsciente, avec souvent peu de réelle communication émotionnelle. D’après ce que Julian m’a dit de sa mère, elle n’a probablement jamais éprouvé de forts sentiments maternels, même quand il était petit. On peut imputer son comportement actuel à son accident, mais leur relation était déjà médiocre auparavant. Pour lui, ce drame a signifié que cette situation ne pourrait plus jamais s’améliorer. Julian n’a pas en son for intérieur cette image d’une mère « suffi­samment bonne » qui lui aurait appris à prendre soin de lui-même. Sa Lune n’a pas trouvé de médiatrice humaine, ce qui explique qu’elle ait fait irruption au niveau archétypique. Même la nature cyclique de la psychose maniaco-dépressive rappelle celle du cycle lunaire. Les phases maniaques de Julian évoquent la pleine lune qui invite les ménades à la danse, tandis que ses sombres dépressions font penser à l’obscurité de la nouvelle lune, lorsque les chiens noirs d’Hécate se déchaînent.

Je voudrais laisser de côté le thème de Julian pour vous parler de la Lune dans les trois autres éléments. Lorsqu’elle est en signes de terre, la Lune semble être en affinité avec les déesses de la terre telles Gaia et Déméter, qui régissent la nature et la vie du corps. Héra elle-même, nous l’avons vu pour la Lune en Capricorne, peut être considérée comme une divinité lunaire de type terre, du fait de sa maîtrise sur les racines et les structures familiales traditionnelles. Ce sont les besoins physiques, ceux du corps, qui sont de toute pre­mière importance pour la Lune en terre, quoique beaucoup de choses puissent nous procurer une sécurité symbolique sur ce plan. Une maison, par exemple, peut être une sorte de ventre maternel dans lequel nous nous sentons bien à l’abri. Vendre sa maison et déménager peut s’avérer une expérience terrifiante et profondé­ment traumatisante pour une Lune en terre (surtout si cela se passe dans l’enfance), même si tous les détails pratiques ont été parfaite­ment bien réglés, si l’aspect financier ne pose aucun problème, et si le déménagement s’accomplit sans encombre. On a malgré tout été délogé de son corps, ce qui a quelque chose d’effrayant.

Lorsqu’on est inconscient de ces besoins lunaires de type terre, l’anxiété et la détresse du déracinement peuvent persister un long moment, alors même que l’on ignore ou nie leur véri­table origine. Les rituels sont aussi extrêmement importants pour une Lune en signes de terre. Nous avons tous nos petits rituels quotidiens, qu’il s’agisse de désherber le jardin, de lire le journal en prenant le petit-déjeuner, de faire du jogging tous les matins, ou de suivre un ordre bien particulier lorsqu’on fait sa toilette et qu’on s’habille. Ces rituels sont terriblement importants pour une Lune en terre, parce qu’ils recentrent la personne dans son corps en lui procurant un sentiment de bien-être. La Lune en signes de terre est souvent passionnée de diététique et de gym­nastique et se montre parfois même un peu maniaque à ce sujet ; mais même si sa santé n’en est pas vraiment améliorée, c’est la sécurité répétitive du rituel lui-même qui lui procure un bon équilibre.

La Lune en signes de terre manifeste donc une profonde résis­tance au changement matériel, ainsi qu’un besoin d’ordre et de rituels dans la vie quotidienne. Cela peut parfois tourner à l’obsession, surtout lorsque la personne est stressée, ce qui se comprend facilement : lorsqu’elle s’exprime inconsciemment, la Lune agit généralement de manière compulsive, et ces rituels la protègent de l’anxiété. La Lune en terre est souvent très sou­cieuse de sécurité matérielle et de respectabilité, même si elle ne le reconnaît pas consciemment ; les belles choses, les objets de valeur, l’argent et l’honorabilité représentent un bastion contre les vents glacials du chaos. Si, en revanche, ces besoins lunaires fondamentaux sont niés, si l’on surévalue la dimension intellec­tuelle ou spirituelle de la vie, la Lune en terre génère alors habi­tuellement des symptômes somatiques ou des comportements compulsifs obsessionnels.

Elle a par ailleurs besoin de se sentir utile, mais d’une autre manière que le Soleil en terre dont l’objectif conscient est de contribuer concrètement à la marche du monde. La Lune en Taureau, en Vierge ou en Capricorne, a instinctivement besoin de s’occuper, de faire quelque chose plutôt que de perdre son temps. Dans la nature, tout bouge en permanence, même très lentement, et si vous observez les insectes et les escargots dans votre jardin, ou bien les animaux dans la forêt, vous verrez que pas un instant ne s’écoule sans qu’une occupation utile ne soit entreprise. Les fourmis ramènent des provisions à la maison, les abeilles butinent les fleurs, les pucerons dévorent les feuilles, les oiseaux déterrent les vers. Même pendant son sommeil hivernal, la végétation poursuit son activité secrète. Tout ce mouvement assure la perpétuation de la vie, et la Lune en terre s’accorde naturellement à ces rythmes. Même la Lune en Taureau, qui est le signe fixe le plus calme, est constamment en mouvement, quoique sans se presser.

La Lune dans les signes de terre manifeste en outre une grande sensualité, et elle a fortement besoin de contacts physiques, de démonstrations de tendresse et de stimulation des sens. Même si la Vierge et le Capricorne ont à juste titre la réputation de parfai­tement se dominer, ils sont tous deux extrêmement sensuels, tout en montrant beaucoup de discernement sur leurs sources de plai­sir. Je fais bien la distinction entre sensuel et sexuel, car la sen­sualité n’est pas forcément liée à la sexualité. La Lune en Taureau peut déguster une glace au chocolat avec une volupté délicieuse, alors que la Lune en Bélier peut ressentir un fort stimulus sexuel sans mettre en jeu sa sensualité. Si ce besoin fondamental de contact et de plaisir physique n’est pas satisfait dans une famille inhibée ou peu démonstrative, la Lune en terre peut réagir en ayant profondément honte des besoins et des fonctions de son corps.

Certains enseignements de la Kabbale associent la Lune à Malchut, le niveau le plus bas de l’Arbre de Vie. C’est la sub­stance inconsciente dont sont faits le corps et toute la réalité maté­rielle. Malchut est une sorte de réceptacle aveugle et passif dans lequel descend la graine de l’esprit, mais il ne possède pas lui-même de conscience. Je vous ai pourtant parlé tout à l’heure d’une forme d’intelligence lunaire, évoquée par les anciennes images des déesses lunaires. De nombreux enseignements religieux ou ésotériques dévaluent ce niveau lunaire sous prétexte qu’il n’est pas « spirituel ». Contrairement à la conscience solaire, l’intelli­gence lunaire ne se projette pas vers un but ; elle ne cherche que la sécurité, le confort et la survie. Lorsque dans la nature quelque chose ne marche pas, comme les dinosaures, la lignée s’inter­rompt. Mais si le modèle fonctionne bien, tel celui du gingko, il se perpétue, millénaire après millénaire, avec très peu de modifica­tions. C’est la perspective solaire qui nous donne la vision d’une évolution potentielle fondée sur un idéal de perfection, et en com­paraison, la Lune en terre paraît stupide, ennuyeuse et sans imagi­nation. C’est précisément ce qu’éprouvent ceux qui ont la Lune en terre lorsque leurs valeurs conscientes privilégient à l’excès ce domaine « supérieur ».

Nous souffrons tous lorsque nous sommes amenés à nier nos besoins lunaires, et pour que la Lune en terre soit satisfaite, la per­sonne ne doit pas sous-estimer les fonctions naturelles. Lorsqu’un client ayant la Lune en terre vient me voir en consultation et paraît affligé de problèmes visiblement très compliqués, je lui suggère souvent de tout reprendre à la base, au niveau le plus fondamental, en cherchant ce qui fait plaisir à son corps et lui apporte réelle­ment contentement et bien-être. La personne me répond alors très souvent « Oui, mais… », parce qu’elle dévalue complètement ces besoins. Elle préfère donner priorité à d’autres activités plus signi­ficatives. Pourtant si vous avez la Lune en terre, votre vie a besoin d’un fondement solide qui dépend de la valeur que vous accordez à votre corps et à toutes les choses banales et quotidiennes qui vous donnent un sentiment de plaisir et de sécurité.

Passons maintenant à la Lune en signes d’air. Combien d’entre vous ont-ils la Lune en Gémeaux, Balance ou Verseau ? De quoi avez-vous surtout besoin pour vous sentir contents et rassurés ?

Question : J’ai besoin de communiquer avec autrui. Je déteste me retrouver tout seul sans personne à qui parler.

Question : J’ai besoin de beauté autour de moi. Je ne peux supporter un environnement laid ou banal.

Liz : Vous avez tous deux exprimé les exigences fondamen­tales de la Lune en air. Dans un signe d’air, le Soleil va faire des efforts conscients pour se développer intellectuellement, alors que la Lune a simplement besoin de contacts verbaux et de sti­mulation mentale. Elle n’a pas pour objectif d’accroître ses connaissances ; elle préfère jouer avec les idées et sentir son esprit en mouvement. La Lune en Gémeaux, par exemple, adore cancaner ; les gens la fascinent et parler d’eux l’amuse beau­coup. Les signes d’air sont des créatures sociales, naturellement grégaires, et du moment qu’elle a la Lune en air, même une per­sonnalité introvertie recherchera des contacts mentaux avec autrui, tout en se montrant plus sélective.

La Lune en air souffre énormément dans son enfance si elle communique mal avec son entourage ou si la communication est équivoque et pleine de doubles messages. Par ailleurs, avec son sentiment esthétique naturellement développé, rien n’est plus débilitant et démoralisant pour elle qu’une enfance morne et dis­ciplinée ne laissant aucune place à la frivolité et se déroulant dans un monde dénué de beauté, de lumière et de raffinement. La combinaison de l’idéalisme de l’air et des instincts lunaires lui donne le désir ardent d’un monde beau et intelligible, et elle montre une sensibilité excessive et un grand désarroi devant la confusion et l’ambiguïté habituelle des relations humaines. La Lune en air a besoin de contact avec autrui, mais les dynamiques émotionnelles complexes contrarient sa délicatesse et son esthé­tisme. Elle craint la solitude, mais aussi les sentiments puissants qui menacent de la submerger dans leurs sombres remous.

Question : J’ai la Lune en Verseau, et je cherche tout le temps des portes de sorties dans mes relations. J’ai peur d’être piégé dans un excès d’émotions.

Liz : Oui, la Lune en signes d’air a besoin de moments de répit dans ses relations. Même la Lune en Balance qui adore les histoires d’amour veut que tout y soit bien clair et lumineux, sans rien d’ambigu ni de douteux.

Question : J’ai moi aussi la Lune en Verseau, et je parle beau­coup de mes émotions, au point que cela m’ôte toute possibilité de les éprouver. Une fois que je les ai bien analysées, elles ne me posent plus de problèmes.

Liz : Vous adoptez l’attitude défensive caractéristique des signes d’air face aux sentiments. Alors que la Lune en terre devient compulsive et obsessionnelle dans ses rituels lorsqu’elle se sent menacée par un bouleversement matériel, la Lune en air, elle, cherche à tout analyser, à se distancier ou à prendre la tan­gente dès qu’une intimité excessive la met mal à l’aise.

Question : Je suis surpris que la Lune en Verseau cherche ainsi à se dérober. Je croyais que ce signe accordait une grande importance à la sincérité.

Liz : Le Verseau a une éthique exigeante, c’est vrai. Cependant on ne peut être sincère envers autrui que si l’on est honnête envers soi-même. Sa vulnérabilité lui fait fuir les conflits, mais il s’agit d’une dissociation compulsive, et l’individu peut lui-même s’abuser sur ses sentiments réels. Dans ce sens, la Lune en Verseau est aussi ambiguë que la Lune en Gémeaux. Il ne s’agit pas d’un acte de malhonnêteté délibérée, plutôt d’une défense instinctive contre une menace de souffrance émotionnelle. L’air a besoin de clarté, et rien n’est aussi trouble et équivoque que le sentiment humain. Les signes d’air veulent communiquer, néan­moins cette communication peut s’avérer très dangereuse si elle implique une confrontation émotionnelle. Il est beaucoup plus facile de changer de sujet, ou de réduire des problèmes compli­qués à de simples formules passe-partout. Ceux qui ont la Lune en signes d’air ont besoin d’espace dans leurs relations, pour pou­voir respirer et se nourrir de tout ce qui fait la beauté et le charme de la vie. Les inévitables conflits relationnels ne leur sont plus alors aussi insupportables.

Question : Cela va vous paraître bizarre, mais je me suis aper­çue que les hommes qui ont la Lune en Balance n’aiment pas embrasser.

Liz : Effectivement, cela me semble bizarre. Je ne m’en suis jamais aperçue, mais peu importe, je préfère ne pas m’embar­quer dans ce genre de commentaires !

La Lune en signes d’air ne cherche pas à fusionner. Elle pré­fère garder son idéal intact et ne veut pas le voir défiguré par la réalité de l’autre personne. L’esprit cherche tout le temps à éta­blir des limites que les sentiments dissolvent. Les divinités mythiques qui gouvernent le royaume de l’air manifestent beau­coup d’indépendance. Aphrodite par exemple, la Vénus du signe de la Balance, refuse d’être possédée : elle préfère être l’hétaïre et l’amante, et montre un désintérêt marqué pour le caractère sacré des liens du mariage. Hermès (Mercure) qui régit les Gémeaux, est le dieu des routes et du voyageur, et il veille sur le voleur et le menteur. Il parcourt en tous sens les chemins du ciel à la terre et aux Enfers, tel un messager « sans domicile fixe ». Ouranos (Uranus), le maître du Verseau, est le dieu du Ciel origi­nel, préexistant au cosmos manifesté. Il incarne l’idée qui pré­cède la réalité concrète, et lorsque celle-ci se présente à lui sous la forme de ses enfants, les Titans, il les trouve horribles et s’en détourne. Ces divinités planétaires éprouvent une profonde aver­sion pour tout ce qui se fige dans une forme ou pour ce qu’il y a de contraignant dans l’émotion. La Lune en signes d’air a donc tendance à chercher la sécurité dans ces sphères cristallines où l’idée de la vie n’est pas entachée par les imperfections de la réalité.

Si ces besoins ne sont pas satisfaits, la Lune en air peut, elle aussi, générer des symptômes physiques. Mais l’une des formes les plus caractéristiques de sa souffrance s’avère la dépression. Celle-ci peut cependant être inconsciente, à cause de la propen­sion des signes d’air à la dissociation. Sans air pour respirer, la personne peut tomber dans une sorte de morne désespoir apa­thique, masqué par une amabilité crispée. Parfois le détachement de la Lune en air n’est pas apprécié dans son enfance, et la per­sonne s’entend dire continuellement qu’elle est froide et insen­sible. En fait elle ne l’est pas, mais son besoin cyclique de repli émotionnel la rend parfois peu démonstrative, ce qui peut être difficile à comprendre pour des parents plus expansifs. J’insiste sur le fait que les besoins de communiquer et de fusionner sont très différents. Si sa nature lunaire est rejetée dans son enfance, la personne va en grandissant se sentir profondément coupable et mal aimée, parce qu’elle-même « aime mal ».

L’après-midi touche à sa fin et nous allons maintenant pour terminer nous pencher sur la Lune en signes d’eau. Combien d’entre vous ont-ils la Lune en eau ? Quelles sont à votre avis vos exigences fondamentales ?

Question : J’ai avant tout besoin d’intimité émotionnelle.

Question : Je suis très attaché à ma famille. Je redoute le jour où mes enfants auront grandi et voudront partir.

Question : J’ai besoin de pouvoir exprimer mes sentiments, mais j’ai horreur qu’on me prenne pour une hystérique.

Liz : Ce peut effectivement être la réaction d’un partenaire qui a la Lune en air. Tous vos commentaires sont très justes. La Lune en eau a besoin avant tout de percevoir des réactions émo­tionnelles chez les autres. C’est ce qui lui importe le plus, même s’il s’agit de réactions de haine ou de colère. Cela vaut toujours mieux que de sentir ses sentiments tomber à plat. Pour une Lune en eau, les sentiments sont un moyen de rassembler les gens, de ne plus se sentir seul et séparé, car ils dissolvent les barrières entre soi et la vie. Rien ne réveille plus vite l’anxiété d’une Lune en eau que l’absence de réaction d’une autre personne, parce qu’elle a l’impression de tomber dans le vide. Elle cesse d’exis­ter. La Lune en eau ne se sent en sécurité que si elle fusionne avec autrui. Votre remarque sur l’hystérie est malheureusement très juste, car si vous n’aimez pas cette dimension de votre nature, vous allez très vite tomber dans un comportement extrê­mement émotionnel chaque fois que l’on rejettera vos sentiments.

Question : J’ai la Lune dans un signe d’eau, et je suis mariée depuis vingt ans avec un homme ayant la sienne en Gémeaux. J’essaie sans cesse de me rapprocher de lui, et il s’échappe tout le temps.

Liz : C’est un cas classique d’attraction entre les opposés. Chacun de vous a une aptitude instinctive qu’il est difficile à l’autre d’exprimer. Mais je crois que le problème le plus impor­tant pour une personne qui a la Lune en eau n’est pas de trouver le partenaire idéal qui réagit à chacune de ses fluctuations émo­tionnelles. Elle doit valoriser ses propres sentiments et leur accorder de l’importance. Même si son mari montre de la froi­deur et du détachement, ce qui peut s’avérer douloureux de temps en temps, c’est en fin de compte sa capacité à s’estimer elle-même qui peut la rendre heureuse. Une Lune en eau se nour­rit en reconnaissant la valeur et la sincérité de ses propres senti­ments, même s’ils ne trouvent pas d’écho chez autrui. Comme l’a dit Goethe : « S’il est vrai que je vous aime, c’est mon affaire et non la vôtre. » Si vous voulez tellement qu’on approuve vos sen­timents, c’est peut-être parce que vous ne leur accordez pas suffi­samment de prix vous-même. Vous voulez que votre mari recon­naisse le bien-fondé de vos besoins, mais c’est vous qui devez le faire en vous-même, et vous vous inquiéterez moins lorsqu’il fera son numéro d’esquive émotionnelle de style Gémeaux.

La Lune en eau est dans une situation difficile : elle a besoin des autres pour s’occuper d’elle-même. Lorsqu’elle est contra­riée, elle adopte un comportement profondément manipulateur pour obtenir l’attention et l’intérêt qui lui sont nécessaires.

Malheureusement, elle court à l’échec, car son attitude fait fuir les autres qui se sentent manipulés, et elle crée ainsi elle-même la situation qu’elle redoute le plus. On trouve souvent dans son enfance un parent froid et distant qu’elle a intériorisé ; à l’âge adulte, elle éprouve un énorme ressentiment au moindre signe de rejet qui réveille la vieille blessure. Il arrive également très sou­vent que l’enfant ait une mère encore plus insatiable, qui lui envoie pourtant ce message : « Il n’y a place que pour un seul enfant à la maison, et ce n’est pas toi. » Plus tard il aura honte de ses besoins excessifs, tout en ressentant beaucoup de colère en raison de ses carences affectives. Toute cette dépendance émo­tionnelle lui paraît un peu écœurante, et il craint que personne ne l’aime s’il en révèle l’ampleur. C’est un cercle vicieux, car plus la Lune en eau souffre d’être rejetée ou ignorée, plus elle va se montrer manipulatrice, et ce sont ses exigences émotionnelles détournées qui en fait chasseront les autres.

La clé de ce dilemme tient dans notre faculté d’aimer et d’apprécier la richesse et l’importance de nos propres senti­ments. Le désir d’intimité si manifeste de la Lune en eau ne peut que faire fuir les autres s’il dissimule un fort ressentiment caché, et c’est ce qui se passera si nous attendons inconsciemment d’eux cette approbation, cet amour et cette indulgence perpétuels et inconditionnels que nous ne savons pas nous donner nous-mêmes. En revanche, si nous apprécions nos propres sentiments, nous pourrons les communiquer sans exiger implicitement que les autres guérissent nos blessures d’enfance, et cette attitude nous rapprochera d’eux au lieu de les éloigner. Si vous avez la Lune en eau, demandez-vous si vous accordez suffisamment de valeur à ce que vous ressentez, sans avoir besoin d’approbation extérieure. La Lune est une planète d’eau, et placée en signes d’eau, elle manifeste la dimension la plus archétypique de sa nature, celle de la déesse mère primitive, source de vie, qui contient toute chose en son sein et n’a besoin de personne, ni de rien d’extérieur, pour apprécier ce qui vit en elle.

Question : Je n’ai pas la Lune en signes d’eau, mais je vou­drais vous poser une question. Je crois au bien-fondé de mes propres besoins et j’aime bien le signe de ma Lune. Mais j’ai du mal à trouver des gens qui l’apprécient.

Liz : On ne peut plaire à tout le monde tout le temps. Nous devons apprendre à accepter ce fait fondamental de la vie, car cela peut parfois nous aider à nous détendre. Mais si vous ne trouvez jamais personne qui accorde la moindre valeur à cet aspect de votre nature, peut-être serait-il intéressant de regarder le genre de gens que vous attirez pour mieux comprendre ce pattern de rejet. Il s’agit probablement d’un complexe familial, et dans ce cas, vous avez sans doute intériorisé un parent distant, et vous vous sous-estimez inconsciemment beaucoup plus que vous ne voulez l’admettre. Vous allez alors exprimer cette autocritique par la projection, en demandant aux autres de le faire à votre place. C’est une attitude très courante et très humaine, et nous l’adoptons tous un jour ou l’autre. Je me suis aperçue que c’était ainsi que se comportaient généralement ceux qui se plaignent en disant : « Pourtant j'aime bien cette dimension de ma nature, ce sont les autres qui ne l’aiment pas. » Mais que recouvre finale­ment ce terme général « les autres » ?

---
Source : Liz Green - Les luminaires



0
commentaires

Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

5, impasse du mai
67000 Strasbourg

Mobile : 06 29 54 50 29

Retourner au contenu